Équilibres institutionnels et performances économiques : le cas de l Ukraine - article ; n°4 ; vol.37, pg 119-164
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Équilibres institutionnels et performances économiques : le cas de l'Ukraine - article ; n°4 ; vol.37, pg 119-164

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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2006 - Volume 37 - Numéro 4 - Pages 119-164
Institutional equilibrium and economic performance: The case of Ukraine
Since independence, Ukraine's economy has gone through a deep depression followed by spectacular growth since 1999. After a 50% decline, industrial output bounced back in 2006 to its 1990 level. This upturn has taken place without any major institutional change, the rule of law still being as absent as during earlier periods. Growth resumed apparently thanks to classical economic reforms, conducted in line with the Washington consensus and after much hesitation. This case shows that growth is compatible with a bad institutional equilibrium.
Depuis l'indépendance en 1991, l'économie ukrainienne a connu une phase de profonde dépression, suivie par une croissance spectaculaire depuis 1999 : après avoir baissé de moitié, la production industrielle a retrouvé en 2006 son niveau maximal de 1990. Ce brusque retournement s'est opéré sans changement institutionnel majeur, au sens où l'État de droit reste aussi peu respecté au cours des deux périodes. En revanche, ce sont des réformes économiques classiques inspirées du « consensus de Washington » qui ont, après de longues hésitations, ouvert la voie au redémarrage de la croissance. L'expérience ukrainienne montre que la croissance peut s'accommoder d'un « mauvais équilibre institutionnel ».
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Gérard Duchêne
Équilibres institutionnels et performances économiques : le cas
de l'Ukraine
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 37, 2006, N°4. L'Ukraine après la "révolution orange". pp. 119-
164.
Abstract
Institutional equilibrium and economic performance: The case of Ukraine
Since independence, Ukraine's economy has gone through a deep depression followed by spectacular growth since 1999. After a
50% decline, industrial output bounced back in 2006 to its 1990 level. This upturn has taken place without any major institutional
change, the rule of law still being as absent as during earlier periods. Growth resumed apparently thanks to classical economic
reforms, conducted in line with the Washington consensus and after much hesitation. This case shows that growth is compatible
with a "bad institutional equilibrium."
Résumé
Depuis l'indépendance en 1991, l'économie ukrainienne a connu une phase de profonde dépression, suivie par une croissance
spectaculaire depuis 1999 : après avoir baissé de moitié, la production industrielle a retrouvé en 2006 son niveau maximal de
1990. Ce brusque retournement s'est opéré sans changement institutionnel majeur, au sens où l'État de droit reste aussi peu
respecté au cours des deux périodes. En revanche, ce sont des réformes économiques classiques inspirées du « consensus de
Washington » qui ont, après de longues hésitations, ouvert la voie au redémarrage de la croissance. L'expérience ukrainienne
montre que la croissance peut s'accommoder d'un « mauvais équilibre institutionnel ».
Citer ce document / Cite this document :
Duchêne Gérard. Équilibres institutionnels et performances économiques : le cas de l'Ukraine. In: Revue d’études comparatives
Est-Ouest. Volume 37, 2006, N°4. L'Ukraine après la "révolution orange". pp. 119-164.
doi : 10.3406/receo.2006.1791
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2006_num_37_4_1791VO
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Équilibres institutionnels
et performances économiques :
le cas de l'Ukraine
Gérard Duchêne
ERUDITE- Université Paris 12 (duchene@univ-parisl2.fr)
Résumé: Depuis l'indépendance en 1991, l'économie ukrainienne a connu une phase
de profonde dépression, suivie par une croissance spectaculaire depuis 1999 : après
avoir baissé de moitié, la production industrielle a retrouvé en 2006 son niveau
maximal de 1990. Ce brusque retournement s'est opéré sans changement institu
tionnel majeur, au sens où l'État de droit reste aussi peu respecté au cours des deux
périodes. En revanche, ce sont des réformes économiques classiques inspirées du
« consensus de Washington » qui ont, après de longues hésitations, ouvert la voie
au redémarrage de la croissance. L'expérience ukrainienne montre que la croissance
peut s'accommoder d'un « mauvais équilibre institutionnel ». GÉRARD DUCHÊNE 120
La littérature économique souligne fréquemment le rôle de l'application
de la loi ou de l'État de droit dans le succès ou l'échec des expériences de
transition, tant sur le plan empirique (Black, Kraakman & Tarassova, 2000 ;
EBRD, 2001 et 2002) que théorique (Roland & Verdier, 2003 ; Hoff &
Stiglitz, 2004). Les politiques économiques de passage à l'économie de
marché préconisées depuis le début des années 1990 par les organisations
internationales - le « consensus de Washington » décrit, par exemple, par
Maurel (2005) - sont assez vigoureusement critiquées par ces auteurs. Le
principal reproche qui leur est adressé est que la « privatisation de masse »,
c'est-à-dire le transfert rapide à des agents privés des actifs industriels qui
étaient propriété de l'État, s'est faite dans de nombreux pays en l'absence
d'un cadre juridique clair. Au début de la transition, il était en effet
généralement considéré que les bénéficiaires de la privatisation seraient les
meilleurs défenseurs de l'adoption par les gouvernements concernés du
cadre institutionnel nécessaire au bon fonctionnement de l'économie de
marché : le marché était supposé s'auto-instituer. Force est de constater que
dans de nombreux pays, ces règles qui auraient dû entre autres favoriser la
création d'entreprises et leur gestion, le respect de la concurrence, des cont
rats et de la propriété, ou bien n'ont pas été adoptées ou bien n'ont pas été
appliquées. Contrairement aux attentes, elles ont entretenu un flou
juridique qui, au lieu de déboucher sur une société de marché prospère, a
engendré (ou reconstitué) une kleptocratie improductive et un sous-
développement global. Black et al. (2000) décrivent ainsi le cas de la Russie :
« Les directeurs d'entreprises se sont opposés aux tentatives d'établiss
ement d'un cadre juridique pour le marché des capitaux. Ils ne voulaient ni
d'une Commission des opérations de bourse efficace, ni de règles strictes
pour les transactions internes, et le projet [proposé par les experts interna
tionaux - GD] n'a pas été réalisé ».
Certes, la stratégie de réformes rapides prônée par les organisations
internationales a parfois été appliquée avec succès : ainsi la Pologne et la
Russie ont peu ou prou adopté la même stratégie de big bang mais, dans
ces deux pays, elle a conduit à des trajectoires de croissance radicalement
différentes. En revanche, la Chine a opté pour une stratégie de réformes
graduelles, avec le maintien d'un vaste secteur d'État non réformé à côté
d'un secteur privé d'entreprises performantes qui, ainsi que l'analysent
Roland et Verdier (2003), se sont développées rapidement dans des condi
tions de déréglementation presque totale. Comment expliquer que la
même stratégie ait mené à des trajectoires aussi différentes en Russie et en
Pologne et que des stratégies aussi différentes en Pologne et en Chine aient
abouti à des trajectoires de croissance similaires ? Pour ces auteurs, qui par
tent d'une comparaison entre les trois pays, ce qui différencie ces expéri
ences de transition n'est ni l'intensité ni la vitesse des réformes ni leur ca
ractère global, mais le degré de respect des règles instituées qui favorise le
Volume 37, décembre 2006 institutionnels et performances économiques : le cas de l'Ukraine 121 Équilibres
développement des activités productives et la croissance du secteur privé
au détriment des prédatrices (appropriation illégitime des actifs
appartenant à l'État ou à d'autres personnes). L'analyse est la suivante :
pour un niveau donné de ressources consacrées à la répression des activi
tés prédatrices, le respect consensuel des règles par la population assure
l'efficacité de la répression tandis qu'un faible respect des règles rend cette
répression inefficace. En même temps, les ressources dédiées à la répres
sion dépendent elles-mêmes du respect de la loi (fiscalité) et de l'adoption
de comportements producteurs par la population. La combinaison de ces
deux interdépendances conduit intuitivement à ce que les économistes
appellent des « équilibres multiples » : une polarisation se produit entre les
pays en « mauvais équilibre » (cas de la Russie, avec un faible respect des
règles par les citoyens et une faible application des règles par les autorités1)
et les pays en « bon équilibre » (Chine et Pologne)2. Dans le premier cas,
les activités prédatrices prospèrent au détriment de la croissance globale
de l'économie ; dans le second, ce sont les activités productrices qui domi
nent dans une économie en croissance rapide.
Par quels mécanismes institutionnels la Pologne et la Chine sont-elles
parvenues à éliminer le « mauvais équilibre » ? Concernant la première,
Roland et Verdier désignent la perspective de l'adhésion à l'Union
européenne (UE) : celle-ci donne la possibilité de recourir à des emprunts
extérieurs et donc d'alléger le fardeau fiscal pesant sur les activit

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