Hommes d eau : le problème uru (XVIe-XVIle siècle) - article ; n°5 ; vol.33, pg 1127-1159
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Hommes d'eau : le problème uru (XVIe-XVIle siècle) - article ; n°5 ; vol.33, pg 1127-1159

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1978 - Volume 33 - Numéro 5 - Pages 1127-1159
Almost extinguished today, in the XVIth century the Urus occupied and exceptionally vast area running the length of the aquatic axis which traverses the high plateau (rio Azangaro, lake Titicaca, desaguadero, lake Poopo ; rio Lacajahuira lake Coipasa), where they constituted a quarter of the indigenous population. According to the traditional image left by the chroniclers and taken over by travellers and ethnologists, the Uru were primitive Indians, purely fishers, hunters, and gatherers.
Actually, in the XVIth century the picture was more complex : these Indians then constituted a heterogenous group to which the term uru, rich in various connotations (ethnic, social, and economic) confers a false unity. They formed highly differentiated groups, and certain among them, already aymarized (while preserving a lacustrian character), possessed land and troops of animals ; still, the majority of the Urus furnished the Aymaras with a work force of inferior status.
The XVIth and XVIIth centuries witnessed three opposite and correlative movements : 1. the majority of the Urus followed the path of aymarization, which in large part was completed by the 1680s; 2. the Indians who left the lakes and became integrated in the colonial system guaranteed a constant, although numerically limited supply which renewed the composition of the group ; 3. those who Urus (whether tributary or unsubjugated) were all the more marginalized in that the bulk of the group merged with the Aymaras, while the intermediary categories disappeared.
Henceforth, all the conditions existed to produce a veritable ethnographic myth. In reality, what we find is a particular type of acculturation within the world of the indigenous population.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Nathan Wachtel
Hommes d'eau : le problème uru (XVIe-XVIle siècle)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 5-6, 1978. pp. 1127-1159.
Abstract
Almost extinguished today, in the XVIth century the Urus occupied and exceptionally vast area running the length of the aquatic
axis which traverses the high plateau (rio Azangaro, lake Titicaca, desaguadero, lake Poopo ; rio Lacajahuira lake Coipasa),
where they constituted a quarter of the indigenous population. According to the traditional image left by the chroniclers and taken
over by travellers and ethnologists, the Uru were "primitive" Indians, purely fishers, hunters, and gatherers.
Actually, in the XVIth century the picture was more complex : these Indians then constituted a heterogenous group to which the
term "uru", rich in various connotations (ethnic, social, and economic) confers a false unity. They formed highly differentiated
groups, and certain among them, already "aymarized" (while preserving a lacustrian character), possessed land and troops of
animals ; still, the majority of the Urus furnished the Aymaras with a work force of inferior status.
The XVIth and XVIIth centuries witnessed three opposite and correlative movements : 1. the majority of the Urus followed the
path of aymarization, which in large part was completed by the 1680s; 2. the Indians who left the lakes and became integrated in
the colonial system guaranteed a constant, although numerically limited supply which renewed the composition of the group ; 3.
those who Urus (whether tributary or unsubjugated) were all the more marginalized in that the bulk of the group merged with the
Aymaras, while the intermediary categories disappeared.
Henceforth, all the conditions existed to produce a veritable "ethnographic myth". In reality, what we find is a particular type of
acculturation within the world of the indigenous population.
Citer ce document / Cite this document :
Wachtel Nathan. Hommes d'eau : le problème uru (XVIe-XVIle siècle). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e
année, N. 5-6, 1978. pp. 1127-1159.
