L analyse de l industrialisation du Tiers Monde : acquis théoriques et modalités d une remise en cause - article ; n°115 ; vol.29, pg 639-664
27 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'analyse de l'industrialisation du Tiers Monde : acquis théoriques et modalités d'une remise en cause - article ; n°115 ; vol.29, pg 639-664

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
27 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 115 - Pages 639-664
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Courlet
L'analyse de l'industrialisation du Tiers Monde : acquis
théoriques et modalités d'une remise en cause
In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°115. pp. 639-664.
Citer ce document / Cite this document :
Courlet Claude. L'analyse de l'industrialisation du Tiers Monde : acquis théoriques et modalités d'une remise en cause. In:
Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°115. pp. 639-664.
doi : 10.3406/tiers.1988.3712
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1988_num_29_115_3712L'ANALYSE DE L'INDUSTRIALISATION
DU TIERS MONDE :
ACQUIS THÉORIQUES ET MODALITÉS
D'UNE REMISE EN CAUSE
par Claude Courlet*
INTRODUCTION
Observateurs et analystes du développement donnent parfois l'impression
d'avoir quelque difficulté à percevoir et à reconnaître la profondeur des
transformations en cours : émergence des npi, différenciation profonde et
croissante du Tiers Monde, des échanges Sud-Sud, etc.
Cela n'est pas étonnant dans la mesure où ces analyses, menées sur les
pvd et leur industrie en particulier, l'ont été le plus souvent en termes
d'économie internationale ; les évolutions constatées dans ces pays consti
tuant, en quelque sorte, un sous-produit des mouvements de l'économie
internationale.
Procéder dans une telle perspective à une analyse de l'industrialisation
des pvd, en prenant comme point de départ l'identification de leur intégration
internationale, permettrait sans doute de situer et d'évaluer leur insertion
dans les dit. Mais une telle démarche présenterait l'inconvénient de privilé
gier (voire de surévaluer) les facteurs externes; elle se traduirait par le refus de
fait de reconnaître à certains pays (les npi, pays pétroliers) les marges d'ini
tiative, d'autonomie et de manœuvre qui sont apparemment les leurs, dans
le cadre des relations économiques internationales, aussi bien que
leurs propres restructurations. Elle se traduirait également pour d'autres
pays (les PMA par exemple) par le refus de voir dans l'économie et la société
même de ceux-ci, les causes réelles de leurs difficultés actuelles.
Cette note, dont l'objet est précisément de contribuer à la compréhension
* iREP - Développement, Grenoble.
Revue Tiers Monde, t. XXIX, n° 115, Juillet-Septembre 1988 CLAUDE COURLET 640
des transformations récentes de l'industrie dans les pvd, se propose de
nuancer cette démarche.
A partir d'une évaluation critique des différentes analyses de l'industria
lisation du Tiers Monde (I) elle montre comment l'explication de l'émergence
de certaines économies passe par une analyse mettant un accent prioritaire
sur les dynamiques d'accumulation économiques et sociales mises en œuvre
dans cette partie du monde (II).
I. — L'ANALYSE DE L'INDUSTRIALISATION DU TIERS MONDE
ou l'histoire d'une double impasse
Cette note se situe à l'intersection d'un certain nombre d'interrogations
qui concernent les problèmes d'industrialisation et de développement écono
mique dans les pvd.
D'un côté, on doit en effet s'interroger sur la signification de la crois
sance économique analysée au sein d'un espace donné et supposé plus ou
moins arbitrairement autonome. A ce niveau, on s'occupe des industries
« motrices » ainsi que de leur aptitude à tisser des relations avec d'autres
secteurs et à promouvoir une cohérence interne.
D'un autre côté, la notion de sous-développement demeure confuse : elle
est liée à l'idée de pauvreté, à celle de périphérie, de dépendance, etc. Cela
incite à effectuer une analyse en termes de relations. Dans cette perspective,
l'analyse des pvd est de plus en plus liée à celle de l'économie internationale
et en constitue souvent un sous-produit.
