Dix ans de recherche sur la désirabilité sociale - article ; n°1 ; vol.65, pg 117-130
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Description

L'année psychologique - Année 1965 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 117-130
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Lemaine
Dix ans de recherche sur la désirabilité sociale
In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°1. pp. 117-130.
Citer ce document / Cite this document :
Lemaine Jean-Marie. Dix ans de recherche sur la désirabilité sociale. In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°1. pp. 117-130.
doi : 10.3406/psy.1965.27359
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1965_num_65_1_27359DIX ANS DE RECHERCHE
SUR LA DÉSIRABILITÉ SOCIALE
par Jean-Marie Lemaine1
Les études sur la « désirabilité sociale » sont nées à l'occasion de
recherches sur la structure du M. M.P.I. Cet inventaire, l'un des meilleurs
a-t-on dit, pour le criblage des cas pathologiques, est conçu sur la base
de sa valeur discriminative par rapport aux différentes catégories de
troubles du comportement. Le contenu manifeste de ses énoncés n'a
eu de valeur indicative qu'au moment de l'élaboration de l'inventaire,
et la seule valeur des énoncés retenus vient désormais de ce qu'ils sont
acceptés majoritairement dans tel ou tel groupe pathologique.
Lorsque l'on sort du cadre du diagnostic pathologique, dans lequel
la validité du M. M.P.I, a été éprouvée, les réponses des sujets normaux
ne peuvent plus être évaluées à l'aune d'un test, puisque le test est ici
sans objet. On s'interrogera donc sur la signification des profils des
réponses ou des structures ou dimensions manifestées dans les réponses
des sujets normaux, et l'on devra renoncer à qualifier ces derniers au
moyen de catégories qui appartiennent à un autre « milieu » théorique
pourvu d'une méthodologie propre.
Le pouvoir discriminateur des diverses échelles du M. M.P.I, ne pou
vant plus être retenu, un principe survit toutefois lorsque l'on passe
des réponses des malades à celles des gens sains, celui de la valeur
indicative négligeable du contenu des énoncés [4]. Les réponses à ces
énoncés devront donc être interprétées en fonction de notions comme les
attitudes de réponse, le style des réponses [23] ou quelque hypothèse
de déviation [3], qui mettent en jeu les propriétés de la réponse et qui
sont peut-être en rapport avec des caractéristiques dites de personnalité.
Actuellement, et depuis quelque dix années, la lutte est chaude
(Mitre les promoteurs de la tendance approbative (acquiescence set) ou
tendance (interindividuellement variable) à approuver l'énoncé ou le
trait proposé quel qu'il soit et ceux de la tendance à répondre en
fonction de considérations de bienséance et de désirabilité sociale ou
tendance (variable elle aussi) à approuver ou à reprendre à son compte
Luut énoncé ou trait valorisé pusifivenien t par la société. Cette lutte
déborde d'ailleurs de toutes parts le M.M.P.I., qui ne doit sa position
privilégiée qu'à ce qu'il a été le point de départ d'un mouvement de
recherche, et qui n'est qu'une épreuve verbale mobilisatrice de stéréo
types parmi beaucoup d'autres épreuves du même type.
1. Chargé do recherche ou C.N.R.S.. Laboratoire d<: 'Psychologie, sociale.
Sorbonne. 118 REVUE CRITIQUE
I. — L'invalidation du M.M.P.I.
Sans remonter au déluge, on peut relever, dès 1953, un article de
A. L. Edwards et P. Horst sur La désirabilité sociale comme variable
dans les études avec la technique Q. La y est présentée
comme contaminant les réponses aux inventaires ou questionnaires de
personnalité, et dont l'effet de contamination dépasse le cadre de la
technique Q elle-même. Lorsque les auteurs nous disent qu' « avec des
rotations obliques nous arrivons à peu près à la même interprétation
que celle que nous obtiendrions avec une matrice d'intercorrélations
que n'influencerait pas la désirabilité sociale » [19] et qu' « une analyse
factorielle portant sur les intercorrélations entre les facteurs de premier
ordre nous révélerait... un facteur de second ordre de désirabilité
sociale » (ibid.), il est clair que, pour eux : 1) il existe des facteurs de
premier ordre (de contenu) que le facteur de second ordre ne rend pas
négligeables ; et 2) qu'il n'existe qu'un facteur de second ordre qui
rende compte des intercorrélations des facteurs de premier ordre.