doi : 10.3406/ahess.1978.294005
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_5_294005WACHTEL LE PROBL ME URU
campagne qui les entoure où les Indiens plus ou moins déculturés ne sont plus considérés
que comme des paysans voir plus loin le compte rendu de Nicolas nchez-Albornoz
Indiens et tributs dans le Haut-Pérou
Et pourtant le processus érosion se poursuit nos jours où nous voyons
survivre encore des communautés indigènes Paradoxe Ou agirait-il une ultime
défense des identités ethniques réduites désormais leur dernier noyau
HOMMES EAU
LE PROBL ME URU XV -XVII9 SI CLE
Dans aire andine et même échelle du continent sud-américain les Urus
constituent une véritable énigme la fois historique et ethnologique Presque
éteints de nos jours ils occupaient au xvie siècle une aire exceptionnellement
vaste le long de axe aquatique qui traverse le haut-plateau rio Azangaro lac
Titicaca Desaguadero lac Poopo rio Lacajahuira lac Coipasa dans ce cadre ils
formaient le quart de la population indigène Or selon une image traditionnelle
léguée par les chroniqueurs reprise par les voyageurs et les ethnologues ce sont
des Indiens grossiers barbares en un mot primitifs qui diffèrent de toutes les
autres populations andines Ils se distinguent par aspect physique dolichocépha
les teint plus sombre) la langue le vêtement et surtout le mode de vie tandis
que leurs voisins Aymar ont atteint selon le schéma evolutionniste le stade de
élevage et de agriculture les Urus demeurés un niveau inférieur ne
subsistent que de pêche de chasse oiseaux aquatiques) et de collecte Aussi
suscitent-ils un mépris violent véritablement raciste non seulement chez les
autres Indiens mais aussi chez les meilleurs auteurs qui les rejettent aux marges
de la bestialité Ces Urus sont de telles brutes affirmait José de Acosta eux-
mêmes ne se considèrent pas comme des hommes On raconte que alors on
leur demandait qui ils étaient ils répondirent ils étaient pas des hommes mais
des Urus comme il agissait de quelque espèce animaux Quels sont donc
ces êtres étranges et monstrueux
on accorde reconnaître dans le groupe uru le reliquat une population
très ancienne antérieure aux Aymar qui les auraient ensuite refoulés dans les
zones les plus inhospitalières Quand Dans quelles conditions histoire des
différentes vagues de peuplement de Amérique du Sud reste élucider Dans un
article célèbre publié en 1925 Rivet et de Créqui-Montfort traitaient le
problème uru un des plus importants qui se posent en ethnologie américaine
partir de son aspect linguistique ils assimilaient la langue uru au puquina4
puis rattachaient son tour le puquina la famille arawak diffusée des Antilles
au Paraguay de embouchure de Amazone aux contreforts orientaux des
Andes et ils en déduisaient que les habitudes de vie des Urus anormales chez
les peuples andins expliquaient par leur origine amazonienne Hypothèses
1127 DES ETHNIES AUX COMMUNAUT
FIG Répartition des Urus dans les Andes méridionales xvie siècle
1128 WACHTEL LE PROBL ME URU
OMACHIRI NUNOAsO ORURILLO
ACARlO
CUPlQ
LLALLI AYAVIR
LAMPA JULEACA CARACOTO CAVANILLA
CAVANA ATUNCOLLA
-n
t>
CHALLAPATA
ACONDO- CONDO
GUARI
100 Km
FIG axe aquatique et les corregimientos
1129 DES ETHNIES AUX COMMUNAUT
séduisantes mais fragiles que ont pas confirmées les travaux postérieurs de
Métraux La Barre Palavecino et Vellard assimilation de uru au
puquina reste douteuse et nous savons autre part une langue ne suffit pas
définir un groupe ethnique7 Ne convient-il pas de rouvrir le dossier uru en
abordant le problème suivant une autre approche proprement historique
On est frappé en effet de constater il se fonde sur le cliché répété travers
les siècles de Uru sauvage et inférieur par nature Cette image ne recouvre-t-elle
pas plutôt une infériorité de statut Déjà Ludovico Bertonio dans le premier
Dictionnaire de la langue aymara publié en 1612 définissait le mot uru en
juxtaposant les définitions suivantes Une nation Indiens les plus méprisés de
tous ordinaire pêcheurs et de moindre intelligence on appelle uru celui qui
est sale en haillons faux grossier rustique Soit un terme injure infligé par
les Aymar On observé que pour ces derniers il désigne aussi les animaux
sauvages par opposition aux animaux domestiques Cependant autodénomina-
tion des Urus du Titicaca est autre que suns est-à-dire hommes du lac
de même que les Chipayas se considèrent comme des Jas-shoni des hommes de
eau opposés aux hommes secs Définitions complémentaires plutôt que
contradictoires nous sommes sans doute en présence un de ces cas complexes
où se recoupent tout la fois appartenance ethnique spécialisation économique
en fonction du milieu lacustre) et stratification sociale
Les recherches sur le problème uru se limitaient présent deux types
informations une part les descriptions épisodiques des chroniqueurs autre
part les observations tardives des voyageurs et des ethnologues Mais les
abondantes archives de administration espagnole ont pas été systématiquement
exploitées est ces dernières que nous aurons recours Nous réserverons les
problèmes de origine et de la langue qui demandent la collaboration autres
disciplines et interrogerons ces sources du point de vue de histoire économique
et sociale que nous apprennent-elles sur la nature et la fonction des Urus
pendant les xvie et xvne siècles Entraient-ils dans une catégorie analogue celle
des yana ces Indiens détachés de leur communauté origine au service soit de
Inca soit des chefs traditionnels 10 Correspondent-ils tous sans exception la
description hommes lacustres purement pêcheurs chasseurs et collecteurs
agissait-il un ensemble véritablement homogène Les documents archives
portent rarement sur les Urus en tant que tels et ne fournissent que des données
fragmentaires et dispersées mais la patiente réunion de ces bribes aidée par
expérience du terrain aboutit par touches successives un tableau inattendu la
littérature est longtemps restée prisonnière un lieu commun une sorte de
mythe ethnographique que analyse historique permet de dissiper tout en faisant
surgir de nouveaux problèmes
Précisons tout abord le cadre géographique de notre recherche la
population uru se concentre au xvie siècle le long de axe aquatique que nous
avons évoqué du lac Titicaca au lac Coipasa sur une distance environ
800 kilomètres La Visite générale réalisée s

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