L ajustement contre l industrie - article ; n°107 ; vol.27, pg 577-591
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L'ajustement contre l'industrie - article ; n°107 ; vol.27, pg 577-591

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Description

Tiers-Monde - Année 1986 - Volume 27 - Numéro 107 - Pages 577-591
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Carlos Ominami
L'ajustement contre l'industrie
In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°107. pp. 577-591.
Citer ce document / Cite this document :
Ominami Carlos. L'ajustement contre l'industrie. In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°107. pp. 577-591.
doi : 10.3406/tiers.1986.4401
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1986_num_27_107_4401EN AMÉRIQUE LATINE
L'AJUSTEMENT CONTRE L'INDUSTRIE
ÉTUDE DES TENDANCES RÉCENTES
DE L'INDUSTRIE LATINO AMÉRICAINE*
par Carlos Ominami**
Avant d'aborder l'étude du comportement, dans la crise, du secteur manuf
acturier, un bref rappel des grandes orientations du processus d'industriali
sation suivi par la région s'impose. Il permettra d'établir le cadre empirique
et conceptuel auquel nous nous référerons pour évaluer les caractéristiques
des tendances récentes.
i. Les traits marquants de V industrialisation latinoaméricaine
Une évaluation précise des résultats de l'industrialisation n'est pas une tâche
aisée. La complexité de l'histoire industrielle de la région, les particularités de
chaque expérience nationale, enfin la diversité de critères pouvant être utilisés
pour estimer son caractère plus ou moins progressif, obligent à rejeter d'em
blée les jugements excessivement péremptoires. Plus encore, le bilan de l'indus
trialisation constitue peut-être le point le plus controversé du débat parmi les
experts.
Malgré ses insuffisances — et elles sont nombreuses — l'industrie latino-
américaine a fait preuve pendant les trois dernières décennies d'un dynamisme
incontestable. La confrontation des rythmes de la croissance industrielle de la
région avec ceux des pays capitalistes développés est à cet égard illustrative.
Entre 1950 et 1980, période qui recouvre une partie importante du boom de
l'après-guerre, le produit industriel de l'Amérique latine a augmenté à une
vitesse sensiblement supérieure (6,7 % annuel en moyenne) à celle de l'ensemble
des pays développés de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale
* Cet article fait partie d'une étude plus large qui a comme titre Désindustrialisatiott et
réindustrialisation en Amérique latine. Débats autour de la politique industrielle, orstom, Dépar
tement H, Equipe de Politiques d'Industrialisation.
** Chercheur cnrs-orstom, actuellement en détachement à la cepal.
Revue Tiers Monde, t. XXVII, n° 107, Juillet-Septembre 1986 ni — 20 578 CARLOS OMINAMI
(4,0 %)1. Ce faisant l'industrie de la région a pu croître lors de cette période
à un rythme qui devance également la moyenne mondiale (5,7 % annuel).
Corrélativement, la part de l'Amérique latine dans la production manufactur
ière des économies de marché a presque doublé passant de moins de 5 % à
plus de 8 % du total.
A son tour, le dynamisme de l'expansion industrielle a rendu possible une
transformation substantielle des structures productives domestiques. L'augment
ation soutenue du degré d'industrialisation (part de l'industrie dans le pnb)
exprime bien cette évolution. Dans les trois grands pays de la région, le degré
d'industrialisation passe de 21,1 % en 1950 à 27,2 % en 1980 (tableau I). Il
est à noter que cette progression est d'autant plus remarquable que vers 1950
ces pays avaient déjà achevé l'essentiel de l'étape facile du processus de substi
tution des importations ; elle correspond donc à une phase au cours de laquelle
ces pays deviennent, à proprement parler, des pays semi-industrialisês.
Tableau I
Progression sur longue période du degré d'industrialisation
des économies latinoaméricaines selon leur taille (en %)
1950 i960 1970 1975 1980 1983 1984
Grands pays (e) 21,1 23,6 26,5 27,2 27,2 25,4 25,7
Pays moyens (*) 17,5 19,9 21,2 21,3 21,1 19,1 20,5 Illustration non autorisée à la diffusion Petits pays (") 13,0 14,0 16,9 17,3 18,0 18,3 17,9
