Effets de contexte sur le niveau de portée de la négation - article ; n°4 ; vol.96, pg 611-640
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Effets de contexte sur le niveau de portée de la négation - article ; n°4 ; vol.96, pg 611-640

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Description

L'année psychologique - Année 1996 - Volume 96 - Numéro 4 - Pages 611-640
Summary: Context effects on the scope of negation.
This study aims at analysing the processing of linguistic negation expressed by the French marker «ne... pas». In reference to linguistic studies (Culioli, 1990; Fauconnier, 1983) and logical ones (Grize, 1990), negation is defined as an operation of disengagement ( « décrochement » ) from the domain on which it bears. Various scopes of negation are accounted for by considering the level on which this disengagement is achieved, within the operations which construct the utterance.
Two experiments have been conducted with adult subjects.
In experiment 1, a comparison of reading times showed a difference between a «polemic» negation at the enunciative (utterance) level bearing on the speaker's endorsement of the sentence, and a «descriptive» negation, bearing on its content. In addition, another distinction seems to hold between a negation which bears on an element, and a negation bearing on the relation among several elements.
Experiment 2 used a word recognition task. It supported the hypothesis that a «polemic» negation (at the enunciative level) triggers a disengagement from the current discourse space and the construction of a new space.
Furthermore, both experiments showed that variations in the scope of negation depend on contextual factors (such as repetition or contradiction with previously given information), which are outside of the sentence.
Key words : language comprehension, negation, scope, topological model.
Résumé
Ce travail est centré sur l'étude du traitement de la négation induite par le marqueur «ne... pas». Nous nous sommes inspirés de travaux linguistiques (Culioli, 1990; Fauconnier, 1983) et logiques (Grize, 1990) pour définir la négation comme une opération de décrochement du domaine sur lequel elle porte. Le niveau auquel se situe ce décrochement, dans les opérations constitutives de l'énoncé, peut nous permettre de rendre compte de diverses portées de la négation. Deux épreuves ont été mises en place :
• La première nous a permis, sur la base de temps de lecture, de distinguer une négation polémique, de niveau énonciatif, portant sur la prise en charge de la phrase, d'une négation descriptive, portant sur le contenu de cette phrase. Il semblerait également que l'on puisse distinguer une négation portant sur un élément de la phrase d'une négation portant sur la relation entre plusieurs éléments.
• La seconde expérience (reconnaissance de mots) confirme l'idée qu'une négation polémique, de niveau énonciatif, nécessiterait le décrochement de l'espace de discours en cours et la construction d'un nouvel espace.
Nous avons par ailleurs observé, dans ces expériences, que les variations de portée sont sensibles à des facteurs contextuels (anticipation par répétition d'informations ou contradiction entre ces informations), externes à la phrase.
Mots-clés : compréhension du langage, négation, portée, modèle topologique.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Catelain
Jean Caron
Effets de contexte sur le niveau de portée de la négation
In: L'année psychologique. 1996 vol. 96, n°4. pp. 611-640.
Citer ce document / Cite this document :
Catelain A., Caron Jean. Effets de contexte sur le niveau de portée de la négation. In: L'année psychologique. 1996 vol. 96, n°4.
pp. 611-640.
doi : 10.3406/psy.1996.28922
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1996_num_96_4_28922Abstract
Summary: Context effects on the scope of negation.
This study aims at analysing the processing of linguistic negation expressed by the French marker
«ne... pas». In reference to linguistic studies (Culioli, 1990; Fauconnier, 1983) and logical ones (Grize,
1990), negation is defined as an operation of disengagement ( « décrochement » ) from the domain on
which it bears. Various scopes of negation are accounted for by considering the level on which this
disengagement is achieved, within the operations which construct the utterance.
Two experiments have been conducted with adult subjects.
In experiment 1, a comparison of reading times showed a difference between a «polemic» negation at
the enunciative (utterance) level bearing on the speaker's endorsement of the sentence, and a
«descriptive» negation, bearing on its content. In addition, another distinction seems to hold between a
negation which bears on an element, and a negation bearing on the relation among several elements.
Experiment 2 used a word recognition task. It supported the hypothesis that a «polemic» negation (at
the enunciative level) triggers a disengagement from the current discourse space and the construction
of a new space.
Furthermore, both experiments showed that variations in the scope of negation depend on contextual
factors (such as repetition or contradiction with previously given information), which are outside of the
sentence.
Key words : language comprehension, negation, scope, topological model.
Résumé
Ce travail est centré sur l'étude du traitement de la négation induite par le marqueur «ne... pas». Nous
nous sommes inspirés de travaux linguistiques (Culioli, 1990; Fauconnier, 1983) et logiques (Grize,
1990) pour définir la négation comme une opération de décrochement du domaine sur lequel elle porte.
Le niveau auquel se situe ce décrochement, dans les opérations constitutives de l'énoncé, peut nous
permettre de rendre compte de diverses portées de la négation. Deux épreuves ont été mises en place
:
