L Allégorie Baudelaire. Poétique d une métafigure du discours - article ; n°107 ; vol.30, pg 37-48
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Romantisme - Année 2000 - Volume 30 - Numéro 107 - Pages 37-48
l'époque baroque après une dernière efflorescence, et sa redécouverte dans les Fleurs du mal». Le penseur allemand, en mettant ainsi l'allégorie au centre de sa lecture de Baudelaire, avait ouvert à l'esthétique et aux poétiques de la modernité un champ immense que nous commençons à peine à explorer. Aussi, ce que nous nommons l'Allégorie Baudelaire exige-t-elle peut-être une nouvelle poétique que nous voudrions dialectiquement descriptive et spéculative et dont nous nous proposons de développer ici quelques lignes de force avant de présenter les perspectives qu'elle permettrait d'ouvrir.
The German critique alone, thanks to H.R. Jauss, has admitted that we owe to Benjamin the renewed study of the allegory in Baudelaire. The German thinker has opened up a way that we are hardly starting to explore. The allegory in Baudelaire's poetry requires some new poetics, a few points of which we are studying in this article.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Pascal Maillard
L'Allégorie Baudelaire. Poétique d'une métafigure du discours
In: Romantisme, 2000, n°107. pp. 37-48.
Abstract
The German critique alone, thanks to H.R. Jauss, has admitted that we owe to Benjamin the renewed study of the allegory in
Baudelaire. The German thinker has opened up a way that we are hardly starting to explore. The allegory in Baudelaire's poetry
requires some new poetics, a few points of which we are studying in this article.
Résumé
l'époque baroque après une dernière efflorescence, et sa redécouverte dans les Fleurs du mal». Le penseur allemand, en
mettant ainsi l'allégorie au centre de sa lecture de Baudelaire, avait ouvert à l'esthétique et aux poétiques de la modernité un
champ immense que nous commençons à peine à explorer. Aussi, ce que nous nommons l'Allégorie Baudelaire exige-t-elle
peut-être une nouvelle poétique que nous voudrions dialectiquement descriptive et spéculative et dont nous nous proposons de
développer ici quelques lignes de force avant de présenter les perspectives qu'elle permettrait d'ouvrir.
Citer ce document / Cite this document :
Maillard Pascal. L'Allégorie Baudelaire. Poétique d'une métafigure du discours. In: Romantisme, 2000, n°107. pp. 37-48.
doi : 10.3406/roman.2000.888
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_2000_num_30_107_888Pascal MAILLARD
L'Allégorie Baudelaire
Poétique d'une métafïgure du discours
Les artistes ont oublié la beauté de l'allégorie, et
cependant, comme l'a écrit Charles Baudelaire, c'est
une forme esthétique essentielle.
' Paul Valéry
Car il est évident que les rhétoriques et les prosodies
ne sont pas des tyrannies inventées arbitrairement,
mais une collection de règles réclamées par l 'organi
sation même de l'être spirituel.
Charles Baudelaire2
Le renouvellement des études baudelairiennes est en passe d'accorder à l'allégorie
la place qui lui revient. Quelques publications récentes ainsi qu'un colloque3 témoi
gnent que la «sœur pauvre» du symbole fait aujourd'hui l'objet d'un regain d'intérêt
auquel n'est pas étranger, pour une part importante, le développement de la critique
sur l'œuvre de Walter Benjamin. Par ailleurs, les recherches sur Yekphrasis, l'étude
des rapports entre écriture et peinture, prose et poésie, laissent espérer quelques syn
thèses d'où ne devrait plus être absente la question de l'allégorie et de son rapport
avec le symbolisme et la figuration en général.
Or, dans la fébrilité des études baudelairiennes contemporaines, l'allégorie est par
fois utilisée au profit de lectures esthétiques ou éthiques sans même que son fonctio
nnement textuel, disons rhétorique-tropologique, ait été décrit de façon un peu précise 4.
Non que ces lectures pécheraient par excès de spéculation ou manque d'efficacité des
criptive - bien au contraire elles sont des plus stimulantes et ont le mérite d'ouvrir de
nouveaux débats 5 -, mais à force de passer sur ce « trope » singulier comme si sa
1. Œuvres, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», Gallimard, 1957, I, p. 1831.
2. Œuvres complètes (OC), texte établi, présenté et commenté par Claude Pichois, coll. «Bibliothèque
de la Pléiade», Gallimard, 1976, II, p. 626-627. Nos références dans le texte renverront à cette édition.
3. Voir les Actes du colloque Baudelaire, Paris, l'Allégorie publiés par Claude Pichois et Jean-Paul
Avice dans L'Année Baudelaire, n° 1, Klincksieck, 1995, ainsi que Gérard Gasarian, De loin tendrement,
Étude sur Baudelaire, Honoré Champion, 1996, et de Patrick Labarthe, Baudelaire et la tradition de l'allé
gorie, Droz, 1999.
