Exemple aristocratique et mode funéraire dans la Gaule mérovingienne - article ; n°2 ; vol.41, pg 379-407
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1986 - Volume 41 - Numéro 2 - Pages 379-407
Aristocratic Example and Burial Practise in Merovingian Gaul. B. K. Young.
Burial practises in Merovingian (or Dark Age) Gaul, and in particular burials equipped with weapons, jewelry, ceramics, etc., have often been interpreted as Germanic traditions which betrayed the presence of the original invaders around 500 A.D., and subsequently reflected the resistance of their descendants to assimilation by the Gallo-Romans, thought to have long abandoned grave-goods in the face of Christian hostility. This ethno-religious viewpoint now appears outmoded as more precise and complete topochronological analyses of individual sites suggest that their origin and development reflect a variety of influences, with wealth and social prestige playing a dominant role. During the Sixth century Christianity became an influence too, whose impact on the leading classes is examined in this article.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Bailey K. Young
Exemple aristocratique et mode funéraire dans la Gaule
mérovingienne
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 2, 1986. pp. 379-407.
Abstract
Aristocratic Example and Burial Practise in Merovingian Gaul. B. K. Young.
Burial practises in Merovingian (or "Dark Age") Gaul, and in particular burials equipped with weapons, jewelry, ceramics, etc.,
have often been interpreted as Germanic traditions which betrayed the presence of the original invaders around 500 A.D., and
subsequently reflected the resistance of their descendants to assimilation by the Gallo-Romans, thought to have long abandoned
grave-goods in the face of Christian hostility. This ethno-religious viewpoint now appears outmoded as more precise and
complete topochronological analyses of individual sites suggest that their origin and development reflect a variety of influences,
with wealth and social prestige playing a dominant role. During the Sixth century Christianity became an influence too, whose
impact on the leading classes is examined in this article.
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Young Bailey K. Exemple aristocratique et mode funéraire dans la Gaule mérovingienne. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 41e année, N. 2, 1986. pp. 379-407.
doi : 10.3406/ahess.1986.283281
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1986_num_41_2_283281BAILEY YOUNG
EXEMPLE ARISTOCRATIQUE ET MODE FUN RAIRE
DANS LA GAULE ROVINGIENNE
Le choix de Gertrude
on 659 elle sentit la mort approcher Gertrude abbesse de Nivelles
donna de strictes instructions relatives son vêtement funèbre il fallait on
ne lui mît un cilice et un très grossier voile de nonne donné par
quelque pèlerin sans autre ornement insista-t-elle qui fût de laine ou de lin1
Une telle insistance suggère elle savait combien cet excès humilité choque
rait de la part de celle qui nonne ou pas se trouvait être la fille de Pépin de
Landen et Itta Après tout Theodechilde abbesse fondatrice de Jouarre
qui mourut seulement quelques années plus tard fut enterrée avec un manteau
brodé de fils or2 moins splendide sans doute que la superbe tunique
fig dont la broderie colorée imite la joaillerie du temps et qui été associée
la sépulture de la reine Bathilde morte la même époque dans sa retraite
monastique3 Bien que rien ne suggère que les religieuses emportaient la même
riche joaillerie que leur parenté jusque dans la tombe il semble que on atten
dait ce que leur rang fût reconnu dans la mort comme dans la vie
Gertrude paraît aussi avoir refusé ostentation en choisissant une tombe qui
Communication présentée devant le 19e Congrès international des études médiévales Kala-
mazoo Michigan) 10-13 mai 1984 auteur remercie chaleureusement Stéphane Lebecq qui
bien voulu assumer la tâche de traduction
Annales ESC mars-avril 1986 n0 pp 379-407
379 HAUT MOYEN GE LE
FIG Chelles La chemise dite de Bathilde en provenance de abbaye
après Vierck
380 YOUNG LA MODE FUN RAIRE EN GAULE ROVINGIENNE
ressemblait celles qui attendaient les autres religieuses dans la chapelle funé
raire située seulement un peu écart le long du mur comme si elle vou
lait signifier elle était un membre de familia monastique4 fig
Theodechilde quant elle fut enterrée dans le luxueux mausolée que son frère
évêque Agilbert de Paris avait construit près de église funéraire du couvent5
fig Son magnifique sarcophage où se trouvait sculptée une représentation
du Jugement Dernier6 rappelle orgueil funéraire de la vieille aristocratie
romanisée et fournit un témoignage éloquent sur la force des liens familiaux
