Diodore XVII, 83, I : Alexandrie du Caucase ou Alexandrie de l Oxus? - article ; n°1 ; vol.3, pg 217-242
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Diodore XVII, 83, I : Alexandrie du Caucase ou Alexandrie de l'Oxus? - article ; n°1 ; vol.3, pg 217-242

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Description

Journal des savants - Année 1982 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 217-242
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 96
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Paul Bernard
Diodore XVII, 83, I : Alexandrie du Caucase ou Alexandrie de
l'Oxus?
In: Journal des savants. 1982, N°3-4. pp. 217-242.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Paul. Diodore XVII, 83, I : Alexandrie du Caucase ou Alexandrie de l'Oxus?. In: Journal des savants. 1982, N°3-4. pp.
217-242.
doi : 10.3406/jds.1982.1452
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1982_num_3_1_14522-O
DIODORE XVII, 83, i :
ALEXANDRIE DU CAUCASE OU ALEXANDRIE DE L'OXUS ?
L'auteur, philologue et historien, d'une édition récente du livre XVII
de Diodore a pensé retrouver dans un passage de ce livre la mention d'une
Alexandrie de l'Oxus, qui n'était jusque-là connue que par une liste de villes
sogdiennes de la géographie de Ptolémée, et tirer de ce même texte la preuve
de sa localisation sur le site de l'actuelle Termez dans l'Uzbekistan soviétique.
S'il en était ainsi, l'histoire des colonies grecques de l'Asie Centrale aurait
gagné sur les deux tableaux, puisque l'hypothèque qui pèse sur la fondation
d'une autre ville antique de la vallée de l'Oxus serait du même coup levée
et que nous serions enfin certains que la cité grecque d'Aï Khanoum, dont
la fouille nous a fait découvrir de 1965 à 1978 les ruines impressionnantes 1,
n'a pas été, comme il n'était pas interdit de le penser, cette Alexandrie de
l'Oxus. L'enquête philologique à laquelle nous nous sommes livrés à notre
tour pour mettre à l'épreuve cette affirmation et l'étude conjointe des réalités
de la géographie historique nous ont amenés à revenir à l'interprétation
traditionnelle, qui voyait dans ce passage une allusion à la fondation d'Ale
xandrie du Caucase, et à réhabiliter une ancienne correction, trop longtemps
dédaignée, qui réconcilie la lettre du texte et les données de l'histoire et de la
géographie. Ceci fait, il ne nous restera plus qu'à dissiper le flou qui entoure
aujourd'hui encore la localisation de cette Alexandrie du Caucase et à montrer
qu'elle se trouve sur le site même de Bégram, où les archéologues français
se sont ingéniés à ne pas la reconnaître, alors qu'ils venaient de la découvrir
dans les ruines d'une grande ville ancienne connue surtout par ses niveaux
plus tardifs et le célèbre trésor qui a fait la renommée de Bégram.
Dans l'édition du livre XVII de Diodore publiée en 1976 par P. Gou-
kowsky dans la Collection des Universités de France, le passage concernant
l'arrivée d'Alexandre au début de l'hiver 330/329 dans la région de l'actuelle
Bégram, à une soixantaine de km au Nord de Caboul, et le franchissement
1. Pour la bibliographie de la fouille voir BCH 1982, p. 23, n. 1. PAUL BERNARD 2i8
de l'Hindukush en direction de la Bactriane au printemps suivant, a fait
l'objet d'une double correction inédite. Nous donnons le passage en question
dans son contexte (XVII, 83, 1-3) avec la traduction de P. Goukowsky, car
l'enchaînement des faits, tel qu'il est présenté par Diodore a, on le verra,
son importance. Nous n'omettons qu'une digression sur la grotte de Prométhée.
1) « Après cela, parvenu à proximité du Caucase, que certains appellent
le Paropanisos, il établit son camp. En seize jours, il traversa cette montagne
dans le sens de la largeur et, du côté du bras du fleuve qui coule vers la Mèdie,
il fonda une ville qu'il nomma Alexandrie...
2) Alexandre fonda encore une autre ville, à une journée de marche
d'Alexandrie. Dans ces villes, il établit sept mille Barbares, trois mille des
non-combattants qui suivaient l'armée, ainsi que tous les mercenaires qui
se portèrent volontaires. Mais, apprenant que Bessos avait ceint le diadème
