Évasions féminines dans la Volta noire. - article ; n°73 ; vol.19, pg 253-298
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1979 - Volume 19 - Numéro 73 - Pages 253-298
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Madame Anne Laurentin-Retel
Évasions féminines dans la Volta noire.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 19 N°73-76. 1979. pp. 253-298.
Abstract
A. Retel-Laurentin—Women's Absconding in the Black Volta.
In the Black Volta district of the Voltaic Republic, many Bwa women surrepti-tiously desert their husband's home at night to seek
refuge with another man. This man is not considered guilty of adultery but rather of a kind of theft or kidnapping. The deserted
husband may recover his wife by legal action, with the help of his own kin. Far from chastising her if and when she cornes back,
he 'flatters' her by various gifts, sometimes extended to her family. This occurs in a society which considers marriage as
irreversible. Relying on anthropological and statistical enquiries, the author shows that the apparent disparity between legal rule
and actual pratice implies a tacit agreement of the group. Women's absconding does probabiy act as a regulating mechanism in
a System in which endogamy and endo-local residence might otherwise lessen exchanges to a dangerous degree. [pp. 253-298]
Citer ce document / Cite this document :
Laurentin-Retel Anne. Évasions féminines dans la Volta noire. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 19 N°73-76. 1979. pp. 253-
298.
doi : 10.3406/cea.1979.2866
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1979_num_19_73_2866ANNE RETEL-LAURENTIN
vasions féminines dans la Volta noire
Les pratiques matrimoniales africaines sont connues dans leur
ensemble Elles se différencient du droit fran ais sur trois points impor
tants Une famille donne une de ses filles en mariage et re oit en contre
partie une compensation en argent ou en nature est la dot qui est
en sens inverse de la dot fran aise Un homme peut prendre concurrem
ment plusieurs épouses ce qui facilite le mariage et le remariage de
toutes les Africaines Enfin les biens du ménage ne sont pas mis en
commun pas même les enfants qui appartiennent définitivement soit
la famille de leur père soit celle de leur mère selon les règles de prédo
minance pat i- ou matrilinéaire qui structurent la société
Toutefois la diversité des coutumes africaines intérieur de ces
dispositions générales pas fini de se laisser découvrir Chez les Bwa de
Haute-Volta la désinvolture déconcertante avec laquelle les femmes
mariées quittent le foyer conjugal nous en offre un exemple très remar
quable
Un beau soir par une nuit sans lune ou la faveur une fête au cours
de laquelle les libations de bière de mil le dolo ont irrésistiblement
appesanti le sommeil du mari une femme quitte le foyer sans bagage
sinon quelques pagnes et quelquefois un enfant sur le dos Elle chemine
terrorisée par les ombres et les bruits de la brousse au lieu où elle
rencontrera ami qui attend pour emmener chez lui Une autre fera
seule une longue route en se demandant comment accueillera tel homme
elle connu autrefois mais qui ignore encore tout de sa fugue Peu
importe incertitude du lendemain elle enfuit dans obscurité et
quand le village éveille une femme aura disparu Où est-elle Ce sera
au mari exercer son intelligence pour la retrouver
Le fait paraît autant plus étrange que les Bwa affirment une
femme un mari le premier et que hormis de rares exceptions
toute autre union est illégale Toutefois la différence de nombreuses
autres sociétés africaines ils ne considèrent pas que sa présence irrégu
lière chez un ami constitue un adultère ils assimilent plutôt un vol
ou un rapt Le mari assisté de sa famille devra tenter de la reprendre
au voleur en appuyant sur une réclamation au tribunal le plus
proche il ramène la fugueuse chez lui il se gardera de la punir ou de
insulter par des reproches au contraire il la flattera par quelques
Cahiers tudes africaines 73-76 XIX-i-4 pp 253-295 ANNE RETEL-LAURENTIN 254
cadeaux et il quelque reproche se faire il ajoutera un don de
réparation sa belle-famille
Le point le plus déconcertant est pas la liberté que prennent les
femmes de déserter leur foyer mais leur intrusion délibérée dans un