• La première nous a permis, sur la base de temps de lecture, de distinguer une négation polémique, de
niveau énonciatif, portant sur la prise en charge de la phrase, d'une négation descriptive, portant sur le
contenu de cette phrase. Il semblerait également que l'on puisse distinguer une négation sur un
élément de la phrase d'une négation portant sur la relation entre plusieurs éléments.
• La seconde expérience (reconnaissance de mots) confirme l'idée qu'une négation polémique, de
niveau énonciatif, nécessiterait le décrochement de l'espace de discours en cours et la construction
d'un nouvel espace.
Nous avons par ailleurs observé, dans ces expériences, que les variations de portée sont sensibles à
des facteurs contextuels (anticipation par répétition d'informations ou contradiction entre ces
informations), externes à la phrase.
Mots-clés : compréhension du langage, négation, portée, modèle topologique.L'Année psychologique, 1996, 96, 611-640
Laboratoire Langage et Communication:
Acquisition, Traitement, Dysfonctionnement (LACO)
CNRS URA 1607, Université de Poitiers1
EFFETS DE CONTEXTE
SUR LE NIVEAU DE PORTÉE DE LA NÉGATION2
par Agnès Catelain et Jean CARON
SUMMARY : Context effects on the scope of negation.
This study aims at analysing the processing of linguistic negation
expressed by the French marker «ne... pas». In reference to studies
(Culioli, 1990; Fauconnier, 1983) and logical ones (Grize, 1990), negation
is defined as an operation of disengagement ( « décrochement » ) from the
domain on which it bears. Various scopes of negation are accounted for by
considering the level on which this disengagement is achieved, within the
operations which construct the utterance.
Two experiments have been conducted with adult subjects.
In experiment 1, a comparison of reading times showed a difference
between a «polemic» negation at the enunciative (utterance) level bearing on
the speaker's endorsement of the sentence, and a «descriptive» negation,
bearing on its content. In addition, another distinction seems to hold between a
negation which bears on an element, and a negation bearing on the relation
among several elements.
Experiment 2 used a word recognition task. It supported the hypothesis
that a «polemic» negation (at the enunciative level) triggers a disengagement
from the current discourse space and the construction of a new space.
Furthermore, both experiments showed that variations in the scope of
negation depend on contextual factors (such as repetition or contradiction with
previously given information) , which are outside of the sentence.
Key words : language comprehension, negation, scope, topological model.
1 . 95, avenue du Recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex.
2. Cet article expose certains des résultats d'une thèse soutenue en 1994
dans le Laboratoire de Psychologie du Langage et de la Communication de Poit
iers ; cette thèse a été financée par une allocation du ministère de l'Enseigne
ment supérieur et de la Recherche. 612 Agnès Catelain et Jean Caron
INTRODUCTION
La négation a fait l'objet d'un assez grand nombre de tr
avaux psycholinguistiques dans les années 1960-1970. Ces
avaux se sont centrés principalement sur deux types d'approche :
— une approche syntaxique, inspirée essentiellement des tr
avaux de Chomsky (1957, 1965), a contribué à mettre en évi
dence la plus grande complexité de traitement des phrases
négatives, par rapport aux affirmatives (Miller, 1962 ; Miller,
Mac Kean et Slobin, 1962 ; Mehler, 1963 ; Miller et Mac Kean,
1964 ; Mehler et Miller, 1964 ; Clifton, Kurcz et Jenkins, 1965 ;
Savin et Perchonock, 1965) ; ce type d'approche a également
permis à des linguistes (Klima, 1964; Jackendoff, 1969) d'ex
pliquer les phénomènes de portée de la négation par l'inte
rvention d'une particule négative, mobile dans la phrase ;
— une approche logique, où l'opération de est définie
comme une inversion de la valeur de vérité d'une proposition
(modèles de Trabasso, Rollins et Shaughnessy, 1971, et de
Clark, 1974) ; lorsque le sujet a accès à la signification de la
phrase à traiter, la plus grande complexité de la négative n'est
pas systématique, elle dépend de la valeur de vérité de la
phrase (Trabasso et al., 1971 ; Clark, 1974), du type de prédi
cat (Fillenbaum, 1966; Trabasso et al, 1971; Clark, 1974;
Bacri, 1976), de la fonction de cette négative (Greene, 1970 a,
1910 b; Hupet, 1973), mais également des effets connotatifs
(Eifermann, 1961 ; Wason et Jones, 1963) et de la plausibilité
d'apparition de la négation dans le contexte (Wason, 1965).
Ces approches n'abordent que très partiellement les pro
blèmes liés à la négation (dont on trouve une discussion appro
fondie dans l'ouvrage de Horn, 1992). Elles laissent en effet sans
réponse un certain nombre de questions liées à son traitement.
• Une définition purement syntaxique de la négation laisse
de côté le problème d'une éventuelle interaction avec les
niveaux sémantique et pragmatique. L'approche logique et les
travaux qui s'en sont inspirés ont certes permis d'observer l'i
nfluence de variables sémantiques et pragmatiques sur le trait
ement de la négation, mais sans véritablement prendre en
compte leur interaction. La portée de la négation 613
• Les problèmes de portée de la négation ont surtout été étu
diés par des linguistes et des logiciens et ont abouti à proposer
diverses distinctions :
— en fonction du contenu sur lequel porte la négation: cette
dernière peut se restreindre à un élément de la phrase (néga
tion de constituant : Klima, 1964 ; Jackendoff, 1969 ; négapartielle : Heldner, 1981 ; négation contraire ou
tion interne chez les logiciens), concerner plusieurs
constituants de la phrase (négation de prédicat, négation
interne chez les logiciens) ou la phrase dans sa totalité (néga
tion de phrase : Klima, 1964 ; Jackendoff, 1969 ;
totale, Heldne

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