et rassemblait une armée, il s'avança avec son armée en direction de la Bact
riane. »
1. Msrà Se Tauxa 7rap£X0cov uXtjcjiov tou Kauxàaou xaT£crrpaTO7réSsu(TSv,
ô tivsç ïlapoTràvicjov opoç npoacnyoptuouai. To S' ôpoç toûto xarà ttXoctoc SieXÔcov
èv y]\iépcaq éxxaÊSsxa 7róXt.v exTtcrs xarà ttjv IxêoXTjv ttjv cpspofzévTjv zlç ttjv MyjSlxtjv,
tjv còvó|zacrsv 'AXs£àv8psiav. Kaxà Se fjtiaov tov Kauxacrov è'<m Tiérpa Séxa axaSicov
e^ouca ttjv TcspifxsTpov, TSTTapwv Se crraStcov to û^oç, Iv r\ xal to IIpofXTjOécoç
a7TY]Xai.ov éSsixvuô' 6710 twv èy^copócov xal tj tou (jt,u0oXoy/]0évToç àsTou xoittq xal
Ta tc5v Secjjxcov cr/][X£toc.
S' 'AXé^avSpoç xal àXXv]v uoXiv sxtlcjsv, y]{xépaç óSòv aTrs/ouaav tyjç 2. 'O
'AXs^avSpsiaç. KaTcoxtas S' sic tocutocç twv jj.sv ^apêàpcov £7rTaxicr^tX[ouç, tcov
S' (3ou- èxTOç Ta^scoç auvaxoXouOouvTcov Tpia^LXtouç xal tcov (xtcrôocpopcov touç
XopLevouç. 3. AÙtoç Se àvaXaêcov ttjv Suvajxtv 7ipoy;y£v eîç ttjv BaxTpiav^v, àxoucov
tov By](7(tov StàSTjfxà T£ àv£t,XT)Ç£vat, xal Suvà[i.£i.ç àQpotÇsiv.
Les deux corrections proposées par P. Goukowsky affectent la seconde
phrase : ttjv £x(3oXt)v ttjv çEpofxévTjv tic, ttjv MvjStxTjv... y remplace ttjv eîuPoXtjv
ttjv tpépouaav eîç ttjv MtjSixtjv... qui est la leçon de tous les manuscrits. L'éditeur
explique dans son commentaire p. 236-237, repris et développé dans son
ouvrage Essai sur les origines du mythe d' Alexandre 326-2 jo av. J.-C. I. Les
origines politiques (Nancy 1978), p. 155-159, que le texte ainsi restitué, avec
cette Alexandrie située « près du bras du fleuve qui coule vers la Mèdie »,
correspondrait à la conception que se serait faite Clitarque, source probable
de la Vulgate suivie par Diodore et Quinte-Curce, de l'hydrographie des pays
touraniens : un grand fleuve principal, descendant du Caucase-Hindukush, ALEXANDRIE DU CAUCASE OU ALEXANDRIE DE L'OXUS 219
se scindait en deux branches ; l'une d'elles, le Tanaïs, équivalant à la fois au
Syr-daria et au Don, allait se jeter dans le Palus Méotis ou mer d'Azof, tandis
que l'autre, nommée Araxe et représentant l'Oxus confondu lui-même avec
l'Araxe d'Arménie, se déversait dans la Caspienne. Déjà avant Clitarque
Hérodote (I, 201-202), Callisthène (Strabon XI, 14, 13) et Aristote (Météoro
logiques I, 13) se représentaient ainsi les fleuves de l'Asie Centrale occidentale.
L'éditeur invoque également à l'appui de sa restitution un passage corre
spondant de Y Epitome de Metz 2 qui donnerait le nom local de cette Alexandrie
« située sur le fleuve des Mèdes », ad oppidum Tarmantidem quod est positum
in flumine Medorum, permettant du même coup d'identifier celle-ci avec
l'actuelle ville de Termez dans la république soviétique de l'Uzbekistan.
Cette Alexandrie ne serait autre que l'Alexandrie de l'Oxus mentionnée par
Ptolémée (VI, 12, 6).
La correction proposée et l'interprétation qui en découle se heurtent
à toute une série d'objections tant pour la cohérence du texte que pour la
vraisemblance historique et le contexte géographique. Nous verrons qu'il
faut revenir à une autre correction, proposée par la première fois il y a bien
longtemps et que Th. Fischer, dans la dernière mise à jour de l'édition Teubner
de Diodore, avait tirée de l'oubli, mais que P. Goukowsky a écartée.
On s'étonnera d'abord que Diodore ait usé d'une telle périphrase pour
désigner l'Oxus. Si la longue lacune qui commence peu après le passage en
question et a entraîné la perte des chapitres relatifs à la conquête de l'Asie
Centrale nous prive du moyen le plus direct de savoir comment ce fleuve
était appelé par l'historien dans la suite du récit, nous sommes du moins
assurés par Quinte-Curce et YÉpitomé de Metz que la Vulgate, dont s'est
inspiré Diodore, connaissait le fleuve sous son vrai nom d'Oxus 3. Mais admet-
2 Epitoma Rerum Gestarum Alexandri Magni et Liber de Morte ejus. Cet opuscule
anonyme, composé au ive siècle ou au Ve siècle de notre ère, n'est connu que par un
manuscrit unique qui était conservé à Metz et qui a été détruit dans un bombardement
lors de la dernière guerre. Nous en p

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