Etude d'un karst calcaire littoral méditerranéen. Exemple du littoral de Nice à Menton - article ; n°2 ; vol.17, pg 63-85

J.-M. Debrat

Description

Méditerranée - Année 1974 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 63-85
The French Riviera is adorned by three capes which point towards the sea and show on their coast low platforms carved in limestone (3-4 m above sea-level). These are hardly attacked into coastal karsts which show strickingly hackly surfaces, little pools and, sometimes, a notch (a few cm above mean sea level). A two meters wide platform always swashed is often observed. These forms are little but well dra- wed up : this is a «dwarf coastal karst».
Many measures of pH and Alcali nit y had been done but no diurnal cycle had been observed. It seems impossible to generalize EMERY's results to anon-tidal sea as West Mediterranean sea. So the famous limestone dissolution problem must be studied on these coasts again.
However, the limestone surface zonationis easily explained by biological weathering. Several research workers of Endoume Marine Station have shown that biological erosion is active and that undercutted edges of flat pools can be explained by differencial corrosion processus owing to some species of Entophysalis algae.
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• Publié le: 01 janvier 1974
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J.-M. Debrat
Etude d'un karst calcaire littoral méditerranéen. Exemple du
littoral de Nice à Menton
In: Méditerranée, Deuxième série, Tome 17, 2-1974. pp. 63-85.
Abstract
The French Riviera is adorned by three capes which point towards the sea and show on their coast low platforms carved in
limestone (3-4 m above sea-level). These are hardly attacked into coastal karsts which show strickingly hackly surfaces, little
pools and, sometimes, a notch (a few cm above mean sea level). A two meters wide platform always swashed is often observed.
These forms are little but well dra- wed up : this is a «dwarf coastal karst».
Many measures of pH and Alcali nit y had been done but no diurnal cycle had been observed. It seems impossible to generalize
EMERY's results to anon-tidal sea as West Mediterranean sea. So the famous limestone dissolution problem must be studied on
these coasts again.
However, the limestone surface zonationis easily explained by biological weathering. Several research workers of Endoume
Marine Station have shown that biological erosion is active and that undercutted edges of flat pools can be explained by
differencial corrosion processus owing to some species of Entophysalis algae.
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Debrat J.-M. Etude d'un karst calcaire littoral méditerranéen. Exemple du littoral de Nice à Menton. In: Méditerranée, Deuxième
série, Tome 17, 2-1974. pp. 63-85.
doi : 10.3406/medit.1974.1536
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1974_num_17_2_1536n° 2 - 1974 63 Méditerranée.
ETUDE D'UN KARST CALCAIRE
LITTORAL MEDITERRANEEN
EXEMPLE DU DE NICE A MENTON
par J.-M. DEBRAT *
SUMMARY - The French Riviera is adorned by three capes which point towards the
sea and show on their coast low platforms carved in limestone (3-4 m above sea-level).
These are hardly attacked into coastal karsts which show strickingly hackly surfaces,
little pools and, sometimes, a notch (a few cm above mean sea level). A two meters
wide platform always swashed is often observed. These forms are little but well dra-
wed up : this is a «dwarf coastal karst».
Many measures of pH and Alcali nit y had been done but no diurnal cycle had been ob
served. It seems impossible to generalize EMERY1 s results to anon-tidal sea as West
Mediterranean sea. So the famous limestone dissolution problem must be studied on
these coasts again.
However, the limestone surface zonationis easily explained by biological weathering.
Several research workers of Endoume Marine Station have shown that biological ero
sion is active and that undercutted edges of flat pools can be explained by differen
cial corrosion processus owing to some species of Entophysalis algae.
Le littoral de Nice à Menton est abrupt dans son ensemble, «le rivage
longe un faisceau de crêtes serrées surplombant la mer de hautes murailles
calcaires » (R. BLANCHARD) au pied desquelles sont tapis des caps rocheux,
créant des sites célèbres, tels ceux du CapMartin.du Cap Ferrât, ou du Mont
Boron dominant Nice. Les rivages de ces trois caps sont assez variés ; les
secteurs orientés Nord-Sud sont de simples versants de pente forte plongeant
dans la mer, tandis que les rivages face au Sud offrent, en maints endroits,
de basses plates-formes ou des replats bien marqués, quoique de superficie
restreinte. Leur modelé karstique est l'objet de cette étude. Ils sont le plus
