Eléments cybernétiques dans l œuvre d Henri Piéron - article ; n°1 ; vol.70, pg 161-177
18 pages
Français

Eléments cybernétiques dans l'œuvre d'Henri Piéron - article ; n°1 ; vol.70, pg 161-177

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
18 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1970 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 161-177
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Georgiade
Eléments cybernétiques dans l'œuvre d'Henri Piéron
In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°1. pp. 161-177.
Citer ce document / Cite this document :
Georgiade C. Eléments cybernétiques dans l'œuvre d'Henri Piéron. In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°1. pp. 161-177.
doi : 10.3406/psy.1970.27703
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1970_num_70_1_27703NOTES
Université de Bucarest
ÉLÉMENTS CYBERNÉTIQUES
DANS L'ŒUVRE D'HENRI PIÉRON
par Constantin Georgiade
« La vie psychique ne peut naître
que dans la mesure où toutes ces
cellules se trouvent en relation les
unes avec les autres. Les processus
psychiques sont essentiellement
des processus de passage d'influx
nerveux entre des éléments fixes
qui constituent des postes qui ne
peuvent rien quand ils se trouvent
isolés. »
(De l'actinie à Vhomme, vol. II,
pp. 248-249.)
HENRI PIÉRON
FONDATEUR DE LA PSYCHOLOGIE DU COMPORTEMENT EN EUROPE
QUELQUES ANALOGIES
ENTRE CERTAINES DE SES CONCEPTIONS PSYCHOLOGIQUES
ET CELLES DE LA CYBERNÉTIQUE
L'œuvre psychophysiologique de Piéron reflète un réel esprit cyber
nétique. Sa manière de poser et résoudre certains problèmes psy
chologiques et particulièrement la perspicacité anticipatrice de son
intelligence, nous inclinent à le rapprocher de la cybernétique.
Ses premières recherches de psychologie zoologique sur le compor
tement de petits organismes marins, entreprises à partir de 1906,
allaient le conduire progressivement à l'élaboration d'une psychologie
du comportement.
Piéron est le premier savant européen qui se soit préoccupé de
trouver un contenu objectif à la notion de comportement. Ses nombreuses
A. PSYCHOL. 70 G 162 NOTES
notes, communications, articles, ouvrages psychologiques et physio
logiques, publiés après 1906 en témoignent (Piéron, 1908, 1915
1927, 1959).
La notion de comportement jouit aujourd'hui d'une acception
générale. Ce n'était pas le cas au début de notre siècle, quand, tant
Piéron d'une part que Pierre Janet d'autre part, ont dû mener une
rude bataille pour imposer les idées et les méthodes de la nouvelle
psychologie du comportement ou de la conduite.
En dépassant la sphère de la psychologie, cette notion s'est imposée
tant en biologie que dans les sciences sociales et notamment en cyber
nétique, où elle joue aujourd'hui un rôle fondamental. Evidemment,
nous n'oublions pas qu'en cybernétique il s'agit du comportement
technique et physique des machines aussi bien que du pouvoir directeur
d'organisation systématique des grandes entreprises économiques ou
des institutions sociales et administratives, dont le gouvernement est
basé sur l'information. Mais aussi la cybernétique, suivant la remarque
juste de Georges Boulanger (1963), poursuit un rapprochement entre
la vie et la mécanique, c'est-à-dire qu'elle tente une synthèse
les deux. Quels sont, à cet égard les points de liaison entre l'œuvre
psychologique de Piéron et les idées dominantes de la cybernétique ?
Rappelons tout d'abord que Piéron a manifesté dès le début une
attitude de conviction et de confiance dans les conceptions physiques,
chimiques et mécanistes de la vie en général et de la vie psychique
en particulier. En référence à ses premières recherches sur les compor
tements des Invertébrés marins, il témoignait, dans l'introduction d'un
ouvrage désormais historique (Piéron, 1959) : « J'ai tenté de mettre
au point une conception qui n'avait pas l'étroitesse du behaviorisme
préconisé par Watson et qui, en s'adressant au mécanisme commandant
les activités, les conduites des organismes, n'oubliait pas d'en rechercher
dans toute la mesure du possible, les aspects purement physiologiques. »
Et s'il s'agit de choisir entre le mécanisme et le vitalisme, déclarait-il
(Piéron, 1922), « il est préférable que l'attitude mécaniste soit la plus
répandue ».
Guidé et animé par de pareilles idées, il n'est pas étonnant qu'il
soit arrivé à une conception physiologique mécaniste tant du fonctio
nnement du système nerveux que de la vie psychique et du comporte
ment. Ainsi, assez souvent le cerveau est défini dans ses ouvrages soit
comme un « immense appareil d'enregistrement plastique aux milliards
de neurones reliés par des circuits innombrables », soit comme machine
(la machine cérébrale). D'après Piéron les différents phénomènes ou
états psychologiques ne sont en réalité que l'expression du fonctio
nnement de la machine cérébrale. L'intelligence, par exemple, n'est
qu'un « jugement de valeur que nous portons sur les fonctionnements
de la machine cérébrale » (Piéron, 1923).
Il considérait aussi le cerveau semblable à une machine actionnée
par la tension nerveuse. Grâce à l'énergie nerveuse, elle peut fournir C. GEORGIADE 163
un rendement traduisible en activité et comportement. Le dérèglement
de cette tension à cause de l'appauvrissement ou de l'épuisement de
ses réserves peut entraîner des troubles dans l'activité de la machine
— d'où la baisse de son rendement, accompagnée d'un affaiblissement
de l'attention et de la pensée dans ses opérations supérieures, qui seront
abolies (Piéron, 1923).
Bien plus, la machine cérébrale grâce aux mécanismes corticaux
dont elle dispose, peut modeler utilement le comportement et les
actions des organismes. Surtout chez les animaux supérieurs, y compris
l'Homme, elle leur assure des actions bien adaptées. Grâce à la capacité
de gradation, de dosage et de réglage dont elle dispose, elle peut agir
par l'intermédiaire de mécanismes nerveux encore mal connus, sur le
fonctionnement moteur et sensoriel, du point de vue de l'intensité,
de la force, et de l'adaptation précise des conduites.
LA CAPACITÉ DE GRADATION DU SYSTÈME NERVEUX
L'existence de la capacité de gradation serait une preuve à l'appui
de l'hypothèse d'un fonctionnement mathématique du système nerveux.
Sans cela nous ne pourrions jamais comprendre la réussite d'un grand
nombre de nos comportements volontaires dans l'espace et dans le
temps, qui exigent, outre l'adresse, des réactions d'une grande précision.
Donnons un seul exemple, cité d'ailleurs par Piéron. Les mouvements
de nos yeux vers la gauche ou vers la droite s'effectuent avec rapidité
et avec précision grâce aux centres coordinateurs « oculodextrogyre »
et « oculolévogyre », qui régissent les jeux inverses des deux couples
de muscles antagonistes. La contraction précise et d'une certaine
intensité de ces muscles oculaires, qui assurent l'angle de notre regard
d'un côté ou de l'autre, est réglée d'après les réceptions rétiniennes
provoquées par les mouvements eux-mêmes. C'est dans ce sens qu'on
peut affirmer, suivant Piéron, qu'il s'agit d'un caractère à peu près
mathématique.
La psychologie de l'avenir doit découvrir les lois qui régissent les
mécanismes de cette capacité de gradation du cerveau. Piéron lui-même
s'était employé dans cette voie, soit seul, soit avec ses collaborateurs.
Dans ce qui suit nous exposerons trop brièvement à notre gré quelques-
unes de ses observations et constatations dépouillées de tout appareil
mathématique.
Suivant Piéron, sous l'influence des stimulations externes, les
réponses sensorielles et motrices de l'organisme sont graduées de la
même manière au premier échelon (central) et au deuxième échelon
(effecteur). La réponse sensorielle grandit, tout comme la réponse
contractile du muscle. « La gradation de la contraction musculaire est
assurée par la variation de fréquence des influx envoyés par les grandes
cellules pyramidales (cellules de Betz) du cortex moteur, et peut-être
aussi par une augmentation du nombre des éléments corticaux envoyant 164 NOTES
leurs ordres, bien que ce point ne soit pas définitivement établi »
(Piéron, 1954). Le recrutement pro

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents