L État face aux contraintes de l industrialisation - article ; n°93 ; vol.24, pg 93-104
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Description

Tiers-Monde - Année 1983 - Volume 24 - Numéro 93 - Pages 93-104
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Jean Masini
L'État face aux contraintes de l'industrialisation
In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°93. pp. 93-104.
Citer ce document / Cite this document :
Masini Jean. L'État face aux contraintes de l'industrialisation. In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°93. pp. 93-104.
doi : 10.3406/tiers.1983.4257
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1983_num_24_93_4257FACE AUX CONTRAINTES L'ÉTAT
DE L'INDUSTRIALISATION
Jean Masini*
Aujourd'hui, de nombreuses voix s'élèvent pour prôner l'avènement
de stratégies de développement fondées sur une voix différente de celles
qu'ont empruntées les pays industrialisés et, à leur suite, ceux des
pays du Sud qui ont plus ou moins avancé leur processus d'industrial
isation. On parle de promouvoir de nouvelles voies d'un « développe
ment autocentré », d'un « développement alternatif », d'un « autre
développement ».
Mais on est bien forcé de constater qu'à part quelques propositions
localement étudiées ou appliquées, et certainement dignes d'intérêt,
l'essentiel des projets d'industrialisation s'oriente vers l'usage de la
technologie moderne, telle que l'utilisent les entreprises des pays du Nord
et notamment les entreprises multinationales.
Par ailleurs, nombreuses sont aussi les voix qui prônent l'élargiss
ement des rapports Sud-Sud dont on a jusqu'à ce jour relativement peu
étudié la réalité.
Face à ces propositions (et compte tenu des faits), que peut être la
marge de manœuvre du décideur d'un pays en développement qui,
contraint à la croissance, doit bien opérer un choix engageant clairement
la marche à suivre sur une voix explicite utilisant, par exemple, un flux
Nord-Sud ou un flux Sud-Sud, ainsi qu'une technologie « moderne »
ou bien une technologie appropriée ?
* * *
La réalité est aussi constituée par la dégradation des termes de
l'échange entre des produits industriels issus du Nord et des produits de
* Directeur exécutif du Programme Nord-Sud de I'iedes.
Revue Tiers Monde, t. XXIV, n° 93, Janvier-Mars 1983 JEAN MASINI 94
base issus du Sud (pétrole excepté), ainsi que par la situation de dépen
dance technologique dans laquelle sont placés les pays du Sud qui uti
lisent la technologie du Nord. L'attention s'est donc tournée, pour
pallier cette dégradation, vers une tentative d'accroissement des rapports
Sud-Sud, venant se substituer progressivement aux rapports Nord-Sud.
Si l'on examine les chiffres des échanges, on peut constater que depuis 1970
une évolution notable de ces courants s'est manifestée :
— leur importance, bien que croissante, reste à la fois limitée et spécia
lisée à un nombre restreint de produits;
— les exportations sont le fait d'un nombre limité de pays (Inde,
Brésil, Argentine et les pays nouvellement industrialisés de l'Asie
du Sud-Est) ;
— d'importants déséquilibres se constatent parmi les différentes régions
du Sud : forte demande des pays pétroliers, faiblesse croissante
des échanges de l'Afrique;
— les firmes multinationales, notamment japonaises, jouent dans ces
échanges un rôle prépondérant.
Ce dernier point mérite que l'on s'y attarde, car il est nécessaire de
bien connaître la réalité des rapports Sud-Sud.
Certaines entreprises multinationales voient en effet leurs activités
d'exportation à partir de filiales de pays du Sud vers d'autres pays du Sud,
encouragées par les maisons-mères dans de nombreux cas où celles-ci y
trouvent avantage :
— non-concurrence avec le réseau initial;
— utilisation des encouragements à l'exportation;
— accroissement de l'échelle de production d'une unité située dans un
marché trop étroit.
L' « habillage Sud » permet ainsi de procéder à des exportations que
les pays du Sud peuvent préférer à celles venant directement d'unités
de production situées dans les pays du Nord.
