Généralités, histoire, méthodes - compte-rendu ; n°1 ; vol.99, pg 177-186
11 pages
Français

Généralités, histoire, méthodes - compte-rendu ; n°1 ; vol.99, pg 177-186

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
11 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1999 - Volume 99 - Numéro 1 - Pages 177-186
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Généralités, histoire, méthodes
In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°1. pp. 177-186.
Citer ce document / Cite this document :
Généralités, histoire, méthodes. In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°1. pp. 177-186.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1999_num_99_1_28555L'Année psychologique, 1999, 99, 177-192
ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES
GENERALITES, HISTOIRE, MÉTHODES
Martin O. — (1997) La mesure de l'esprit. Origines et développements de
la psychométrie 1900-1950, Paris, L'Harmattan, 382 p.
L'importante documentation présentée dans cet ouvrage est centrée,
pour chacune des trois parties, sur quelques auteurs par rapport auxquels
de nombreux autres sont situés. C'est ainsi que la première partie, intitulée
« La mesure unidimensionnelle en psychologie », est centrée sur Binet et
sur le Mental testing américain, d'une part, sur les contributions de Thurs-
tone à la mesure des sensations et des attitudes, d'autre part. La seconde
partie, consacrée à l'analyse factorielle sous le titre « La mesure des fac
teurs de l'esprit », fait une très large place à Spearman et, secondairement,
à Thurstone. La troisième partie, intitulée « Élargir le concept de mesure »,
est organisée autour de la théorie de la mesure proposée par Stevens.
L'auteur insiste dans son Introduction sur la nécessité de « recons
truire » le sens des mots, des méthodes, des controverses, tel qu'il était
appréhendé par les contemporains,, et met en garde contre les dangers des
anachronismes. Il propose d'arrêter pratiquement ce travail de reconstruc
tion « lorsque les "unités de sens" apparaissent cohérentes, lorsque
l'intelligibilité semble suffisante » (p. 8). Ces règles de conduite, tout à fait
raisonnables en principe, peuvent cependant cacher des pièges dans les
quels l'auteur paraît parfois être tombé. En effet, une reconstruction n'est
acceptable que si elle utilise sinon toutes les informations nécessaires, ce qui
est pratiquement impossible, du moins des choisies pour être
aussi représentatives que possible de l'ensemble de celles qui sont disponib
les. Quelle que soit l'honnêteté intellectuelle de l'historien « reconstruc
teur » - et dans le cas qui nous occupe elle est manifestement totale —, cette
condition est difficile à remplir. L'attrait qu'exercent la cohérence et
l'intelligibilité peut conduire à écarter des données de fait contradictoires 178 Analyses bibliographiques
avec d'autres, ou énigmatiques. Plus simplement, il est difficile d'être assez
informé sur tous les points d'un champ interdisciplinaire aussi étendu que
celui de la mesure en psychologie pour pouvoir en reconstruire avec une
fidélité suffisante les significations théoriques et épistémologiques.
La reconstruction de l'œuvre de Binet que propose Martin laissera
peut-être certains lecteurs incomplètement satisfaits. Martin souligne fo
rtement le caractère « clinique » (au sens actuel du terme en psychologie) de
la méthode de Binet et des principes généraux qu'il adopte. Il insiste sur le
fait que Binet condamne l'emploi de la statistique, qu'il préconise l'examen
approfondi de sujets particuliers, qu'il recommande de fonder un diagnost
ic sur des signes multiples recueillis par un spécialiste. Il existe en effet un
Binet définissable ainsi, de multiples citations pourraient en témoigner.
Mais trop pondérer cet élément de sa motivation ne livre qu'un aspect d'un
personnage complexe. Toute la mise au point de l'Échelle utilise une
démarche typiquement statistique dans son principe. Dans le dernier
article que Binet consacre à ce travail, en 1911, on trouve un tableau dont
chaque ligne représente la distribution des fréquences de réussite d'une
épreuve aux différents âges, tableau qui fonde l'attribution d'une certaine à un certain âge. Martin reproduit d'ailleurs ce tableau (p. 30) tout
en considérant, quelques pages plus loin, que Binet « ne cherche pas à
décrire mathématiquement la distribution des résultats aux tests » (p. 36).
Aux citations choisies par Martin pour reconstruire un Binet clinicien, on
pourrait en opposer d'autres, fournissant du même homme une image très
différente, voire opposée. En voici quelques exemples :
« Nous ne connaissions aucun enfant ; en arrivant à l'examen, il nous
apparaissait pour la première fois...
« Lorsque nos sériations, dont nous avons donné, dans cet article
même, des échantillons, lorsqu'au lieu de rouler sur 10 ou 15 sujets seul
ement, elles rouleront sur 100, nous procéderons en comparant le prétendu
anormal au normal moyen de chaque âge et nous verrons ainsi avec quel
âge moyen il coïncide pour chaque genre d'épreuve. Cette méthode est ce
rtainement la meilleure et la plus sûre, car la valeur moyenne représente la
valeur la plus fixe, la valeur idéale (1905).
« Le pourcentage est seul une démonstration...
« On comprend la faiblesse, l'inanité, je dirai même la profondeur de
comique des démonstrations qui se font à l'aide d'exemples choisis (1906).
« Tout diagnostic médical qui ne peut pas se prouver comme on prouve
une justesse d'addition est à rejeter (1905). »
En fait, Binet ne se prête guère à une reconstruction cohérente. Il
adopte successivement ou même simultanément, avec le même enthou
siasme, des démarches pouvant être d'orientations opposées. Il est pas
sionné à la fois par l'aspect clinique des examens qu'il conduit et par
l'ambition d'introduire dans l'étude des « processus supérieurs » une objec
tivité pouvant être comparée à celle des disciplines scientifiques (n'oublions
pas qu'il est docteur es sciences avec une thèse portant sur le système ner
veux sous-intestinal des insectes...). histoire, méthodes 179 Généralités,
Si l'on accepte de nuancer le personnage de Binet, on est conduit à
nuancer aussi l'opposition établie par Martin entre Binet et le Mental tes
ting américain. L'existence d'une différence de style entre les deux courants
de travail est certes incontestable : les psychologues américains apparaiss
ent, en général (il aurait fallu mentionner des exceptions notables, comme
Arnold Gesell), comme des personnes « plus simples », s'embarrassant
moins de nuances ou de contradictoires. Mais on pourrait soutenir qu'ils ne
font que progresser dans certaines des directions que Binet avait envisagées
parmi d'autres et dans lesquelles il avait, à ses heures et à sa manière, com
mencé à s'engager. Ils savent utiliser la statistique1 dont les principes sédui
saient parfois Binet, mais dont il ignorait les techniques, contrairement à
ce que paraît penser Martin. Ils réalisent à leur façon cette « psychologie
pratique » à laquelle Binet se promettait d'accorder plus de place dans
l'Introduction de L'Année Psychologique parue en 1911, l'année de sa mort.
Le reste de la première partie offre une présentation intéressante des
travaux de Thurstone sur la mesure des grandeurs psychologiques, prolon
gés en ce qui concerne les échelles psychosociales par ceux de Likert, Gutt-
man et Cooms.
A propos de la « mesure des facteurs de l'esprit », objet de la deuxième
partie, on peut d'abord, là aussi, discuter certaines pondérations. Martin a
été visiblement très intéressé par Spearman et par la controverse
Spearman-Thomson, au point de leur consacrer 84 pages d'un ouvrage qui
en compte 343. On trouve dans ce chapitre des indications et des références
utiles. Mais, par son développement même, il risque de noyer dans des
détails historiques ou techniques secondaires ce qui constitue l'essentiel de
l'apport de Spearman. L'essentiel (s'il est permis d'en juger ainsi sans com
mettre d'anachronisme) est le fait que Spearman ait su représenter dans
une équation (nous dirions un modèle) des variables non directement obser
vables, le facteur général et les facteurs spécifiques2, fournissant par là une
définition mathématique de ces variables (contrairement à ce qu'écrit Mart
in, p. 341) et un moyen de les calculer. Ce faisant

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents