L idée de fédération slave dans les sociétés secrètes et écrits politiques du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.55, pg 163-184
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L'idée de fédération slave dans les sociétés secrètes et écrits politiques du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.55, pg 163-184

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Description

Revue des études slaves - Année 1983 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 163-184
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Denise Eeckaute
L'idée de fédération slave dans les sociétés secrètes et écrits
politiques du XIXe siècle
In: Revue des études slaves, Tome 55, fascicule 1, 1983. Communications de la délégation française au IXe
Congrès international des slavistes (Kiev, 7-14 septembre 1983). pp. 163-184.
Citer ce document / Cite this document :
Eeckaute Denise. L'idée de fédération slave dans les sociétés secrètes et écrits politiques du XIXe siècle. In: Revue des études
slaves, Tome 55, fascicule 1, 1983. Communications de la délégation française au IXe Congrès international des slavistes
(Kiev, 7-14 septembre 1983). pp. 163-184.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1983_num_55_1_5313L'IDEE DE FEDERATION SLAVE
DANS LES SOCIETES SECRÈTES ET ECRITS POLITIQUES
DU XIXe SIÈCLE
PAR
DENISE EECKAUTE
L'idée de fédération slave a vraiment pris corps au XIXe siècle ; elle est parente
du réveil des nationalités (lui-même issu des principes de 1789 : droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes) ; elle a donné naissance plus tard, en Russie, à des mou
vements d'idées : slavophile et panslaviste dont se sont effrayées les chancelleries
d'Europe ; hors de Russie, elle a marqué le réveil de tous ces petits peuples écrasés,
qui sous la botte allemande et hongroise, qui sous l'escarpin italien, qui sous la
férule turque, et aiguisé leur volonté de reconquérir leur liberté en unissant leurs
forces ; en Pologne (écartelée entre ses trois voisins 1772-1795 ; puis rattachée, bien
qu'amputée à l'ouest et au sud, à la Russie depuis 1815), si elle a donné quelque
impulsion aux tendances séparatistes, elle a plutôt été l'occasion de réflexions sur
les possibilités de repartage du monde slave.
Il faut bien reconnaître, par ailleurs, que nul autre peuple que les Slaves n'a
maintenu sur d'aussi longs siècles ses traits communs de langue, de mœurs, de
mentalité, et ses traditions. La communauté slave, en dépit des fluctuations de
l'histoire, des distances géographiques, et des pressions extérieures politiques et
religieuses, a subsisté dans ses grandes lignes, rendant possible un sentiment de
fraternité que l'on désignera sous le vocable de vzaimnosť si difficile à traduire,
où s'entremêlent les sens de réciprocité, d'entraide mutuelle, d'échange et de
liaison.
I
Ľ est donc des plus normal que cette idée de fédération ait été le thème de
travail de nombreuses sociétés secrètes, ainsi que l'objet d'études des théoriciens
et penseurs politiques dans les limites de la communauté slave.
E est tout aussi naturel de la rencontrer à la fois dans le cadre du seul État slave
indépendant au seuil du XIXe siècle, par la suite le plus important et le plus puis
sant, la Russie, comme dans celui des nationalités slaves plus réduites, englobées
dans d'autres États où elles constituent des minorités dominées et sous joug étranger
(autrichien, puis austro-hongrois à partir de 1867, ou turc).
Rev. Etud. slaves, Paris, LV/l, 1983, p. 163-184. 164 D. EECKAUTE
Aussi retrouve-t-on, à cette occasion, les noms des principaux écrivains poli
tiques : les décabristes, les populistes dont Herzen, Ogarëv, et Černyševskij, les
slavophileset panslavistes tels Xomjakov, I. Aksakov, Pogodin, Samarin, Kireev, etc.,
enfin les anarchistes Bakunin et Kropotkin à côté des socialistes et libéraux
ukrainiens : Kostomarov, Dragomanov pour la Russie.
Si la pensée décabriste est connue d'après les notes et mémoires rédigés en faveur
de leurs réunions secrètes et versés à leurs dossiers au cours de leur procès, Herzen1
s'est exprimé à ce sujet surtout dans son journal Kolokol et dans sa correspondance
avec Ogarëv. La plupart des autres se sont fait connaître par leurs articles dans les
journaux, tels Pogodin écrivant dans Russkij2 et dans MoskovsMe vedomosti, ou
par leurs journaux personnels et mémoires, tels I. Aksakov, Kireev3..., que je n'ai
malheureusement pu consulter. Trois d'entre eux ont fait vraiment œuvre de théori
ciens : Dragomanov4 dans divers travaux rassemblés dans le recueil de ses œuvres
politiques ; Bakunin5 par son Appel aux Slaves (1849), la Cause du Peuple (1863)
et le Plan de fédération internationale (1864), l'Empire knouto-germanique
et la Révolution socialiste (1871), Êtatisme et anarchie (1871-1873), enfin le
prince Kropotkin avec les Paroles d'un révolté (1879-1882), la Conquête du pain
(1891), l'Entraide (1906), la Science moderne et l'Anarchie (1913), l'Éthique
(1922).
Les Slaves de l'Ouest sont représentés avant tout par les Tchèques parmi lesquels
des savants de grand renom, comme Palacký et Šafařík, Rieger, dont l'activité est
marquée par des interventions, des déclarations officielles, des discours, et des
articles dans les journaux, outre cet écrit la Cause du peuple tchèque en Bohême
et Moravie de Palacký en 1872. Les Slovaques, bien que moins célèbres, ne furent
pas en reste avec Štúr et son activité journalistique dans les Nouvelles de Slovaquie
et son livre le Slavisme et le Monde de l'avenir (1 867)6 , avec la pétition et le mémo
etc.7 : Pétition de la nation slovaque, proclamation du randum de Hodža, Hurban,
1. Guy Ladreit de la Charrière, l'Idée fédérale en Russie de Rurik à Staline, Paris, 1945 ;
A. N. Tixomirov , Избранные статьи A. И. Герцена 1859 (Choix d'articles de Herzen), Genève,
1887 ; A. Jaščenko, Опыт синтетической теории права и государства (Essai d'une théorie de
synthèse du droit de l'État), Jur'ev, 1912 ; Raoul Labry, A Herzen, Paris, 1928. Cf. aussi l'ar
ticle de Tsijno Zyama sur l'idée de fédération slave chez Herzen (Japanese-Slavic studies, 1961,
4, p. 16-22). Dès 1833, Herzen commence à s'intéresser à cette idée, ainsi que dans les années
suivantes jusqu'en 1850 ; il est hostile à toute centralisation niveleuse et soutient le droit à
l'autonomie même pour la Sibérie (lettres à Ogarèv autour de 1848 ; lettres à Mazzini, 20 no
vembre 1 848 et 1er juin 1 849) ; il y revient au moment de la guerre de Crimée, et surtout après
la mort de Nicolas 1er (1859-1862), mettant quelque espoir en Alexandre II, plus réticent, plus
sceptique après 1863, et en 1867, lors du Congrès de Moscou. A. Herzen, полное собрание
сочинений (Œuvres complètes), t. XIX, L., 1924, p. 2, 227-230, 299, 312, 337, 352-357,
384, etc.
2. Dans Русский (le Russe), en mai 1867 (n° 13, p. 34), M. P. Pogodin expose la mission
de la Russie protectrice de ses frères « de race, de foi, de langue », « une obligation ». « Les
Allemands ont bien fait leur unité. Pourquoi les Slaves ne constitueraient-ils pas une semblable
union ? » Cf. M.P. Pogodin, Мои воспоминания (Mes souvenirs), SPb., 1908, jusqu'en 1881.
3. И. О.Аксаков в его переписке (Aksakov dans sa correspondance), t. IV, SPb., 1896 ;
Дневник А. К. Киреева (le Journal de Kireev), 1850-1869, dont je n'ai pu avoir consultation
au département des manuscrits de la Bibliothèque Lenin.
4. M. Dragomanov, Собрание политических сочинений (Recueil d'oeuvres politiques),
Paris, 1906 ; I.L. Rudny tsky, « Mykhailo Drahomanov and the problem of Ukrainien -Jewish
relations », Canadian Slavonic papers, 1969, 2, p. 182-198.
5. Bakounine, combats et débats, Paris, LE. S., 1979.
6. L. Štúr, Славянство и мир будущего (le Slavisme et le Monde de l'avenir), SPb.,
1867. « La seule solution pour les Slaves est de s'unir à la Russie », p. 140-159 ; cf. « Смесь »
(Mélange), Русская беседа (Conversation russe) : « Жизнь Штура » (la Vie de Štúr), p. 51-66.
7. Karol Rebro, The road to fédération , Bratislava, 1962, p. 64-76. L'IDÉE DE FÉDÉRATION SLAVE 165
сопѕеп national slovaque, mémorandum d'un député slovaque à François-Joseph
à Olmiitz de 1848 à 1849 auxquels prirent part Hodža, Štúr, et Hurban,etjWewo-
randum du Comité slovaque à l'honorable Parlement de Hongrie par St. M. Daxner,
signé de J.M. Hurban, St. Moyzes, K. Kuzmany, etc., en 1861.
Parmi les Polonais, on compte plus d'hommes d'action et de membres de sociétés
secrètes (Zamoyski, Dombrowski, etc.) que de théoriciens politiques1 en dépit du
Mémoire sur la nécessité de rétablir la Pol

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