L Évolution du bouddhisme. - article ; n°1 ; vol.3, pg 398-426
30 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Évolution du bouddhisme. - article ; n°1 ; vol.3, pg 398-426

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
30 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1892 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 398-426
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Julien Vinson
L'Évolution du bouddhisme.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 3, 1892. pp. 398-426.
Citer ce document / Cite this document :
Vinson Julien. L'Évolution du bouddhisme. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 3, 1892. pp. 398-
426.
doi : 10.3406/bmsap.1892.3510
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1892_num_3_1_3510398 DIXIÈME CONFÉRENCE TRANSFORMISTE.
L'évolution du Bouddhisme s
PAR M. JULIEN VINSON.
Mesdames et Messieurs,
Dans une des plus grandes villes de l'Inde, lors des fêtes
annuelles où se pressait une foule considérable venue de
toutes les régions environnantes, quatre aveugles se rencon
trèrent un jour. Rapprochés par leur communauté d'infor
tune, ils se racontaient leurs plaisirs et leurs chagrins. Ils se
trouvèrent d'accord sur un desideratum : aucun d'eux n'avait
pu se rendre compte encore de ce qu'était un éléphant. Un
grand seigneur, que le hasard avait mis à même d'entendre
leur conversation, eut pitié d'eux ; il appela le gardien de
ses éléphants, lui dit de conduire les quatre étrangers au
près d'un des animaux confiés à ses soins, et lui recom
manda de les laisser toucher et examiner l'animal à loisir.
Ainsi fut fait, et les aveugles se retirèrent enchantés, com
blant de bénédictions le cornac obligeant et son charitable
maître. Puis ils échangèrent leurs impressions. L'un d'eux,
qui avait touché la jambe de l'éléphant, déclara qu'un él
éphant était fait comme un mortier ; mais un autre l'inte
rrompit vivement : « Vous voulez dire comme un pilon ! »
affirma celui-ci qui avait longuement palpé la trompe de
l'animal. Avant que le premier eut pu répliquer, le troisième-
qui avait tenu entre ses mains une des oreilles du monstre,
s'écria à son tour : « Vous avez bien mal vu, mes frères ; un
éléphant est fait tout simplement comme l'instrument dont
on se sert pour vannerie riz 1 » Sur quoi, le quatrième aveugle
prenant vivement la parole, accusa ses amis de maladresse,
car, pour lui, qui n'avait pu saisir que la queue du colosse, un
éléphant ne donnait l'idée que d'un gigantesque balai. Une
violente querelle éclata aussitôt entre les quatre infortunés,
et les personnes présentes eurent beaucoup de peine à les
apaiser, à les réconcilier et à les mettre à même de se rendre
compte de leur erreur. SON. — L'ÉVOLUTION DU BOUDDHISME. 399 VIN
Cette vieille fable indienne m'est revenue à la mémoire,
Mesdames et Messieurs, quand, pour préparer cette confé
rence, j'ai voulu lire quelques-uns des travaux qui ont été
publiés, en Europe, depuis quelques années, sur le Boud
dhisme, tl semble que la plupart des écrivains n'aient eu en
vue chacun qu'une partie restreinte de cette vaste synthèse et
dédaignant tout le reste, n'aient jugé la doctrine tout entière
que sur cet aperçu imparfait et d'après ses tendances per
sonnelles ou ses. idées préconçues, Pour l'un, le Bouddhisme
est la religion la plus simple du monde ; pour l'autre, c'est,
au contraire, la plus compliquée et la plus spiritualiste ; pour
un troisième, c'est la plus facile et la plus sage, c'est le vrai
culte digne des penseurs modernes ; pour celui-ci, c'est une
série de spéculations puériles et insignifiantes ; pour celui-là,
c'est un matérialisme désolant. Toutes ces appréciations sont
à la fois inexactes et fondées ; fondées, parce qu'elles dérivent
d'une observation vraie de faits partiels, et inexactes, parce
qu'elles confondent le détail avec l'ensemble. Le Bouddhisme
est, en effet, la religion qui a le plus vécu, celle dont le déve
loppement a été le plus étendu, celle dont les doctrines ont
évolué, pendant près de cinq siècles, de la façon la plus
absolue, si j'ose m'exprimer ainsi. On ne peut comprendre le
Bouddhisme qu'en étudiant son histoire.
Il faut tout d'abord partir de ce fait incontestable, que le est essentiellement une religion indienne. Son
fondateur, ses premier? adeptes, ne prétendaient point établir
un culte nouveau, Ils ne voulaient même pas réformer les
vieilles doctrines. Ils se préoccupaient uniquement de trouver
la méthode la meilleure pour atteindre le but normal de la
vie. L'expérience leur avait appris l'inutilité des mortificat
ions, des prières et des sacrifices ; l'observation leur montra
l'égalité naturelle des hommes et les vices de l'organisation
sociale. Il leur sembla que la vie ordinaire était incompatible
avec la connaissance de la vérité ; ils se dirent que la vérilé
était accessible seulement^ ceux qui, dégagés des préoccu
pations quotidiennes de l'existence, pouvaient s'absorber dans 400 DIXIÈME CONFÉRENCE TRANSFORMISTE.
la méditation subjective. Le but de la vie, la vérité, lu voie
du salut, fut uniquement à leurs yeux le moyen d'échapper
à la renaissance.
Depuis l'époque lointaine où les pasteurs qui chantaient
les hymnes du Rgvêda, étaient descendus dans les plaines de
l'Indus ; depuis les jours heureux où, installés enfin dans la
région fertile des cinq fleuves (Pandjâb), ils s'avançaient peu
à peu vers la Narmadâ et la Krcknâ, le culte brahmanique
s'était rapidement développé avec son immense appareil de
rites sacrés et d'observances variées suivant les diverses
classes de la société. En même temps, par une conséquence
naturelle, les spéculations philosophiques étaient devenues
l'unique occupation des prêtres, des brames, des premiers du
peuple, auxquels était exclusivement réservé le droit de pens
er, de raisonner et d'instruire. De bonne heure aussi, sous l'i
nfluence d'une nature toujours épanouie dans la splendeur de
son incomparable majesté ; sous le pur éclat d'un soleil tou
jours radieux et superbe; au milieu d'une vie facile où les
désirs, peu nombreux, sont toujours aisément satisfaits, les
philosophes indiens avaient compris qu'il n'y a rien de réel
au-delà du monde physique et que tout peut et doit être dis
cuté. Admettant pour unique et nécessaire postulátům leur
propre existence, ils observèrent trois sortes de phénomènes :
la double série d'actes matériels et sensoriels qui constituent
la vie et qu'on peut résumer par ces deux mots : l'âme et le
corps ; les transformations incessantes et successives de la
matière immanente et, par suite, son éternité ; l'identité du
fonctionnement de la pensée chez tous les hommes. De là
naquit leur théorie de l'âme universelle, paramâtmâ, répandue
dans la matière universelle,
Mens agitât molem et magno se corpore miscet,
et des âmes individuelles, djîvâtmâ, manifestations accident
elles de l'âme universelle dans une localisation particulière,
sous une forme limitée, de la matière universelle. D'autre
part, puisque la vie, pour tous les êtres, n'est, dans le cas le — l'évolution du bouddhisme. 401 vínson.
plus favorable, qu'une suite de bonheurs imparfails et d'as
pirations inassouvies, ils se dirent que la vie, résultat de ces
manifestations partielles de l'âme générale, est un mal qu'il
faut songer avant tout à détruire; que l'existence individuelle
et égoïste, par les besoins et les devoirs qu'elle crée, est
éminemment fâcheuse ; que d'ailleurs, ces besoins et ces
devoirs tendent à la perpétuation de l'égoïsme et de l'indivi
dualité ; et ils conçurent leur doctrine de la transmigration
des âmes, de la renaissance sous des formes plus ou moins
agréables selon les mérites ou les démérites de chacune des
vies passées, jusqu'au jour où tout égoïsme se trouvant dé
truit, l'âme individuelle n'a plus conscience de son isolement
et se confond, dès lors, avec l'âme universelle. Cette concept
ion, commune aux diverses écoles philosophiques de l'Inde,
est le fond môme de toutes les religions indiennes; elle a
surtout été développée da

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents