Divinités statiques, hommes en mouvement. Structure et dynamique cosmique et sociale chez les Indiens Karaja du Brésil Central - article ; n°1 ; vol.73, pg 75-92
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Divinités statiques, hommes en mouvement. Structure et dynamique cosmique et sociale chez les Indiens Karaja du Brésil Central - article ; n°1 ; vol.73, pg 75-92

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1987 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 75-92
In between the sociological dialectics of the Gê-Bororo society and the hyperbolic ontological assertion of the Tupi-Guarani, one is tempted to presume the existence of an intermediary model among the Amazonian indigenous society, especially in the Central Brazilian crucible. Through an analysis of the Karajá (Banana Island) perception and organization of social and cosmic space, the author brings to light such a model, where an explicit dualistic scheme breaks up into more complex configurations. Among the elements of this reflection, the author stresses a hitherto neglected concept in Amazonian ideology, that of movement
Divindades estàticas. Homens em movimento. Estrutura dinâmica cósmica e social dos Karajá do B ras il central. Entre a dialética sociológica Gê-Bororo e a hipérbole ontológica Tupi-Guarani, atrai a suposiçào que pode existir entre os grupos indigenas de Amazônia e especialmente no cadinho cultural do Brasil central, um modelo intermediario que revelaria em particular mecanismos internos ao dualismo, suscetiveis de determinar a abertura da estrutura, a ruptura da relaçâo diádica. A análise dos esquemas de percepçâo e de organizaçâo dos espaços cósmico e social Karajá fornece alguns elementos de reflexào nesta hipótese e descreve tambem o funcionamento dum conceito relativamente novo na ideologia amazônica, о de « movimento ».
Entre la dialectique sociologique Gê-Bororo et l'hyperbole ontologique Tupi-Guarani, il est tentant de supposer qu'il peut exister parmi les groupes indigènes d'Amazonie et notamment dans le creuset culturel du Brésil central, un modèle intermédiaire qui révélerait en particulier des mécanismes internes au dualisme, susceptibles de déterminer l'ouverture de la structure, la rupture du rapport dyadique. L'examen des schemes de perception et d'organisation des espaces cosmique et social Karajá apporte quelques éléments de réflexion sur cette hypothèse et décrit également le fonctionnement d'un concept relativement nouveau dans l'idéologie amazonienne, celui de « mouvement ».
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nathalie Pétesch
Divinités statiques, hommes en mouvement. Structure et
dynamique cosmique et sociale chez les Indiens Karaja du
Brésil Central
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 73, 1987. pp. 75-92.
Citer ce document / Cite this document :
Pétesch Nathalie. Divinités statiques, hommes en mouvement. Structure et dynamique cosmique et sociale chez les Indiens
Karaja du Brésil Central. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 73, 1987. pp. 75-92.
doi : 10.3406/jsa.1987.1024
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1987_num_73_1_1024Abstract
In between the sociological dialectics of the Gê-Bororo society and the hyperbolic ontological assertion
of the Tupi-Guarani, one is tempted to presume the existence of an intermediary model among the
Amazonian indigenous society, especially in the Central Brazilian crucible. Through an analysis of the
Karajá (Banana Island) perception and organization of social and cosmic space, the author brings to
light such a model, where an explicit dualistic scheme breaks up into more complex configurations.
Among the elements of this reflection, the author stresses a hitherto neglected concept in Amazonian
ideology, that of " movement "
Resumen
Divindades estàticas. Homens em movimento. Estrutura dinâmica cósmica e social dos Karajá do B ras
il central. Entre a dialética sociológica Gê-Bororo e a hipérbole ontológica Tupi-Guarani, atrai a
suposiçào que pode existir entre os grupos indigenas de Amazônia e especialmente no cadinho cultural
do Brasil central, um modelo intermediario que revelaria em particular mecanismos internos ao
dualismo, suscetiveis de determinar a abertura da estrutura, a ruptura da relaçâo diádica. A análise dos
esquemas de percepçâo e de organizaçâo dos espaços cósmico e social Karajá fornece alguns
elementos de reflexào nesta hipótese e descreve tambem o funcionamento dum conceito relativamente
novo na ideologia amazônica, о de « movimento ».
Résumé
Entre la dialectique sociologique Gê-Bororo et l'hyperbole ontologique Tupi-Guarani, il est tentant de
supposer qu'il peut exister parmi les groupes indigènes d'Amazonie et notamment dans le creuset
culturel du Brésil central, un modèle intermédiaire qui révélerait en particulier des mécanismes internes
au dualisme, susceptibles de déterminer l'ouverture de la structure, la rupture du rapport dyadique.
L'examen des schemes de perception et d'organisation des espaces cosmique et social Karajá apporte
quelques éléments de réflexion sur cette hypothèse et décrit également le fonctionnement d'un concept
relativement nouveau dans l'idéologie amazonienne, celui de « mouvement ».DIVINITÉS STATIQUES, HOMMES EN MOUVEMENT.
STRUCTURE ET DYNAMIQUE COSMIQUE ET SOCIALE
CHEZ LES INDIENS KARAJÁ DU BRÉSIL CENTRAL
Nathalie PÉTESCH*
Entre la dialectique sociologique Gê-Bororo et l'hyperbole ontologique Tupi-Guarani, il
est tentant de supposer qu'il peut exister parmi les groupes indigènes d'Amazonie et
notamment dans le creuset culturel du Brésil central, un modèle intermédiaire qui révélerait
en particulier des mécanismes internes au dualisme, susceptibles de déterminer l'ouverture de
la structure, la rupture du rapport dyadique. L'examen des schemes de perception et
d'organisation des espaces cosmique et social Karajá apporte quelques éléments de réflexion
sur cette hypothèse et décrit également le fonctionnement d'un concept relativement nouveau
dans l'idéologie amazonienne, celui de « mouvement ».
Divindades estàticas. Homens em movimento. Estrutura dinâmica cósmica e social dos
Karajá do B ras il central.
Entre a dialética sociológica Gê-Bororo e a hipérbole ontológica Tupi-Guarani, atrai a
suposiçào que pode existir entre os grupos indigenas de Amazônia e especialmente no
cadinho cultural do Brasil central, um modelo intermediario que revelaria em particular
mecanismos internos ao dualismo, suscetiveis de determinar a abertura da estrutura, a
ruptura da relaçâo diádica. A análise dos esquemas de percepçâo e de organizaçâo dos
espaços cósmico e social Karajá fornece alguns elementos de reflexào nesta hipótese e
descreve tambem o funcionamento dum conceito relativamente novo na ideologia
amazônica, о de « movimento ».
Static divinities, men in movement. Cosmic and social structure and dynamics of the
Karajá Indians of Central Brazil.
In between the sociological dialectics of the Gê-Bororo society and the hyperbolic
ontological assertion of the Tupi-Guarani, one is tempted to presume the existence of an
intermediary model among the Amazonian indigenous society, especially in the Central
Brazilian crucible. Through an analysis of the Karajá (Banana Island) perception and
organization of social and cosmic space, the author brings to light such a model, where an
explicit dualistic scheme breaks up into more complex configurations. Among the elements
of this reflection, the author stresses a hitherto neglected concept in Amazonian ideology,
that of " movement "
* Université de Paris X-Nanterre, Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie comparative.
J.S.A. 1987, LXXIII : p. 75 à 92. 76 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
A la seule vue du titre de cet article, le lecteur averti pensera aussitôt : il doit
encore s'agir de dualisme... Certes, il serait malaisé d'aborder l'analyse des schemes
de représentation et d'organisation d'une société indigène du Brésil central, qui
plus est linguistiquement affiliée au tronc Gê-Bororo, en contournant la dialectique
structurelle, même si l'on peut estimer que celle-ci regroupe sous un schéma
quelque peu réductionniste des formes socio-cérémonielles diverses.
Les indiens Karajá, pêcheurs-horticulteurs vivant sur les rives du fleuve
Araguaia et plus particulièrement dans l'île du Bananal, représentent à ce titre un
parfait exemple de ces sociétés dites « dualistes », qui sous des catégories
cognitives de type binaire révèlent des structures non seulement asymétriques
(C. Lévi-Strauss 1956 : ch. vin), mais divergeant de la dualité classique.
A travers l'examen des grandes lignes structurelles de la pensée cosmologique et
de la réalité sociologique Karajá, nous tenterons de mettre à jour ce que cache, ou
mieux ce que contient, le « dualisme » de ce groupe indigène.
STRUCTURE COSMIQUE
A l'aube des temps mythiques Karajá, la vie pré-humaine était subaquatique,
jusqu'au jour où certains de ces bero hati mahadu, « gens du fond des eaux », mi-
hommes, mi-poissons, découvrirent le passage menant à la surface de la terre.
Émerveillés par la beauté et l'abondance de cette dernière, la plupart de ces êtres
aquatiques décidèrent de mener désormais une existence terrestre et de se
transformer en « hommes véritables », iny tyhy, ou « gens de la terre », bede
mahadu. Durant quelque temps, ils y vécurent en compagnie de diverses entités
surnaturelles et héros transformateurs qui leur donnèrent les moyens de bien
exploiter leur nouveau territoire. Le manque de reconnaissance montré à l'égard
des bienfaiteurs entraîna une nouvelle scission, le principal héros mythique,
Kanaxiwe, et quelques familles de ces premiers humains s'installant définitivement
dans le monde céleste, où ils prirent le nom de biu mahadu, « gens de la pluie », mi-
hommes, mi-divinités1.
Cette séparation originelle instaurant sur le plan cosmologique la differentia
tion entre trois grandes catégories ď « hommes », iny, ne s'imposait pas comme
définitive, nécessitant au contraire le maintien de relations constantes dans un
cadre strictement rituel, afin de garantir l'équilibre et la permanence de cette
structure.
Le mouvement ascensionnel assurant la transformation d'êtres zoomorphes en
hommes véritables, puis en divinités, pouvait laisser supposer que s'opérait
parallèlement une amélioration croissante des conditions de vie et des attributs
correspondant à chacun des trois groupes cosmiques. Or, plutôt que sous forme
d'une tripartition évolutive, ces trois éléments se présentent, à la lumière d'un
premier examen, dans un rapport d'opposition asymétrique distinguant de façon
curieuse, d'un côté les deux niveaux extrêmes, de l'autre le niveau médian.

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