(a) Argentine, Brésil et Mexique.
(*) Colombie, Chili, Pérou, Uruguay et Venezuela.
(c) Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Bolivie, Equateur,
Haïti, Panama, Paraguay et République dominicaine.
Source : cepal/onudi (1985).
Dans les petits pays, la contribution de l'industrie au produit global aug
mente également d'une manière régulière. Dans ce cas, cette évolution traduit
le passage d'un stade encore largement caractérisé par la prédominance des
productions primaires à un autre dans lequel les activités industrielles commenc
ent à jouer un rôle significatif. Bien que le degré d'industrialisation fasse aussi
des progrès dans les pays de taille moyenne, la lenteur de sa progression compar
ativement aux deux catégories précédentes, témoigne des difficultés que con
naissent les économies à faible marché interne, une fois que l'étape de la. substi
tution facile a été achevée.
Avec une intensité, certes variable suivant les différents pays, l'industrie
est devenue le moteur de l'expansion économique. Globalement, l'élasticité
de la croissance du produit industriel par rapport au pnb a été durablement
1. Ces données ont été tirées de cepal (1984). L AJUSTEMENT CONTRE L INDUSTRIE 579
supérieure à l'unité pendant la période 1950-1980 : 1,25 entre 1950 et i960,
1,21 entre i960 et 1970 et 1,05 entre 1970 et 1980 (cepal, 1984). De même et
à l'encontre d'une idée très répandue, la contribution des activités manufact
urières à la création d'emplois a été positive, d'où l'élévation systématique
de la part de l'emploi industriel dans la population active2.
En fait, les indicateurs chiffrés ne donnent qu'un pâle reflet de l'ampleur
du bouleversement entraîné par l'industrialisation dans les sociétés latino-
américaines. En même temps que les structures productives se modernisent,
les rapports sociaux accusent l'impact du mouvement de salarisation, lequel
induit l'émergence de nouvelles fractions de classe (bourgeoisies industrielles
et classes ouvrières) et la baisse de l'importance des oligarchies terriennes.
L'ampleur des mutations techniques et sociales associées au développement
de l'industrialisation ne doit pas cependant conduire à idéaliser ses aspects
progressifs tout en méconnaissant ses limites et ses insuffisances.
A juste titre les études plus récentes sur l'industrialisation latino-améri
caine ont insisté sur son caractère inachevé (Villarreal, 1984; cepal, 1984;
Esser, 1985), voire tronqué (Fajn2ylber, 1983). Ce diagnostic, qui découle direc
tement de la comparaison avec le profil industriel des pays développés, met
l'accent sur une asymétrie fondamentale de du continent.
Il s'agit du contraste entre la rapidité de la diversification horizontale en ce qui
concerne notamment la production de biens de consommation et la faiblesse
de l'intégration verticale, ce qui se traduit par une demande croissante d'import
ations de biens intermédiaires et d'investissement avec tout ce que cela comp
orte en termes de dépendance technologique et de déséquilibre du commerce
extérieur de produits manufacturés.
En effet, la croissance industrielle s'est réalisée plus en extension qu'en pro
fondeur (Vuskovic, 1984). Or, il est vrai que d'une façon générale elle a suivi
les grandes orientations de la dynamique industrielle des pays capitalistes déve
loppés. De même que dans les économies du Nord, en Amérique latine les
branches leaders ont été les industries chimiques et métal-mécaniques. Leur
importance dans la production manufacturière totale tend ainsi à s'accroître
au détriment des industries plus traditionnelles3. Toutefois, contrairement à
ce que l'on a pu observer dans les pays de I'ocde, le processus de modernisat
ion industrielle a eu lieu en Amérique latine dans une situation où les besoins
de base étaient loin d'être comblés et les revenus moyens trop bas, ce qui a
induit le développement d'un type d'industrialisation dont la condition de
reproduction était l'existence d'une répartition régressive des revenus. A ce
sujet, le cas de l'automobile est sans doute exemplaire. Bien que l'implantation
de filiales des firmes multinationales ait permis à la région de disposer d'un

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