L évolution des types sociaux en Australie - article ; n°9 ; vol.3, pg 47-67
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Description

Annales d'histoire économique et sociale - Année 1931 - Volume 3 - Numéro 9 - Pages 47-67
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Descamps
L'évolution des types sociaux en Australie
In: Annales d'histoire économique et sociale. 3e année, N. 9, 1931. pp. 47-67.
Citer ce document / Cite this document :
Descamps Paul. L'évolution des types sociaux en Australie. In: Annales d'histoire économique et sociale. 3e année, N. 9, 1931.
pp. 47-67.
doi : 10.3406/ahess.1931.1299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1931_num_3_9_1299DES TYPES SOCIAUX EN AUSTRALIE L'ÉVOLUTION
Si l'on examine l'expansion de l'Empire britannique dans son
ensemble, on constate, ainsi que l'a montré Mr A. Demangeon1,
qu'elle a eu un caractère commercial avant de devenir une coloni
sation agricole. Mais si l'on envisage à part la colonisation de l'Aus
tralie, on voit que les événements se sont succédés d'une façon un
peu différente. La raison en est que ce continent n'offrait pas de pos
sibilités immédiates de trafic comme les Indes orientales et occident
ales. Les côtes sont peu hospitalières en beaucoup d'endroits, les
déserts et les steppes pauvres couvrent de larges espaces et les indi
gènes vivaient misérablement des productions spontanées d'une
nature souvent médiocre. Sans doute, il y avait dans les mers aus
trales de nombreuses otaries et des baleines qui auraient pu tenter les
pêcheurs, mais l'Australie était, si l'on peut dire, victime de son éloi-
gnement. Pourquoi aller chercher si loin des huiles et des graisses
tant qu'on pouvait les avoir en abondance dans les mers boréales plus
proches ?
La colonisation de l'Australie vint simplement se greffer sur celle
de l'Amérique. En effet, la fondation des États-Unis, en 1783, avait
fait concevoir au gouvernement britannique l'idée de détourner le
courant d'émigration, qui continuait vers ce pays, afin de le diriger
sur des terres où il ne serait pas perdu pour la Grande-Bretagne. Dans
son premier voyage, l'illustre navigateur Cook, ayant reconnu toute
la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, en 1770, avait signalé à
l'attention du public anglais l'existence de la superbe rade de Botany
Bay et la possibilité d'y fonder une colonie de peuplement. Mais les
emigrants furent peu séduits par ces contrées éloignées où l'on n'ar
rivait qu'après une traversée hasardeuse de huit mois et où tout était
à créer.
Le gouvernement de Sa Majesté prit donc la chose en main et
décida d'installer un pénitencier avec une garnison, afin de former
un noyau susceptible de fournir les premiers éléments d'activité. Ce
plan fut aussitôt exécuté et, en 1788, le gouverneur Phillip s'installait
à Sydney. La garnison comprenait environ 350 hommes pour un nombre
double de convicts. Les colons libres n'étaient guère que quatre-vingts
au début, et c'étaient de bien médiocres cultivateurs, sans capitaux,
et presque sans connaissances techniques ; ils n'avaient à leur dispo
sition d'autres outils que des bêches, des houes et des faux. Pendant
1. A. Demangeon, L'Empire britannique, Paris, A. Colin, 1922. ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE 48
plusieurs années, on aurait cherché en vain dans toute la colonie une
charrue et un animal de trait. En 1794, on enregistre comme un fait
notable l'arrivée de cinq familles de free settlers qui furent installées
à Parramatta et, deux ans plus tard, à Hawkesbury, où le sol était
meilleur *.
Il serait exagéré de dire que la colonisation de cette partie de
l'Australie qui fut appelée New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud),
ait été entreprise en suivant un plan méthodiquement conçu, ou même
d'après des vues cohérentes ! Les gouverneurs se succèdent rapid
ement ; chacun suit une politique différente ; une même catégorie
sociale se trouve tour à tour favorisée et tracassée ; c'est merveille si
dans ces conditions quelques progrès peuvent être constatés.
Les divers gouverneurs ne se ressemblent que par un point : ils
jouissent d'un pouvoir pour ainsi dire absolu. Jusqu'en 1824, la colo
nie est, en effet, administrée par un gouvernement du type militaire,
comme Gibraltar, avec cette aggravation qu'on est beaucoup plus
loin de la métropole. Les premiers gouverneurs furent pris parmi les
officiers de la marine, parce que l'occupation effective se réduisait en
somme à un port de mer et à son arrière-pays. Le premier, le capitaine
Phillip, sortait de l'École de Greenwich et était fils d'un Allemand qui
donnait des leçons à Londres et d'une Anglaise, veuve d'un officier
de marine ; il se montra très dévoué à la colonie, partageant la farine
dont il disposait avec la population dans une période de disette.
Malade, il se retira en 1792 et, après l'intérim du major Groose, fut
remplacé en 1795 par un Écossais, de Leith, le capitaine Hunter, de
a marine marchande. C'est à son action que l'on doit la récolte de
certains produits indigènes : lin, indigo, tan. Très dévoué également
à la colonie, c'est découragé par son développement trop lent qu'il
se retira. Vinrent alors successivement deux marins de Cornouailles.
Le premier, King (1800-1806), entra en lutte contre les officiers qui
jouissaient de faveurs qu'il estimait abusives. Le second, Bligh
(1807-1808), soutint un conflit acharné avec le colon le plus eminent
de l'époque, comme nous allons le voir2.
Les gouverneurs qui suivirent furent, au contraire, tirés de l'a
rmée, et il faut y voir l'indication d'une prise de possession plus pro
fonde des terres : des explorations sont tentées vers l'intérieur et des
colons vont chaque fois s'installer sur les sols propices qui leur sont
signalés. C'est ainsi que les Montagnes Bleues sont franchies en 1813
près de Bathurst, et qu'en 1818 la Dividing Range est traversée en un
autre point aux magnifiques pâturages des Liverpool Blains. Les
1. G.-W. Rusden, History oj Australia, London, Chapman and Hall, 1883, t. I,
p. 207, 213.
2. Ida Lee, The Coming oj the British to Australia, 1788-1829, London, Longmans,
Green and Co: 1906, p. 55-65. SOCIAUX EN AUSTRALIE 49 TYPES
officiers terriens appelés à administrer le pays furent Macquarie
(1810-1821) et Sir John Brisbane (1821-1825). Le premier, fils d'un
chef de clan écossais, avait servi en Amérique, dans les Indes et en
Egypte ; poursuivant une politique de régénération des convicts
par le travail, il favorisa les colons capitalistes qui les employaient
au détriment des officiers et des marchands qui les exploitaient. Il
se révéla aussi, pour occuper les convicts, un constructeur entrepre
nant, traçant des rues régulières à Sydney et élevant des bâtiments.
Quant à Brisbane, c'était un Écossais d'un autre type : originaire de
l'Ayr, gradué d'Edimbourg, intellectuel pur à qui l'on doit la créa
tion du premier observatoire privé à Parramatta en 1822, mais qui
laissa décliner la colonie pendant qu'il observait les astres *.
Le rôle joué par les gouverneurs à cette époque était très grand.
On parle de Pétatisme dans l'Australie actuelle, mais que dire de
celui des premiers temps ? L'État importait du bétail, distribuait
des chèvres et des brebis aux colons, leur prêtait des vaches, leur
donnait des outils, mettait à leur disposition le travail des convicts
à titre gratuit, accordait des monopoles privés comme nous le verrons.
Il était en même temps industriel : en 1794, il fait venir des pompes
à feu et des mécaniciens spécialistes et commence l'exploitation en
régie des mines de houille à Newcastle, qu'il continua jusqu'en 1825 ;
en 1804, il importe deux métiers à tisser la laine et se met à fabriquer
du drap à Parramatta.
Les pouvoirs publics furent aussi les premiers fabricants de sel et
les premiers importateurs de denrées (notamment du bœuf salé jus
qu'en 1812). Le Gouvernement fixait les prix des marchandises et le
taux des salaires ; en 1801, on le voit même réglementer la fabrication
du pain. Enfin, jusqu'en 1817, l'État fut le seul banquier2. Cet éta-
tisme toutefois n'était pas le résultat d'une théorie préconçue, mais le
produit des circonstances : qualité médiocre des premiers immigrants,
présence des convicts, éloignement de la mère-patrie. Il

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