Gaabgol et Kuumeen : cohésion sociale et disparités économiques. - article ; n°133 ; vol.34, pg 281-293
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1994 - Volume 34 - Numéro 133 - Pages 281-293
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Ryo Ogawa
Gaabgol et Kuumeen : cohésion sociale et disparités
économiques.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 34 N°133-135. 1994. pp. 281-293.
Abstract
R. Ogawa — Gaaбgol and Kuumeen : Levelling Mechanisms within a Homogeneous Group.
The JenngelBe, a Fulani group living in the Djolof area of Sénégal, form a hierarchical society : the free Jenngelôe follow a
pastoral way of life; artisans are organized in a caste-like System; and then, there are the former slaves. The hâve a
status socially but not necessarily economically higher than that of other peoples. To main-tain this higher status, they need to
form a homogeneous group ; but they do not seem to hâve any System for maintaining homogeneity. They often mention
methods, called gaadgol, for finding good or bad signs in women or domestic animais. They also refer to the existence in their
country of a mystic being, Kuumeen. What people say about gaaBgol and Kuumeen spark rumors that maintain the society's
internai order.
Citer ce document / Cite this document :
Ogawa Ryo. Gaabgol et Kuumeen : cohésion sociale et disparités économiques. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 34 N°133-
135. 1994. pp. 281-293.
doi : 10.3406/cea.1994.2052
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1994_num_34_133_2052Ryo Ogawa
Gaa gol et Kuumeen cohésion sociale
et disparités économiques
Les Peuls jenngel6e du Sénégal
On dénombre plus un million de Peuls au Sénégal dont la majeure partie
est sédentarisée dans le sud du pays et vit essentiellement de agriculture La
société des Peuls jenngel6e dont je me propose analyser un aspect occupe
la région centrale du Sénégal située dans la zone climatique sahélienne
qui re oit une quantité de pluie variant entre 200 et 500 mm par an Bien que
la pluviométrie soit peut abondante la région du Djolof qui tire son nom
un ancien royaume était occupée par des agriculteurs wolofs Les Jenn
gel6e sont venus installer ultérieurement partir du xvie siècle Les
Wolofs qui vivent surtout dans les grandes agglomérations intérieur du
Djolof sont hui encore un peu plus nombreux que les Peuls Cette
région est également occupée par autres groupements peuls tels que les
àà îî et les LaccennaBe la population des Jenngel6e ne dépassant pas
quant elle plus de cinquante mille individus
Les Jenngel6e qui portent le plus souvent le nom clanique de Ka sont
essentiellement des éleveurs de bovins et de petits ruminants exclusion
des camélidés pratiquant une transhumance saisonnière Ils sont tous éta
blis dans des villages plus ou moins fixes dispersés dans la région du Djolof
où en plus de leur principale activité éleveurs ils cultivent pendant la sai
son des pluies du petit mil Pennisetum americanum) et de arachide
considérée comme une culture de rente Cette culture épuisant vers le
mois octobre les marigots et les herbes de brousse se dessèchent et de
nombreux Jenngel6e émigrent avec leurs troupeaux vers les régions du sud
ou du sud-ouest où ils installent des campements temporaires la pro
chaine saison des pluies qui se situe vers le début du mois de juillet Sur les
lieux de transhumance les Jenngel6e échangent avec les agriculteurs
wolofs du lait contre du grain et de la fumure pour les champs contre de la
nourriture pour le bétail Ces échanges se sont transformés depuis que des
forages ont été effectués dans le Djolof et on observe que les Jenngel6e qui
continuent pratiquer la transhumance sont de plus en plus nombreux mais
sans toutefois nouer des échanges directs avec les Wolofs agriculteurs
Cahiers tudes africaines 133-135 XXXIV-l-3 1994 pp 281-293 282 RYO OGAWA
hui certains Jenngetôe émigrent durant la saison sèche et établis
sent leurs campements près des villes du sud où ils peuvent vendre des pro
duits laitiers sur les marchés On constate également que nombre entre
eux ne cherchent plus emigrer loin de leurs villages préférant effectuer
des déplacements de courte distance intérieur du Djolof vers des
forages Les Jenngetôe sont donc essentiellement des pasteurs qui attachent
la plus grande importance leur bétail tout en pratiquant agriculture
durant la saison des pluies
Le nivellement de la société
La société jenngetôe est hiérarchisée Elle est composée hommes libres
dimo/rimbe se consacrant essentiellement élevage et anciens esclaves
maccudo/maccuBe Ces derniers hui autonomes occupaient
autrefois de agriculture et des travaux serviles Entre ces deux groupes qui
peuvent être considérés comme les deux couches sociales extrêmes de la
société jenngetôe se distinguent autres catégories qui se définissent par
leur métier ce sont entre autres les tisserands maabo/maabuuôe) les tra
vailleurs du bois lawa/laoôe) les travailleurs du cuir sakke/sakkeebe) les
forgerons baylo/wayluôe et les griots bammbaado/wammbaaoe Ces gens
de métiers se distinguent eux-mêmes selon une hiérarchie leur métier se
transmettant de fa on héréditaire Ils pratiquent endogamie et cet
ensemble forme un véritable système de castes Ce schéma correspond la
structure traditionnelle de la société jenngetôe mais celle-ci subit actuelle
ment quelques transformations et les Jenngetôe entretiennent plus de
contacts avec par exemple les tisserands bien ils conservent des rapports
étroits avec les griots et les travailleurs du bois
Le comportement des Peuls est régi par un code appelé pulaagu ou
pulaaku Les Jenngetôe considèrent ce code comme un attribut des Peuls en
général et des Peuls de condition libre en particulier En effet les différentes
règles explicitées dans le pulaagu sont exclusivement applicables aux per
sonnes appartenant la couche libre Ainsi le pulaagu en tant idéologie
dominante des Jenngel&e pour fonction principale de faire prendre
conscience aux membres de cette catégorie ils occupent une place parti
culière et privilégiée dans une société organisée hiérarchiquement En
autres termes le pulaagu fonctionne simultanément comme un mécanisme
identification des gens libres et de ségrégation sociale intérieur du
monde composé des Jenngetôe et des autres couches sociales
La constitution de univers social des Jenngetôe repose donc sur une
structure inégalité Chaque individu se détermine en fonction de la catégo
rie dans laquelle il est né Précisons toutefois que cette structure actuelle
ment aucun fondement économique et ne relève que de statuts sociaux Une
personne ayant un statut esclave peut avoir des conditions de vie
meilleures une personne libre Soulignons également que ce système COH SION SOCIALE ET DISPARIT CONOMIQUE 283
social inégalitaire est théoriquement plus admis par actuelle constitution
de la République du Sénégal pour laquelle tous les Sénégalais sont égaux
devant la loi Ce système inégalitaire existe cependant dans la conscience des
Jenngelbe et il garde toute sa force
Dans une société hiérarchisée il est important que la couche sociale supé
rieure préserve une certaine homogénéité interne Un individu voit sa posi
tion sociale garantie du fait seulement il est né de parents de condition
libre ainsi tous les membres de la classe libre conservent un prestige égal
vis-à-vis des autres couches sociales Par conséquent un point de vue
social ils forment déjà une structure homogène même ils sont loin de pos
séder économiquement une puissance égale On trouve certes parmi eux
des gens riches mais aussi des individus moins aisés ou même des pauvres
Ceci relève en fait de évidence Toutefois existence de fortes disparités
économiques au sein de la couche libre est pas souhaitable si celle-ci veut
conserver une certaine homogénéité sociale En effet le prestige et autorité
un Jenngelbe face aux autres couches sociales ne sont certes pas totalement
indépendants de son capital économique Tous les êtres étant égaux selon la
loi actuelle si un individu entend faire reconnaître sa prétendue noblesse il
doit en donner la preuve en distribuant des biens matériels aux personnes de
condition servile Si une certaine inégalité économique intérieur de la
classe sociale libre est admise et va de soi sa cohésion interne même un
niveau économique doit être préservée vis-à-vis de ceux dont la condition se
situe un niveau inférieur dans la hiérarchie sociale Dans la société jenn-

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