Inégalités, progrès technique et internationalisation - article ; n°5 ; vol.48, pg 1029-1039
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Inégalités, progrès technique et internationalisation - article ; n°5 ; vol.48, pg 1029-1039

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Description

Revue économique - Année 1997 - Volume 48 - Numéro 5 - Pages 1029-1039
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Pierre Laffargue
Inégalités, progrès technique et internationalisation
In: Revue économique. Volume 48, n°5, 1997. pp. 1029-1039.
Citer ce document / Cite this document :
Laffargue Jean-Pierre. Inégalités, progrès technique et internationalisation. In: Revue économique. Volume 48, n°5, 1997. pp.
1029-1039.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1997_num_48_5_409929progrès technique Inégalités,
et internationalisation
Jean-Pierre Laffargue*
Les trente dernières années ont été caractérisées par une baisse relative de la
demande de travail peu qualifié. Aux États-Unis, le phénomène s'est traduit par
une ouverture croissante de l'éventail des rémunérations. L'écart entre le salaire
horaire des diplômés de l'université et ceux du lycée était de près de 38 % à la
fin des années soixante-dix, contre plus de 58 % en 1989 (Murphy et Welch
[1992]). Un homme, dont le salaire est situé juste en dessous du décile supér
ieur, gagnait 3,2 fois autant qu'un homme dont le salaire est juste au-dessus du
décile inférieur en 1979, et 4,3 fois autant en 1995 (OCDE [1996]). Katz et
Murphy [1992] notent encore que le rapport salaire qualifié / salaire non qualifié
a augmenté de 12,8 % sur la période 1979-1987.
En Europe et tout particulièrement en France, les inégalités de salaires n'ont
pas connu de telles progressions, mais c'est l'éventail des taux de chômage qui
s'est largement ouvert au détriment des travailleurs les moins qualifiés (Snees-
sens [1994], CSERC [1996]). Le chômage en France était bas et différait peu
selon les catégories professionnelles en 1974, alors qu'il a progressivement
augmenté jusqu'en 1995, mais beaucoup plus pour les ouvriers et les employés
que pour les cadres et professions intellectuelles supérieures et les professions
intermédiaires supérieures.
Dans le cas des États-Unis, Katz et Murphy [1992] remarquent que si les sec
teurs utilisant principalement de l'emploi qualifié se sont développés plus vite
que les autres, la part de l'emploi qualifié dans l'emploi total a aussi augmenté
dans tous les secteurs. Bermann, Bound et Griliches [1994] confirment ces
résultats qu'ils interprètent comme l'effet d'un progrès technique non neutre.
En particulier, le recours à une main-d'œuvre plus qualifiée s'accompagne d'un
investissement en informatique et de dépenses de recherche et développement
plus élevées.
Une autre interprétation de la baisse de la demande de travail non qualifié
repose sur le développement du commerce international, en particulier avec les
pays semi-industrialisés. Le cadre théorique d'Heckscher, Ohlin et Samuelson
constitue une bonne référence. Le théorème de Stolper et Samuelson établit
qu'une élévation du prix relatif d'un bien accroît la rémunération des facteurs
utilisés intensivement dans la fabrication de ce bien. Lawrence et Slaughter
* CEPREMAP, 142 rue du Chevaleret, 75013 Paris.
Nous tenons à remercier Yannick L'Horty et Pierre Malgrange pour leurs remarques
et critiques sur une première version de cette introduction. Évidemment, les erreurs et
insuffisances sont de notre responsabilité.
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Revue économique — vol. 48. N° 5. septembre 1997, p. 1029-1039. Revue économique
[1993] trouvent pour les États-Unis que les secteurs à forte intensité de travail
non qualifié n'ont pas vu leurs prix relatifs baisser. Le commerce extérieur ne
devrait donc pas contribuer à la détérioration de la rémunération relative de
cette catégorie de main-d'œuvre. Cette conclusion est renforcée par le fait que,
dans le cas contraire, un corollaire du théorème de Stolper et Samuelson est que
l'intensité en travail qualifié devrait baisser dans tous les secteurs, alors que l'on
observe l'évolution opposée.
Une procédure d'évaluation différente de l'effet des échanges extérieurs sur
le chômage repose sur le calcul des emplois directs et indirects inclus dans les
exportations et les importations d'un pays. Les chiffres obtenus sont en général
faibles. Par exemple, pour la France, Gallais et Gautier [1994] trouvent que les
échanges extérieurs (structurels, c'est-à-dire ceux qui auraient prévalu si la
balance commerciale avait été équilibrée et non pas excédentaire) avec les pays
non membres de la CEE, ont créé 13 600 emplois qualifiés et détruit
38 200 emplois non qualifiés en 1993. Évidemment, les résultats sont sensibles
aux détails de la méthode utilisée, et notamment au calcul des coefficients
d'emploi. Ainsi Wood [1994] obtient une baisse de l'emploi non qualifié beau
coup plus élevée, mais au prix il est vrai d'hypothèses assez hardies.
Ce numéro spécial de la Revue économique a pour but d'examiner ces quest
ions, en privilégiant le cas français. Quelle est l'évolution des inégalités dans
les salaires et face au chômage que l'on observe dans notre pays depuis 1970 ?
Quelles sont les responsabilités respectives d'un progrès technique non neutre,
des échanges internationaux, notamment avec les pays semi-industrialisés, mais
aussi d'autres facteurs tels que les changements des goûts des consommateurs,
le développement de l'éducation, les rigidités du marché du travail ? Quelles
sont les interactions entre ces différents facteurs enfin ? Pour tenter de répondre
à ces questions, ce numéro est divisé en trois parties. Dans une première partie
consacrée aux faits, nous avons rassemblé des études statistiques et économétri
ques faisant le point sur ces questions et y apportant des éléments de réponse
chiffrée. Dans une seconde partie, nous avons regroupé différents modèles théo
riques, susceptibles de nous aider à mieux comprendre les mécanismes écono
miques intervenant dans l'aggravation des inégalités. La dernière partie
comprend deux modèles d'équilibre général calculables formalisant d'une
façon chiffrée les effets du progrès technique et du commerce extérieur sur le
développement des inégalités.
LES FAITS
Arnaud Lefranc compare l'évolution de l'inégalité des salaires et du chô
mage en France et aux États-Unis, sur la période 1970-1993, en recourant à des
données individuelles. En 1970, la France comprend beaucoup de travailleurs
gagnant entre 0,5 fois le salaire médian, soit approximativement le SMIC, et
une fois le salaire médian. De plus, beaucoup de Français perçoivent des salai
res très élevés. À la même date, les États-Unis ont un nombre appréciable de tra
vailleurs rémunérés en dessous de la moitié du salaire médian, mais peu
d'Américains bénéficient de salaires très élevés. Entre 1970 et 1993, en France
le nombre de travailleurs dont la rémunération se situe autour du salaire médian
1030
- vol. 48, N° 5, septembre 1997, p. 1029-1039. Jean-Pierre Laffargue
augmente (le SMIC passe à 0,6 salaire médian), alors que ceux percevant des
salaires très élevés deviennent beaucoup moins nombreux. En revanche, aux
États-Unis, la distribution des salaires s'élargit, autant à la baisse qu'à la hausse.
Ces évolutions semblent s'expliquer, au moins partiellement, par le fait que la
formation scolaire et universitaire a été de mieux en mieux rémunérée aux
États-Unis, alors que le contraire s'est passé en France. Pour les personnes
âgées de 25 à 49 ans, les taux de chômage et de non-emploi sont sensiblement
les mêmes, à diplôme équivalent, pour la France et les États-Unis. Mais le
niveau d'éducation est plus bas en France, et le chômage diminue avec l'éducat
ion. En revanche, pour des diplômes similaires, la situation de l'emploi en
France est plus défavorable qu'aux États-Unis pour les moins de 25 ans et les
plus de 50 ans. Enfin, le SMIC français accroît le salaire de beaucoup de tra
vailleurs qui, en son absence, seraient payés moins. Mais il ne contribue que fa
iblement à augmenter le chômage, encore que cet effet puisse être notable chez
les jeunes peu diplômés.
Emmanuel Dug

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