Etudes d écologie humaine dans l aire amazonienne.  - article ; n°1 ; vol.44, pg 99-130
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1955 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 99-130
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Eric de Fautereau
Etudes d'écologie humaine dans l'aire amazonienne.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 44, 1955. pp. 99-130.
Citer ce document / Cite this document :
de Fautereau Eric. Etudes d'écologie humaine dans l'aire amazonienne. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 44,
1955. pp. 99-130.
doi : 10.3406/jsa.1955.2595
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1955_num_44_1_2595D'ÉCOLOGIE HUMAINE ÉTUDES
DANS L'AIRE AMAZONIENNE
par Éric de FAUTEREAU
INTRODUCTION
Le groupe humain représentatif du peuplement aborigène du bassin de
l'Amazone dans son ensemble est une tribu indienne de collecteurs, chasseurs,
pêcheurs et agriculteurs à qui le manioc amer fournit l'aliment de base, établis
sur les rives d'un cours d'eau navigable, dans des unités résidentielles semi-
permanentes. Quelle que soit, dans tel cas particulier, la durée d'un village
qui n'est jamais vraiment permanent, ce dernier point mérite de retenir l'a
ttention. La nécessité du semi-nomadisme agricole est généralement mise sur le
compte de la pauvreté des terres où, suivant les cas, trois à cinq récoltes
annuelles épuisent les cendres du lambeau de forêt tropicale dans lesquelles se
font les cultures. Le fait est exact, mais n'explique pas le semi-nomadisme.
De nombreuses mensurations, faites dans les cultures indigènes, montrent
que la surface cultivée nécessaire à l'entretien d'une famille comprenant en
moyenne cinq personnes de tout âge pour un foyer est de 40 ares, fournissant
accessoirement du maïs et des patates douces en quantité variable, et 4 tonnes
de tubercules de manioc en moyenne tous les ans. L'association végétale qui,
spontanément, remplace les cultures abandonnées, permet dix ou vingt ans après
cet abandon, de faire à nouveau trois ou quatre récoltes en moyenne dans ses
cendres. En retenant des chiffres plus défavorables à une agriculture sédentaire
que ceux de l'observation concrète, en admettant que 40 ares peuvent, tous les
trente ans seulement, ne fournir que deux récoltes annuelles, 6 hectares de forêt
devraient permettre à 5 individus d'une population stationnaire de rester
sédentaires en cultivant cette surface par une rotation de 15 parcelles de
40 ares à raison d'une tous les deux ans.
Une communauté d'agriculteurs sédentaires, établie en un point du fleuve
et cultivant ainsi la forêt incendiée par rotation à un kilomètre à la ronde, dis
poserait donc de quelque 314 hectares de terres cultivables, pouvant nourrir
quelque 250 habitants de cette communauté et, le long du même fleuve, des
communautés semblables pourraient être établies à 2 kilomètres les unes des
autres. Sans doute une population aussi dense réduirait-elle les ressources de
la collecte, de la chasse et de la pêche, même si la totalité de la forêt non rive- 100 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
raine des fleuves navigables et la totalité des cours d'eau non navigables étaient
abandonnées aux plantes et aux animaux sauvages ; pour tenir compte de
cette réduction, on pourrait admettre qu'en doublant la surface de terre cul
tivée nécessaire à leur entretien, une centaine au moins d'individus tous les
deux kilomètres, ou cinquante individus en moyenne par kilomètre de cours
d'eau navigable trouveraient d'une façon permanente les ressources nécessaires
à une vie sédentaire.
Quoique cette évaluation soit dérisoirement faible, et sans doute cinq fois
inférieure à une plus valable, on serait ainsi, sans recourir à l'hypo
thèse d'une culture matérielle différente de celles de l'Amazonie précolomb
ienne, conduit à conclure à une capacité de peuplement qui, pour le bassin
de l'Amazone, serait sans commune mesure avec ce qu'était comme avec ce
qu'est encore ce peuplement. On peut alors se demander si l'Amazonie n'est
pas, et si l'Amazonie précolombienne n'était pas, grossièrement sous-peuplée
par rapport à cette capacité.
Il suffit, pour donner à cette question une réponse résolument négative, d'un
coup d'œil sur la carte linguistique, sachant que des courants migratoires suc
cessifs, à l'échelle continentale, étaient l'œuvre de petites tribus belliqueuses
en perpétuelle effervescence. Les faits connus imposent bien plutôt la conviction
que le peuplement précolombien de l'Amazonie atteignait et souvent dépassait
les limites écologiques qui, actuellement, ne paraissent pas être devenues sen
siblement différentes de ce qu'elles étaient alors. Les cultures matérielles pré
colombiennes étant ce qu'elles sont, la question se pose de savoir pourquoi
l'agriculture amazonienne était, et est encore, semi-nomade.
La Guyane Française n'appartient pas au bassin de l'Amazone, mais elle
en a tous les caractères ; le semi-nomadisme agricole y apparut rapidement
comme le problème central des études entreprises pour fonder sur une doctrine
la création d'un service chargé notamment d'organiser la protection des Indiens
aborigènes. Le semi-nomadisme agricole est un fait qui, superficiellement exa
miné, s'expliquerait suffisamment, dans bien des cas particuliers, sans parler
de guerres entre tribus qui ne sont pas actuellement observables, par des con
venances personnelles de familles quittant un village pour s'établir dans un
autre, ou de villages entiers abandonnés pour un établissement nouveau, géné
ralement avec sécession d'une partie de ses familles constitutives. Mais la
facilité avec laquelle s'accomplissent ces changements de résidence, sans expli
quer le semi-nomadisme, apparaît surtout comme la conséquence d'une ins
tabilité géographique qui n'est pas voulue, mais subie.
DÉTERMINATION DU SEMI-NOMADISME AGRICOLE
L'étude d'Indiens riverains d'un cours d'eau navigable montre invaria
blement que les nouvelles unités résidentielles apparaissent au milieu ou dans
le voisinage immédiat de clairières artificielles antérieurement mises en culture études d'écologie humaine dans l'aire amazonienne ioi
par un certain nombre de familles, clairières où, avant les habitations perman
entes, des abris temporaires permettaient de passer la nuit pendant les tr
avaux agricoles, lorsque les familles exploitantes avaient leurs habitations
antérieures dans des villages relativement éloignés. Le noyau du peuplement
de ces villages nouveaux est constamment représenté par un homme d'âge mûr
qui, ayant fait sécession dans le village antérieur, s'établit dans le village nou
veau avec tout ou partie de ses enfants adultes, les conjoints de ceux-ci et
leurs enfants. Ce sont ensuite des familles isolées qui, par affinité personnelle,
viennent grossir l'effectif de ce village nouveau plutôt que d'un autre.
A mesure que les années passent, des parcelles nouvelles de forêt sont abattues,
incendiées et mises en culture à proximité immédiate des cultures antérieures,
lorsque celles-ci vont s'épuisant et qu'approche le moment où elles seront aban
données. Mais, tôt ou tard, les cultures sont envahies par un hyménoptère for-
micidé du genre Atta dont la présence, d'abord discrète, se traduit par des
dégâts croissants. Il peut arriver que, brusquement, après des années de dégâts
croissants mais limités, des cultures entières soient détruites par une invasion
massive, à l'exception des plants de patate douce. Les Indiens qui, en temps
normal, font peu de cas de ce tubercule inapte à fournir un aliment de base
et cependant toujours cultivé, sont alors bien aises de s'en contenter en atten
dant de trouver refuge dans une parenté extérieure pouvant les nourrir jusqu'au
jour où de nouvelles cultures, établies ailleurs, sont arrivées à maturité et leur
rendent l'indépendance économique. Ce cas extrême peut s'observer mais n'est
pas le cas habituel.
Le cas habituel est celui où les habitants d'un village doivent renoncer à
établir leurs cultures nouvelles à proximité des habitations et choisir, en amont
ou en aval de celles-ci, un emplacement à la fois indemne de fourmis et suff
isamment éloigné des cultures antérieures infestées pour retarder le plus pos
sible la contagion qui, tôt ou tard, e

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