L étude expérimentale des hiérarchies sociales - article ; n°2 ; vol.64, pg 483-501
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Description

L'année psychologique - Année 1964 - Volume 64 - Numéro 2 - Pages 483-501
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-P. Poitou
L'étude expérimentale des hiérarchies sociales
In: L'année psychologique. 1964 vol. 64, n°2. pp. 483-501.
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Poitou J.-P. L'étude expérimentale des hiérarchies sociales. In: L'année psychologique. 1964 vol. 64, n°2. pp. 483-501.
doi : 10.3406/psy.1964.27259
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1964_num_64_2_27259L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
DES HIÉRARCHIES SOCIALES
par J.-P. Poitou
Malgré « la prédominance numérique dans notre culture des groupes
hiérarchiques sur les groupes indifférenciés » (Kelley, 1951), les travaux
de psychologie sociale expérimentale sont peu nombreux dans ce
domaine. On s'est davantage intéressé aux processus de différenciation
des individus au sein du groupe qu'aux relations entre des individus
placés dans des positions initialement différentes. C'est sans doute que
les organisations hiérarchiques, fréquemment étudiées par les socio
logues, sont difficiles à reproduire expérimentalement, alors qu'on les
rencontre toutes constituées dans la réalité sociale. Cependant certaines
variables sont quasi impossibles à manipuler dans des organisations
réelles. Ce qui a amené certains auteurs à entreprendre des recherches
expérimentales à la suite d'observations sur le terrain (Back et al., 1950 ;
Thibaut, 1950). Toutefois, ils ne se sont pas toujours avisés que la notion
de hiérarchie, clairement entendue en sociologie, demandait à être plus
élaborée pour permettre une étude expérimentale. Nous proposerons
donc une définition assez large : dans un groupe, une hiérarchie est le
rangement des positions sociales, considérées indépendamment des
individus qui les occupent, selon une relation d'ordre définie sur un
ou plusieurs critères (Linton, p. 113, 1936 ; Homans, p. 34, 1950 ;
Dubin, 1959 ; de Soto, 1960). L'organisation hiérarchique se subdivise
donc en éléments (les positions sociales) placés à différents niveaux
entre lesquels un type de relation sociale au moins (le critère de classi
fication hiérarchique) est défini et orienté selon une direction que l'on
se représente généralement comme verticale. Les positions sociales
peuvent être occupées par des sous-groupes ou un individu.
Les travaux ont porté sur les relations entre les niveaux ou entre
les individus situés à un même niveau. C'est-à-dire principalement sur
les communications dans l'organisation, la cohésion des sous-groupes et
celle de l'ensemble du groupe. Ces phénomènes présenteront des carac
tères particuliers selon la nature du critère de classification hiérarchique :
pouvoir, statut, prestige. D'autant que là encore la signification des
termes n'est pas fixée, mais varie selon les auteurs. 484 REVUES CRITIQUES
Nous n'aborderons pas ici les problèmes d'ordre sociologique relatifs
aux classes sociales, ni à l'autre extrême, ceux relatifs aux relations au
sein d'une dyade ou d'une triade. Certes, l'étude des relations entre deux
ou trois individus peut fournir un cadre conceptuel généralisable aux
groupes plus nombreux, comme le montrent Thibaut et Kelley (1959).
Mais ces relations, en raison sans doute du nombre limité de combi
naisons possibles entre deux ou trois éléments, semblent présenter des
caractères spécifiques. Nous renvoyons sur ce point à une série de tr
avaux qui méritent un examen particulier (Caplow, 1956 et 1959 ; Stryker
et Psathas, 1960 ; Kelley et Arrowood, 1960 ; Vinacke, 1964).
Nous espérons que cette revue, en rassemblant autour de la notion
de hiérarchie des travaux dont certains sont déjà connus à d'autres
titres, éclairera certains aspects des organisations sociales complexes et
certains des problèmes relatifs au statut et au pouvoir.
LE PROBLÈME DES COMMUNICATIONS ASCENDANTES
Dans une expérimentation menée dans une organisation réelle, Back,
Festinger et al., (1950) avaient montré que les communications entre
les différents niveaux de la hiérarchie empruntaient principalement la
direction ascendante, et que la diffusion des informations se faisait de
façons différentes selon le contenu. En particulier, la diffusion de nou
velles défavorables aux membres des niveaux supérieurs était entravée
par ceux-ci. La même année, Thibaut (1950), un des auteurs de la
recherche précédente, publiait une étude sur la cohésion des groupes
défavorisés. Le principe expérimental était le suivant : les sujets, des
enfants d'une dizaine d'années, subissaient d'abord un questionnaire
sociométrique, puis ils étaient répartis en deux groupes de telle sorte
que chaque groupe trouve les destinataires de ses choix pour moitié
en lui-même et pour moitié dans le groupe opposé. Pour créer une
différenciation de statuts entre les deux groupes, on proposait aux
enfants des jeux demandant la collaboration de deux équipes, dont
l'une assure des fonctions nettement moins attirantes que celles attr
ibuées à l'autre. Au cours de la troisième partie de l'expérience, les
groupes défavorisés étaient incités à une action revendicative pour
obtenir le renversement des rôles des équipes. Pour la moitié d'entre
eux, l'expérimentateur faisait droit à cette revendication, tandis qu'il
s'y refusait pour les autres. On distinguait donc des groupes de haut
statut constant (HG), de haut statut déchu (HNC), de bas statut constant
(BC) et de bas statut promu au supérieur (BNG). Le signifie
ici la valeur des activités durablement assignées au groupe par des
autorités compétentes. En ce qui concerne les communications, Thibaut
constate que « le volume brut des communications avec un autre groupe
augmente à mesure que la position du groupe se détériore et diminue
quand la situation du groupe s'améliore ». En effet, pour les BC le
volume brut des communications vers le groupe opposé augmente
constamment, tandis que chez les BNC, après avoir suivi la même •f. HIÉRARCHIES SOCIALES 485 -P. POITOU.
augmentation, il décroît quand la revendication de changement est
satisfaite. Au contraire chez les HC il décroît constamment, et chez
les HNG il augmente un peu quand ils sont déchus de leur position.
En outre, l'analyse du contenu montre que les sujets de bas statut
manifestent peu d'hostilité envers les supérieurs, tant que leur défaveur
dure. Mais les BNC, une fois leur revendication satisfaite, déchargent
violemment leur agressivité envers leurs supérieurs déchus. Il n'y a
pas lieu d'attribuer cette différence dans le volume des communications
à une différence dans le volume d'activité exigé par la tâche. On pourr
ait penser en effet que les sujets de statut inférieur, chargés d'une tâche
moins accaparante, peuvent consacrer plus de temps aux communicat
ions avec l'autre groupe. Cependant pour les groupes de contrôle, qui
occupent alternativement chaque position, on ne constate pas de diff
érence entre le volume de communications émises quand le groupe est
l'équipe active, et le volume de celles il est l'équipe
secondaire. Enfin en ce qui concerne le volume global des messages, les
groupes de contrôle se situent entre les groupes de bas statut et ceux
de statut supérieur. On peut donc attribuer cette variation des commun
ications à la différenciation des statuts. Pour interpréter la prédomi
nance des communications ascendantes, Thibaut recourt à une expli
cation suggérée par Festinger : tandis que les supérieurs évitaient les
relations avec les inférieurs dont ils redoutaient l'hostilité, ceux-ci,
se voyant privés de la possibilité de s'élever dans la hiérarchie, cher
chaient dans les communications avec les supérieurs un substitut à
une promotion sociale réelle. De plus, ils réprimaient l'expression de
leur hostilité, incompatible avec leur réussite imaginaire (fantasy -like
goal-achievement) .
Ces résultats et leur interprétation sont repris par Kelley (1951).
Dans cette expérience, on donne aux sujets une tâche collective exigeant
la collaboration de deux sous-groupes, qui travailleront séparément en
communiquant par écrit. Cependant, à leur insu, les sujets feront en
fait tous la même partie du tra

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