L acquisition du langage repensée : les recherches inter-langues (II) - article ; n°2 ; vol.83, pg 561-596
38 pages
Français

L'acquisition du langage repensée : les recherches inter-langues (II) - article ; n°2 ; vol.83, pg 561-596

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
38 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1983 - Volume 83 - Numéro 2 - Pages 561-596
Résumé
Après avoir mentionné les difficultés méthodologiques que rencontrent les recherches interlangues, l'auteur analyse les travaux empiriques réalisés dans deux domaines de l'acquisition : celui du traitement des phrases simples et celui des structurations lexicales.
La réfutation de l'idée d'un universel d'ordre guidant l'acquisition est le résultat essentiel d'un nombre important de recherches centrées sur l'évolution des stratégies de compréhension chez des enfants parlant des langues très diverses (anglais, italien, français, serbo-croate, turc, hébreu, chinois, basque...). Les enfants semblent par conséquent équipés tant pour l'acquisition des langues à flexion que pour l'acquisition de langues où l'ordre des mots est important. Alors que Slobin et Bever (1982) proposent d'interpréter de tels résultats en invoquant la construction d'un schéma de phrase canonique, apparenté à la notion de prototype pour une langue donnée, Bates et MacWhinney (1982c) présentent un modèle fondé sur la validité des indices : l'ordre dans lequel les indices utiles (ordre, marques casuelles, flexions, caractéristiques sémantiques) pour la compréhension des phrases apparaissant chez l'enfant est largement fonction de la validité relative de ces indices dans la langue envisagée.
La structuration lexico-syntaxique de certains domaines particulièrement intéressants pour aborder les relations forme/fonction très diversifiées selon les langues est ici centrée sur l'acquisition des expressions locatives et temporelles et sur les conséquences psycholinguistiques de la différenciation lexicale de certains connecteurs (contrastifs et adversatifs).
Mots clefs : Psycholinguistique génétique, acquisition du langage, recherches interlangues.
Summary : Recent work in two domains of language acquisition — the processing of simple sentences and lexical structuration — is discussed in the light of methodological problems encountered in cross-linguistic studies.
The main result of a large number of studies focusing on the development of comprehension strategies used by children of diverse native languages (English, Italian, French, Turkish, Hebrew, Chinese, etc.) has led to the refection of the notion of a universal of word order on which acquisition would be based. Children seem to be equally equipped to handle inflected languages as well as languages where word order plays an important role. While Slobin and Bever (1982) interpret these results by referring to the construction of a canonic structure sentence related to the notion of a prototype for a given language, Bates and MacWhinney (1982c) present a model based on eue validity : the order in which eues (order, case marking, inflections, semantic characteristics) useful for sentence comprehension appear in child language depends largely on the relative validity of these eues in a given language.
The lexico-syntactic structuration of certain domains that are parti-cularly interesting for studying form/function relations which are very varied is centered upon the acquisition of locative and temporal expressions and upon the psycholinguistic resuit of the lexical differentiation of certain connectives (contrastive and adversative).
Key-words : Developmental psycholinguistics, language acquisition, cross-linguistic studies.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M Kail
L'acquisition du langage repensée : les recherches inter-langues
(II)
In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°2. pp. 561-596.
Citer ce document / Cite this document :
Kail M. L'acquisition du langage repensée : les recherches inter-langues (II). In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°2. pp.
561-596.
doi : 10.3406/psy.1983.28483
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1983_num_83_2_28483Résumé
Résumé
Après avoir mentionné les difficultés méthodologiques que rencontrent les recherches interlangues,
l'auteur analyse les travaux empiriques réalisés dans deux domaines de l'acquisition : celui du
traitement des phrases simples et celui des structurations lexicales.
La réfutation de l'idée d'un universel d'ordre guidant l'acquisition est le résultat essentiel d'un nombre
important de recherches centrées sur l'évolution des stratégies de compréhension chez des enfants
parlant des langues très diverses (anglais, italien, français, serbo-croate, turc, hébreu, chinois,
basque...). Les enfants semblent par conséquent équipés tant pour l'acquisition des langues à flexion
que pour l'acquisition de langues où l'ordre des mots est important. Alors que Slobin et Bever (1982)
proposent d'interpréter de tels résultats en invoquant la construction d'un schéma de phrase canonique,
apparenté à la notion de prototype pour une langue donnée, Bates et MacWhinney (1982c) présentent
un modèle fondé sur la validité des indices : l'ordre dans lequel les indices utiles (ordre, marques
casuelles, flexions, caractéristiques sémantiques) pour la compréhension des phrases apparaissant
chez l'enfant est largement fonction de la validité relative de ces indices dans la langue envisagée.
La structuration lexico-syntaxique de certains domaines particulièrement intéressants pour aborder les
relations forme/fonction très diversifiées selon les langues est ici centrée sur l'acquisition des
expressions locatives et temporelles et sur les conséquences psycholinguistiques de la différenciation
lexicale de certains connecteurs (contrastifs et adversatifs).
Mots clefs : Psycholinguistique génétique, acquisition du langage, recherches interlangues.
Abstract
Summary : Recent work in two domains of language acquisition — the processing of simple sentences
and lexical structuration — is discussed in the light of methodological problems encountered in cross-
linguistic studies.
