Jeux touaregs de la région d Agadez - article ; n°1 ; vol.58, pg 23-49
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Journal des africanistes - Année 1988 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 23-49
The tuareg games in the Agadez area of Niger. These Tuareg games, collected in the Agadez area of Niger, range from games played in the evening for fun to games of complex strategy. Their rules are set down ; and remarks, made about some formal aspects. Ethnographic information is provided about the playing context ; and the vocabulary used is briefly commented. Comparisons with games from neighboring societies are sometimes made.
Cet article présente plusieurs jeux touaregs de la région d'Agadez. Ces jeux vont du simple divertissement de veillée à des jeux à stratégie complexe. On se limite pour l'essentiel à la description des règles et à de brèves considérations sur quelques aspects formels de ces règles, mais on donne aussi quelques précisions ethnographiques sur les conditions de jeu ainsi que quelques commentaires sur le vocabulaire employé. Lorsqu'elle s'impose, la comparaison est faite avec des jeux connus dans des sociétés voisines
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Dominique Casajus
Jeux touaregs de la région d'Agadez
In: Journal des africanistes. 1988, tome 58 fascicule 1. pp. 23-49.
Abstract
The tuareg games in the Agadez area of Niger. These Tuareg games, collected in the Agadez area of Niger, range from games
played in the evening for fun to games of complex strategy. Their rules are set down ; and remarks, made about some formal
aspects. Ethnographic information is provided about the playing context ; and the vocabulary used is briefly commented.
Comparisons with games from neighboring societies are sometimes made.
Résumé
Cet article présente plusieurs jeux touaregs de la région d'Agadez. Ces jeux vont du simple divertissement de veillée à des jeux à
stratégie complexe. On se limite pour l'essentiel à la description des règles et à de brèves considérations sur quelques aspects
formels de ces règles, mais on donne aussi quelques précisions ethnographiques sur les conditions de jeu ainsi que quelques
commentaires sur le vocabulaire employé. Lorsqu'elle s'impose, la comparaison est faite avec des jeux connus dans des
sociétés voisines
Citer ce document / Cite this document :
Casajus Dominique. Jeux touaregs de la région d'Agadez. In: Journal des africanistes. 1988, tome 58 fascicule 1. pp. 23-49.
doi : 10.3406/jafr.1988.2247
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1988_num_58_1_2247DOMINIQUE CASAJUS
Jeux touaregs
de la région d'Agadez
on travail les sera règles On se amené de veut présente plusieurs en d'abord deux ici jeux une points une série appellent livraison à dépasser de jeux immédiatement de documents touaregs la simple de description. et la quelques non région une remarques d'Agadez1. Tout analyse, d'abord, mais forCe
melles. On les a voulues limitées, mais même ainsi, elles font apparaître une
certaine parenté entre ces jeux et la divination, parenté dont on espère pour
suivre ultérieurement l'examen. De plus, certains d'entre eux sont des variant
es de jeux connus ailleurs en Afrique, et il convient donc de les situer briève
ment dans les familles dont ils font partie. C'est dire d'ailleurs qu'ils ne sont
pas tous spécifiques de la culture touarègue. Mais un peu comme les contes,
qui sont rarement empruntés à une société étrangère sans subir des modificat
ions significatives, ces jeux se rattachent bien par certains éléments à la cul
ture du nord du Niger. C'est essentiellement le cas de leur vocabulaire, qui
est, nous le verrons, celui d'une société de pasteurs.
TIHULELIN TI-N ÀZGAG
Ce jeu appartient à un type connu sous le nom de mankala. Plus pré
cisément, il au sous-type appelé dans la littérature africaniste wari
(ou wali, wuri, xvuré, awélé), la variante du mankala attestée au nord et à l'ouest
de l'Afrique (voir Popova 1976, Deledicq et Popova 1977, Pingaud 1988). Les
mankala africains, et le wari en particulier, ont donné lieu à de nombreuses
études. Ch. Béart (1955, t. 2, ch. 19) a consacré au wari (appelé par lui awélé)
un long chapitre de son étude d'ensemble des jeux de l'Afrique occidentale.
Dans un volume des Cahiers d'études africaines entièrement consacré aux mank
ala, un article a proposé une série de critères permettant d'établir une typo
logie systématique des wari (Deshayes et al. 1976). Au fur et à mesure de sa
description, je situerai les caractéristiques du jeu touareg par rapport à ces
1. Les informations ont été, pour l'essentiel, fournies par la famille de Moussa Albaka, forgeron kel fer-
wan et collaborateur de l'auteur depuis 1976, et la famille de Ehekelli, membre de la tribu des Iber-
diyanan. Quelques renseignements complémentaires ont été donnés par Mamadou Souleyman, forge
ron kel ewey de la région de Timia, au nord d'Agadez. Sur les forgerons kel ferwan, les Kel Ewey
et les Iberdiyanan, cf. Casajus 1987, introduction et passim.
Joui nul des uliuuiuMes, 58 11/ 1989: 23-49 ;
JEUX TOUAREGS DE LA RÉGION D'AGADEZ 24
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Nomi, du campement de Ehekelli, jouant à l'amghar
(lieu-dit Gufat, ouest d'Agadez. Cl. Sophie Л. de Beaune).
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Illustration non autorisée à la diffusion
Fillettes du campement de Ehekelli jouant à l'amghar
(lieu-dit Gufat, ouest d'Agadez. Cl. Sophie A. de Beaune). DOMINIQUE CASAJUS 25
critères. Pour les Touaregs, notons enfin que P. Bellin (1973 : 77 et 92) en
a relevé deux variantes dans l'Ahagga? .
Ce jeu, comme les deux suivants, est presque exclusivement l'affaire
des enfants et même surtout des fillettes. Elles s'y adonnent volontiers à l'ombre
des tentes ou bien lorsqu'elles suivent le petit bétail au pâturage. Les adoles
cents — surtout les jeunes filles — y jouent parfois, mais uniquement à la
veillée. J'ai certes rencontré une vieille dame qui aimait à y jouer avec un de
ses petits-fils lorsqu'ils paissaient ensemble leurs chèvres, mais elle le faisait
comme une grand-mère peut s'amuser à un jeu d'enfant avec un petit-fils.
On joue avec des pions (en général des crottes de chameaux) qu'on
déplace dans huit cases disposées en deux rangées parallèles de quatre cases
chacune (douze cases disposées en deux rangées de six dans une variante kel
ewey). Ailleurs en Afrique, on utilise parfois un casier de bois ou de métal
mais les Touaregs se contentent de trouj creusés dans le sable. Un trou dans
le sol se dit anu (pi. unan), mot qui désigne en particulier un puits. Les cases
d'un jeu sont parfois aussi appelées ehan (pi. inari), mot qui désigne à l'ori
gine la tente, ou imi, mot qui désigne d'abord la bouche ou tout orifice (encore
que ce dernier terme semble plutôt réservé aux cases vides). Je traduirai ces
termes par « case » dans la suite du texte. Le terme générique qu'on peut tra
duire par « pion » est tawàdàk (pi. tiwadakiri), mot qui désigne aussi une graine
de céréale ou une très petite quantité d'une matière quelconque. Mais les pions
reçoivent ici le nom particulier de azgag (àzgag à l'état d'annexion), mot dont
le pluriel, izgagàn, donne son nom au jeu. Peut-être faut-il le rapprocher du
verbe 3zg9g, que le dictionnaire de Gh. Alojaly (1980 : 210) traduit par « trier ».
Un autre nom du jeu est tihulelin n-àzgag, « les jeunes ânesses de Vazgctg».
De celui qui perd, on dit en effet qu'il a obtenu un âne, ejad ou un ânon,
ehulel (f. tehulelt), tandis que le gagnant est parfois dit avoir obtenu un cha
meau, alàm. L'idée est que, au contraire des camelins, les asins constituent
un bétail de peu d'intérêt, dont le propriétaire ne peut guère tirer de fierté.
« Déplacer ses pions », dans ce jeu comme dans tous ceux où l'on doit dépla
cer des pions, se dit màgdr, verbe dont le sens le plus courant est « combatt
re » et qui dérive de 3gsr, « lancer, frapper ». Il n'est pas sûr qu'on ait ce
sens en tête quand on l'emploie dans des jeux, car on l'utilise même dans un
jeu comme celui de Yamghar, examiné plus loin, qui n'a aucune dimension
agonistique.
Chaque joueur dispose au départ de 24 pions (de 36 pions dans la
variante à 12 cases). Il les dépose dans les 4 cases situées juste devant lui, à
raison de 6 par case. Durant toute la partie, il les fait progresser dans un sens
— direct ou rétrograde2 — qui reste le même pour lui et qui est le sens
opposé à celui alloué à son adversaire. Comme il est facile de s'en apercevoir,
deux conventions équivalentes peuvent être adoptées en début de partie : soit
je fais progresser mes pions dans le sens direct et mon adversaire dans le sens
2. Pour éviter de trop longues périphrases sur le parcours des aiguilles d'une montre, on a adopté cette
terminologie empruntée à la géométrie. Le sens direct correspond au sens inverse des aiguilles d'une
montre. JEUX TOUAREGS DE LA RÉGION D'AGADEZ
rétrograde, soit je les fais progresser dans le sens rétrograde et mon advers
aire dans le sens direct. On a choisi l'une des conventions pour les figures,
mais l'autre était possible.
joueur A
6 6 6 6
6 6 6 6
joueur В
Figure 1. Répartition des pions en début de partie.
Les flèches indiquent le sens de progression du jeu.
Contrairemen

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