L état actuel du problème de la nature des sensations de couleurs - article ; n°1 ; vol.25, pg 1-17
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L'état actuel du problème de la nature des sensations de couleurs - article ; n°1 ; vol.25, pg 1-17

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Description

L'année psychologique - Année 1924 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 1-17
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 13
Langue Français
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Extrait

Christine Ladd Franklin
I. L'état actuel du problème de la nature des sensations de
couleurs
In: L'année psychologique. 1924 vol. 25. pp. 1-17.
Citer ce document / Cite this document :
Ladd Franklin Christine. I. L'état actuel du problème de la nature des sensations de couleurs. In: L'année psychologique. 1924
vol. 25. pp. 1-17.
doi : 10.3406/psy.1924.6121
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1924_num_25_1_6121L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XXV
MÉMOIRES ORIGINAUX
i
L'ÉTAT ACTUEL DU PROBLEME DE LA NATURE
DES SENSATIONS DE COULEUR *
Par Christine Ladd Franklin.
(Columbia University).
Le professeur Cattell, faisant le compte rendu pour la revue
Science, en 1898, de la deuxième édition de la Physiologische
Optik de Helmholtz, déclarait ce travail « l'un des rares grands
classiques dans l'histoire de la science ». Ce très juste jugement
est encore valable actuellement, quoique soixante ans nous
séparent de la fin de la publication de la première édition,
qui avait demandé une dizaine d'années. Quiconque considère
ce bel exemple de pensée scientifique pénétrante et de brillante
expérimentation, sera reconnaissant à la Société d'Optique
d'Amérique et à l'éditeur chargé de la traduction, le professeur
l.(N.-B.— Cet article,écrit en juin 1924, est une addition à 1' « Optique phy
siologique »de Helmholtz. Comme chacun le sait, l'auteur est particulièrement
bien qualifiée pour traiter le sujet. Une des sessions du Congrès international
de Psychologie en 1892 fut consacrée aux nouvelles théories des sensations
des couleurs. Un soir, les communications qui avaient été lues le matin,
furent discutées en comité privé, par un groupe de savants dont Helmholtz
faisait partie. Il venait de parler avec mépris de l'une de ces communications,
quand quelqu'un lui demanda ce qu'il pensait de la théorie des couleurs de
Mrs. Franklin : « Ah ! » dit Helmholtz, « die versteht die Sache ! »
l'année psychologique, xxv. 1 2 MEMOIRES ORIGINAUX
Soutball, d'avoir décidé de publier, même maintenant (ce qui
eût dû être fait depuis longtemps) une traduction anglaise de
ce beau travail. Plusieurs des faits présentés auront, il est vrai,
été infirmés par des travaux ultérieurs, mais, par ailleurs, on
en trouvera beaucoup qui, par accident, ont été purement et
simplement négligés dans ces dernières années. Le spécialiste
des questions d'optique physiologique, s'il lit cette traduction,
et ne se contente pas de la placer sur les rayons de sa biblio
thèque, y trouvera sa récompense.
I. — LA THÉORIE DE HELMHOLTZ
Helmholtz fut un grand psychologue, aussi bien qu'un grand
mathématicien, un physicien et un grand physiologiste l.
Si son travail était publié maintenant pour la première fois, il
serait certainement intitulé Optique psychologique au lieu à'Op-
tique physiologique. Il contient bien davantage de psychologie
que de physiologie et cette psychologie est en majeure partie
extrêmement profonde et très originale. La psychologie (en
tant que telle, et non à base philosophique) n'avait pas encore
une existence propre quand Helmholtz commença à publier
son livre, et il est à juste titre considéré comme un des premiers
investigateurs dans ce domaine. C'est donc le fait d'un inex
plicable hasard psychologique qu'un aussi grand savant n'ait
pas été frappé de ce fait que, quoique les stimuli indispensables
pour engendrer toutes les couleurs, dans le spectre (et dans la
nature), puissent être obtenus par des combinaisons appropriées
des radiations de trois longueurs d'ondes seulement, les sensa
tions distinctes qui en résultent sont au nombre, non de trois,
mais de cinq, le jaune et le blanc étant des sensations lumineuses
aussi véritables, aussi individualisées que le sont le rouge, le
