Histoires indiennes. Avancées et lacunes d’une approche éclatée - article ; n°5 ; vol.57, pg 1311-1321
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Description

Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 2002 - Volume 57 - Numéro 5 - Pages 1311-1321
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Gruzinski
Histoires indiennes. Avancées et lacunes d’une approche
éclatée
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 57e année, N. 5, 2002. pp. 1311-1321.
Citer ce document / Cite this document :
Gruzinski Serge. Histoires indiennes. Avancées et lacunes d’une approche éclatée. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales.
57e année, N. 5, 2002. pp. 1311-1321.
doi : 10.3406/ahess.2002.280108
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_2002_num_57_5_280108indiennes Histoires
Avancées et lacunes d'une approche éclatée
Serge Gruzinski
Faire le point sur l'histoire des populations indiennes de la Méso-Amérique des
origines à nos jours n'est guère une entreprise aisée. C'est pourtant l'objectif
que se sont fixé les deux gros volumes que viennent de publier les presses de
Cambridge sous la direction de Richard E. W. Adams et Murdo J. MacLeod. Ils
rendent compte d'une production considérable et offrent au lecteur des clés pour
s'orienter dans l'histoire du Mexique et d'une vaste portion de l'Amérique centrale.
Du premier volume, consacré à l'époque préhispanique, nous dirons peu de
choses, sinon que ses qualités, ses réussites et ses défauts réapparaissent dans
le second tome, qui couvre l'époque coloniale et contemporaine. Un classement
géographique et chronologique ordonne une dizaine de chapitres confiés à autant
de spécialistes anglo-saxons. Le maître d'oeuvre, R. E. W. Adams, est un archéo
logue spécialiste du monde maya qui enseigne l'anthropologie à l'université du
Texas (San Antonio). Son introduction indique d'entrée de jeu la tonalité archéo
logique qui sera celle de l'ensemble des contributions de ce premier volume. Elle
aligne des considérations sur les rapports de l'archéologie et de l'anthropologie,
propose une définition de la Méso-Amérique et des périodisations qui lui sont
propres, pour se clore sur une brève histoire de la discipline au cours de la seconde
moitié du XXe siècle.
À propos de The Cambridge History of the Native Peoples of the Americas, vol. II, Richard
E. W. Adams et Murdo J. MacLeod (dir.), Mesoamerica, Cambridge, Cambridge Uni
versity Press, 2000, t. 1, 571 p. et t. 2, 455 p. \%\\
Annales HSS, septembre-octobre 2002, n°5, pp. 1311-1321. SERGE GRUZINSKI
Notons la méfiance affichée d'une archéologie pure et dure face à certaines
avancées de l'épigraphie et de l'iconographie: «Aucun ensemble de travaux n'a
fait preuve d'autant de talent pour des résultats aussi vains », et cette condamnation
sans appel des « spéculations effrénées qui se présentaient comme des interpré
tations sûres qu'on a fait passer récemment pour autant de percées et d'idées
neuves» (II-l, pp. 23 et 25). La suprématie des Etats-Unis dans la discipline et
les études méso-américaines est une réalité incontestable qui porte des noms évo-
cateurs de grandes entreprises scientifiques : Tikal Project pour le Guatemala,
Barton Ramie Project sur le Belize, Flannery's Oaxaca centré sur la région
de Monte Alban... Les ressources du grand voisin du Mexique et les avancées
effectuées par ses chercheurs tendent à faire de cette région de l'Amérique
ancienne une chasse gardée qui ne laisse qu'une faible visibilité aux spécialistes
latino-américains et européens.
Parcourant les millénaires qui séparent les origines de la conquête espagnole,
les collaborateurs choisis par R. E. W. Adams nous introduisent dans les sociétés
archaïques de cette région du globe, puis nous guident du golfe du Mexique aux
terres mayas, du centre de Yaltiplano à Oaxaca en passant par les frontières septen
trionales et méridionales de la Méso-Amérique. Chaque texte regorge de données
et d'indications bibliographiques qui aideront le profane à naviguer dans ces
domaines en constant renouvellement.
On aurait pourtant apprécié une démarche intellectuellement plus ambit
ieuse, à la hauteur de la collection dans laquelle elle s'inscrit. La cultural history
que nous annonce la jaquette reste embryonnaire. La perspective strictement
archéologique qui gouverne l'organisation du volume nous en livre l'explication.
Si le parti pris est compréhensible pour les sociétés les plus reculées dont ne
nous sont parvenus que des vestiges à jamais muets, il appauvrit l'exploration
des mondes indigènes des XVe et XVIe siècles. La documentation recueillie aux
lendemains de la conquête espagnole offre pourtant des informations d'une excep
tionnelle richesse dont les historiens ont su depuis longtemps tirer profit. Voilà
sans doute pourquoi ces mises au point d'ordre archéologique nous laissent parfois
sur notre faim, en particulier celles qui concernent le Post-classique.
C'est ce qui ressort du chapitre que consacre Thomas H. Charlton aux
Aztèques1. La lecture de ces pages soulève plusieurs interrogations. Était-il indi
spensable de nous apprendre que lorsqu'ils pénétrèrent dans ce qui deviendra le
Mexique, Cortés et les conquistadores y découvrirent « une situation culturelle
extrêmement complexe » (p. 510) ? Fallait-il user et abuser du terme « cultures »
quand c'est bien de sociétés « en chair et en os » qu'il s'agit ? Comme si le jargon
anthropologique pouvait se substituer à l'analyse et à l'interprétation. Enfin, pourquoi
s'en tenir à la coupure canonique et européocentrique de 1519 alors que s'imposent
aujourd'hui d'autres termini ad quem, variables selon les groupes et selon les
1 - Thomas H. Charlton, « The Aztecs and their Contemporaries: the Central and
Eastern Mexican Highlands », III, pp. 500-557. LA MÉSO-AMÉRIQUE
régions2 ? Le lecteur devra se contenter de considérations méthodologiques guère
convaincantes sur les rapports de l'archéologie et de l'histoire, ou plus exactement
d'une histoire qu'on voudrait réduire à l'interprétation des chroniques coloniales.
On ne saurait reprocher à un archéologue de discuter la datation des cér
amiques et de penser en termes de périodisation. Mais de là à sacrifier les dimensions
politiques, sociales, économiques, religieuses des sociétés mexicaines à la veille
de la Conquête ? De là à passer sous silence des apports aussi considérables que
ceux de Alfredo Lopez Austin dont l'œuvre a si profondément transformé notre
approche des sociétés, des croyances et des mythes du monde nahua ? Peut-on
valablement réfléchir sur les mondes préhispaniques sans discuter Cuerpo humano
e ideologia. Las concepciones de los antiguos nahuas71, sans revenir sur Hombre-Dios.
Religion y polûica en el mundo náhuatť ? Tout aussi intrigante est l'absence de réfé
rences aux trois volumes dirigés par Linda Manzanilla et Leonardo Lopez Luján,
Historia antigua de Mexico*. On se demande comment, sauf erreur de notre part,
près de mille deux cents pages publiées cinq ans auparavant ont pu échapper à
l'attention des auteurs de la Cambridge History of the Native Peoples. Le lecteur que ne
rebute pas l'espagnol trouvera pourtant dans ce pendant mexicain de la Cambridge
History des perspectives moins étroitement archéologiques et des développements
suggestifs sur des domaines aussi capitaux que l'art, la religion et le comput du temps.
Le second volume réunit une série de neuf contributions introduites par
l'historien M. J. MacLeod. Le professeur de l'université de Floride y rappelle la
liberté qu'il a laissée à ses collaborateurs de définir les limites géographiques de
leur enquête et les thèmes de leur contribution. Les avantages de cet éclectisme
sont patents : « chaque chapitre offre ses accents et ses interprétations propres »
(II-2, p. 1), ses inconvénients également. L'organisation de l'ouvrage reprend celle
du volume précédent. Un découpage géographique de la Méso-Amérique sert de
cadre à une série de synthèses plus ou moins détaillées sur l'histoire des populat
ions indigènes de la conquête espagnole à nos jours6. Chaque auteur s'est efforcé
de réunir les données qui lui paraissaient essentielles et de clore sa contribution
par une bibliographie sélective en guise d'état des lieux.
Commençons par le meilleur, le chapitre que Maria de Los Angeles Romero
Frizzi consacr

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