L accouchement, la grossesse et l avortement chez les indigènes de l île Sakhaline - article ; n°1 ; vol.10, pg 692-699
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L'accouchement, la grossesse et l'avortement chez les indigènes de l'île Sakhaline - article ; n°1 ; vol.10, pg 692-699

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1909 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 692-699
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

Bronislaw Pildsuski
L'accouchement, la grossesse et l'avortement chez les
indigènes de l'île Sakhaline
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 10, 1909. pp. 692-699.
Citer ce document / Cite this document :
Pildsuski Bronislaw. L'accouchement, la grossesse et l'avortement chez les indigènes de l'île Sakhaline. In: Bulletins et
Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 10, 1909. pp. 692-699.
doi : 10.3406/bmsap.1909.8131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1909_num_10_1_813116 DÉCEMBRE. 1909 692
L'ACCOUCHEMENT, LA GROSSESSE ET L'AVORTEMENT CHEZ LES INDIGÈNES
DE L'ILE SAKHALINE
Par M. Bronislaw Pilsddski.
Les Guilaks.
L'accouchement est considéré par les Guilaks comme un acte impur.
Il ne peut de ce fait avoir lieu dans la maison au foyer domestique.
Aussi, quelle que soit la rigueur de la saison, on conduit la parturiante
dans une tente arrangée spécialement pour elle à proximité de la mai
son. On installe cette tente parmi les arbustes qui servent de cabinet d'ai
sance aux femmes des Guilaks, et ceci déjà indique suffisamment combien
peu de considération les Guilaks ont pour l'acte de l'accouchement.
Aucun homme n'approche jamais cet endroit, dont l'accès est défendu
même aux petits garçons. On les prévient que s'ils mettaient les pieds
sur des traces de sang de femme,, ils contracteraient une maladie spéciale
nommée « taremyud », sorte de paralysie, dont on meurt.
Dès les premières douleurs, la parturiante est introduite dans la tente
appelée « lau-raf » (maison d'accouchement) et que l'on construit à la
hâte au moment nécessaire. Cette tente, faite de branches, couverte d'une
vieille écorce de sapin, basse, tapissée d'herbes sèches, rappelle plutôt
une niche de chien qu'une habitation, destinée à recevoir un être nou
veau, attendu avec joie par ses parents. Mais le Guilak n'est-il pas appelé
à une vie dure et misérable. L'idée même ne lui vient pas d'offrir quel
que confort à l'être à venir.
Avant de se rendre dans sa niche, la femme Guilak revêt de. vieux
vêtements sales et quitte le pantalon, qu'elle porte eo toute saison.
La parturiante. est presque toujours assistée par une femme d'âge
moyen ou vieille, expérimentée, qui a eu elle-même plusieurs enfants. A
défaut d'une matrone que l'on appelle « lauaven-chauk » (la femme
aidant l'accouchement), le mari est autorisé à prendre pour lui les fonc
tions de matrone, mais seulement le mari et aucun autre homme, même
pas le frère cadet du mari, qui cependant, d'après les coutumes guilaks,
a des droits sur la femme de l'aîné et est considéré en quelque sorte t
comme son mafi, et toujours comme le deuxième père de ses enfants.
L'accouchement se fait la femme étant assise sans étendre les jambes.
T.a parturiante doit rester tranquille, sans se lever, sans s'agiter. La ma
trone ou le mari veillent à l'exacte exécution de cette règle et au besoin
empoignent la malade par le dos pour l'empêcher de faire des mouve
ments. Car, d'après les Guilaks, une telle conduite serait suivie d'une
maladie avec déviation de la colonne vertébrale.
Pour activer l'accouchement, on agite le pan du vêtement devant la
figure delà parturiante ou on lui souffle avec la bouche sur le sommet de
la tête. BRON1SLAW PILSUDSKI. — LES INDIGÈNES DE L'ILE SAKHALINE • 693
Les Guilaks ne connaissent aucun moyen artificiel pour aider l'acco
uchement, et lorsqu'une femme ne peut accoucher spontanément, elle
meurt ainsi que l'enfant. Ces cas doivent être rares. Je n'ai entendu parl
er, pour ma part, que d'un cas semblable pendant plus de dix ans.
Les jeunes filles sjnt tenues d'écouter respectueusement les récits con
cernant les accouchements, sans quoi elles risqueraient d'avoir des accou