La suite des recherches sur la désirabilité sociale ôtera beaucoup,
sinon tout, à ce qu'il reste encore ici de considération pour le contenu.
1. Le M.M.P.I. et le stéréotype de sociale. — Entre 1953
et 1957, un certain nombre d'articles d'Edwards et de son école ont
vu le jour. Point n'est besoin d'inviter le lecteur à les consulter, puis-
qu'en 1957 paraît un petit livre d'Edwards qui en reprend les données
principales et qui en décrit les caractères méthodologiques [12].
Première phase. On extrait du M.M.P.I. des énoncés que l'on soumet
à des juges pour qu'ils déterminent dans quelle mesure le comportement
ou l'attitude exprimés par un énoncé sont désirables quand ils existent
chez autrui. Classiquement, on ne retient que les énoncés sans ambiguïté
relativement au critère de désirabilité sociale, ceux pour lesquels la di
spersion des estimations des juges est minimale. Une échelle longue est
élaborée dont on extrait bientôt 39 éléments.
Seconde phase. On demande à des sujets de répondre par « vrai »
ou par « faux » aux énoncés retenus, et l'on constate que, plus l'énoncé
est élevé dans l'ordre de la désirabilité sociale, et plus souvent les sujets
le prennent à leur compte. Les corrélations, dont Gowen a donné d'abon-
dan ts exemples dans une parution récente de Psychologie française, entre
la désirabilité de. l'énoncé et la proportion de sujets qui l'acceptent ont
des valeurs très élevées.
Un phénomène est cerné et son existence permet de jeter la suspicion
sur les interprétations des réponses aux épreuves verbales, pour autant
que l'on considère ces dernières comme susceptibles d'éclairer le psycho
logue sur la personnalité des répondants par leur contenu même.
Dans la monographie d'Edwards, les exemples sont nombreux de
réponses « vrai » à différentes échelles du M.M.P.I. qui corrèlent fort
ement avec la « note » de désirabilité sociale obtenue sur l'échelle
d'Edwards. LEMAINE. RECHERCHE SUR LA DÉSIRABILITÉ SOCIALE 119 J.-M.
La propension à dévaloriser le M. M.P.I, comme mesure de la per
sonnalité, en dehors du cadre de la pathologie dans lequel il a été
conçu, ne va d'ailleurs pas sans naïvetés. Par exemple, Fordyce élabore
une échelle de mesure de la désirabilité sociale à partir d'éléments du
M.M.P.I. tirés des échelles F et K et de l'échelle d'anxiété manifeste
de Taylor. Il ne retient que ceux qui sont unanimement présentés comme
socialement désirables par 10 juges. Il se réjouit alors de constater que
l'échelle de désirabilité corrèle plus avec les échelles F et K que ces
deux dernières entre elles. « Cela suggère, conclut-il, qu'un facteur
commun est à la base des trois échelles et que la désirabilité sociale est
la meilleure estimation de ce facteur » [20]. C'est bien vrai, mais à la
condition d'oublier que l'échelle de désirabilité sociale comprend des
éléments issus des échelles du M.M.P.I., et qu'il suffit que lesdits éléments
soient caractéristiques de leurs échelles originelles respectives pour que
l'échelle composite corrèle fortement avec chacune d'elles, quand bien
même ces dernières seraient indépendantes les unes des autres. C'est
d'ailleurs l'objection a priori que l'on peut faire à tous les travaux
d'Edwards sur le M.M.P.I., puisque les éléments de son échelle de dési
rabilité sont en totalité des éléments du M.M.P.I.
Théoriquement grave, cette objection l'est beaucoup moins empiri
quement. Une étude témoigne en effet du poids de la désirabilité sociale
dans les réponses à de nouvelles échelles du M.M.P.I. qui n'ont pa

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