4. Nous exceptons, outre ceux que nous pouvons ignorer, l'article de Pierre Dufour, «Formes et fonc
tions de l'allégorie dans la modernité des Fleurs du Mal», dans Baudelaire, Les Fleurs du mal, L'Intériorité
et la forme, SEDES, 1989. Voir également celui de Gérard Gasarian, «La figure du poète hystérique ou
l'allégorie chez Baudelaire», Poétique, n° 86, avril 1991. Sur la réhabilitation baudelairienne de l'allégorie,
lire l'article de H.R. Jauss, «Baudelaires Riickgriff auf die Allégorie», dans Formen und Funktionen der
Allégorie, Symposion Wolfenbuttel, 1978, W. Hang éd., Stuttgart, 1979.
5. Voir, par exemple, les hypothèses de Reginald Me Ginnis qui consacre un chapitre à l'Allégorie de
l'Amour dans La Prostitution sacrée, essai sur Baudelaire, Belin, 1994, et le livre de Jérôme Thélot, Baud
elaire, Violence et poésie, Gallimard, 1993.
ROMANTISME n° 107 (2000-1) 38 Pascal Maillard
définition allait de soi, comme si Baudelaire n'en avait pas, de façon décisive, réin
venté la pratique, elles font l'économie d'un pan entier de l'esthétique baudelairienne,
celui que Benjamin, dès les années trente, fut le premier à mettre en évidence lors
qu'il avança que l'allégorie est «l'armature de la modernité 6».
A peu près seule, la très sérieuse herméneutique allemande a reconnu, par la voix
de H.R. Jauss, que c'est à Benjamin «que nous devons d'avoir compris les rapports
qui n'avaient pas été mis en lumière jusqu'alors, entre la tradition plus ancienne de
l'allégorie, qui finit à l'époque baroque après une dernière efflorescence, et sa redé
couverte dans les Fleurs du mal» 7. Le penseur allemand, en mettant ainsi l'allégorie
au centre de sa lecture de Baudelaire, avait ouvert à l'esthétique et aux poétiques de la
modernité un champ immense que nous commençons à peine à explorer. Aussi, ce
que nous nommons l'Allégorie Baudelaire exige-t-elle peut-être une nouvelle poétique
que voudrions dialectiquement descriptive et spéculative et dont nous nous pro
posons de développer ici quelques lignes de force avant de présenter les perspectives
qu'elle permettrait d'ouvrir.
L'image en chemin
À l'origine, il y a la figure. Baudelaire y insiste trop lourdement pour que nous
n'en fassions pas une manière de propédeutique. Communes dans leur originalité et
leur essence spirituelle, rhétorique et allégorie sont «au plus profond de l'âme», une
faculté de l'imagination. Du Salon de 1845 («un des plus beaux genres de l'art» {OC,
II, 368]) au «Poème du Haschich» («ce genre si spirituel [...] l'une des formes primi
tives et les plus naturelles de la poésie», I, 430), en passant par «L'art
philosophique» où il est question du «génie de l'allégorie» (II, 600), Baudelaire n'au
ra cessé de mettre l'allégorie au plus haut de la hiérarchie des figures au point d'en
faire un genre autonome, peut-être au-delà de toute rhétorique. C'est qu'il y voyait,
dans son essai sur Banville, les ressources d'une «magie hyperbolique» (II, 165) à
laquelle fait écho, dans le «Poème du Haschich», ce «vernis magique» qui «éclaire
toute la profondeur» de la vie (I, 430). Le privilège de l'allégorie - que ne possède
pas le symbole - consisterait à nous faire traverser le miroir de la signifiance pour
accéder à une profondeur spatiale et temporelle, allégoriques l'une de l'autre : «pro
fondeur de l'espace, allégorie de la profondeur du temps» (I, 430). Aussi Baudelaire
aurait-il pu faire sienne cette réflexion de Solger qui, après le grand mouvement de
dépréciation de l'allégorie dans l'esthétique romantique (Goethe, Schelling...), lui res
titua la part de noblesse que le symbole lui avait confisquée :
Le symbole a le grand avantage d'être capable de figurer tout comme une présence sen
sible [...]. Mais l'allégorie a des avantages infinis pour une pensée plus profonde.
Elle peut saisir l'objet réel comme pure pensée sans le perdre comme objet8.
Interpellé par cette forte confluence entre quelques théoriciens tardifs du romantisme
allemand et la pratique baudelairienne de l'allégorie, nous nous demandons si Creuzer,
que Baudelaire a pu lire dans une traduction- adaptation française très répandue9, n'a
6. Walter Benjamin, Charles Baudelaire, un poète lyrique à

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