souvent taillés dans des dolomies ou des calcaires dolomitiques cristallins ,
homogènes, compacts et durs, peu poreux mais fracturés. Les questions po
sées par la description des différents modelés nous conduiront à reprendre le
délicat problème de l'explication des karsts marins, en partant de l'article
d'A. GUILCHER (1953).
Maftre en Géographie, Laboratoire de Géographie de Nice.
Compte-rendu d'un mémoire de Maîtrise effectué sous la direction de M. le Profes
seur JULIAN. 64
Fig. 1 : SCHEMA DE LOCALISATION DES TROIS CAPS
I - MORPHOLOGIE ET ZONATION LITTORALES
A - LES REPLATS ET PLATES-FORMES
Sur les rivages du Mont Boron, de la Rade de Villefranche abondent de
petits promontoires rocheux dont les sommets (d'altitude variant entre 2 et 7
mètres) présentent d'incontestables aplanissements. Le littoral Sud du Cap
Martin est ourlé tout le long d'un net replat en pente très douce, suivi d'une
microfalaise haute de 3 à 5 mètres. Enfin, les pointes du Cap Ferrât et du Cap
Martin sont «enveloppées» par de vastes plates-formes basses (3 à. 4 mètres)
se raccordant à l'amont à un versant raide.
Ce sont les témoins de plates-formes d'abrasion héritées, bien mieux
développées aux pointes des caps (exposées à la houle qui s'y concentre et
aux vents) que sur les rivages latéraux abrités. L'absence de sédiments hor
izontaux recouvrant ces plates-formes ne permet pas une datation sûre. Trois
hypothèses peuvent être avancées : on peut dater les plates -formes du Wù'rm ;
le niveau tyrrhénien était à + 10 mètres, H. de LUMLEY suppose que la r
égression wiirmienne s'est faite par étapes, lentes au début,au cours desquelles
les basses plates-formes, aujourd'hui à 3 mètres, auraient été façonnées.
On peut évoquer les variations du niveau moyen des mers qu'a étudié
R.-W. FAIRBRIDGE (1961) ou faire appel à un niveau post-flandrien plus éle
vé que le niveau actuel bien que cette hypothèse ait été souvent repoussée, 65
car les restes des installations portuaires antiques correspondent au niveau
actuel.
Enfin, on peut penser que nous avons là une indication de la surrec-
tion continue de la région. Nous ne disposons pas en définitive d1 éléments
suffisants pour trancher la question.
B - ZONATION VERTICALE DES MODELES
A proximité du trait de côte, la roche nue tient, évidemment, une pla
ce exclusive dans la zone des embruns et constitue une frange aveuglante de
blancheur. Près de l'eau, la roche, colonisée par des algues unicellulaires en-
dolithes, prend une couleur bistre. La limite de la végétation et celle du lise
ré sombre sont deux lignes très nettes ; elles correspondent respectivement à
la pénétration des embruns et à la fréquence-limite d'humectation nécessaire
aux algues. Elles s'éloignent donc du trait de côte sur les rivages sud très
battus et permettent aux pointes des caps un grand développement des formes
rocheuses dénudées. Le site de la pointe du Cap Ferrât permet une descript
ion du modelé.
Le versant et la plate-forme sont un champ de blocs polyédriques aux
arêtes vives, de hauteur comprise entre 1 et 2 mètres, dressés les uns à côté
des autres. Les roches ont dû être broyées par des forces tectoniques consi
dérables car elles présentent une grande densité de diaclases et de cassures.
L'essentiel du modelé résulte de la dissection de la partie supérieure du ma
tériel dolomitique de la plate-forme selon la fissuration de celui-ci.
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Fig. 2: ZONATION LITTORALE ALA POINTE DU CAP FERRAT(d'après R. GILET)
A : karst recouvert par des dépôts colluviaux et des éboulis ; B : karst exhumé hérité
du Wôrm ; C : karst marin actuel ; D : karst immergé hérité du Wûrm «1. pelouse à bra •
chypodes ; 2. éboulis (partiellement anthropique) ; 3. calcaire dolomitique massif
(Jurassique). 66
La plate-forme se raccorde au trait de côte par une microfalaise haute
de 2 à 3 mètres, à laquelle succède une banquette de 1 à 2 mètres de large.
En certains endroits, la base de la microfalaise est entaillée par une encoche
dont la profondeur peut dépasser 1 mètre. La coloration brune des roches ap-
paraft sur le replat bien en retrait de la microfalaise, en ce site très battu. Le
modelé est fort différent de celui de la zone blanche : il n'y a plus ici de
blocs distincts, mais la roche a un aspect déchiqueté et très corrodé sur le
quel nous reviendrons.
Enfin, dès le niveau d'immersion permanente dépassé, les formes dé
chiquetées disparaissent, mais on retrouve sur le versant immergé une dissect
ion en blocs restée très nette.
L'évolution post-tyrrhénienne rend bien compte de cette zonation des
formes. Pendant le Wiïrm, alors que le niveau de la mer s'était abaissé à au
moins 100 mètres en dessous du niveau actuel, tout le versant était émergé.
Cette période