Ces interrogations renvoient ainsi à deux grands domaines couverts par
l'analyse économique : l'un par la théorie de la croissance/développement,
l'autre par la théorie de l'économie internationale. Or, il faut bien reconnaître
que l'autonomie des domaines couverts par la théorie de la croissance/
développement et celle de l'économie internationale est allée croissant. Ces
deux orientations conduisent à analyser les pvd et leur industrialisation :
— soit comme « fait d'organisation » trouvant ou devant trouver dans sa
- structure le principe de son unité : théorie de la croissance/développement ;
— soit comme simple fait de localisation sans dynamique propre dans une
économie capitaliste de plus en plus mondiale : théorie de l'économie
internationale. l'analyse de l'industrialisation du tiers monde 641
1. Industrialisation du Tiers Monde et théorie de la croissance (développement
Sans entrer dans le détail des discussions nées autour du problème de la
définition des concepts de croissance et de développement, on peut dire, qu'en
général, l'approche suivie est celle qui considère la croissance économique
comme un accroissement continu du produit national total et du produit
national par habitant [1]. C'est l'aspect le plus facilement perceptible et quantif
iable qui est, par ailleurs, lié aux changements profonds et rapides qui appar
aissent dans la structure d'une économie caractérisant nettement les varia
tions quantitatives associées à la croissance moderne. Cette croissance est
désignée d'habitude par les termes « industrialisation » et « mécanisation » [2].
La tendance sera alors à l'analyse de la dynamique du système industriel
en se basant sur l'hypothèse que l'étude de l'expérience de pays actuellement
industrialisés est suffisante pour comprendre l'évolution des pvd. En d'autres
termes, on accepte l'idée que le développement se vérifie à travers le passage
obligatoire d'une série d'étapes. On reconnaît ici la théorie des étapes de la
croissance (Rostow, C. Clark) et celle, qui en constitue un avatar, du dévelop
pement dualiste [3].
1 / Les analyses de la croissance et de ses inégalités
Un certain nombre d'auteurs, partis de la critique de la théorie néo
classique, ont montré comment des mécanismes particuliers débouchent sur
la persistance d'inégalités de développement dans l'espace et ont préconisé
une intervention active de l'Etat pour lutter contre le sous-développement :
G. Myrdal, Th. Balog, R. Prebish, Eckaus, F. Perroux (pôles de croissance),
Hirschmann, G. de Bernis (Industries industrialisantes).
— Pour G. Myrdal, Th. Balog, R. Prebish, Eckaus [4], une analyse précise
des processus au cours des relations entre espaces inégalement développés
montre que les échanges ne peuvent être équilibrés; ils tendent nécessair
ement à propager une aggravation des déséquilibres.
C'est par un tout autre biais, qu'il est possible de fonder la dynamique du
déséquilibre implicite dans la théorie des pôles de croissance.
A partir d'une conception largement entendue des économies externes, on
peut distinguer les économies externes transmises horizontalement par le
biais de l'élargissement du marché et profitant donc à l'ensemble des activités
économiques et les externes verticalement qui se pro
pagent à partir de l'activité qui les a fait apparaître.
Les premières, bien connues, ont un contenu spatial et sont liées aux
économies d'agglomération. CLAUDE COURLET 642
Les secondes sont liées aux relations entre activités et constituent* la
source essentielle de la croissance déséquilibrée.
C'est à partir de cette nouvelle définition des économies externes que
F. Perroux a développé la théorie des pôles de croissance qui sera reprise par
de nombreux auteurs et que A. O. Hirschmann a systématisé le principe des
relations amont et aval entre branches.
L'analyse ď Hirschmann
En ce qui concerne Hirschmann [5], ce dernier constate, qu'en général, de
nouveaux investissements dans un secteur industriel donnent lieu à des effets
de multiplication en amont ou en aval. Les premiers se vérifieront parce que
chaque activité économique qui n'est pas dans le secteur primaire essaiera de
produire localement les inputs qui lui sont nécessaires, les seconds parce que
chaque activité qui, par sa nature ne satisfait p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents