L approche géographique du sous-développement - article ; n°21 ; vol.6, pg 81-91
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Description

Tiers-Monde - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 21 - Pages 81-91
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Pierre George
L'approche géographique du sous-développement
In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°21. pp. 81-91.
Citer ce document / Cite this document :
George Pierre. L'approche géographique du sous-développement. In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°21. pp. 81-91.
doi : 10.3406/tiers.1965.2057
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1965_num_6_21_2057L'APPROCHE GÉOGRAPHIQUE
DU SOUS-DÉVELOPPEMENT
par Pierre George (i)
II est superflu de démontrer que l'analyse de la situation de sous-
développement passe par les voies de l'histoire des sciences économiques,
de la sociologie. Il peut paraître moins évident à première vue que la
méthode géographique assure une approche satisfaisante du problème,
ou que, d'une manière plus générale, la géographie apporte une contri
bution originale et complémentaire à son étude.
L'hésitation souvent enregistrée procède généralement d'une concep
tion restrictive, proprement matérialiste ou paradéterministe de la géo
graphie. On a, à juste titre, mis en garde contre une vision zonale du
sous-développement substituant à une explication historique — et aux
déterminations objectives de responsabilités qu'elle comporte — l'e
xpression d'un postulat fataliste dont on a dénoncé la nocivité à l'égard
de toute recherche de processus de développement... la « malédiction
des Tropiques », l'asservissement inéluctable des collectivités humaines
à une nature écrasante qui les inhibe, etc. Pourtant, il serait dangereux
d'aller d'un extrême à l'autre, de refuser de prendre en considération
les conditions naturelles spécifiques de chaque région imposées aux
modalités et aux initiatives de développement. Il suffit de les considérer
objectivement et dans une appréciation des valeurs relatives à l'égard
(i) Né en 1909. Professeur de géographie humaine à la Faculté des Lettres et Sciences
humaines et à l'Institut d'Etudes politiques de l'Université de Paris; chargé d'enseignement
à l'I.E.D.E.S. : Missions universitaires en Afrique du Nord, spécialement en Tunisie, et en
Amérique latine (Brésil, République argentine, Mexique). — Derniers ouvrages publiés :
Précis de géographie économique ; Précis de géographie rurale ; Précis de géographie urbaine ; Géographie
active (avec MM. Gugliermo, Kayser et Lacoste); Panorama du Monde actuel (ier volume
de la collection « Magellan » aux Presses Universitaires de France).
8l
6 PIERRE GEORGE
des entreprises humaines. Ces conditions s'affirment, suivant les cas,
directement comme des obstacles matériels qu'il faut vaincre avant
d'engager un quelconque processus de développement, ou indirectement
par les structures sociales ou les rapports de production dont elles ont
appelé ou favorisé le choix. Deux exemples : les complexes pathogènes
qui affectent certaines parties du globe, notamment les vastes étendues
infestées par le paludisme, exigent avant tout investissement d'équ
ipement et toute politique de production des investissements d'éradi-
cation. L'importance prioritaire de la possession de l'eau dans les pays
arides a fait du propriétaire de l'eau le véritable maître du pays. Elle
est responsable d'une structure sociale et économique originale, celle
des oasis. Ne pas tenir compte de semblables données dans un plan
d'équipement est vouer ce plan à l'échec. Or, les conditions naturelles
sont l'élément qui varie le plus sur de courtes distances dans l'ensemble
de la conjoncture de sous-développement. S'il n'y a pas, au sens absolu
du terme, une malédiction des tropiques, il y a, à l'intérieur de la zone
tropicale, une grande diversité de conditions naturelles différentes de
celles des pays tempérés et maintes fois changeantes à l'intérieur d'un
même continent. Dans la zone tempérée elle-même, la vie des collecti
vités humaines rencontre des possibilités très inégales dans le Bassin
méditerranéen... ou en Chine.
Cette constatation élémentaire a une signification positive d'autant
plus grande que le poids des conditions naturelles sur une société est
d'autant plus lourd que cette société est techniquement peu outillée :
une paysannerie qui est incapable de construire des bâtiments suscept
ibles d'assurer la bonne conservation des récoltes est particulièrement
vulnérable à l'égard des calamités naturelles (accidents climatiques)
ou des animaux déprédateurs : cyclones, inondations, invasions d'in
sectes, prolifération des rongeurs, invasion de bandes d'animaux sau
vages prennent les proportions de catastrophes susceptibles de provo
quer des famines locales. Une population mal nourrie, mal vêtue,
consommant l'eau polluée des fleuves et des mares est d'autant plus
menacée par les effets des variations climatiques, des endémies et des
épidémies, des parasitoses ou des agressions des animaux nuisibles.
Par ses activités vivrières mêmes, l'habitant d'un pays sous-développé
vit en contact permanent avec le milieu naturel parce qu'il est paysan,
pasteur, pêcheur, chasseur, bûcheron. Nulle part le terme d'écologie
humaine appliqué à l'étude des rapports naturels entre l'homme et son
82 L'APPROCHE GÉOGRAPHIQUE bu SOUS-DÉVELOPPEMENT
environnement physique et biologique n'a une signification plus directe.
Une première tâche de l'approche géographique des faits de la vie
quotidienne et des conditions de développement en pays sous-développé
consiste donc dans le bilan, en chaque cas régional, des facteurs naturels,
dans leur signification positive et négative. Le bilan s'effectue à plusieurs
échelles. Certains phénomènes couvrent d'une manière relativement
constante des ensembles régionaux assez vastes : climats zonaux, formes
de végétation spontanée et paraspontanée, sols et processus pédologiques
zonaux comme la latéritisation. D'autres, au contraire, exercent leur
influence à l'échelle régionale ou locale. L'action du relief, de la diversi
fication géologique et pétrographique sur la pédogenèse ou sur la
destruction des sols (ruissellement, ravinement), sur la différenciation
des climats de versants, de cuvettes, de plateaux, de couloirs de vent,
s'exerce à l'échelle du kilomètre ou de la dizaine de kilomètres, par
tranches d'altitude. Elle agit sur la répartition de la végétation, de la
faune, donc sur les diverses possibilités d'agriculture et d'élevage, sur
les plus ou moins grandes facilités de communications et de relations.
Les complexes pathogènes se définissent en premier lieu à l'échelle
zonale, ou tout au moins de l'impact d'une zone bioclimatique sur un
continent. Mais il faut les suivre à l'échelle régionale et presque locale
selon les conditions de circulation et de pollution des eaux suivant les
courants de vents déplaçant les germes pathogènes, d'après la composit
ion des complexes zoologiques et bactériens associant germes et vec
teurs dans un cadre donné. De l'ensemble de ces facteurs dépendent les
chances de survie, de multiplication, d'activité de production, de promot
ion technique des groupes humains. Leur connaissance débouche sur la
recherche et la mise en œuvre du correctif.
Les facteurs naturels de production alimentaire constituent une
autre série d'éléments très importants des conditions de développement.
Il est trop évident qu'il y a peu de progrès et d'initiatives créatrices à
attendre de collectivités quantitativement sous-alimentées et qualitat
ivement carencées. Or, certains milieux se prêtent moins que d'autres
à la production locale d'un complexe de ressources assurant un équilibre
et une complémentarité de l'alimentation. La connaissance du milieu
bioclimatique, des associations végétales spontanées, des systèmes de
culture qui ont fait leurs preuves, bonnes ou mauvaises, des obstacles à
certaines innovations comme l'introduction de l'élevage dans les régions
à mouche tsé-tsé, trace les limites des milieux les plus propices au déve- PIERRE GEORGE
loppeme

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