Étude sur l art d enseigner la parole aux sourds-muets - article ; n°1 ; vol.15, pg 373-396
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Étude sur l'art d'enseigner la parole aux sourds-muets - article ; n°1 ; vol.15, pg 373-396

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Description

L'année psychologique - Année 1908 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 373-396
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Étude sur l'art d'enseigner la parole aux sourds-muets
In: L'année psychologique. 1908 vol. 15. pp. 373-396.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Étude sur l'art d'enseigner la parole aux sourds-muets. In: L'année psychologique. 1908 vol. 15. pp.
373-396.
doi : 10.3406/psy.1908.3762
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1908_num_15_1_3762IX
PEUT-ON ENSEIGNER LA PAROLE
AUX SOURDS-MUETS?
Nous annoncions dans la préface du tome XIV de notre
Année notre intention de consacrer une étude attentive à la
méthode dite de démutisation. L'intérêt qu'il y a à connaître
la valeur de cette méthode, en dehors de tout esprit de
réclame ou de dénigrement, est considérable ; car cet intérêt
existe à la fois pour la psychologie et pour l'organisation de
l'enseignement à donner aux sourds-muets.
D'une part, en effet, lorsqu'on est quelque peu psychologue,
on se sent curieux de savoir comment un art aussi délicat que
celui de la parole peut être enseigné à de malheureux êtres qui
sont complètement sourds ; est-il possible que la parole, avec
ses nuances si fines d'intonation, que nous réglons en les
passant par l'oreille, soit apprise par des individus qui jamais
ne s'entendront parler? Est-ce possible? Peut-être pensera-ton
qu'on n'a pas le droit de déclarer une chose impossible; mais
celle-ci est de celles qui exigent une bien forte preuve pour être
admises.
Outre cet intérêt de psychologie, qui est un Intérêt tout à
fait désintéressé, peut-on dire, il y a une autre raison, qui
nous pousse à nous occuper de la méthode de démutisation;
cette seconde raison est d'un ordre différent ; elle est essentie
llement pratique. On applique la méthode orale depuis une
trentaine d'années en France, dans les Écoles de sourds-
muets.
Cet enseignement particulier a pris une grande importance
dans la pédagogie du sourd -muet; une partie notable des
heures de classe y est consacrée; il dure de nombreuses
années, il exige un enseignement individuel, et par consé
quent un personnel enseignant coûteux. Quels sont les services
qu'en fait cet enseignement de la faculté orale rend aux sourds- MÉMOIRES ORIGINAUX 374
muets, quand ils sont sortis de l'École et essayent de gagner
leur vie? C'est la question que nous avons voulu résoudre.
I
Choix des sujets sur lesquels l'enquête a porté. — Nom
bre DE CEUX QU'IL A ÉTÉ POSSIBLE DE RETROUVER A PARIS.
— Sur notre demande, l'Administration a bien voulu faire
dresser par l'Institution nationale des sourds-muets de la rue
Saint- Jacques une liste complète des sortis de cette
École depuis 1892 jusqu'à 1902. Cette liste comprend : 1° les
noms et prénoms des élèves sortis; 2° leur date de naissance;
3° la date d'entrée à l'école et la date de sortie ; 4° leur adresse
la plus récente. Puis, pour chacun d'eux il a été répondu aux
questions suivantes : 5° sont-ils normaux d'intelligence ou
arriérés? 6° à quelle époque remonte leur surdité? 7° leur sur
dité est-elle complète ou partielle? 8° ont-ils profité dans une
mesure moyenne de la méthode orale? Les premiers renseigne
ments avaient pour but d'identifier les élèves et de les retrouver ;
les questions 5, 6, 7, 8, devaient nous permettre d'éviter les
erreurs provenant de sujets d'exception. On sait en effet qu'un
. élève qui entend un peu, ou qui est devenu sourd après avoir
parlé pendant quelques années, profite beaucoup plus de la
méthode orale que le sourd complet et congénital. D'ordinaire,
lorsqu'un professeur peu scrupuleux veut montrer à un profane
les avantages de la méthode orale, il fait parler devant lui un
sujet quelque peu exceptionnel, par exemple un demi-sourd.
