Influence des réponses d autrui dans les jugements perceptifs - article ; n°2 ; vol.65, pg 377-395
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Influence des réponses d'autrui dans les jugements perceptifs - article ; n°2 ; vol.65, pg 377-395

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Description

L'année psychologique - Année 1965 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 377-395
In experiments involving perceptual judgments, individual changes between the responses before and the responses after communication of the results have been noticed. In order to try and explain this phenomenon, a descriptive model is suggested in this article, based upon an hypothesis of reinforcement : the central tendency of the initial responses would be perceived as the potential result of a partial agreement m the group and as such be reinforced ; the members of the group would then tend, in the second judgment, to give responses nearer the central tendency in their group. This hypothesis is confirmed : the subjects do have in mind the initial responses in the group, and the distribution of those responses, and they tend to answer nearer the mean ; the responses « after communication » are in fact grouped around the mean.
Pour rendre compte des changements individuels dans les épreuves de jugement perceptif entre réponses « avant » et réponses « après » communication des résultats, on propose un modèle descriptif basé sur la notion de renforcement : la tendance centrale des réponses initiales dans un groupe serait perçue comme l'objet potentiel d'un accord partiel du groupe et donc renforcée ; les membres du groupe tendraient ainsi à se rapprocher de la tendance centrale de leur groupe quand on leur demande un second jugement. Les prédictions du modèle se trouvent vérifiées : les sujets tendent à tenir compte de la distribution des réponses initiales de leur groupe et à se rapprocher de sa moyenne, ce qui détermine un effet de groupement des réponses autour de cette valeur.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. de Montmollin
Influence des réponses d'autrui dans les jugements perceptifs
In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°2. pp. 377-395.
Abstract
In experiments involving perceptual judgments, individual changes between the responses before and the responses after
communication of the results have been noticed. In order to try and explain this phenomenon, a descriptive model is suggested in
this article, based upon an hypothesis of reinforcement : the central tendency of the initial responses would be perceived as the
potential result of a partial agreement m the group and as such be reinforced ; the members of the group would then tend, in the
second judgment, to give responses nearer the central tendency in their group. This hypothesis is confirmed : the subjects do
have in mind the initial in the group, and the distribution of those responses, and they tend to answer nearer the mean
; the responses « after communication » are in fact grouped around the mean.
Résumé
Pour rendre compte des changements individuels dans les épreuves de jugement perceptif entre réponses « avant » et réponses
« après » communication des résultats, on propose un modèle descriptif basé sur la notion de renforcement : la tendance
centrale des réponses initiales dans un groupe serait perçue comme l'objet potentiel d'un accord partiel du groupe et donc
renforcée ; les membres du groupe tendraient ainsi à se rapprocher de la tendance centrale de leur groupe quand on leur
demande un second jugement. Les prédictions du modèle se trouvent vérifiées : les sujets tendent à tenir compte de la
distribution des réponses initiales de leur groupe et à se rapprocher de sa moyenne, ce qui détermine un effet de groupement
des réponses autour de cette valeur.
Citer ce document / Cite this document :
de Montmollin G. Influence des réponses d'autrui dans les jugements perceptifs. In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°2.
pp. 377-395.
doi : 10.3406/psy.1965.27439
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1965_num_65_2_27439Laboratoire de Psychologie Expérimentale et Comparée
de la Sorbonne
INFLUENCE DES RÉPONSES D'AUTRUI
SUR LES JUGEMENTS PERCEPTIFS
par Germaine de Montmollin
Introduction
1. Deutsch et Gerard (1955) ont introduit, dans le domaine
des phénomènes d'influence sociale, une distinction pertinente
et féconde entre influence normative et influence « informative ».
Ces deux types de processus sont liés à des modalités différentes
de la situation sociale et plus particulièrement au type de relation
qui existe entre les membres du groupe. On parlera d'influence
normative lorsqu'il y a une interdépendance entre les participants,
telle que la réussite de chacun est liée à la réussite de tous et
inversement, et que d'autre part, les satisfactions liées à l'appar
tenance au groupe sont au moins aussi importantes pour l'indi
vidu, sinon plus, que la satisfaction liée intrinsèquement à la
tâche ; les membres du groupe ont ainsi un double intérêt à se
conformer à la majorité : en donnant leur accord, ils permettent
au groupe de progresser dans la réalisation de ses buts et ils
donnent en même temps des gages de fidélité au groupe. On parlera
d'influence informative lorsque la satisfaction d'un individu est
liée à sa réussite personnelle dans la tâche, sans que sa réponse
mette en cause la réussite des autres ou l'existence du groupe ;
chacun désire donner la meilleure réponse possible, de sorte que
lorsqu'un individu tend à se conformer à la réponse des autres,
c'est parce qu'il considère ces réponses comme des informations
supplémentaires qui peuvent lui permettre de s'approcher de
plus près de la vérité. Et cela d'autant plus que les données
perceptives immédiates ne sont pas suffisantes pour que le choix
d'une réponse soit entièrement déterminé et garanti (Montmollin,
1958). La recherche que nous présentons ici relève de l'influence
«. informative » : les sujets, réunis par groupe de cinq, ne se
connaissent pas bien ; ils doivent donner une réponse individuelle
sans interdépendance ; le fait de travailler en groupe entraîne
seulement qu'ils prennent connaissance à un moment donné de la
réponse des autres. Le groupe n'est qu'un « chœur de voix ». 378 MÉMOIRES ORIGINAUX
2. Bien des recherches expérimentales, pour mettre en évi
dence les phénomènes d'influence sociale, ont utilisé une tâche
de jugement perceptif ; on peut les classer grossièrement selon
deux types : comparaison ou estimation. Nous citerons trois
recherches parmi les plus connues qui utilisent une tâche d'est
imation entraînant des réponses de type continu : Jenness (1932)
qui demande aux sujets de dire combien il y a de haricots dans
une bouteille, Shérif (1935) qui utilise un stimulus ambigu en
demandant à ses sujets d'estimer, en unités conventionnelles, le
déplacement « autocinétique » d'un point lumineux fixe dans
l'obscurité absolue, et Schonbar (1945) qui a montré que les
phénomènes apparus dans l'expérience de Shérif n'étaient pas
dus au caractère ambigu de l'objet à juger, puisqu'on obtient
les mêmes résultats en utilisant un stimulus objectif comportant
une réponse vraie, à savoir une forme géométrique dont il faut
estimer la surface. Le résultat commun de ces trois recherches est
de faire apparaître un phénomène de regroupement qui est
dénommé, selon les cas, « normalisation » des réponses ou accroi
ssement de la « typicalité » : les sujets, après avoir pris connaissance
de l'ensemble des réponses de leur groupe, tendent à se rapprocher
les uns des autres. Mais, dans l'analyse des données expérimentales
les auteurs n'ont pas séparé suffisamment les trois indices utiles
pour décrire les changements intervenant dans la seconde série
de réponses : la fréquence, la direction et la quantité de change
ment, et ont confondu, lorsque l'analyse était possible, les ques
tions relatives au changement et celles qui sont relatives à l'amé
lioration des réponses par rapport au stimulus objectif. Enfin,
l'incomplétude de la description se traduit dans le fait que, sauf
dans la recherche de Jenness où la question est évoquée, mais,
semble-t-il, mal contrôlée, aucune relation claire n'apparaît
entre les caractéristiques des premières réponses et les caracté
ristiques des dernières réponses : on constate un regroupement,
mais on ne sait pas nettement autour de quelle valeur. La recher
che que nous avons entreprise cherche à décrire les phénomènes
selon les différents types d'indices évoqués précédemment (fr
équence, direction et quantité de changement), à séparer le pro
blème du changement de celui de l'amélioration des réponses et,
enfin, à proposer un modèle descriptif qui, partant des caracté
ristiques de distribution des premières réponses, permette une
prédiction satisfaisante des réponses définitives.
3. Quant à l'interprétation des changements intervenant dans
les estimations individuelles après connaissance de la réponse DE MONTMOLLIN. INFLUENCE DES RÉPONSES d'AUTRUI 379 G.
des autres, on peut déplorer qu'elle soit restée, la plupart du
temps, à un niveau verbal. En disant, comme le propose Shérif,
qu'il s'agit d'un changement de cadre de référence, on met d'une
part l'accent sur l'aspect individuel du phénomène, ce qui est
adéquat pour le type d'interaction sans interdépendance qui
existe entre les individus dans les situations étudiées et, d'autre
part, sur ses aspects cognitifs : les jugements perceptifs s'effectuent
selon une perspective d'ensemble, ce qui entraîne une « relati
vité », comme on en constate en psychophysique lorsqu'un
stimulus est présenté dans une série. Mais l'appel à la notion
de cadre de référence reste une explication verbale, puisqu'elle
ne permet ni d'expliquer pourquoi, ni de prévoir comment
les sujets individuels changent d'estimation.
Invoquer les « pressions de groupe » est devenu monnaie cou
rante en psychologie sociale : on peut tout d'abord objecter à
cette formulation qu'elle

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