Espaces régionaux et espaces nationaux dans l ex-U.R.S.S. , - article ; n°1 ; vol.24, pg 81-99
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1993 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 81-99
Le critère national est devenu central dans toutes les questions qui se posent sur les États qui constituaient l'U.R.S.S. Il est mis en avant pour expliquer les conflits et les revendications d'autonomie ou d'indépendance. Il est devenu l'outil privilégié d'analyse des différences. Or, cette utilisation n'est pas évidente. Si l'on ne peut nier qu'il sous-tend nombre d'arguments politiques, il est beaucoup moins certain qu'il soit pertinent pour comprendre les régions de l'ex-U.R.S.S. dans leurs diversités. Cet article s'attache, en partant de données démographiques, à dégager les espaces géographiques pertinents pour comprendre ce que signifiait et ce que signifie aujourd'hui l'espace que l'on qualifia longtemps, et à tort, de soviétique. Il montre que les divisions étatiques et nationales qui se sont constituées ne sont guère pertinentes pour comprendre la complexité de ces espaces géographiques, et surtout que l'analyse doit beaucoup plus porter sur les relations internes (maintenant parfois internationales), entre régions, que sur des situations qui se seraient figées.
Regional areas and national areas in the former U.S.S.R.
The national criterion has become central to all questions arising over the states which made up the U.S.S.R. It is put forward as an explanation for conflict, and claims for autonomy or independence. It has become the preferred tool for analysing differences. However, its use in this respect is not without question. One can hardly deny that it underlies a great many political arguments, but it is much less certain that it is relevant to an understanding of the regions of the ex-U.S.S.R. in all their diversity. This article, starting from demographic data, is committed to identifying the relevant geographical areas in order to understand what was meant in the past, and is now meant, to-day, by the whole area long, and wrongly, defined as Soviet. The article shows that the state and national divisions that have been constituted are hardly appropriate for an understanding of the complexity of these geographical areas, and particularly that analysis must concentrate much more on internal (nowadays sometimes international) relations between regions, than on situations which appear to be already determined.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alain Blum
Serge Zakharov
Espaces régionaux et espaces nationaux dans l'ex-U.R.S.S. ,
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 24, 1993, N°1. pp. 81-99.
Citer ce document / Cite this document :
Blum Alain, Zakharov Serge. Espaces régionaux et espaces nationaux dans l'ex-U.R.S.S. ,. In: Revue d’études comparatives
Est-Ouest. Volume 24, 1993, N°1. pp. 81-99.
doi : 10.3406/receo.1993.2600
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1993_num_24_1_2600Résumé
Le critère national est devenu central dans toutes les questions qui se posent sur les États qui
constituaient l'U.R.S.S. Il est mis en avant pour expliquer les conflits et les revendications d'autonomie
ou d'indépendance. Il est devenu l'outil privilégié d'analyse des différences. Or, cette utilisation n'est pas
évidente. Si l'on ne peut nier qu'il sous-tend nombre d'arguments politiques, il est beaucoup moins
certain qu'il soit pertinent pour comprendre les régions de l'ex-U.R.S.S. dans leurs diversités. Cet article
s'attache, en partant de données démographiques, à dégager les espaces géographiques pertinents
pour comprendre ce que signifiait et ce que signifie aujourd'hui l'espace que l'on qualifia longtemps, et à
tort, de soviétique. Il montre que les divisions étatiques et nationales qui se sont constituées ne sont
guère pertinentes pour comprendre la complexité de ces espaces géographiques, et surtout que
l'analyse doit beaucoup plus porter sur les relations internes (maintenant parfois internationales), entre
régions, que sur des situations qui se seraient figées.
Abstract
Regional areas and national areas in the former U.S.S.R.
The national criterion has become central to all questions arising over the states which made up the
U.S.S.R. It is put forward as an explanation for conflict, and claims for autonomy or independence. It
has become the preferred tool for analysing differences. However, its use in this respect is not without
question. One can hardly deny that it underlies a great many political arguments, but it is much less
certain that it is relevant to an understanding of the regions of the ex-U.S.S.R. in all their diversity. This
article, starting from demographic data, is committed to identifying the relevant geographical areas in
order to understand what was meant in the past, and is now meant, to-day, by the whole area long, and
wrongly, defined as Soviet. The article shows that the state and national divisions that have been
constituted are hardly appropriate for an understanding of the complexity of these geographical areas,
and particularly that analysis must concentrate much more on internal (nowadays sometimes
international) relations between regions, than on situations which appear to be already determined.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1993, 1 (mars)
pp. 81-99 - Alain BLUM et Serge ZAKHAROV
Espaces régionaux et espaces nationaux
dans Pex-U.R.S.S.