chements pénibles. /
Pour activer la délivrance, on met dans la bouche de la malade l'écorce
du Sambucus racemosa qui, par son amertume, provoque des vomisse
ments et hâte ainsi l'expulsion du placenta (« ehlan inind » =: nourriture
d'enfant). Si ce moyen ne réussit pas et si le délivre ne sort pas, la femme
meurt. Ce fait est rare, mais se produit cependant, me dit-on, parfois
chez les Guilaks.
Si l'enfant naît coiffé — ce qui est rare, on conserve précieusement la
coiffe desséchée (« ehlan ok » = vêtement d'enfant) comme porte-
bonheur.
Après l'accouchement, on conseille aux femmes jeunes de marcher ;
les femmes âgées, au contraire, doivent garder le repos. Pendant la gros
sesse, au contraire, la femme, quelque soit son âge, est tenue de se remuer
le plus possible.
Les Guilaks auraient-ils le pressentiment des théories les plus modernes
sur le lever des accouchées?
Il est défendu déboire froidavant et pendant dix jours après l'accouche
ment. A défaut de thé, on donne à la malade de l'eau chaude. Pendant dix
jours également la malade doit s'abstenir de manger du poisson à chair
rouge, tout alimeut salé, ou de baies noires (Empetrumnigrum). L'alcool jugé
nuisible avant l'accouchement est, au contraire, très recommandé après
l'accouchement. Mais on en emploie peu; les Guilaks sakhaliniens buvant,
en général, peu d'alcool en comparaison avec les autres indigènes.
Les fausses couches spontanées (rirund) sont très fréquentes chez les
Guilaks, qui n'y voient rien de dangereux. On m'affirmait qu'il n'y a
presque pas de femme, qui n'ait pas eu une ou deux fausses couches.
Mais personne de ceux que j'ai interrogés n'a entendu parler de femmes
n'ayant jamais pu mener une grossesse à bonne fin, c'est-à-dire pendant
dix mois lunaires, terme habituel d'une grossesse.
Je ne me charge pas d'expliquer les causes des avortements fréquents
chez les femmes Guilaks. Je pense cependant que la fatigue physique des
femmes Guilaks n'y est pas étrangère. En effet, la femme Guilak travaille
durement et sans cesse, même pendant tout le temps de la grossesse. Il
ne vient pas à l'idée d'un Guilak de ménager sa femme pendant la gesta
tion. Et lorsqu'une fausse couche se produit, il l'attribue avec sérénité à
quelque cause futile : à un coup porté à la figure de la femme enceinte
par un enfant, de la main, ou à l'aide de tout objet allongé en bois : une
cuillère, une flèche, un couteau en bois, un jouet, etc. Le coup frappé
avec une branche fraîche est considérée comme inoffensif. Une chute
peut aussi provoquer une fausse couche.
soc. d'anthrop. 46 694. 16 décembre 1909
Les jeunes filles Guilaks non mariées cherchent à provoquer des avor-
tements, honteuses de leur état. Elles ont recours aux moyens auxquels
on attribue chez eux les avortements spontanés. Il faut croire qu'elles
n'y parviennent pas toujours, car l'infanticide s'observe parfois, comme
on m'a dit, exécuté toujours secrètement.
Rarement la femme Guilak accouche d'un enfant mort ; pour ma part,
je n'ai entendu parler que d'un seul cas.
La façon dont le Guilak exprime son angoisse pendant que sa femme
est en douleurs est rien moins qu'originale. Il dénoue tout ce qu'il porte
de noué : ses nattes, sa ceinture, les attaches des chaussures, du pantal
on, etc. Il est également d'usage de dénouer autour de soi tout ce qui
pourrait se trouver noué, ou attaché d'une façon quelconque. Ainsi, dans
la cour, le Guilak retire sa hache du bois, où elle était fichée. Ii détache
le bateau qui était attaché à un arbre. Le mari, sa ceinture défaite, l'air
malade, se traîne d'un coin dans l'autre ou reste couché. 11 n'a qu'un
souci, c'est celui de se rappeler s'il n'a pas oublié de détacher quelque
objet, car alors les douleurs de sa femme et l'accouchement se prolonge
raient du fait de sa négligence.
Le père ne reprend ses occupations qu'après la cicatrisation du nombril
de l'enfant. A aucun moment on ne fête d'aucune façon la naissance de
Pendant, dix jours la parturiente est obligée de rester dans sa niche, et
ce n'est que si le froid est particulièrement rigoureux et si elle est la seule
maîtresse de la maison qu'elle peut y revenir plus

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