L apport du commerce extérieur à la croissance des pays non industrialisés - article ; n°133 ; vol.34, pg 7-36
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Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 133 - Pages 7-36
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Gern
L'apport du commerce extérieur à la croissance des pays non
industrialisés
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°133. pp. 7-36.
Citer ce document / Cite this document :
Gern Jean-Pierre. L'apport du commerce extérieur à la croissance des pays non industrialisés. In: Tiers-Monde. 1993, tome 34
n°133. pp. 7-36.
doi : 10.3406/tiers.1993.4825
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_133_4825L'APPORT
DU COMMERCE EXTÉRIEUR
À LA CROISSANCE
DES PAYS NON INDUSTRIALISÉS
par Jean-Pierre Gern*
A la crise de la balance des paiements et aux déséquilibres commerc
iaux que connaissent les pays non industrialisés, la théorie dominante
du commerce international ne semble plus apporter de solution satisfai
sante. L'ouverture à l'économie mondiale n'assure pas la mise en valeur
des ressources nationales. Faut-il chercher des remèdes aux inerties qui
empêcheraient un équilibre optimal de s'établir? ou faut-il envisager
une approche différente ? — Les efforts théoriques des économistes du
passé révèlent les limites de la théorie dominante et ouvrent des pistes de
réflexion : d'où l'intérêt de les relire.
1 - L'APPROCHE MARGINALISTE (nÈO-WALRASSIENNE)
La théorie actuelle se fonde essentiellement sur l'approche margina-
liste. On pourrait s'attendre à ce qu'elle s'inspire davantage des théories
macro-économiques, vu l'importance du commerce extérieur sur les
principaux flux de l'économie nationale — des théories anciennes y ont
d'ailleurs accordé une certaine importance.
1.1. Fondement et pouvoir explicatif de l'approche
Le modèle walrassien ne tient pas compte de tout ce qui constitue le tissu
économique d'une économie nationale : circuits, filières, externalités...
• Centre de Recherche sur le Développement, Université de Neuchâtel.
Revue Tiers Monde, t. XXXIV, n° 133, Janvier-Mars 1993 Jean-Pierre Gem
Dans cette perspective, le commerce extérieur ne peut se distinguer
du commerce intérieur qu'en faisant l'hypothèse de la non-mobilité des
facteurs entre pays. Les nations sont alors à tous égards équivalentes, ce
qui pourrait les différencier ayant été exclu du modèle, à part :
— leur dotation plus ou moins grande en facteurs de production ;
— leurs fonctions de demande.
Dans la mesure où l'un ou l'autre de ces deux éléments a, dans un
cas donné, une importance déterminante, le modèle marginaliste permet
d'analyser les conséquences qui en découlent : il explique l'envoi de pro
ductions exigeant beaucoup de travail dans les régions où la main-
d'œuvre est abondante et peu employée..., il explique pourquoi la Suisse
n'exporte ni pétrole ni café ou pourquoi on vient d'y renoncer à l'élec-
trolyse de l'aluminium. S'il explique pourquoi la Côte-d'Ivoire exporte
du cacao et non la Suisse, explique-t-il la Suisse exporte des
machines et non la Côte-d'Ivoire ? Pour les produits où les ressources
naturelles jouent un rôle important, l'explication par les dotations en
facteurs est assez sûre ; pour ceux où le tissu socio-économique, les ex-
ternalités, la conjonction d'éléments multiples, des effets de polarisation
entrent en ligne de compte, le modèle est-il performant ? et la politique
fondée sur la dotation en facteurs ne devient-elle pas incertaine ?
Si l'on accepte de relâcher l'hypothèse de la non-mobilité des fac
teurs, le modèle marginaliste montre la rationalité des migrations vers
les pays industrialisés, notamment du brain drain. En effet, ce n'est pas
la rareté absolue d'un facteur qui est déterminante, mais la rareté rela
tive : en d'autres termes, un ingénieur peut être plus rare dans une cité
industrielle où abondent les ingénieurs, mais aussi les facteurs complé
mentaires de production, que dans un pays privé d'ingénieurs où les fac
teurs complémentaires font défaut.
Si l'approche marginaliste explique de manière adéquate une partie
du commerce extérieur et la mobilité des facteurs, elle est moins orientée
vers les problèmes de la croissance. Elle s'articule sur le système d'équi
libre général de L. Walras, qui est un équilibre statique et atemporel. La
dynamisation du système n'est pas aisée ; ce qui explique que dans les
travaux et les politiques portant sur le commerce extérieur il soit traité
comme un modèle statique.
Comment la pensée néo-marginaliste aborde-t-elle donc la contribu
tion du commerce extérieur à la croissance ? Son principal argument est
l'allocation optimale des facteurs de production. Or, quelle est la relaentre l'allocation des de production et le commerce inte
rnational ? Dans la perspective du système walrassien, toute entrave à la L'apport du commerce extérieur
circulation des biens et des facteurs de production est un obstacle à
l'allocation optimale de ces derniers ; l'optimum ne peut donc être
atteint que s'il y a libre circulation des uns et des autres. C'est donc de
manière très conséquente avec le modèle dont elle s'inspire que la
Banque mondiale a écrit dans son Rapport sur le développement dans le
monde de 1991 : « L'application d'une politique d'immigration et d'émi
gration plus libérale dans les économies industrielles comme en dévelop
pement devrait globalement se traduire par une amélioration du niveau
de vie » (p. 109). En effet, seule la libre circulation des facteurs de pro
duction permet d'atteindre l'optimum walrassien à l'échelle mondiale.
Un optimum de moindre degré peut être atteint en cas de libre circula
tion des biens seulement.
Ce gain, comme d'ailleurs dans le modèle de Ricardo, est un gain
unique : l'ouverture des frontières permet une réallocation des facteurs
de production, qui compte tenu de la structure des prix internationaux
procure un accroissement du revenu national, lequel ne peut naturell
ement être perçu que de manière ordinale. Est-ce là un phénomène de
croissance ? — Ricardo ne le considère pas ainsi. Pour lui, s'assurer un
gain dans l'échange n'est pas de l'ordre de la croissance. Certes, dans
son modèle, seul l'éventail des productions change, ici aussi, la combi
naison des facteurs ; mais le phénomène n'est pas de nature très diffé
rente. Pourquoi accorde-t-on donc tant d'attention à cette allocation
optimale lorsqu'on est surtout préoccupé de croissance ? — Faut-il
l'expliquer par une vision à court terme, qui perçoit un bénéfice imméd
iat à saisir et ne voit pas plus loin ? — Ou faut-il l'expliquer par la
dominante de la contrainte capital dans les modèles de croissance de ré
férence ? En effet, si la formation du capital est la contrainte dominante,
le gain, même limité, tiré de l'allocation optimale des ressources pro
voque un accroissement de la capacité d'épargner et d'investir. Il permet
donc d'amorcer ou de renforcer un processus de croissance. Ricardo
avait déjà envisagé ce fait ; mais il ne lui avait guère accordé d'attention.
Deux arguments militent contre l'importance (aujourd'hui si grande)
que l'on peut prêter à ce fait :
— comme Ricardo, on peut douter qu'il soit quantitativement signi
ficatif ;
— comme Fr. List, on peut ne pas limiter son attention à la contrainte
capital.
Le premier argument demande à être considéré cas par cas. La sous-
utilisation des facteurs de production est grande dans les pays non in
dustrialisés. Est-ce dû au fait que leur proportion relative est inadé- 10 Jean-Pierre Gem
quate ? Ce n'est pas ce qui ressort des études empiriques, qui montrent
que ce sont bien plutôt les structures économiques qui sont en cause :
manque de circuits d'échanges intersectoriels... C'est donc plutôt en
agissant sur les flux internes que le commerce extérieur pourr
ait accroître le degré d'utilisation des facteurs.
Le second argument se fonde sur le fait que l'accroissement maximal
de la production et l'accumulation maximale fondés sur les dotations en
facteurs existants enferment l'économie dans les structures du passé. La
croissance demande une transformation des du système pro
ductif ; la rationalité à long

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