Intégration économique, niveau de développement et compensation équitable - article ; n°188 ; vol.47, pg 883-905

Salif Kone

Description

Tiers-Monde - Année 2006 - Volume 47 - Numéro 188 - Pages 883-905
L’objectif de cet article est d’étudier la nature de la relation existant entre le niveau de développement des pays partenaires d’une intégration économique et les mécanismes de compensation équitable des processus de celle-ci. Les analyses, fondées sur le modèle de dotation factorielle de VENABLES (1999 et 2000), mettent en avant le concept d’externalité de production. Elles ont permis d’établir deux principaux résultats. D’une part, dans tout processus d’intégration économique, les mécanismes de compensation équitable ne peuvent être de forme simple quelle que soit la nature des pays partenaires. D’autre part, la faisabilité de tels mécanismes est liée au niveau des partenaires. Toutefois, ce dernier résultat a nécessité l’introduction de l’hypothèse de causalité circulaire et cumulative, dans l’optique de la nouvelle géographie économique.
The objective of this paper is to study the nature of the relation that exists between the level of development of countries partners of an economic integration and mechanisms of equitable compensation of processes of this one. Analyses based on the model of factorial endowment of VENABLES (1999 and 2000) put the concept of production externalities forward. They permitted to establish two main results. On the one hand, in all economic integration process, mechanisms of equitable compensation can be simple shape whatever is the nature of countries partners. On the other hand, the mechanism feasibility is bound to levels of partners. However, this last result required the introduction of the circular and cumulative causality hypothesis in the optics of the new economic geography.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: TIERS-MONDE
• Publié le: 01 janvier 2006
• Nombre de lectures: 60
• Langue: Français

Extrait

INTÉGRATION ÉCONOMIQUE, NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT ET COMPENSATION ÉQUITABLE

Salif K ONÉ *

L’objectif de cet article est d’étudier la nature de la relation existant entre le niveau de développement des pays partenai- res d’une intégration économique et les mécanismes de com- pensation équitable des processus de celle-ci. Les analyses, fondées sur le modèle de dotation factorielle de V ENABLES (1999 et 2000), mettent en avant le concept d’externalité de production. Elles ont permis d’établir deux principaux résul- tats. D’une part, dans tout processus d’intégration économi- que, les mécanismes de compensation équitable ne peuvent être de forme simple quelle que soit la nature des pays parte- naires. D’autre part, la faisabilité de tels mécanismes est liée au niveau des partenaires. Toutefois, ce dernier résultat a nécessité l’introduction de l’hypothèse de causalité circulaire et cumulative, dans l’optique de la nouvelle géographie économique. La problématique de la répartition des coûts et des gains reste un aspect majeur des analyses de l’intégration économique. Elle est source de divergences tant dans les faits qu’en théorie. Au niveau des faits, les expériences d’intégration économique entre pays en développement nées dans les années 1960 et 1970 ont été, dans l’ensemble, un échec par rapport aux objectifs fixés 1 . L’une des explica- tions souvent avancées est l’impossibilité de concevoir et de déterminer des mécanismes de compensation équitable simples et faisables ( DE M ELO et al., 1993 et F OROUTAN , 1995). En effet, selon ces auteurs, les pays en développement ont des niveaux de développement très différents, bien qu’uniformément faibles, et des structures de production et d’échanges très similaires. Dans ces conditions, leurs gains potentiels dans le commerce mutuel sont limités alors que les coûts d’une intégration économique sont élevés. À l’opposé, les expériences d’intégration économique entre pays industrialisés, comme l’Union Européenne, peuvent être * Enseignant-Chercheur (Assistant) UFR des Sciences Économiques et de gestion, ( CIRES ). 1 - Seules l’ ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), la SACU (Southern Africa Custom Union) et la SADCC Conference Co-ordination) ont atteint des résultats satisfai-(Southern Africa Development sants au regard de leurs objectifs.

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qualifiées de réussites, malgré des niveaux de développement initialement très différents. Les mécanismes de compensation mis en place par ces pays, notam- ment le fonds structurel européen de développement semblent efficaces. Au niveau théorique, les analyses de la répartition des coûts et des gains des processus d’intégration économique ne sont pas récentes. Déjà présente dans les premières analyses des théories modernes, cette problématique est centrale pour les analyses des politiques de développement par l’intégration économique régio- nale. Les réponses apportées sont différentes, parfois contradictoires selon l’angle de l’analyse. Par exemple, selon M EADE (1968), les mécanismes de compensation équitable doivent permettre de dédommager les pays importateurs pour leur participation et pour les surcoûts de consommation. Mais, selon R OBSON (1970), de tels mécanismes de compensation surestiment les coûts et sous-estiment les gains des pays importateurs. En outre, en suivant K EMP et W AN (1976), dans une situation de neutralité vis-à-vis du reste du monde et de perfection de la concur- rence et de l’information, les mécanismes efficaces de compensation équitable sont des transferts de sommes forfaitaires entre pays membres. Les travaux de G RINOLS dans le même sens. Selon celui-ci, le montant de ces transferts devont sommes forfaitaires doit correspondre aux valeurs des importations initiales des pays importateurs, évaluées avec le système de prix après intégration économique (G RINOLS 1981). L’analyse des conséquences de l’adhésion de la Grande-Bretagne, à l’Union Européenne confirme cette intuition (G RINOLS , 1984). Ces différences dans les résultats et les trajectoires des processus de l’intégra- tion économique entre pays en développement d’une part, et des processus de l’intégration économique entre pays industrialisés d’autre part, posent une ques- tion fondamentale. Existe-t-il une corrélation entre le niveau de développement des pays partenaires d’une intégration économique et la nature des mécanismes de compensation équitable pour la réussite du processus d’intégration économi- que ? Répondre à cette question nécessite de s’interroger sur la forme des méca- nismes de compensation équitable et les conditions de leur faisabilité selon la nature des pays partenaires. C’est l’objectif de ce travail.

I − AVANT-PROPOS La pertinence de cette question se situe à trois niveaux. D’abord, la réduction de la pauvreté entre nations du monde et à l’intérieur de chaque nation est l’une des préoccupations essentielles dans les débats de l’économie internationale depuis quelques années. Ils concernent la répartition des revenus à la fois à l’échelle mondiale, régionale et nationale. De nombreux travaux théoriques et empiriques ont été consacrés à ces questions. Une bonne synthèse se trouve dans le rapport de la Banque Mondiale (W ORLD B ANK , 2002). De même, une vue d’ensemble des questions que les économistes se posent dans ce cadre est donnée par le numéro spécial de la revue du CEPII (1997),Économie Internationale. Ensuite, le renouvellement des processus d’intégration économique entre pays en développement pose la question de leur devenir étant donné l’échec quasi généralisé des expériences précédentes. La réussite des nouveaux processus d’intégration nécessite la maîtrise de la répartition de leurs coûts et gains. Enfin,

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