Fragmentation et intégration dans une ville de l après-apartheid : l exemple de Durban - article ; n°159 ; vol.40, pg 551-578
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Fragmentation et intégration dans une ville de l'après-apartheid : l'exemple de Durban - article ; n°159 ; vol.40, pg 551-578

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Description

Tiers-Monde - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 159 - Pages 551-578
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Doug Hindson
Fragmentation et intégration dans une ville de l'après-apartheid :
l'exemple de Durban
In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°159. pp. 551-578.
Citer ce document / Cite this document :
Hindson Doug. Fragmentation et intégration dans une ville de l'après-apartheid : l'exemple de Durban. In: Tiers-Monde. 1999,
tome 40 n°159. pp. 551-578.
doi : 10.3406/tiers.1999.5326
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1999_num_40_159_5326FRAGMENTATION ET INTÉGRATION
DANS UNE VILLE
DE V APRÈS-APARTHEID :
L'EXEMPLE DE DURBAN
par Doug Hindson*
Durban a hérité de la structure racialisée et fragmentée caractéristique d'une
métropole d'apartheid mais aussi des transformations apportées par les réformes de
la fin de la période d'apartheid et par des années de violence dans les townships. La
mise en place progressive de pouvoirs locaux unifiés a débouché sur l'élaboration
d'un schéma directeur. La réhabilitation des quartiers noirs périphériques, le
lotissement des zones intercalaires, l'aménagement de corridors et de nœuds, la
densification du centre urbain tentent de dessiner une nouvelle configuration plus
intégrée de la ville. Celle-ci doit également relever le défi des migrations intra-
urbaines spontanées dont un effet majeur est de perpétuer des formes de
fragmentation urbaine ou même d'en créer de nouvelles.
L'apartheid urbain a séparé les groupes sociaux les uns des autres
mais a également relégué les plus démunis - la majorité noire paupér
isée - dans les townships périphériques, situés à l'écart des foyers
d'activités industrielles, commerciales et de service contrôlés par les
Blancs. La réforme du régime, dans les années 80, a renforcé cette
structure ségrégationniste en confinant en grande partie l'urbanisation
des Noirs dans les périphéries. Parallèlement, cette réforme et les vio
lences politiques qu'elle a entraînées dans les zones résidentielles noires
ont engendré de nouvelles formes de division sociale et de fragmentat
ion spatiale, de nouveaux lotissements et des bidonvilles apparaissant
à la marge des townships existants. Dans les années 90, l'abolition de
l'apartheid a permis le retour des Noirs au cœur des agglomérations :
* Professeur et chercheur à l'Institut de recherche économique et sociale. Université de Durban,
Westville.
Revue Tiers Monde, t. XL, n° 159, juillet-septembre 1999 552 Doug Hindson
certains ont occupé des terrains auparavant inconstructibles en vertu
de la politique d'urbanisme ségrégationniste et d'autres, notamment
ceux de la classe moyenne noire en plein essor, ont pris la place des
Blancs dans les quartiers résidentiels des centres-villes et dans les banl
ieues pauvres adjacentes.
La restructuration des zones urbaines doit donc effacer l'am
énagement de l'espace légué par l'apartheid, mais aussi les séquelles de
plus de quinze ans de réformes, de violences, de discriminations socia
les et de redistribution spatiale qui ne sont pas sans répercussions
importantes sur la configuration sociale et spatiale des villes, de nouv
elles formes de fragmentation étant venues se superposer à la segment
ation raciale. C'est cette réalité complexe, mélange de l'héritage de la
structure ségrégationniste et de la dynamique sociale engendrée par la
réforme et la fin de l'apartheid, que doivent affronter les pouvoirs
publics et ceux qui cherchent à analyser les dynamiques de l'après-
apartheid.
Du milieu des années 80 au milieu des années 90, Durban a été
l'une des villes d'Afrique du Sud les plus touchées par la violence et la
désagrégation sociale. Cette violence a conduit à l'effondrement des
institutions locales dans les zones résidentielles noires, puis à la créa
tion de forums de rétablissement de la paix et de développement qui
ont mis en pratique le concept de développement négocié. Les négociat
ions, qui se sont déroulées simultanément aux échelons national et
local, ont abouti à une restructuration des autorités locales, qui a
connu plusieurs étapes. C'est dans le cadre de ces forums qu'ont été
formulées et débattues les idées relatives à la réintégration de l'espace
urbain. Celles-ci ont donné lieu à la publication, en septembre 1997,
d'un schéma directeur, qui décrivait un projet d'intégration et de déve
loppement spatial, social et économique de la zone métropolitaine de
Durban1.
Le présent article comprend quatre parties. La première décrit la
configuration ségrégative de la ville héritée de l'époque de l'apartheid,
avant de retracer les processus de division sociale, de migration et de
fragmentation spatiale dont Durban a été le théâtre tandis que
l'apartheid s'effondrait à la faveur des réformes et de la montée de la
violence dans les townships. La deuxième partie est consacrée aux
forums de négociations sur le développement, qui ont permis d'opérer
une transition entre l'ancienne structure des autorités locales, ségrégat
ive, et le système unifié qui se met actuellement en place à Durban.
La troisième décrit les initiatives prises à l'échelon de l'agglomération
1. DMA, 1997. Fragmentation et intégration dans une ville de l 'après-apartheid 553
pour effacer l'héritage de l'apartheid grâce à la réorganisation de la
ville conformément à de nouveaux principes de développement et
d'aménagement de l'espace. La dernière partie présente une évaluation
du schéma directeur et des mesures afférentes mises en œuvre
aujourd'hui à Durban, et soulève quelques questions relatives à leurs
conséquences immédiates et à long terme sur la structure sociospatiale
de la ville.
i / l'apartheid
ET LA FRAGMENTATION SOCIOSPATIALE HÉRITÉE EN 1994
Durban est située sur la côte sud-est de l'Afrique du Sud, dans la
province du Kwazulu-Natal. Deuxième centre urbain et industriel du
pays, l'agglomération s'étend sur 13 000 km2 et compte quelque
2,7 millions d'habitants. La population, composée de Noirs (65 %),
d'Indiens (27%), de Blancs (14%) et de métis (3%), est variée du
point de vue culturel et racial. La croissance démographique atteint à
peu près 2,2 %, tandis que la économique ne dépasse pas
1,2% par an. Selon les estimations, le chômage touche environ 46%
de la population active1. Des disparités de revenus extrêmes existent
entre les groupes raciaux.
1. Structure de la ville héritée du passé
La configuration ségrégative de la ville
Les caractéristiques des villes divisées suivant les critères raciaux
sont connues. Nous nous contenterons donc de rappeler brièvement
comment elles s'expriment à Durban.
Comme l'indique la carte 1, les Blancs occupent principalement un
noyau urbain en T. Celui-ci s'étend vers le sud et le nord à partir du
centre-ville2, le long d'une bande côtière plate. Vers l'ouest, il s'étire en
1. DMA, 1997.
2. Je réserve le terme de « centre-ville » au secteur comprenant le quartier d'affaires central, la baie
et la zone industrielle sud de Durban. Ce secteur englobe l'essentiel des commerces, des entreprises, des
interconnexions de transport et des immeubles d'habitation collectifs de la zone métropolitaine de Dur
ban. Il comprend également le front de mer, principal espace de loisirs de la ville. Le quartier d'affaires
central correspond à un secteur moins étendu situé au nord de la baie, où sont concentrées les activités
commerciales, financières et de service. 554 Doug Hindson
formant un couloir qui s'élève par paliers. Accessibles à la population
blanche, les secteurs où sont regroupées les principales infrastructures
commerciales, de services, de transport et les industries se répartissent
autour du port et de la « zone industrielle sud ». Il existe un autre sec
teur industriel et commercial plus petit, situé à l'ouest, dans les limites
du noyau urbain, dans la zone de Pinetown et New Germany. Les
Indiens et les métis habitent en majorité la périphérie proche, dans des
secteurs rési

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