traditionnels compris dans le nouveau contexte religieux Le prestige de la
famille détermine un type inhumation encore largement répandu dans les
milieux séculiers du nord-est de la Gaule au vne siècle comme le montre le
cimetière de Beerlegem en Flandre occidentale7 ici les membres de la famille
dominante reposent avec leurs armes et un mobilier de qualité dans des sarco
phages de bois contenus dans de grandes fosses situées ostensiblement écart
des tombes plus ordinaires de familia incluant celle un cheval entassées les
unes sur les autres et seulement dotées un pauvre mobilier
En choisissant exprimer travers sa mort humilité et un sens nouveau de
la communauté Gertrude voulut rompre avec les usages anciens et donner un
exemple délibérément chrétien Voici qui justifie on réexamine la vieille
question de impact du christianisme sur les pratiques funéraires dans une pers-
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10
FIG Nivelles
Basilique funéraire Saint-Pierre construite vers 650 pour la communauté
monastique le tombeau de Gertrude fut transféré dans augmentùm ultérieurement
après Mertens
peèt ve repensée influence décisive de aristocratie sur ces comportements
novateurs Cette perspective modifie quelque peu des habitudes de raisonne
ment on ne peut évoquer en passant
En France en effet archéologie mérovingienne commence seulement
émerger une double pesanteur le fait une part elle appuie sur un
matériel presque exclusivement funéraire le fait autre part elle prétende
que celui-ci reflète des réalités essentiellement ethno-religieuses On pourrait
dire en parodiant peine Edouard Salin divisa la Gaule mérovingienne en
trois types de cimetières ceux dont le rigoureux alignement des tombes
abondance du mobilier et les traces de pratiques païennes trahissent les enva
hisseurs germaniques ceux où les groupes de sarcophages disposés anarchique-
ment utilisation répétée des mêmes fosses et le nombre bien moindre des
objets permettent de distinguer les Gallo-Romains christianisés tous les autres
enfin où les choses étaient pas si claires prouvant ainsi une fusion
381 LE HAUT MOYEN GE
FIG Jouarre La crypte après Démians Archimbaud
progressive doublée de christianisation était en train de se faire8 En fait le
mythe suivant lequel de nombreux cimetières germaniques seraient apparus
brusquement et ex nihilo après une rupture au ve siècle9 comme le résultat de la
migration des tribus victorieuses ne tient plus on pense hui que les
soi-disant pratiques funéraires germaniques étaient déjà largement dévelop
pées dans les limites du Bas-Empire grâce aux troupes qui servaient dans
armée et que est ensuite elles furent imitées dans la Germanie trans
rhénane Elles sont le produit de nouveaux goûts et de accès aux nouveaux
types de richesse et non de lointaines traditions tribales10 Des fouilles méti
culeuses pratiquées grande échelle et attentives au développement topochro
nologique des nécropoles telles que celles du grand cimetière du fort et vicus
romain de Krefeld-Gellep sur le bas Rhin11 montrent que les sépultures du
ve siècle sont aussi nombreuses que celles des ive et vie siècles mais plus diffi
ciles dater parce que la plupart sont dépourvues de mobilier Des techniques
de datation plus fines et une meilleure appréhension des vicissitudes des prati
ques funéraires montrent clairement que usage du sarcophage comme la fré
quence de réinhumations et inhumations multiples dans un cimetière ont une
signification plus chronologique ethnique12 La remise en cause de ces
vieilles hypothèses nous invite réexaminer dans quelle mesure ces cimetières
ruraux sont expression de la structure des communautés vivantes13 Je suggé
rerais ils en ont été un assez bon reflet au début de la période mérovin
gienne 14 mais que le christianisme est bientôt imposé comme un agent de rup-
382 YOUNG LA MODE FUN RAIRE EN GAULE ROVINGIENNE
ture Cette rupture est pourtant une nature beaucoup plus subtile que la pré
tendue hostilité aveugle de glise égard des pratiques funéraires
païennes que on imaginait naguère15
exemple de Childéric une communauté hiérarchiquement structurée
la fin du rve siècle un guerrier puissamment armé fut enterré sur un talus
face la Meuse Charleville-Mézières pas très loin du chef-lieu du pagus du
Bas Empire fig Il fut bientôt rejoint par un autre enterré dans des
conditions similaires tandis que moins une génération plus tard un troi
sième chef fut inhumé dans le voisinage16 Les trois hommes possédaient un
armement tout fait identique une épée longue un bouclier une lance une
hache de jet ou francisque et en particulier un ang sort

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