L enceinte de la langue maternelle - article ; n°1 ; vol.20, pg 9-23
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Description

Langage et société - Année 1982 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 9-23
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Decrusse
L'enceinte de la langue maternelle
In: Langage et société, n°20, 1982. Quelques aspects des rapports entre linguistique et littérature. pp. 9-23.
Citer ce document / Cite this document :
Decrusse Anne. L'enceinte de la langue maternelle. In: Langage et société, n°20, 1982. Quelques aspects des rapports entre
linguistique et littérature. pp. 9-23.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1982_num_20_1_1893L'ENCEINTE DE LA LANGUE MATERNELLE
Anne DECROSSE
Al leur Ions, langue, descendons afin qu'ils et là, ne confondons s'enten
dent plus les uns les autres.
Et l'Eternel les dispersa loin de
là, sur toute la face de la terre.
Genèse, II.
1 . La langue et la littérature .
L'histoire de la langue est une suite de transformation des cohéren
ces normatives et discursives. Cette histoire de la langue s'ordonne à par
tir de 'périodes énonciatives1 , selon le terme de Foucault, qui sont'un en
semble de règles anonymes, his toriques, toujours déterminées dans le temps et
l'espace' , et à travers lequel se trame le cheminement biographique d'un
individu. Ainsi entre l'histoire de la langue et celle du sujet parlant 'un
processus est mis définitivement en route, qui ne cessera plus pendant la
vie de l'individu: l'acquisition d'unités nouvelles de nomination du réel,
sous une forme toujours la même, de catégorisation nouvelle, c'est-à-dire de
remplissage d'une catégorie dans une grille indéfiniment extensible et com-
2 plexible.Et cela toujours dans l'insertion sociale' .
Or, ce processus interactif entre des périodes énonciatives et des praxis
linguistiques, la littérature l'a souvent pris en compte et l'a travaillé - - 10
soit sous forme de figure narrative, soit comme modèle narratif du récit,
à la fois forme et substance du contenu, le procédé discursif intervenant
comme forme et substance de l'expression .Du premier point de vue la nou
velle de Mer imée,Lokis, prend comme figure narrative centrale, posant le pou
voir de l'actant,et assurant donc la cohésion de l'énigme, la référence à
une interprétation linguistique, et, du second point de vue, Bouvard et Pécu
chet , de Flaubert, prend comme trame narrative, -à la fois péripéties et ob
jet de la quête-, la connaissance normative du langage, sur laquelle les si
tuations discursives vont produire des in-formations,mais aussi des enli-
sements(forme et substance de l'expression s'opposant en bloc à forme et
substance du contenu: situations et pratiques discursives vs langue et dis
1' inductinctions) . Ainsi, "ils apprirent ce qu'est l'analyse, la synthèse,
tion, la déduction et les causes principales de nos erreurs. /Presque toutes
viennent du mauvais emploi des mots." En mettant en scène, et en se donnant
comme espace d'investigation la langue même, et non seulement le langage
ou les réalisations particulières, mais la cohérence du système, ces deux
textes cités interrogent justement le rapport entre la nomination du réel,
en tant qu'assujetti à une forme toujours similaire mais active, telle que
la définit Lafont, et, l'extensibilité de la grille, toujours définie par le
même auteur, dans son rapport au possible, aux impossibles, aux manques, aux
erreurs, et, aux interdits. Ce mode de connaissance du système linguistique
par la pratique d'écriture, la représentation imaginaire du sens, et la
figurabilité même de la langue est un espace riche d'interrogation pour la
linguistique, autre mode de connaissance de ce système de signes, à partir
d'une théorie, et d'une méthodologie d'analyse qui peut rendre compte des
régularités sous-jacentes aux manifestations: régularités que les deux
amis, Bouvard et Pécuchet, et, le professeur Wittembach, héros de la nouvelle
Lokis, posent comme contenu même de leur réflexion, et, que l'écriture retient
comme valeur d'échange autrement régulée qu'en tant que pur signe linguis
tique, puisque cette valeur sera à la fois celle du signe linguistique com
me signification et celle d'une représentation en langue même de la langue,
à partir de la clôture du texte.
L'histoire de la littérature, dans son rapport à l'histoire de la langue,
non seulement commente les idées sur la langue à une époque donnée, du fait
même des périodes énonciatives définies par Foucault, mais assure des condi
tions d'analyse de la réf érenceLangue, et peut se situer comme méthode d'ana- - - 11
par nouvelles différences du réseau de différences de la langue: ainsi dans
Lôkis ,1e passage du repérage Miszka, prénom, à l'appellation lithuanienne de
1 ' ours , surnommé Miszka, plus souvent que du nom générique de lokis, entre en
relation avec la dualité de la nature du Comte, et permet de comprendre, la
fin tragique de la comtesse. Cet appui sur l'axe paradigmatique de la lan
gue pose des limites autres, du fait de la littérarité et clôture du texte
à la langue, cible, en quelque sorte, certains rapports de valeur comme es
sentiels, et, remet en question une banalité supposée de 1* inter-texte. Le
quel n'induirait pas forcément cet appui précis sur l'axe paradigmatique,
mais cependant permettrait de le comprendre : "Vous savez que dans le roman
de Renard, l'ours s'appelle damp Brum.Chez les Slaves, on le nomme Michel,
Miszka". . .Par cet inter-texte, qui signale le réfèrent français, le texte
qui s'opposait justement à une connaissance de la tradition française, en
se voulant aux prises avec une ëtrangeté linguistique, reprend pied dans
une possible compréhension trans-linguis tique. Lorsqu' ainsi la fonction
herméneutique interprétative d'un texte a à faire avec la question langue
comme non seulement contrat de lecture, mais séquence de narrativité, la
fonction herméneutique rencontre alors les limites du système linguisti
que comme possibilité interprétative, comme limite même de toute autre in
terprétât ion. Cependant en redoublant son rapport à la convention, -la lan
gue mode d'expression, et, la langue figure narrative-, le texte produit
une économie particulière de lecture, où la banalisation de la langue
comme figure, et, non seulement fonction symbolique, induit un champ de for
ces impottant quant à la réflexivité de la langue mon seulement elle est
généralité, système, toujours-là, qu'on travail le, dont on use, mais elle est
aussi, alors généralité au travail, ouvrant en abyme sur une réflexion sur
l'arbitraire de la semiosis.
Ce travail de la littérature sur les lois de la langue, en tant
que représentation, cette mise en scène de l'espace différentiel du sys
tème linguistique, qu'il soit conçu comme indice et éclairage de l'énigme
(Lokis) , ou au contraire énigme (Bouvard et Pécuchet, "Doit-on dire: 'cette
femme a l'air bon' ou' l'air bonne' ? une 'bûche de bois sec' ou de 'bois sèche' ?
'ne pas laisser de 'ou 'que de'?une troupe de voleurs survient* ou* survin
rent' ?") situe l'inter-textualité dans son rapport en profondeur à la lan
gue, et dans la pensée de l'arbitraire de la semiosis tout autant que dans
sa corrélation à d'autres textes (qui peuvent être des textes, ou des trai
tés sur la langue) • - - 12
Ce discours Sur la langue, à l'intérieur de textes littéraires
peut évoquer le problème du langage substitué au monde, f le langage in
térieur1 dont Vigotsky a fait l'analyse, et selon laquelle, le plus sou
vent l'enfant utilise le langage perçu de son entourage, non tant pour
communiquer que pour des énoncés à usage personnel 4 . L'enfant parlerait
seul 4uand ses activités rencontreraient/seraient en, difficulté. Le
langage permettrait de modéliser des expériences. La figure de la langue
dans les textes, l'interpellation du réseau systématique des signes pour
rait entrer en relation avec le comportement linguistique cité précédem
ment. En effet si ce type de est chez les enfants un phéno
mène de transition, la figure de la langue supporte dans les deux textes
évoqués un phénomène de transition littéraire, de passage vers une péri
pétie nouvelle, ou un dénouement. C'est donc une réorganisat

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