C'est pour nous garantir contre cette erreur possible que nous
avons demandé des renseignements aussi circonstanciés.
D'autre part, nous avons voulu ne pas juger la méthode orale
d'après les résultats fournis par des sujets dont l'intelligence
serait très inférieure à la moyenne, ou par d'autres qui, par
suite de quelque circonstance spéciale, n'auraient pas profité
de l'enseignement dans une mesure moyenne, et par conséquent
ne seraient pas représentatifs de ce qu'on peut obtenir dans les
meilleures conditions possibles. De là, les renseignements
inscrits sous les n08 5 et 8 dans les tableaux qui nous ont été
fournis.
Pour que notre enquête fût plus large, et ne mît pas en cause
un établissement particulier, nous obtînmes de l'Administra
tion que l'Institut départemental de sourds-muets d'Asnières ET SIMON. — LA PAROLE AUX SOURDS-MUETS 375 B1NET
nous fournit les mêmes documents sur les élèves sortis de cet
Institut depuis 1894, date de la fondation, jusqu'en 1902.
Munis de ces indications, nous avons commencé nos
recherches, en décembre 1907, à Paris. Dès le début, nous
fûmes arrêtés par des difficultés que nous n'avions pas prévues.
Il avait été entendu que pour éviter des frais de déplacement,
nous nous bornerions à visiter les sourds muets qui habitaient
Paris. Or, d'une part, les élèves de l'Institution nationale de la rue
Saint-Jacques sont originaires de la province et y retournent en
grande majorité; d'autre part, ceux de l'Institution nationale,
et ceux, plus nombreux, de l'Institution départementale, qui
ont leur domicile à Paris, sont loin de remplir toutes les con
ditions nécessaires pour notre étude, à savoir : de ne pas être
des arriérés, d'avoir profité de la méthode orale dans une mesure
moyenne, d'être sourds de naissance, et d'être atteints d'une
surdité complète. Nous n'en avons trouvé que 34 à l'Institution
nationale remplissant ces conditions sévères sur un nombre
total de 704. Pour l'Institution départementale, la défalcation
a amené un résultat analogue : sur 50 garçons, nous n'avons
pu en conserver que 8.
Gomme on pourrait s'étonner de l'appauvrissement du contin
gent qui est produit par une telle sélection, nous croyons utile,
afin de répondre à des objections, d'en exposer ici tout le détail.
Institution nationale de sourds-muets de la rue Saint-Jacques.
Nombre d'élèves sortis de l'école de 1885 à 1902 704
Sur ces 704 élèves, nombre de ceux qui sont actuellement
vivants (1907) 687
Sur ces 687 élèves, nombre de ceux dont l'adresse est connue. 683
Sur ces 683 de qui habitent Paris. ... 57 ces 57 élèves, nombre de ceux qui ne sont pas des
arriérés 53
Sur ces 53 élèves nombre de ceux qui ont une surdité totale,
et congénitale (ou antérieure à l'âge de 3 ans) 36
Sur ces 36 élèves, nombre de ceux qui ont acquis le langage
dans une mesure moyenne 33
Institut départemental d'Asnières.
Nombre d'élèves (garçons) sortis de l'école, de 1894 à 1902. . . 60
Sur ces 60 élèves, nombre de ceux qui sont actuellement vivants
(en 1907) 53
Sur ces 53 élèves, nombre de ceux dont l'adresse est connue. . 47 ces 47 de qui habitent Paris 23
Sur ces 23 élèves, nombre de ceux qui ne sont pas arriérés. . 17 376 MÉMOIRES ORIGINAUX
Sur ces 17 élèves, nombre de ceux qui ont une surdité totale
et congénitale (ou antérieure à 3 ans) 10
Sur ces 10 élèves, nombre de ceux qui ont acquis le langage
dans une mesure moyenne 7
Ce qui frappe surtout dans cette série décroissante de chiffres,
c'est qu'on part d'un nombre considérable d'élèves, et qu'on
arrive à en conserver un infiniment petit. A l'Institu
tion Saint- Jacques, on descend de 704 à 33, ce qui tient à ce que
l'immense majorité, les 11 douzièmes, retournent à la province
dont ils sont originaires ; à l'Institut d'Asnières, où cette émi
gration paraissait cependant moins à craindre, elle se fait
sentir sur plus de la moitié du contingent; et partis d'un
nombre respectable de 60 élèves, nous n'en trouvons plus à
enquêter que 7.
Donc 33 élèves provenant de l'Institution Saint- Ja

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