L ajustement structurel et la position de la Communauté européenne - article ; n°136 ; vol.34, pg 827-850
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Description

Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 136 - Pages 827-850
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Petit
L'ajustement structurel et la position de la Communauté
européenne
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°136. pp. 827-850.
Citer ce document / Cite this document :
Petit Bernard. L'ajustement structurel et la position de la Communauté européenne. In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°136. pp.
827-850.
doi : 10.3406/tiers.1993.4804
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_136_4804L'AJUSTEMENT STRUCTUREL
ET LA POSITION
DE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE
par Bernard Petit*
Une grande partie des pays en développement s'est trouvée confront
ée, depuis le début des années 1980, à des crises financières graves se tra
duisant par d'importants déficits au niveau des finances publiques et de la
balance des paiements, une faible croissance économique, une baisse des
revenus et un accroissement démesuré de leur endettement extérieur.
En simplifiant un peu l'analyse on peut dire que, après la période
d'euphorie des années 1970 caractérisée par l'abondance de liquidités
internationales, ces crises ont trouvé leur origine non seulement dans les
éléments négatifs de la conjoncture extérieure — chute des prix des
matières premières, par exemple — mais également, et sans doute plus
fondamentalement, dans les structures mêmes des économies de ces pays
et dans l'inadaptation ou le manque de rigueur des politiques économi
ques mises en œuvre.
Cette inadaptation s'exprime à travers :
— une série de facteurs de blocage de l'économie (coûts trop élevés
maintenus grâce à une protection excessive et préservant des situa
tions de rente, réglementation excessive) ;
— les mauvaises affectations des ressources (favoriser les salariés
consommateurs urbains au détriment des producteurs agricoles,
croissance démesurée de l'administration, mauvais choix des inves
tissements : éléphants blancs...) ;
— l'inefficacité de l'intervention de l'Etat.
♦ Chef de la division « Programmation » ; appui à l'ajustement à la Commission des communaut
és européennes (Direction générale du développement), professeur associé à l'Université libre de
Bruxelles (Faculté des sciences économiques et sociales), à d'Aix-Mar -
seille (Faculté des sciences économiques).
Revue Tiers Monde, t. XXXIV, n° 136, octobre-décembre 1993 828 Bernard Petit
Aux années d'euphorie caractérisées par une forte augmentation du
crédit et de la consommation ont succédé, à partir du début de 1980, les
années de pénurie.
Face à cette situation, les pays concernés ont mis en œuvre, avec
l'appui des institutions de Bretton Woods et de quelques bailleurs de
fonds multilatéraux, des programmes de réformes — qualifiés de
programmes d'ajustement structurel — destinés à réduire voire suppri
mer leurs déficits, juguler les tensions inflationnistes et relancer la
croissance. En contrepartie de ces programmes, les Etats concernés
étaient assurés non seulement d'obtenir des financements appropriés
pour financer leurs réformes, mais aussi de bénéficier d'opérations de
rééchelonnement de leur dette aussi bien dans le cadre du Club de
Paris (créanciers publics) que dans celui du Club de Londres (créan
ciers privés).
L'ajustement, ce n'est donc pas une mode. C'est une nécessité abso
lue : il s'agit de restaurer un ensemble d'équilibres rompus. Beaucoup de
pays en développement avaient pu différer cet ajustement en recourant
pendant les années 1970 à l'emprunt. Il est devenu clair dans les
années 1980 qu'ils ne pouvaient plus en faire l'économie.
Le choix pour eux n'était plus entre l'ajustement et le statu quo. Il
était entre un ajustement géré et ordonné et un ajustement forcé.
Reflet logique de cette situation, la problématique de l'ajustement
domine aujourd'hui les relations entre les pays en développement et
leurs partenaires extérieurs, et est devenu le point de passage obligé du
dialogue de ces pays avec l'ensemble des donateurs.
La Communauté européenne, pour sa part, n'avait pas été impli
quée dans ce processus, engagé au début des années 1980.
Elle n'a entrepris de réflexion véritable qu'à partir de 1987 et mis en
œuvre de premières actions qu'en 1988, avec sa participation au pro
gramme spécial en faveur des pays pauvres et lourdement endettés
d'Afrique subsaharienne (le spa) auquel participe, sous l'égide de la
Banque mondiale, l'ensemble des donateurs occidentaux.
Ce n'est en fait qu'avec la IVe Convention de Lomé (Lomé IV)1 que
la Communauté s'insère directement dans ce processus.
Pourquoi le fait-elle, selon quelle approche, avec quels instruments ?
Quels enseignements en tire-t-elle ?
1. La IVe Convention de Lomé, conclue en décembre 1989 pour une période de dix ans est un
accord global de coopération liant la Communauté européenne à 69 Etats d'Afrique, des Caraïbes et
du Pacifique (les Etats acp). Pour la première période de cinq ans couverte par cette Convention, la
Communauté met à la disposition des Etats acp des ressources se chiffrant à 12 milliards d'écus. Ajustement structurel et position de la Communauté européenne 829
Telles sont les questions essentielles auxquelles les réflexions qui
vont suivre, après un effort de clarification du concept d'ajustement,
s'efforceront de répondre.
I - L'AJUSTEMENT : UN CONCEPT A CLARIFIER
Le terme ajustement évoque souvent une image un peu trop simplif
iée : celui d'un pays en crise financière qui doit réduire ses déficits et
prendre, sous la coupe du fmi, une série de mesures d'austérité.
La réalité est plus complexe : les programmes de réformes comport
ent en fait deux catégories différentes de mesures correspondant à deux
volets distincts :
— un premier volet dit de stabilisation comportant des mesures de
réduction de la demande ;
— un second volet dit d'ajustement structurel comportant des mesures
agissant sur l'offre.
1. La stabilisation
Les politiques de stabilisation sont généralement associées à l'obten
tion d'accords du fmi et préparées avec son concours. Elles visent à res
taurer pour les pays concernés, leur aptitude à poursuivre le service de
la dette, aptitude mise en péril par l'excès de la demande sur l'offre.
C'est ce déséquilibre général de l'offre et de la demande, qui s'e
xprime à travers le déficit des finances publiques et celui de la balance des
paiements, qui doit être corrigé.
Compte tenu du manque d'élasticité de l'offre à court terme, l'object
if de rétablir les deux équilibres des finances publiques et de la balance
des paiements ne peut être atteint que par une politique énergique de
réduction de la demande. Il faut en fait pouvoir dégager les ressources
nécessaires pour assurer le service de la dette et, plus généralement,
mieux proportionner le volume de consommation d'un pays avec sa
capacité de production.
Cette politique de contraction de la demande privilégie les instruments
de politique monétaire (taux de change, crédit) et budgétaire (compres
sion des dépenses publiques, accroissement des recettes fiscales).
Dans cette phase de stabilisation, on ne saurait vraiment parler
d'ajustement structurel. La nature très globale des objectifs poursuivis, Bernard Petit 830
leur relative rigidité, la brièveté des délais impartis pour les atteindre (un
à deux ans) ne permettent pas en effet d'engager une véritable action sur
les structures mêmes de l'économie.
On voit cependant à travers ces quelques considérations, le rôle
majeur que joue le fmi dans la gestion de la crise, et l'influence considé
rable qu'il exerce sur la politique économique des pays endettés. Cette
influence ne résulte pas simplement de sa fonction de prêteur direct, mais
plus principalement de ce qu'il est devenu, depuis le second semestre 1982,
le gestionnaire central de la crise. Ainsi, une part croissante des ressources
financières destinées aux pays du Tiers Monde est allouée en fonction des
programmes de stabilisation du fmi et toutes les opérations de rééchelo

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