autre ménage ou chez un célibataire surtout dans une société où un
mariage est le fruit de longues transactions des villages où les
hommes sont solidairement les maîtres des institutions et les gérants
de économie familiale
Mode enquête
Pour essayer expliquer ce phénomène nous utilisons les données
une enquête sur les causes de la faible fécondité des Bwa de la Volta
noire en conj oignant des informations démographiques sociales et
médicales observation portait sur neuf villages choisis pour repré
senter trois sous-groupes bwa correspondant des niveaux de fécondité
différents faible moyen fort Tous les adultes de ces neuf villages
soit 582 ménages ont été interrogés et examinés en 1971 afin de fournir
un état de la situation puis les mêmes villages ont été revus exhaus
tivement en 1976 et en 1977 afin observer les modifications survenues
un passage autre investigation de base porté surtout sur les
femmes pour lesquelles une biographie complète été établie systéma
tiquement par neuf enquêteurs et enquêtrices du pays Ces biographies
enregistraient entre autres de fa on détaillée les modalités du mariage
les changements de foyer les motifs invoqués la vie génésique accidents
de grossesse inclus et un examen médical complet des couples Chaque
ménage et ses enfants recevaient ensuite les soins que nécessitait leur
santé
approche médicale est assez exceptionnelle dans une enquête socio-
logique pour que nous soulignions les dialogues qui se sont établis avec
une population qui souhaite des enfants et qui en est privée par effet
des maladies analyse statistique est le support indispensable de
interprétation des phénomènes condition admettre que la qualité
des informations puisse contrebalancer le petit nombre individus
environ 500 personnes qui constituent notre échantillon
Après un court rappel de organisation des communautés villa
geoises bwa fort bien exposée par Capron 1973) je décrirai briève
ment les modalités de mariage et évasion telles elles apparaissent
dans deux sous-groupes les Kyiosye dans la sous-préfecture de Houndé
et les Kurusa dans le secteur de Dédougou1 Le premier cinq villages
ou quartiers une fécondité qui est relevée notablement depuis 1956a
la stérilité Le troisième est écarté sous-groupe de cette analyse les Kademba du secteur de Bagassi épargné par
Les villages et quartiers sont Karba Siénikuy et Ouankan près de Houndé
Ouoro et Kendéni près de Bereba EVASIONS FEMININES 255
cette époque le service médical des grandes endémies menait une vaste
campagne de pénicilline afin de lutter contre les maladies vénériennes
après les résultats de enquête sérologique qui fut faite concur
remment environ la moitié de la population adulte était atteinte Le
second sous-groupe bwa observé3 une fécondité actuelle plus faible
mais la campagne de pénicilline fut beaucoup moins intensive Dans
une région où idéal de prospérité mêle étroitement expansion démogra
phique et économique il est important examiner la représentation que
les ménages bwa se font de leur instabilité conjugale afin de comprendre
pourquoi et comment le phénomène des évasions féminines se perpétue
dans la société
Les Bwa
ensemble ethnique des Bwa longtemps appelés Bobo-Oulé com
prend 250 ooo personnes environ Il étend du Bani au sud du Mali
aux collines situées au sud de Houndé et de Boromo au nord-ouest
de la Haute-Volta Les relations des Bwa sont pratiquement nulles
ouest avec leurs voisins les Bobo-Fing les vrais Bobo en revanche
ils ont des affinités avec les Dogo les Samo et les Marka situés est
et au nord de leur territoire
habitat en briques de banco et en pisé dont le toit en terrasse
sert pour le séchage des récoltes est typique sur tout leur territoire
Et pourtant les Bwa ne forment pas un tout homogène Capron 1973
24 On relève chez eux 18 variétés dialectales et les différences sont
suffisantes pour que incompréhension soit presque totale entre les
habitants des quatre zones Tel est le cas entre les villages que nous avons
visités autour de Houndé Boromo et Dédougou Et pourtant les ethno
logues ont remarqué que les Bwa ont conscience appartenir une
même communauté élargie ils ont constaté une similitude organi
sation une conformité des pratiques

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