vert et le bleu 2. Les données dont on doit tenir compte dans
1. Son prédécesseur, auteur d'une théorie sur les sensations de couleur,
Th. Young, fut aussi un homme de tout premier ordre dans une demi- douzaine
de branches différentes.
2. Le noir, comme Helmholtz l'avait parfaitement remarqué, est une sen
sation définie, mais une sensation constante, permanente, de « fond », qui
devient évidente et forme une combinaison mixte avec n'importe quelle cou
leur — et pas seulement arec le blanc — lorsqu'elle est affaiblie. C'est une
sensation de non-lumière, qui appartient à une catégorie totalement diffé
rente de celle des sensations de lumière. J'ai donné une théorie de son rôle
(voir Dictionary of Philosoph]/ and Psychology, II, art. "Vision, p. 767, et
Psychological Review, nov. 1924), LADD FRANKLIN. PROBLEME DES SENSATIONS DE COULEUR 3 CHR.
une théorie des sensations visuelles sont, dans l'ordre de leur
développement phylogénétique, une sensation primitive achro
matique, les blancs bruts, et quatre sensations chromatiques,
tout d'abord le jaune et le bleu (vision des abeilles), puis le
rouge et le vert en surplus (vision normale tétrachromatique).
On peut donc dire que la théorie Young Helmholtz représente
au plus les trois cinquièmes d'une théorie des couleurs : elle
reconnaît l'existence de trois sur cinq des sensations de lu
mière actuelles. Mais, en même temps, elle ne tient aucun
compte de la raison pour laquelle les « chromas » * se développent
simultanément par paires, d'abord le couple jaune et bleu
(quoique le jaune n'existe pas dans cette théorie), ensuite le
couple rouge et vert. (C'est également dans cet ordre, mais
inverse, que la sensation de couleur se perd dans des cas de
maladie oculaire — amblyopie par le tabac, atrophie progres
sive du nerf optique — et qu'elle se rétablit, en cas de guérison).
Les adhérents de cette théorie ont accordé moins d'attention
encore à ce fait extraordinaire (absolument unique dans toute
la série des sensations) que ces mêmes couleurs constituent des
couples de couleurs, exclusives l'une de l'autre, disparaissantes
(disappearing) 2, qu'aucun humain n'a jamais vu un rouge-vert
ou un jaune-bleu, alors qu'il serait fort surpris s'il ne voyait pas,
sur les deux autres côtés du triangle des couleurs, les bleu-
verts ou les rouge-bleus, ou s'il ne trouvait pas dans le dotr.aine
des sensations gustatives, les six combinaisons possibles, grou
pées deux par deux (sucrées-amères, sucrées-acides, etc.).
La théorie est de ce fait en contradiction absolue avec le pre
mier des admirables « axiomes » énoncés par le professeur
G. E. Müller, qu'en corrélation avec chaque sensation distincte,
doit exister un processus physiologique distinct (cortical dans
ce dernier exemple). Admettre (V. Kries) que, sans raison dé
finie, un triple dans la rétine corresponde à un qua
druple processus dans le cortex, ou réciproquement (Donders)
1. J'ai demandé l'introduction de ce nom de « chroma » dans le sens de
couleur propre, « getönte Farbe », depuis 1913, dans le but d'obvier à l'équ
ivoque résultant du fait que l'on emploie le mot « couleur » avec une double
signification, tantôt comportant, et tantôt ne comportant pas, les sensations
achromatiques.
2. Ce terme de « disappearing » appliqué à de tels couples de couleurs, est
très nécessaire afin de laisser au lecteur la liberté d'esprit en face, soit de la
conception de Hering (processus chimiques antagonistes) soit de la mienne,
(processus chimiques constituants). Le terme d' « effacement » (cancellation)
de Troland, n'est pas davantage à employer, à moins que l'on ait définitiv
ement adopté la théorie de Hering. 4 MEMOIRES ORIGINAUX
est admettre un fait mais non le justifier théoriquement. Ce
n'est pas tout le monde qui se soucie d'édifier des hypothèse»
(théories). Beaucoup s'en tiennent au régime des faits. Mais il
est bien connu que des théories tendant à expliquer des com-
plexus naturels peu clairs ne sont pas seulement satisfaisantes
intellectuellement, et qu'elles servent souvent à pousser plus
loin les investigations.
Nos ancêtres pensaient que la couleur rouge se trouvait
dans la rose. Ils n'avaient naturellement aucune idée du fait
— actuellement un lieu commun en science (sauf pour les phys

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