Didier Diderot lecteur de Denis : ses Réflexions sur le Fils naturel - article ; n°1 ; vol.11, pg 33-47
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1991 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 33-47
Didier Diderot's reflections on Le fils naturel, presented by Lucette Perol.
These remarks are the continuation of those concerning the Essai sur le mérite et la vertu, published in RDE 9. They were never sent to his brother, with whom he did not dare to argue directly. The abbé's concern to defend religion and morality against what he sees as his brother's attacks lead him to misunderstand many aspects of the text. Here again we see his hostility to the philosophes, although we may wonder how much of what he writes is dictated by conviction and how much by jealousy.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucette Perol
Didier Diderot lecteur de Denis : ses Réflexions sur le Fils
naturel
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 11, 1991. pp. 33-47.
Abstract
Didier Diderot's reflections on Le fils naturel, presented by Lucette Perol.
These remarks are the continuation of those concerning the Essai sur le mérite et la vertu, published in RDE 9. They were never
sent to his brother, with whom he did not dare to argue directly. The abbé's concern to defend religion and morality against what
he sees as his brother's attacks lead him to misunderstand many aspects of the text. Here again we see his hostility to the
"philosophes", although we may wonder how much of what he writes is dictated by conviction and how much by jealousy.
Citer ce document / Cite this document :
Perol Lucette. Didier Diderot lecteur de Denis : ses Réflexions sur le Fils naturel. In: Recherches sur Diderot et sur
l'Encyclopédie, numéro 11, 1991. pp. 33-47.
doi : 10.3406/rde.1991.1120
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1991_num_11_1_1120Didier Diderot lecteur de Denis :
ses Réflexions sur le Fils naturel
Les papiers de l'abbé Diderot acquis par la Bibliothèque municipale
de Langres contiennent (voir l'inventaire, RDE, 9, p. 175, pièce 15) un
manuscrit intitulé Réflexions de M. l'abbé Diderot sur le Mérite et la
Vertu — sur le Fils naturel. La première partie, celle qui concerne
YEssai, a été publiée par Roland Mortier dans le n° 10 de cette revue.
C'est la seconde que nous donnons ici. Comme elle est beaucoup plus
brève — vingt remarques que nous numérotons pour la commodité — nous
faisons précéder chaque «réflexion» des passages concernés du Fils
naturel ou des Entretiens. Les références des Réflexions renvoient à la
pagination de l'édition originale de l'ouvrage, celles des extraits de
l'œuvre au tome X des Œuvres complètes (édition J. et A. M. Chouillet,
Hermann, 1980) désignée par l'abréviation traditionnelle DPV. Cela
permet d'abord d'éclairer des allusions parfois énigmatiques pour qui
n'a pas présent à l'esprit le texte de Diderot. Mais surtout la lecture
croisée des textes des deux frères fait apparaître que chacun a sa logique,
et rend inutile tout commentaire détaillé d'un dialogue de sourds.
Si ce ne fut pas un vrai dialogue, la faute n'en est pas au frère aîné.
Il a, semble-t-il, comme douze ans plus tôt pour YEssai, offert à l'abbé
un exemplaire de l'édition originale (Le Fils naturel ou Les Épreuves de
la Vertu. Comédie en cinq actes, et en prose, avec l'Histoire véritable de
la Pièce. A Amsterdam. M. DCC. LVII). La correspondance, si
épisodique entre les deux frères, se réveille à cette occasion. La famille
langroise a fait savoir sa désapprobation par la voix du père. L'auteur ne
se méprend pas sur l'inspirateur :
Monsieur et cher père. Je suis bien fâché d'avoir fait quelque chose qui
vous ait déplu ; mais ne vous en rapportez pas trop à ceux qui vous
environnent. On grossit les objets et l'on réussit de cette manière à
tourmenter et moi aussi [...] (29 novembre 1757, Corr., II, 20)
Par le même courrier, il écrit à l'abbé :
de J'apprends, chagrin [...] cher Pour frère, votre que satisfaction mon dernier et ouvrage pour la vous mienne, a donné mettez-moi beaucoup à
portée de me défendre ou de m' accuser. Dites-moi avec franchise ce qui LUCETTEPEROL 34
vous a déplu. On en fera incessamment une seconde édition, et j'aurai
certainement tous les égards possibles pour vos considérations. Ne vous
attendez pas que je cède sans coup férir. Vous ne seriez pas content de
cette docilité-là. Vous me direz vos raisons, je vous dirai les miennes, et
le résultat sera toujours de vous contenter, ou en supprimant ce qui vous
aura blessé, ou en le laissant si vous n'avez pas dû en être blessé et si
personne que vous ne l'a été. Ainsi j'espère que vous vous donnerez
la peine de me relire, de faire vos remarques et de me les envoyer
(Corr., II, 21-22).
Au verso de la lettre, l'abbé rédige une réponse qui ne sera même
pas expédiée :
[...] Vous me proposez d'entrer en dispute sur les propositions que j'y
trouve répréhensibles. Vous me permettrez de ne pas accepter le défi. Il
ne conviendrait pas entre frères [...] (10 décembre, Corr., II, 22-23).
Le mémoire n'en a pas moins été rédigé, peut-être entre la lettre
reçue et ce projet de réponse, et quelles que soient les raisons pour
lesquelles il n'a pas été envoyé — c'eût été s'attaquer à un rude
jouteur... — il a été conservé par son auteur à toutes fins utiles.
Au départ, le projet ne manquait pas d'ambition littéraire, ou bien
la hargne faisait flèche de tout bois, puisque la première remarque s'en
prend aux expressions « qui sentent le petit-maître ». Mais ce terrain est
rapidement abandonné, la note biffée, et l'attaque se concentre sur ce
qui touche — selon l'abbé — à la morale et à la religion dont il se
constitue pour la vie le défenseur patenté face au philosophe qui ne peut
que nourrir à leur égard les plus noirs desseins.
Admettons qu'échappe à l'abbé tout le non-dit d'une pièce marquée
par la curiosité de Diderot pour l'inceste, et que la nouveauté des
propositions des Entretiens ne soit pas de sa compétence. Mais il ne fait
même nul effort pour suivre l'enchaînement des idées et son esprit prévenu
guette les mots qui, sortis de leur contexte, justifieront son indignation.
Cela va jusqu'au contresens inclus, par exemple sur le mot «illusion»
(15, 18) que sa formation de théologien ne l'a pas prédisposé à admettre
dans toutes ses acceptions. L'incompréhension est particulièrement
sensible dès qu'il s'agit de « vertu », notion dont, il est vrai, les personnages
de la pièce usent et abusent, mais qui dans son imprécision ne va jamais
chez eux sans grandeur, exigence personnelle et générosité. Les huit
premières « réflexions », ainsi que la treizième et la seizième s'emparent
de ce mot, mais à un niveau mesquin. Chez les dames, Constance et
Rosalie, la vertu (2, 6) ne saurait être pour l'abbé que «cette retenue,
cette modestie qu'on voyait autrefois avec plaisir dans les paroles, dans
les manières, dans le maintien des personnes du sexe» (6). La vertu
masculine est aussi affaire d'apparence policée et de bonne éducation
(4, 5, 7, 8) et Dorval, avec sa tristesse et ses réactions excessives, est si
mal élevé ! C'est aussi selon ce critère que sont jugés les propos des DIDIER DIDEROT LECTEUR DE DENIS 35
Entretiens sur les bienséances théâtrales (13). On ne paraît pas sur la
scène en chemise, et puis c'est tout. Curieuse rencontre fraternelle, que
n'avait pas prévue Diderot, sur l'analogie entre la scène et le salon !
Dès qu'il s'agit de religion, l'abbé quitte le ton du sarcasme,
mais ne s'abaisse pas à argumenter. Il est sûr de lui au point de se
contenter de signaler une «observation impie» (7) et une anecdote
voltairienne (11). Il est si fort aux aguets qu'il s'enflamme sur un mot,
« autorité infaillible » (20), confondant le domaine des lettres et celui de
la foi, comme il voit l'expression d'une conviction personnelle (12) là où
il pourrait n'y avoir qu'obéissance aux lois du genre. On ne saurait pour
lui traiter de religion en termes d'esthétique (17). Il n'admet pas qu'un
mécréant cite la Bible (19) ni qu'il associe (10), fût-ce pour en faire
sentir la grandeur, les vrais dévots à d'autres catégories de passionnés
que le conformisme méprise et que l'écrivain réhabilite. Le seul nom de
Voltaire (9) lui est une preuve que les mots «préjugés», «opinions
monstrueuses», «fanatisme» visent tout ce qui lui est cher, et sans
doute n'a-t-il pas tort sur ce sujet. Un point fort du combat des lumières,
l'autonomie de la morale par rapport à la religion, ne lui est concevable
qu'en termes d'opposition (12). Le rôle d'enseignement moral dévolu
au théâtre (9, 10, 11) n'a aucun sens pour lui, puisqu'il ne peut envisag

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