Alain BLUM et Serge ZAKHAROV*
L'ethnie comme critère de différenciation et facteur d'explication polit
ique est brusquement réapparue sur le devant de la scène après un bon
demi-siècle d'ignorance dans les sciences sociales occidentales, sans que le
terme ne soit toujours défini avec précision, même si une large littérature s'y
attache maintenant. Elle fut longtemps occultée par la montée de l'explica
tion sociale comme élément de compréhension de toutes les différences. Elle
était teintée des marques d'une sociologie scientifique qui avait dérivé vers
l'eugénique et vers l'explication biologique des différentiels de comporte
ments dont les conséquences sont bien connues. Elle s'intégrait, à l'époque,
dans un cadre théorique où la race était au centre de toutes les explications
et où l'anthropométrie aussi bien que la sociologie cherchaient à en faire un
critère scientifique. Triomphant au XIXe siècle, ce paradigme commençait
déjà, dans la première moitié du XXe siècle à s'essouffler et à faire l'objet de
critiques virulentes. Tant les conséquences dramatiques à laquelle cette
notion va conduire durant la seconde guerre mondiale, que le développe
ment rapide de la biologie font alors sortir cette vision simpliste du champ
scientifique. De plus FÉtat-nation avait aussi conduit à faire disparaître la
référence à l'ethnie. Elle restait seulement objet d'intérêt pour les anthropol
ogues, travaillant sur des sociétés où l'État n'était pas central et n'avait pas
conduit à une vision unifiée du citoyen. Elle faisait plus référence à un
groupe culturel local qu'à des grands groupements humains.
* Respectivement Institut national d'études démographiques, Paris et Centre d'écolo
gie humaine et de démographie de l'Institut de l'emploi, Moscou. Ce texte est le
développement d'une communication présentée dans le cadre d'un séminaire organisé par
l'Observatoire des États issus de l'U.R.S.S., Observatoire créé par Jean Radvanyi dans le
cadre de l'INALCO. Je remercie ce dernier de m'avoir autorisé à publier ce texte. Il
s'insère dans un projet d'Atlas démographique financé par le Ministère de la Recherche.
81 Alain Blum et Serge Zakharov
Or, maintenant se dégagerait une Europe orientale où les critères natio
naux deviendraient pertinents et facteurs de déséquilibres, actifs car généra
teurs d'instabilité des États. Ils remettraient en cause l'existence même de ces
États, à l'image de l'éclatement yougoslave. L'Europe de l'Ouest resterait
dans l'ensemble à l'écart de ces incertitudes, à quelques exceptions près,
l'État nation continuant à demeurer le modèle dominant et les frontières
établies n'étant guère contestées, même si la dimension régionale dans un
pays comme l'Allemagne ne puisse pas se rattacher au simple modèle de
l'État central unifié.
Cette image, qui laisse en place l'ancienne coupure Est/Ouest, doit
cependant être utilisée avec circonspection. Le doute est de rigueur comme
va nous le montrer l'analyse de l'exemple des États héritiers de l'U.R.S.S.
En U.R.S.S. en effet, l'absence de remise en cause de ces théories après la
seconde guerre mondiale et la construction d'un État dont les fondements
' portaient justement sur des distinctions inscrites dans un droit du sang
comme signe d'appartenance avaient laissé persister ce critère dans toutes les
analyses. Le terme employé était ambigu. Par nationalité, on entendait une
notion bien définie juridiquement, qui faisait référence à une transmission de
génération en génération. La langue était utilisée dans les recensements pour
tenter d'étudier l'homogénéisation de l'U.R.S.S. sans pour autant remettre
en cause ce fondement constitutionnel de la distinction nationale. La volonté
politique de nier l'existence de classes sociales, voire de groupes sociaux,
avaient conduit les sciences sociales soviétiques à fonder leurs études sur ces
distinctions nationales/ethniques 2. Les recensements et les droits des natio
nalités faisaient de ce critère un facteur légal et un objet idéal permettant de
contourner l'impossibilité d'une réelle étude sociale. Cependant, l'éclat
ement de l'U.R.S.S. a conduit à réutiliser ces critères sous une forme ethnique
plus prononcée. Le terme nacional'nost' a, fait place à des termes concurr
ents, comme le mot ethnos au contenu flou3, qui rappelle dans la presse
russe l'ancien concept de narodnost ', plus proche de la notion allemande de
Volk que de la notion de nationalité telle qu'elle était utilisée auparavant. Il
exprime sans doute cette transformation culturaliste du racisme, bien mise
en évidence et analysée par P. A. Taguieff dans le cas général 4. Le terme de
race slave est lui-même réutilisé dans la presse, voire dans les déclarations de
députés à la recherche d'une nouvelle définition de la Russie.
1 . La nationalité étant transmissible de génération en génération. Il n'était pas possible
de se faire « naturaliser » dans une autre nationalité que celle de ses parents. De plus, on
ne pouvait être de nationalité soviétique. C'était simplement une citoyenneté. On peut ici
noter que dans un pays comme la Yougo

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