The main result of a large number of studies focusing on the development of comprehension strategies
used by children of diverse native languages (English, Italian, French, Turkish, Hebrew, Chinese, etc.)
has led to the refection of the notion of a universal of word order on which acquisition would be based.
Children seem to be equally equipped to handle inflected languages as well as languages where word
order plays an important role. While Slobin and Bever (1982) interpret these results by referring to the
construction of a canonic structure sentence related to the notion of a prototype for a given language,
Bates and MacWhinney (1982c) present a model based on eue validity : the order in which eues (order,
case marking, inflections, semantic characteristics) useful for sentence comprehension appear in child
language depends largely on the relative validity of these eues in a given language.
The lexico-syntactic structuration of certain domains that are parti-cularly interesting for studying
form/function relations which are very varied is centered upon the acquisition of locative and temporal
expressions and upon the psycholinguistic resuit of the lexical differentiation of certain connectives
(contrastive and adversative).
Key-words : Developmental psycholinguistics, language acquisition, cross-linguistic studies.L'Année Psychologique, 1983, 83, 561-596
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Université René-Descartes et EPHË 3e section
associé au CNRS1
L'ACQUISITION DU LANGAGE REPENSÉE :
LES RECHERCHES INTERLANGUES
Partie II. SPÉCIFICITÉS MÉTHODOLOGIQUES
ET EMPIRIQUES
par Michèle Kail
SUMMARY : Recent work in two domains of language acquisition — the
processing of simple sentences and lexical structuration — is discussed
in the light of methodological problems encountered in cross-linguistic
studies.
The main result of a large number of studies focusing on the development
of comprehension strategies used by children of diverse native languages
(English, Italian, French, Turkish, Hebrew, Chinese, etc.) has led to
the rejection of the notion of a universal of word order on which acquisition
would be based. Children seem to be equally equipped to handle inflected
languages as well as languages where word order plays an important role.
While Slobin and Bever (1982) interpret these results by referring to the
construction of a canonic structure sentence related to the notion of a proto
type for a given language, Bates and MacWhinney (1982c) present a
model based on cue validity : the order in which cues (order, case marking,
inflections, semantic characteristics) useful for sentence comprehension
appear in child language depends largely on the relative validity of these
cues in a given language.
The lexico- syntactic structuration of certain domains that are parti
cularly interesting for studying form /function relations which are very
varied is centered upon the acquisition of locative and temporal expressions
and upon the psycholinguistic result of the lexical differentiation of certain
connectives (contrastive and adversative).
Key-words : Developmental psycholinguistics, language acquisition,
cross- linguistic studies. :
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris. 562 Michèle Kail
L'enfant qui acquiert sa langue maternelle doit en utilisant les divers
indices que lui fournit celle-ci — ordre des mots, flexions, contours
intonatifs — identifier les divers composants des énoncés ainsi que
leurs liaisons syntaxiques, sémantiques et pragmatiques. Il s'agit donc
pour lui de construire l'ensemble des relations de correspondance entre
formes et fonctions. L'une des questions centrales pour toute théorie de
l'acquisition est de comprendre comment l'enfant parvient à déterminer
les principales fonctions sémantiques, pragmatiques, syntaxiques, étant
donné que d'une part, dans les situations naturelles de communication,
les divers indices évoqués entrent dans des relations d'interaction
complexes et que d'autre part, les langues naturelles se caractérisent
par un recouvrement partiel des formes et des fonctions.
Il est en effet exceptionnel de voir associée une forme à une fonc
tion, de sorte que les formes sont généralement plurifonctionnelles et que
les mêmes fonctions peuvent prendre une pluralité de formes ; notons
aussi que les relations forme-fonction varient d'une langue à l'autre.
Une autre question cruciale pour toute théorie de l'acquisition du
langage est de savoir si et comment la structure de la langue à acquérir
affecte le processus d'apprentissage lui-même.
Les études qui tentent de répondre à ces questions, en se centrant
sur les comparaisons interlangues dans des domaines syntaxico-
sémantiques précis, rencontrent des difficultés d'ordre méthodologique
qui leur sont propres. Nous les présenterons ici en introduction à l'étude
des domaines où les recherches génétiques comparatives représentent
un ensemble substantiel de données :
— celui de la maîtrise des phrases simples ;
—des acquisitions lexicales.
Il est évident que la comparaison de l'acquisition du langage chez
des enfants appartenant à des communautés linguistiques diversifiées
se heurte à des difficultés que ne rencontre pas la comparaison d'enfants
appartenant à des groupes homogènes. Tout d'abord, les méthodes de
recueil des données qui sont fructueuses dans un contexte culturel
donné peuvent s'avérer inadéquates dans un autre, notamment parce
qu'elles ne donnent pas accès aux faits pertinents, et que leur trans
position simple ou même leur adaptation peuvent conduire à des résul
tats inattendus quand ils ne sont pas absurdes (on trouvera une éva
luation critique de ce problème dans les recherches comparatives de
psychologie cognitive dans Colem Gay, Glick et Sharp, 1971). Ensuite
les contraintes méthodologiques peuvent conduire à affirmer l'existence
de différences dans le développement linguistique d'enfants appartenant
à des groupes socioculturels divers alors que ces différences n'existent pas.
Les biais susceptibles d'altérer la validité des
études comparatives en matièr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents