Essai d étude démographique des Kotoko (région du Tchad) - article ; n°3 ; vol.6, pg 445-458
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Essai d'étude démographique des Kotoko (région du Tchad) - article ; n°3 ; vol.6, pg 445-458

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Description

Population - Année 1951 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 445-458
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Masson Detourbet
Essai d'étude démographique des Kotoko (région du Tchad)
In: Population, 6e année, n°3, 1951 pp. 445-458.
Citer ce document / Cite this document :
Masson Detourbet A. Essai d'étude démographique des Kotoko (région du Tchad). In: Population, 6e année, n°3, 1951 pp. 445-
458.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1951_num_6_3_2558ESSAI
D'ÉTUDE DÉMOGRAPHIQUE
DES KOTOKO
(RÉGION DU TCHAD)
dignes LA sources est de démographie ce très nom mal — et difficulté connue. d'organiser de l'Afrique, Ceci de un mener tient surtout enregistrement en à partie celle bien de à des la l'Afrique satisfaisant recensements pauvreté noire, des
naissances, mariages et décès — , en partie aussi au trop faible
nombre d'études consacrées à la question et à l'insuffisance des
connaissances démographiques de la plupart de leurs auteurs.
Sur la foi du schéma malthusien, on admet généralement que
la population de l'Afrique est restée à peu près stationnaire pen
dant des siècles. En supposant même que cette hypothèse soit
confirmée un jour sur le plan macroscopique — à l'échelle du
continent africain — , elle ne rend pas compte des faits sur le plan
plus limité de telle ou telle région. Pourquoi tel peuple a-t-il
périclité sur un territoire où ses successeurs ou devanciers ont
prospéré ? Les événements tels que guerres, conquêtes, invasions,
migrations pacifiques, sont impuissants à expliquer tous les cas
de ce genre. Les aléas de l'histoire ne sont pas seuls en cause : il
nous faut chercher d'autres raisons de la fortune ou du déclin de
tel ou tel peuple.
Les récents progrès de la démographie permettent de mieux
apprécier l'incidence que peuvent avoir, sur l'évolution démogra
phique des populations à forte mortalité, certains comportements
sociaux. En particulier, les mœurs et coutumes matrimoniales —
polygamie, âge au mariage, conditions du remariage des veuves,
système dotal — ont une influence considérable sur les possibil
ités de développement de ces populations. De même, la durée
de l'allaitement, les prescriptions religieuses interdisant les rapports
sexuels entre époux pendant certaines périodes (chacune d'entre
elles pouvant s'étendre sur plusieurs années), influent parfois d'une
façon sensible sur le rythme de croissance de ces populations —
en liaison avec certaines particularités physiologiques, plus ou
moins fréquentes suivant les groupes ethniques (absence de retour
de couches, réapparition d'une menstruation plus ou moins régu
lière pendant l'allaitement) — . Enfin les causes des fluctuations 446 ESSAI D'ÉTUDE DÉMOGRAPHIQUE DES KOTOKO
de la mortalité, en particulier celles du développement des grandes
épidémies — des " pestes " comme on les appelait en Europe
autrefois — , n'ont pas été élucidées, et leurs effets — notamment
sur la fécondité — , non plus que ceux de la morbidité endémique,
n'ont guère été étudiés.
Mme Annie Massox Detourbet et M. Jean-Paul Lebeuf ont eu
le grand mérite de penser à profiter d'une mission ethnographique
(Mission Logone-Lac Fit ri) pour étudier la situation démographique
d'un peuple particulier, les Kotoko. L'I.N.E.D. leur a volontiers
accordé la collaboration technique qu'ils lui avaient demandée,
vouant là l'occasion d'éprouver certaines méthodes d'enquête qui
lui semblaient particulièrement adaptées à l'étude envisagée.
Pour un tel travail, les Kotoko présentent l'avantage d'être
groupés dans des agglomérations bien délimitées. Un plan fut donc
établi, qui prévoyait la détermination, par tirage au sort, des
familles à interroger. Cette méthode devait permettre d'établir une
comparaison entre les résultats fournis par l'échantillon ainsi
obtenu, et ceux du dernier recensement. En même temps, des
procédés de détermination du taux de natalité et du taux de mort
alité infantile furent élaborés, tenant compte de la difficulté de
préciser les limites d'une période annuelle, chez un peuple où le
calendrier n'est conçu que comme une succession de saisons.
Nous ne pouvons nous étendre ici sur les circonstances qui se
sont opposées à l'application intégrale de ce plan. L'important est
que l'expérience ait montré qu'il était applicable : с est, à nos
yeux, un des aspects les plus positifs de cette première tentative.
Mais il en est d'autres : on constatera, à la lecture de l'article de
Mme Masson Detourbet, que cette enquête, sans nous apporter
tout ce que nous en attendions, éclaire néanmoins d'un jour nou
veau le problème démographique des peuples de l'Afrique noire.
Les remarques concernant la différence d'âges entre époux
suggèrent une explication à l'observation très ancienne suivant
laquelle " la polygamie ne peuple pas ". La polygamie est, en
l'occurrence, associée au système de la dot payée par le futur
époux : d'où la longueur du célibat. Celle-ci parait varier avec la
situation économique, constituant ainsi un " frein " à la croissance
de la population que Malthus n'eût pas désavoué.
Mais ce frein n'a-t-il pas été trop puissant, et le déclin des
Kotoko à une époque bien antérieure à l'immixtion européenne,
ne doit-il pas être imputé, au moins en partie, à des traditions qui
ne leur assuraient pas une vitalité suffisante pour pouvoir pros
pérer en milieu hostile ?
Et ne pouvons-nous pas voir dans les institutions de ce peuple
— polygamie associée au système dotal — l'origine d'une concept
ion mercantile de la femme ? Conception qui rendrait compte de
la grande irrégularité qu'on observe dans la répartition par sexe
suivant les localités, et qui pourrait peut-être expliquer également
cette propension à la dissimulation des filles aux Européens, que
nous signalent les enquêteurs.
P. V. essai d'étude démographique des kotoko 447
Le peuplement Kotoko. Les Kotoko (1) sont établis dans la partie
méridionale de la plaine du Tchad, le long
des rives du Chari et du Logone, depuis le 11e parallèle environ,
jusqu'au lac. Tandis qu'à l'est leurs villages sont, pour la plupart,
situés à proximité immédiate du fleuve, à l'exception de Gaoui qui
constitue la pointe orientale extrême de la zone d'habitat, à l'ouest
leurs établissements s'étendent plus profondément au delà du cours
du Logone, jusqu'à une ligne idéale joignant Sarsar, Zina, Kala-
Belgué, Ndoufou et le cours de FE1 Obéît, depuis la hauteur de
Ngala-de-Nigeria jusqu'au lac.
Il est difficile de préciser l'époque à laquelle ils arrivèrent dans
la région. Ils disent descendre de plusieurs populations originaires
de l'est, appelées collectivement les Sao, parmi lesquelles on compte
des noirs et des blancs, ces derniers venant d'Arabie (2). Descen
dant de ces Sao, premiers occupants de la région, ils se considèrent
comme les maîtres suprêmes du sol et de toute la contrée, laquelle
est également habitée, dans le nord par des Arabes semi-nomades
— que les Kotoko appellent Choa — , des Kanouri et des Peuls, qui
circulent dans la plaine pour faire paître leur troupeaux, et dans
le sud par des Massa, population avec laquelle les Kotoko se sont
fortement métissés.
L'habitat kotoko est très nettement délimité. Leurs villages, en
tourés d'une muraille de terre crue, sont élevés à proximité des
cours d'eau, sur les ruines d'anciens établissements marqués par
de vastes eminences couvertes de tessons de poterie. L'importance
de ces vestiges laisse supposer que la population était beaucoup
plus dense autrefois qu'aujourd'hui. Non seulement les habitations
actuelles n'occupent, en général, qu'une partie de la butte, mais
de très nombreux sites semblables sont complètement abandonnés.
A une époque qui peut correspondre à ce que certains auteurs (3)
appellent l'apogée de la puissance kotoko, entre le xiv* et le xvie
siècle, chaque ville posséd

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