Il semble cependant que la création d'entreprises à capitaux locaux
comme au Brésil, à Taïwan ou en Corée finissent par concurrencer ces
firmes multinationales traditionnelles; les autorités de ces pays ayant
favorisé la mise en place d'entreprises nationales dégagées de toute
tutelle extérieure et pouvant fonder leur expansion sur un système social
très favorable aux détenteurs de capitaux.
Mais le comportement de ces entreprises vis-à-vis des autres pays du
Sud vers lesquels elles exportent, est-il sensiblement différent de celui
des firmes multinationales d'origine occidentale ? CONTRAINTES DE L INDUSTRIALISATION
II convient, à ce sujet, de s'interroger sur le contenu technologique
des produits exportés, ce qui mène à la constatation qu'il s'agit, géné
ralement, dans l'un et l'autre cas, d'une technologie moderne, intense
en capital, et incluant bon nombre d'innovations1.
LE CONTENU TECHNOLOGIQUE
Le cas dominant restant celui de la technologie intense en capital,
un débat assez vif oppose deux conceptions :
— d'une part, ceux qui, redoutant l'emprise des firmes multinationales
sur la technologie intense en capital, préconisent une autre techno
logie appelée intermédiaire, appropriée, douce, etc. ;
— d'autre part, ceux qui estiment inévitable le recours à la technologie
moderne.
Parmi eux, Arghiri Emmanuel a expliticé sa pensée dans un livre
publié aux Presses Universitaires de France dans la collection de l'Institut
de Recherche sur les Multinationales et intitulé Technologie appropriée
ou technologie sous-développêe ?
Dans cet ouvrage, quelques idées-forces méritent d'être soulignées :
— la notion de dépendance, sauf exception de caractère militaire,
concerne la technologie en ce sens qu'elle en est l'effet et non la cause :
on a la dépendance de son niveau de sous-développpement écono
mique et technologique et non pas le contraire;
— la technologie est une et universelle. L'adapter ou l'approprier à
l'une des cultures du monde sous-développé ne peut que lui ôter
tout ou partie de son efficacité;
— l'accession à la maîtrise humaine de la technologie ne peut s'obtenir
rentablement que dans la mesure où elle est précédée par le transfert
i . Il convient de mettre à part les échanges bénéficiant de produits fabriqués à partir d'une
main-d'œuvre bon marché qui constituent une part non négligeable de flux issus de ces pays.
Il s'y fabrique généralement un stade de la production destiné à venir s'incorporer à une pro
duction finale dans un pays industrialisé, utilisant une technologie simple : assemblage et
montage. Ce flux d'échange a peu historiquement évolué et provoqué dans certains pays
d'Asie du Sud-Est, notamment, l'apparition de firmes nationales spécialisées à l'échelle mond
iale dans la fabrication d'un produit (produit créneau) utilisant alors une technologie
moderne, de plus en plus autonome d'ailleurs, c'est-à-dire non dépendante de brevets ou
de licences payés à un producteur d'un pays du Nord (voir L,a stratégie des investisseurs français
face à la concurrence des pays à bas salaires, Publication Centre Nord-Sud de l'Institut de l'Entre
prise, iedes, Paris , février 1982, p. 10 et sq. 96 JEAN MASINI
de technologie : celle-ci suscite les adaptations et les formations
nécessaires. Le temps qu'H faudrait pour qu'elle en résulte serait
irrévocablement trop long ;
— l'action de l'Etat induit généralement un coût de la production
marginale de la technologie, par un agent économique privé, inférieur
à son coût marginal social. De même son utilité marginale privée est
inférieure à l'utilité marginale sociale, à cause notamment de la
difficulté et de la précarité de la privatisation : il en résulte une
tendance à faciliter l'importation plutôt que la production locale
de technologie.
Le quotient Produit/Travail peut s'améliorer de deux façons :
l'augmentation du produit, la diminution du travail. Diminuer le nombre
de travailleurs par l'installation d'un équipement transfère sur d'autres
classes une partie du produit global ainsi diff

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