Hiérarchie, médiation et tribalisme en Arabie du Sud : la hijra yéménite - article ; n°118 ; vol.31, pg 7-36
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Hiérarchie, médiation et tribalisme en Arabie du Sud : la hijra yéménite - article ; n°118 ; vol.31, pg 7-36

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Description

L'Homme - Année 1991 - Volume 31 - Numéro 118 - Pages 7-36
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Geneviève Bédoucha
Gianni Albergoni
Hiérarchie, médiation et tribalisme en Arabie du Sud : la hijra
yéménite
In: L'Homme, 1991, tome 31 n°118. pp. 7-36.
Citer ce document / Cite this document :
Bédoucha Geneviève, Albergoni Gianni. Hiérarchie, médiation et tribalisme en Arabie du Sud : la hijra yéménite. In: L'Homme,
1991, tome 31 n°118. pp. 7-36.
doi : 10.3406/hom.1991.369378
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1991_num_31_118_369378Gianni Albergoni et Geneviève Bédoucha
Hiérarchie, médiation et tribalisme
en Arabie du Sud : la hijra yéménite
yéménite, Arabie Gianni compris sont parmi zaydite. propres priori réfère maghrébines. semblent et à est l'institution le établie recrutés statut à antithétiques ces du la Albergoni à de Le remplir les fonction l'imamisme l'aristocratie représentants professionnel Sud statut terme de hijra Elle maraboutique génération : la au inférieur privilégie sont hijra de tels et Yémen médiation zaydite, Geneviève des la religieuse s'applique de ou prégnance yéménite. en enclaves l'orthodoxie, et la de ; génération sans et tradition ce hostile et ce des confrérique fait Bédoucha, d'arbitrage connotation par dans territoriales — de säda le au ailleurs formes Institution rôle d'orthodoxie les un généalogiquement culte qui imams structurellement contexte reconnue bénéficient dans Hiérarchie, de sacrée à des neutres d'autres hiérarchisation qui caractéristique le saints doctrinale pourtant ont apparente. cadre par et de dirigé inviolables et lieux l'anthropologie médiation distincts la analogue à de l'islam protection marqué et durant morphologies sociale L'hypothèse de groupes sobriété des au la confrérique. et que dix par sein selon société tribus, tribalisme tribale. säda siècles du protégés, des desquelles religieuse Maghreb l'origine centrale tribales traits et tribale que l'État C'est hijra en se y a
Dans l'ethnographie des sociétés tribales de l'aire arabo-musulmane, l'Ara
bie du Sud1 tient une place plus que modeste. Rares, les travaux récents sont
aussi peu connus. Quant aux discussions théoriques en anthropologie, et notam
ment l'important débat noué depuis deux décennies autour du concept de société
segmentaire, si elles intègrent, en regard des quelques références classiques sans
cesse sollicitées, des études de plus en plus nombreuses couvrant un éventail
ethnographique de plus en plus large, elles font franchement l'économie des don
nées sud-arabes. Pourtant Y Arabia felix des Anciens, pas plus que V Arabia deserta,
ne saurait être tenue par l'ethnologie contemporaine pour une terra incognita.
Ne serait-ce que par les écrits des voyageurs, explorateurs, orientalistes, les infor
mations sur la société yéménite ou hadramie (du Hadramawt)2 valent celles dont
on dispose pour les Bédouins de l'Arabie septentrionale volontiers mis à contri
bution dans le débat ethnologique. Pourquoi alors ce silence, cette absence ?
Il est vrai que la tradition ethnographique française a longtemps opéré un
net hiatus entre les études portant sur le Machreq et sur le Maghreb qui fut, pour
L'Homme 118, avril-juin 1991, XXXI (2), pp. 7-36. GIANNI ALBERGONI ET GENEVIÈVE BEDOUCHA
des raisons évidentes, son terrain de prédilection et fait figure de domaine auto
nome au sein duquel sont restés circonscrits expériences, concepts et débats3.
Mais il est vrai aussi que l'idée de l'unité, du moins problématique, d'un ensemb
le géographique et culturel qui inclut l'aire arabe et même la déborde s'est depuis
longtemps fait jour dans l'anthropologie sociale : au-delà des cloisonnements
linguistiques propres à la tradition philologique de l'orientalisme, de l'image d'une
« mosaïque » culturelle moyen-orientale ou de l'évidence même d'une commune
appartenance à l'Islam, l'approche anthropologique a permis d'entrevoir l'homog
énéité relative de certains traits de l'organisation sociale et politique qui mar
quent ce que nous appellerons les morphologies tribales de l'Islam en « zone
aride »4.
On peut alors se demander si la position en quelque sorte marginale de
l'ethnographie sud-arabe ne tiendrait pas à une singularité des sociétés sud-arabes
elles-mêmes.
Du Maghreb au Yémen
A lire la littérature sur le Yémen, on est frappé par le caractère très fort
ement hiérarchisé prêté à cette société : une multitude de groupes et de statuts
distincts s'ordonneraient de façon rigide en fonction de quelque dignité ou indi
gnité relative attachée à l'origine ou au métier. Pour de nombreux auteurs, c'est
l'occasion d'une comparaison avec l'Inde des castes, et peut-être même l'indice
d'une certaine influence. Ainsi, un monde aussi indiscutablement tribal, dans
le passé comme de nos jours, que les hautes terres yéménites, a pu paradoxale
ment être perçu sous les traits largement antithétiques d'une société de castes,
traits les plus éloignés qui soient de cet égalitarisme censé marquer — doublepourrait-on dire, parce que segmentaire et parce que musulman — le monde
tribal en pays d'Islam. On comprend qu'une telle représentation ait pu découra
ger la comparaison avec d'autres sociétés musulmanes.
Nous ne discuterons pas ici de la réalité des « castes » au Yémen. Disons rap
idement qu'une telle conception semble pour le moins excessive. Peut-on d'ailleurs
tirer argument de cette singularité supposée pour exclure la région sud-arabe du
domaine dont elle relève ? Nous soutiendrons pour notre part l'option inverse.
Non seulement parce que c'était là encore récemment une des régions les moins
bien connues du monde arabe5 et ayant le mieux préservé un ordre traditionnel
qu'il était urgent d'explorer avant qu'il ne disparaisse, mais surtout en raison
des traits qu'elle partage avec d'autres sociétés du même ensemble ou de ceux
qui semblent la distinguer. L'Arabie du Sud mérite d'être abordée avec les hypo
thèses et les instruments d'analyse utilisés dans l'étude du domaine arabe, quitte
à ce qu'elle amène à corriger problématiques et concepts mis en œuvre.
Ainsi, tout en considérant le Yémen comme « le seul pays de l'Orient arabe
dont l'organisation sociale traditionnelle s'apparente assez étroitement au régime
des castes », Chelhod (1985 : 15, 37) reconnaît néanmoins que l'organisation La hijra yéménite
politique revêt pour l'essentiel une forme tribale qui « reflète tant et si bien celle
des Arabes de la steppe qu'on serait tenté de penser qu'elles ont été coulées dans
un même moule ». Qu'il soit question de segmentation généalogique, d'endoga-
mie de groupe agnatique ou de droit coutumier, l'auteur souligne avec insistance
les très fortes ressemblances que cette population d'antiques agriculteurs sédent
aires présenterait, selon lui, avec la société bédouine.
A plusieurs reprises, et en la qualifiant chaque fois de « curieuse », Chelhod
évoque une institution relevant à la fois du politique et du religieux : la hijra.
Ce terme, qui désigne généralement en Islam l'émigration du Prophète à Médine,
réfère aussi, dans les hautes terres yéménites, au statut particulier d'inviolabilité
reconnu par une ou plusieurs tribus à certains villages et aux membres de l'aris
tocratie des sâda (sing, sayyid) qui y sont établis6. Ces derniers, respectés en tant
que descendants du Prophète et hommes de savoir et de piété, sont d'ailleurs
dits hijra1 comme les villages eux-mêmes. A ce titre, ils jouissent de la protec
tion des tribus et d'une immunité totale qui leur permet de s'interposer dans les
conflits tribaux et de rétablir la paix.
Sous le terme hawta, le Hadramawt a connu une institution à plusieurs égards
comparable : il s'agit dans ce cas d'une véritable cité-État indépendante, dirigée
par les descendants du saint fondateur dont la hawta abrite généralement le tom
beau. Leur caractère sacré et la protection accordée par les tribus environnantes
faisaient de ces petites villes des

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