Feu François Simiand ? - article ; n°5 ; vol.28, pg 1173-1192
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 5 - Pages 1173-1192
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Bouvier
Feu François Simiand ?
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 5, 1973. pp. 1173-1192.
Citer ce document / Cite this document :
Bouvier Jean. Feu François Simiand ?. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 5, 1973. pp. 1173-1192.
doi : 10.3406/ahess.1973.293415
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1973_num_28_5_293415ET COMBATS DÉBATS
Feu François Si m i and ?
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* Cet article a été rédigé pour les Mélanges E. Labrousse, à paraître en 1973 sous les
auspices de l'École Pratique des Hautes Études, VIe Section. C'est avec l'accord de
M. Ernest Labrousse que les Annales le publient.
1. R. Aron, Introduction à la philosophie de l'histoire, Paris, 1938, pp. 216-225.
R. Marjolin, Prix, monnaie et production, essai sur les mouvements économiques de longue
durée, Paris, 1941, pp. 285-286, 293-300, 324-360. Ch. Morazé, « Les leçons d'un échec,
essai sur la méthode de Simiand », dans Mélanges d'histoire sociale, Paris, 1942, 1, pp. 5-24 ;
II, pp. 22-44. Des trois études, celle de R. Marjolin restait la plus ouverte et demeure la
plus fructueuse. Antérieurement, de longs comptes rendus critiques des ouvrages écrits
par Simiand en 1932-1934 avaient paru. Citons les principaux : M. Halbwachs {Revue
philosophique, 1932) ; G. Pirou {Revue d'économie politique, 1932) ; M. Bloch
historique, 1934) ; A. Landry ď économie 1935) ; C. Bouglé {Annales
sociologiques, série D, 1936) ; G. Lefkbvre {Annales d'histoire économique et sociale, 1937).
2. M. Lévy-Leboyer, « L'héritage de Simiand : prix, profit et termes d'échange
au xixe siècle », Revue historique, janvier-mars 1970, pp. 77-120.
3. Ibid., p. 103.
4.p. 101.
5. Ibid., p. 85.
6.p. 82.
1173 ET COMBATS DÉBATS
fortement — s'en doute-t-il ? — en trouvant quelques « excuses » 7 à Simiand,
mais en n'en trouvant aucune — et en le disant avec netteté 8 — à ses « héri
tiers » 9, à cette « génération suivante » 10, qui a cru pourtant apprendre quelque
chose chez Simiand.
Comment ne pas répondre à une affirmation de ce type ? Y aurait-il d'ail
leurs lieu de discussion plus opportun que ces Mélanges offerts à celui qui fit
beaucoup, on le sait, pour introduire Simiand chez les historiens ?
Comme il est aisé de nourrir pour Maurice Lévy-Leboyer estime, et même
affection, dût sa réserve souffrir de ces mots, il acceptera la franchise d'un
lecteur qui se sent trop concerné pour demeurer coi.
L'œuvre et l'influence de Simiand en France ne se comprendraient qu'à la
lueur des rapports, qui furent le plus souvent de conflit, entre la sociologie et
l'histoire dans le premier tiers du xxe siècle. Lucien Febvre disait de lui,
en 1933 : « un homme qui naguère a pu sembler un noir ennemi de notre disci
pline » 1X, et évoquait en 1935 sa « campagne contre les historiens » — campagne
d'avant 1914 — qui « les troubla considérablement dans leur quiétude, et fit
réfléchir certains, qui cependant n'acceptaient pas ses conclusions » 12, tout en
jouant pour ceux-ci le rôle d'une « puissance de libération » 13.
On peut simplement rappeler à ce sujet la rudesse et la force de la critique
que Simiand porta en 1903 à Г « histoire historisante » — de Seignobos à Henri
Hauser... — dans la Revue de synthèse historique 14. Texte décisif où fut pro
clamée la nécessité de « substituer à une pratique empirique, mal raisonnée,
une méthode réfléchie et vraiment critique » 15, cette méthode ne pouvant être
que sociologique. Comme, à la même époque, Simiand combattait sur un
second front, celui des rapports entre la sociologie et l'économie politique 16,
on enregistre qu'il joua un rôle pionnier, et considérable, dans les rapports
entre les trois sciences humaines en cause, et dans les efforts de certains — une
poignée ! — pour briser les isolements, abattre les cloisons, secouer et renouveler
les problématiques. De ce point de vue Simiand demeure parmi nous. Ses
inquiétudes ne sont pas étrangères à ceux des historiens qui ont entendu le sens
7. Ibid., p. 103.
8. « Les excès dus à la guerre de 1914 et les dislocations économiques qui ont suivi
expliquent peut-être des erreurs aussi manifestes. Mais la génération suivante n'avait pas
de telles excuses pour justifier son adhésion. » (ibid., p. 103). Nous verrons plus loin ce
qu'étaient ces « erreurs ». Observons que F. Simiand dans les années xçoo avait déjà établi
son programme de recherches, fixé sa méthode et abouti, dans ses ouvrages sur les prix
et salaires du secteur charbonnier, à des résultats que ses travaux d'après-guerre allaient,
à ses yeux, étendre et confirmer. Le voici alors lui-même dépourvu de toute excuse...
9. Ibid., p. 101.
10.p. 103.
11. L. Febvre, « Pour les historiens, un livre de chevet », Annales d'histoire écono-
mique et sociale, 1933, p. 163.
12. L. « François Simiand », ibid., 1935, p. 391.
13. Ibid.
14. F. Simiand, « Méthode historique et science sociale », Revue de synthèse historique,
1903, p. 154-
15. Ibid., p. 157.
16. Voir A. Simiand, La méthode positive en science économique, Paris, 1912.
1174 J. BOUVIER FRANÇOIS SIMIAND
du manifeste lancé en 1929 dans le premier numéro des Annales d'histoire
économique et sociale 17 : il faut abattre les cloisons entre les sciences humaines.
Simiand est avant tout un sociologue. « La science économique positive est
et ne paraît ne pouvoir être que sociologique » : telle est l'une des ultimes for
mules de son grand ouvrage de 1932 18. Philosophe d'origine, il se tourna imméd
iatement vers la sociologie et fonda, dans l'équipe de Durkheim, L'Année
sociologique (1896) où il tint la rubrique de « sociologie économique » jusqu'à
sa mort. En fait, il demeura toujours un peu en marge, beaucoup trop sociologue
pour les historiens de l'économie, trop économiste pour les sociologues, et pas
assez économiste pour les économistes. Les lieux de son enseignement — succes
sivement l'École Pratique des Hautes Études, le Conservatoire National des
Arts et Métiers, le Collège de France — situent d'ailleurs sa position d'indépen
dance. En marge, il l'était aussi idéologiquement, peut-on dire. Rationaliste
positiviste, laïque convaincu 19, socialiste, Û était à la fois séparé de ces écono
mistes classiques dont « tout l'effort, écrivit A. Landry, était tourné vers l'apo
logie d'un régime social » 20, et des marxistes qui n'ont jamais bien compris son
obstination à refuser à la science économique le droit de prendre « pour objet
de construire un idéal économique, ou de déterminer une pratique économique,
même rationnelle » 21.
A l'étude des mouvements longs, interdécennaux, du salaire — les phases A
et В — , Simiand, comme il le confia à Maurice Halbwachs, a rattaché l'ensemble
de ses recherches : « Tout le reste y est suspendu. » 22 A la poursuite des « conco
mitances » d'un tel mouvement, et remontant la chaîne des « conditions » et
des « causes » — il donnait à ces trois vocables des sens précis — il se trouve

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