L agriculture en période d ajustement au Brésil - article ; n°126 ; vol.32, pg 271-302
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Description

Tiers-Monde - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 126 - Pages 271-302
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Florence Contré
Ian Goldin
L'agriculture en période d'ajustement au Brésil
In: Tiers-Monde. 1991, tome 32 n°126. pp. 271-302.
Citer ce document / Cite this document :
Contré Florence, Goldin Ian. L'agriculture en période d'ajustement au Brésil. In: Tiers-Monde. 1991, tome 32 n°126. pp. 271-
302.
doi : 10.3406/tiers.1991.4606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1991_num_32_126_4606L'AGRICULTURE
EN PÉRIODE D'AJUSTEMENT
AU BRÉSIL*
par Florence Contré et Ian Goldin
Uagriculture, un secteur en bonne santé
Au Brésil, les récoltes records de 1987, 1988 et 1989 ont développé
dans l'opinion l'idée que l'agriculture n'avait rien à craindre de la dété
rioration de la situation économique et était même en mesure d'atténuer la
chute de l'activité économique. De fait, il semble que depuis le début
des années 80 la production agricole a joué un rôle stabilisateur qui a
permis de limiter le marasme de l'économie brésilienne.
П convient en effet de relever la vigueur relative des résultats enre
gistrés par le secteur agricole tout au long de cette période. Ainsi, de 1981
à 1983, la production industrielle a diminué de 15 % tandis que la product
ion agricole a progressé de 7 %. Qui plus est, comme le montre le gra
phique 1, les récoltes en amélioration constante de la période 1987 à 1989
ne font que témoigner d'une reprise de la tendance à la croissance qui
s'était interrompue en 1986. On obtient un taux annuel de croissance, en
moyenne géométrique, de 3,1 % pour l'agriculture entre 1980 et 1988,
contre un chiffre de 1,2% pour l'industrie; pour la période 1970-1980,
les taux de croissance des deux secteurs s'établissent, respectivement, à 4,7
et 9,3%.
* Remerciements. — Pour la présente analyse nous nous sommes largement inspirés de l'étude
de lan Goldin et Gervasio Castro de Rezende intitulée Agriculture et crise économique : les
leçons de l'expérience brésilienne (Paris, ocde, 1990). Pour notre analyse économique, nous
devons également beaucoup aux conseils de Gervasio de Rezende. Nous tenons également à
remercier Armelle Le Clec'h, François Delorme et Alain de Janvry pour leurs commentaires
et leur aide.
Revue Tiers Monde, t. XXXII, n» 126, Avril-Juin 1991 Florence Contré et Ian Goldin 272
Une analyse comparative des perspectives d'avenir
L'immunité apparente de la production agricole face à la crise éc
onomique des années 80 semble être un phénomène qui ne se limite pas
au seul Brésil. Bien que toute généralisation soit hasardeuse étant donné
le nombre restreint d'études comparatives concernant l'évolution des
différents secteurs, les résultats très provisoires de nos comparaisons entre
les tendances des croissances respectives de l'agriculture et de l'industrie
laissent à penser que le cas du Brésil pourrait bien constituer un exemple
type.
Une analyse comparative des taux de croissance des différents secteurs
en Amérique latine (de Janvry, 1988) confirme les premières conclusions de
notre étude de cas sur le Brésil. De même, les données rassemblées par la
Banque mondiale (Rapport sur le développement dans le monde, 1989)
confirment l'hypothèse selon laquelle l'agriculture aurait atténué la baisse
du PIB. Ces données montrent en effet que, dans les pays en développement
comme dans ceux de I'ocde, la croissance du secteur agricole a eu tendance
à diminuer moins rapidement que celle de l'industrie et du pib au cours
de la période 1980-1986, et qu'elle s'est également accélérée moins rapide
ment que celle de l'industrie et du pib au cours de la période 1965-1980.
La force apparente de l'agriculture par rapport à l'industrie comporte
néanmoins certaines exceptions. Une analyse plus approfondie est néces
saire pour déterminer si ces exceptions s'expliquent par l'intervention de
tel ou tel phénomène exceptionnel, comme la découverte de champs pétrol
iers (voir, par exemple, le « mal néerlandais » dans le cas du Cameroun),
les guerres civiles (cas de l'Ethiopie, du Mozambique ou du Salvador) ou
encore les désastres climatiques (cas du Soudan); ou si elles invalident
totalement l'hypothèse de départ, à savoir la force stabilisatrice de l'agr
iculture dans le cycle économique.
Le présent document rend compte des premiers résultats que nous avons
obtenus grâce à certaines méthodes originales d'analyse économique et
quantitative.
En première partie est explorée la stabilité apparente de l'agriculture,
avec un renvoi à l'analyse économique du cycle conjoncturel par la litt
érature classique. C'est en seconde partie que l'on soumet aux tests écono
métriques les hypothèses émises pour le Brésil. Celles-ci sont ensuite testées
pour les autres pays latino-américains. Enfin, l'expérience brésilienne est
prise en considération sous la lumière des résultats économétriques et quel
ques conclusions sont apportées afin d'élargir l'application des recherches. L'agriculture en période ď ajustement au Brésil 273
П — LA THÉORIE ÉCONOMIQUE
Si l'on passe en revue la littérature économique concernant les cycles
conjoncturels et commerciaux, on constate que très peu d'études de fond
ont été réalisées sur le sujet qui nous intéresse. La lecture des ouvrages
classiques comme ceux de Hayek (1931), Kalecki (1935), Keynes (1937),
Schumpeter (1939) et Kaldor (1940) montre à quel point, même au cours
des années 30, les problèmes agricoles ou les relations inter-sectorielles
restaient en dehors des grands axes d'analyse économique des cycles
conjoncturels. Après l'affinement, dans les années 50, des théories du
multiplicateur-accélérateur, l'intérêt s'est surtout porté sur l'analyse des
cycles, dans une optique nettement keynésienne, ce qui a ouvert la voie,
dans les années 60, aux théories monétaristes et au parti pris en faveur
de l'analyse des équilibres statiques. Bien que la mise au point des modèles
à anticipations rationnelles du cycle conjoncturel ait pris une place crois
sante dans les travaux de recherche macroéconomique sous l'influence des
résultats obtenus par Lucas (1972), ni les modèles monétaristes du cycle
conjoncturel, comme celui de Lucas et Barro (1976), ni les modèles d'ana
lyse en termes réels du cycle conjoncturel, comme ceux de Kydland et
Prescott (1982) ou de Long et Plosser (1983) n'accordent un tant soit peu
d'importance, du point de vue analytique, aux relations inter-sectorielles
ou à l'agriculture.
Les ouvrages classiques ne nous ont donc été d'aucune aide pour notre
analyse des relations entre l'évolution macroéconomique et l'agriculture
au Brésil, mais en élargissant le cercle de nos lectures nous avons pu
obtenir des bases de comparaison intéressantes. Nous avons en effet
découvert que Kirk (1933), Galbraith et Black (1938) ainsi que Schultz
(1945) ont tous étudié les résultats de l'agriculture à l'époque de la Grande
Dépression et que leurs travaux pouvaient nous être utiles pour notre
analyse. Ces auteurs mettent en évidence la relativement bonne perfo
rmance de l'agriculture au cours de la Grande Dépression, qu'ils expliquent par les particularités que présente l'agriculture
par rapport à l'industrie.
Parmi les principales variables qui expliquent l'écart de performance
entre l'agriculture et l'industrie au fil du cycle conjoncturel, figure l'idée
que Pélasticité-prix de l'offre de produits agricoles est proche de zéro
à court terme, de sorte que, en cas de récession, les prix relatifs des pro
duits agricoles diminuent même si le déclin de la demande de biens indust
riels est plus marqué. Cette idée repose sur l'observation selon laquelle
la production agricole est moins facilement ajustable que la production
TM — 10 274 Florence Contré et Ian Goldin
industrielle. Une fois que le cycle de production est engagé, une inversion
du processus de production et son adaptation aux fluctuations de la
demande impliquent des coûts plus élevés dans l'agriculture que dans
l'industrie, dont on a d'ailleurs constat

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