L Evolution du costume (17e conférence transformiste) - article ; n°1 ; vol.1, pg 329-344
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Evolution du costume (17e conférence transformiste) - article ; n°1 ; vol.1, pg 329-344

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1900 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 329-344
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1900
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Félix Regnault
L'Evolution du costume (17e conférence transformiste)
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 1, 1900. pp. 329-344.
Citer ce document / Cite this document :
Regnault Félix. L'Evolution du costume (17e conférence transformiste). In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V°
Série, tome 1, 1900. pp. 329-344.
doi : 10.3406/bmsap.1900.5908
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1900_num_1_1_5908728e SÉANCE. — 3 Juillet 1900.
Présidence de M. Yves Guyot.
17e CONFÉRENCE ANNUELLE TRANSFORMISTE.
L'ÉVOLUTION DU COSTUME.
Par le Dr Félix Regnault.
De nombreux livres traitent du costume, mais toujours à un point de
vue purement descriptif; ce sont des suites de tableaux relatant les divers
costumes suivant les époques et suivant les pays, sans en rechercher le
pourquoi, la cause.
Toute science commence par être descriptive; elle classe ensuite les
objets soumis à son examen, et cette classification, d'abord empirique
puis de plus en plus scientifique, révèle les causes et fournit des idées
générales.
La science du costume n'a guère dépassé la première période. Quelques
auteurs pourtant en ont esquissé les lois. « La mode, disait déjà Viollet-le-
Duc l en 1872, est le reflet des mœurs. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on
parle des caprices de la mode. Rien cependant n'est moins capricieux.
Car une mode est toujours la conséquence très logique d'un usage anté
rieur et, si bizarres ou étranges que paraissent ses expressions, en obser
vant un peu, on en trouve toujours les raisons ».
11 y aurait là une véritable physiologie du costume.
Et cet auteur a montré à diverses reprises comment les goûts, les ten
dances et les mœurs d'une époque influent sur le vêtement. La mode s'est
modifiée aussi suivant les relations avec les peuples voisins : à la fin du
xv9 siècle, les campagnes d'Italie amenèrent un changement brusque dans
la mode masculine.
Quant aux ethnologues, ils n'ont étudié le costume qu'au point de vue
de son origine. Herbert Spencer notamment, avec son esprit systémat
ique, admet que le costume dérive toujours de l'insigne.
Il convient d'élargir ce cadre et d'étudier le costume au triple point de
vue de son origine, de son évolution, et de son avenir lorsqu'il deviendra
raisonnable.
ORIGINE DU COSTUME.
L'origine du costume est complexe. Tantôt il répond à un besoin,
d'autrefois il dérive de l'ornement, il peut enfin provenir de la pudeur.
Examinons successivement ces trois causes.
1 Viollot-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienn
à la Renaissance, article coiffure. 330 3 juillet 1900
1) Le costume répond à un besoin. — Les hommes primitifs sont nus e^
ont horreur du vêtement. Le froid seul les force à se vêtir, ils prennent
alors une peau de bête pour se protéger du vent. (Australiens, Fuégiens?
Botocudos). Dans leurs huttes, les Eskimos se dépouillent de leurs habits
et se serrent complètement nus les uns contre les autres l.
Dans les pays chauds, le vêtement devient inutile, il est alors regardé
comme un déshonneur, la nudité seule est noble (Cochimis de Californie,
Andamans d'Asie, Bushmen de l'Afrique du Sud, etc.). Les Denkas du
Haut-Nil appelaient ironiquement Schweinfurth la femme turque. Pour
faire honneur aux blancs, les Guarayos du Pérou revêtent une chemise
quand ils vont dans les villes ; autrement leur religion défend de se
vêtir.
2) L'ornement préexiste au costume et ce dernier en dérive. — Dans les
pays chauds, l'ornement est d'ordinaire le seul costume des sauvages. Us
ont des colliers de fruits, d'insectes ou de dents d'animaux, des anneaux,
les bijoux les plus divers, et leurs femmes se présentent aux blancs, comme
la reine des Balonda se montra à Livingstone, vêtue seulement de col
liers. Us mêlent à leur chevelure des plumes, des os de poisson, des dents
d'animaux, etc. (Australie), ou encore les arrangent en casque (Nou
velle-Guinée) en bonnet, de grenadier (îles de l'Amirauté) ou en vaste
champignon (îles Viti) sans se soucier d'autre costume.
Mais il convient de se demander d'où provient l'ornement1?
Il a des origines multiples.
a) Le goût artistique. — On a voulu le nier chez le sauvage, alors qu'on
l'admet chez certains animaux comme ces oiseaux républicains qui prennent
plaisir à orner le nid commun.
Pourtant ce goût se révèle par l'habileté avec laquelle le sauvage le plus
arriéré sait harmoniser des couleurs vives. Qu'il fasse des colliers avec
des élytres de coléoptères, des plumes, des becs d'oiseaux, des coquilles
ou des graines (Indiens de l'Amazone, Jivaros...) il ne rapprochera jamais
des couleurs disparates.
b) L'ornement provient du trophée que portent pour se faire craindre et
admirer le chasseur et le guerrier. Os, crâne, cheveux, peau, dépouilles
d'animaux ou d'hommes témoignent de l'habileté et de la vaillance du
possesseur.
Les instruments de chasse, de pèche ou de guerre servent eux-mêmes
de trophées. L'hameçon, d'abord porté comme marque distinctive par
le pêcheur, est ensuite fabriqué avec une matière précieuse comme la
nacre; puis il se transforme graduellement au point de devenir un orne
ment méconnaissable pour quiconque le verrait à cette dernière période
(Nouvelle-Guinée).
1 Certaines pièces du vêtement peuvent avoir une origine utilitaire autre que celle
de protéger contre le froid. Ainsi les sauvages portent un ceinturon pour y attacher
des outils et des armes, REGNAUTT. — l/ÉVOLUTlON DU COSTUME 331 FÉLIX
Le trophée devenu ornement finit par constituer un insigne qui distin
gue les tribus, les classes, le roi, les dieux même1.
Les bijoux et le vêtement n'ont souvent été au début qu'un trophée,
telle la peau d'animal témoignant d'une heureuse chasse, qu'on met quand
le temps est beau, mais qu'on ôte s'il pleut, de peur de l'abîmer (Africains
de Speke). Tel cet ornement en forme de chemise réservé au chef seul et
pour les occasions solennelles (Schilluks d'après Heuglin 2.
Chez plusieurs peuples sauvages le vêtement n'est qu'un luxe réservé
aux hommes. Eux seuls se ceignent les reins d'une peau de chacal (pays
des Balonda, Afrique) ou portent une étroite bandelette (île de la Trinité
en 1498). Ils se ceignent d'un tablier de cuir, alors que les femmes n'ont
qu'une simple feuille (Nègres d'Obbo, lac Albert Nyanza) ou de larges piè
ces d'étoffe en abandonnant le pagne aux femmes (Nègres Agni, de Gui
née).
c) L'ornement provient de reliques et constitue les amulettes. — Le port de
l'amulette préserve du mauvais sort, celui du talisman procure des vertus
merveilleuses. Dents, cheveux, peau sont enlevés aux bêtes féroces et aux
guerriers ennemis ; on ne respecte pas les cadavres des prêtres, des sor
ciers et des chefs de la tribu : car tous ces débris transfèrent à l'heureux
possesseur les propriétés du tout dont ils faisaient partie. A défaut de ces
reliques, on fabriqua des images qui les rappelaient et la seule ressem
blance leur conférait les mêmes propriétés.
3) La pudeur 3 contribue à l'éclosion du vêtement. Sans doute la parure
et la coquetterie précèdent le sentiment de pudeur, celle-ci n'est pas pri
mitive; elle n'est pas l'origine première et unique du vêtement, comme le
veut la Bible; non seulement les sauvages, amateurs d'ornements, mont
rent leurs parties génitales (île Formose), mais encore ils pratiquent pu
bliquement les rapports sexuels (Taïti, aturefois les Caucasiens, d'après
Hérodote, etc.)
S'ils revêtent leurs parties génitales, c'est simplement pour les orner
et attirer sur elles l'attention. Ainsi ils y placent un coquillage souvent
gravé avec goût et dont la blancheur éblouissante ressort sur la noirceur
de la peau (îles de l'Amirauté) ou encore ils y portent un anneau en corne
(Tankhul Nagas de l'Inde) ou même un étui pénien aux dimensions démes
urées (Nouvelle-Calédonie).
Mais il est exagéré de soutenir que la pudeur soit toujours consécutive
au vêtement, et que seule l'habitude de cacher une partie de son corps

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents