Histoire de la littérature russe en exil : la « période héroïque » de la jeune poésie russe à Paris - article ; n°1 ; vol.73, pg 133-150
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Histoire de la littérature russe en exil : la « période héroïque » de la jeune poésie russe à Paris - article ; n°1 ; vol.73, pg 133-150

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue des études slaves - Année 2001 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 133-150
Toward the History of Russian Literature in Exile : the “Heroic Period” of Young Russian Poetry in Paris
The definitive history of Russian émigré literature in France is yet to be written. Until present, ail works describing the development of Russian literature on French soil in the interwar period have followed the same methodological convention according to which Russian literature in exile was born in Berlin, while Paris did not become its capital until roughly 1925. It has been argued that, thanks to the fluidity of political demarcations and the popularity of the Soviet avant-garde among younger Russian literati in Paris between 1921 and 1924, one must exclude this chapter of artistic activity in exile from the study of Russian émigré literature. Due to this methodological approach, the literary life of Russian exiles in Paris has been implicitly treated as nonexistent until 1924. The present article argues that the Paris period of 1921-1924 was as important for the evolution of Russian émigré literature as its Berlin period, since the Paris period produced a large number of major émigré literary figures. It is impossible to comprehend the general evolution of Russian émigré literature in ail its complexity, as well as the artistic trajectories of many exiles, without taking into account this Paris period called by Dovid Knut the heroic period of young émigré poetry.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Leonid Livak
Histoire de la littérature russe en exil : la « période héroïque »
de la jeune poésie russe à Paris
In: Revue des études slaves, Tome 73, fascicule 1, 2001. pp. 133-150.
Abstract
Toward the History of Russian Literature in Exile : the “Heroic Period” of Young Russian Poetry in Paris
The definitive history of Russian émigré literature in France is yet to be written. Until present, ail works describing the
development of Russian literature on French soil in the interwar period have followed the same methodological convention
according to which in exile was born in Berlin, while Paris did not become its capital until roughly 1925. It has
been argued that, thanks to the fluidity of political demarcations and the popularity of the Soviet avant-garde among younger
Russian literati in Paris between 1921 and 1924, one must exclude this chapter of artistic activity in exile from the study of émigré literature. Due to this methodological approach, the literary life of Russian exiles in Paris has been implicitly
treated as nonexistent until 1924. The present article argues that the Paris period of 1921-1924 was as important for the evolution
of Russian émigré literature as its Berlin period, since the Paris period produced a large number of major émigré literary figures. It
is impossible to comprehend the general evolution of Russian émigré literature in ail its complexity, as well as the artistic
trajectories of many exiles, without taking into account this Paris period called by Dovid Knut "the heroic period of young émigré
poetry."
Citer ce document / Cite this document :
Livak Leonid. Histoire de la littérature russe en exil : la « période héroïque » de la jeune poésie russe à Paris. In: Revue des
études slaves, Tome 73, fascicule 1, 2001. pp. 133-150.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_2001_num_73_1_6704de la littérature russe en exil : Histoire
LA « PÉRIODE HÉROÏQUE »
DE LA JEUNE POÉSIE RUSSE À PARIS
PAR
LEONID LIVAK
L'histoire définitive de la littérature de l'émigration russe en France dans
ľ Entre-deux-guerres reste à écrire. Nous disposons déjà d'un corpus de littéra
ture critique, de mémoires et de témoignages qui nous permettent de dessiner
une vue générale du développement de la vie littéraire russe sur le sol français
dans les années vingt et trente. Il y a eu plusieurs efforts pour en donner une
synthèse. La contribution de Gleb Struve, Russkaja literatura v izgnanii (1956),
reste la plus importante de celles qui ont paru sur ce sujet depuis la Seconde
Guerre mondiale. On peut signaler entre autres New Mecca, new Babylon (1988)
de Robert Johnston et Russia abroad (1990) de Mark Raeff qui consacrent
quelques chapitres à la vie littéraire des exilés russes, dont la description se
trouve également dans Russian poetry and criticism in Parisfrom 1920 to 1940
(1990) d'Aleksey Gibson. Quelques recueils d'articles, notamment Russkaja
literatura v emigrácii (1972) et Une ou deux littératures russes ? (1981), abor
dent d'importantes questions de nature théorique qui pourraient fournir des
paradigmes d'interprétation pour les études à venir.
Cependant, ces ouvrages passent sous silence les débuts de la littérature de
l'émigration russe en France. Une telle négligence résulte d'un parti pris métho
dologique qui a les causes suivantes. D'un côté, il est convenu que la littérature
russe en exil est née à Berlin, tandis que Paris n'en devint le centre que vers
19251. À partir de 1923, les artistes russes expatriés commencèrent à quitter
Berlin en masse, soit pour aller s'installer à Paris, soit pour rentrer en U.R.S.S.
Leur choix de résidence reflétait le plus souvent leur attitude politique vis-à-vis
du nouveau régime en Russie. On a soutenu que ce ne fut qu'à la suite de cette
polarisation géopolitique que la littérature proprement « émigrée » — opposée
1. Cf. R. Johnston, « New Mecca, new Babylon » : Paris and the Russian exiles,
1920-1945, Montreal, McGill-Queen's University Press, 1988, p. 5, 21 ; G. Struve, Русская
литература в изгнании, Paris, YMCA-Press, 1984, p. 19.
Rev. Étud. slaves, Paris, LXXIII/1, 2001, p. 133-150. 134 LEONID LIV AK
au programme politique et culturel du bolchevisme — vit le jour à Paris2.
D'autre part, la fluidité de démarcations politiques et la popularité incontestable
de l'avant-garde soviétique parmi les jeunes artistes et littérateurs russes à Paris
de 1921 à 1924 ont forcé la plupart des chercheurs à exclure ce chapitre du
champ d'études de la littérature russe dite émigrée.
Cette approche méthodologique fait que la vie littéraire des exilés russes à
Paris a été traitée comme pratiquement inexistante jusqu'en 1924. Par consé
quent, il y a à présent très peu de publications qui puissent nous renseigner sur
ce sujet. A part l'ouvrage de Michèle Beyssac la Vie culturelle de l'émigration
russe en France (Paris, P.U.F., 1971) qui fournit de brèves informations sur des
événements culturels et leurs dates, il n'existe que quelques articles de Régis
Gayraud qui abordent cette période sur la base des documents retrouvés dans les
archives parisiennes d'IľjaZdanevič3. Or, dans le présent article nous soutien
drons que la période parisienne 1921-1924 fut aussi importante pour la littéra
ture russe émigrée que la période berlinoise correspondante, puisqu'elle produis
it un grand nombre de figures majeures de la littérature russe en exil. Nous
croyons également qu'il est impossible de saisir toute la complexité de l'évolu
tion générale de la littérature russe émigrée ainsi que les trajets individuels de
beaucoup de ses écrivains sans prendre en compte cette période parisienne que
le poète Dovid Knut appela « la période héroïque de la jeune poésie émigrée ».
Ce fut cette période héroïque de la jeune poésie émigrée, écrivit Knut en
1927, où la littérature émigrée s'appelait toujours la littérature « réfugiée ». Au
début de 1921 [. . .] un groupe de jeunes gens commença à se fréquenter dans les
cafés du Quartier Latin [...]. Cette gouttelette littéraire dans la mer de l'émigra
tion produisit ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de jeune littéra
ture russe à Paris4.
En effet, en 1921 les anciens de la colonie artistique russe à Paris, Sergej
Šaršun, Valentin Parnax et Sergej Romov, entreprirent d'organiser la vie litté
raire de jeunes réfugiés de Russie soviétique. Avant le mois d'août 1921, les
jeunes poètes et peintres russes se fréquentaient au sein de « Gatarapak », une
association artistique « de gauche » qui mêlait son orientation vers l'avant-garde
soviétique à un fort intérêt pour le mouvement Dada5.
La question de l'âge fut décisive dans la distribution des forces littéraires
russes à Paris. Les « fils » de ceux qui fuyaient la violence et les privations de
l'État soviétique n'étaient pas aussi opposés au régime bolchevique que leurs
« pères ». Au contraire, selon la juste observation de Zdanevič, « ces jeunes
2. F. Boľdt, D. Segal, L. Flejšman, « Проблемы изучения литературы русской
эмиграции первой трети XX века : тезисы », Slavica hierosolymitana, t. III, 1978, p. 83-
84.
3. R. Gayraud, « Promenade autour de Lendentu le Phare », in : Iliazd, Ledentu le
Phare, Paris, Allia, 1995, p. 81-156 ; et « Твоя дружба ко мне — одно из самых ценных
явлений моей жизни », in : В. Poplavskij, Покушение с негодными средствами, М.,
Gileja, 1997, р. 9-25.
4. D. Knut, « Русский Монпарнасс », Последние новости, п° 2444, 1er déc. 1927,
р.З.
5. Cf. le journal de Boris Poplavskij pour la période de juillet à septembre 1921
dans : B. Poplavskij, Неизданное, M., Xristianskoe izd., 1996 ; N. Rovskaja, « Сергей Шар-
шун », Новый журнал, t. 163, 1986, p. 126. JEUNE POÉSIE RUSSE À PARIS 135 LA
gens voulaient se libérer des convictions de leurs parents6 », même s'ils le fai
saient plus par esprit de contradiction que par conviction politique. La vie litt
éraire des jeunes réfugiés russes à Paris avait jusqu'en 1924 trois particularités :
la quasi-absence de tout sentiment anti-soviétique ; la popularité de l'avant-
garde soviétique en litt

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents