L illusion de fausse reconnaissance - compte-rendu ; n°1 ; vol.5, pg 729-742
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L'illusion de fausse reconnaissance - compte-rendu ; n°1 ; vol.5, pg 729-742

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Description

L'année psychologique - Année 1898 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 729-742
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1898
Nombre de lectures 49
Langue Français

Extrait

Alfred Binet
L'illusion de fausse reconnaissance
In: L'année psychologique. 1898 vol. 5. pp. 729-742.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. L'illusion de fausse reconnaissance. In: L'année psychologique. 1898 vol. 5. pp. 729-742.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1898_num_5_1_3104IX
SOMMEIL, RÊVES ET CAS PATHOLOGIQUES
E. BERNARD - LEROY . — L'illusion de fausse reconnaissance.
Paris, Alcan, 1898, 250 p.
Il existe un certain nombre de phénomènes psychologiques anor
maux qui ont récemment attiré l'attention des observateurs; on publie
à leur sujet d'abord des observations isolées, puis un jour paraît
un traité complet. C'est ce qui est arrivé pour l'audition colorée;
c'est maintenant le tour de l'illusion de fausse reconnaissance1. Le
livre de Bernard-Leroy, l'ait avec les résultats d'une enquête par
questionnaire, résume tout ce que nous savons de la question et y
ajoute quelques traits nouveaux. Le plus bel éloge qu'on puisse
adresser à ce livre est qu'il est un des bien rares ouvrages de psycho-
logie expérimentale qui aient paru en France pendant l'année 1898.
11 se divise en deux parties : la première est une analyse de l'illusion
et la seconde est la collection de toutes les observations publiées
jusqu'à ce jour. Nous trouvons utile de reproduire ici un bon nombre
de ces observations.
Observation de Wigan (18i4). — « Le cas le plus intense de cette
illusion que j'aie observé sur moi-même, survint à l'occasion des
funérailles de la princesse Charlotte 2. Les circonstances qui accom
pagnèrent cet événement constitueraient à tous les points de vue
une curiosité physiologique des plus extraordinaires, un exemple
instructif d'impressions morales envahissant une nation entière et
se montrant sans crainte ni dissimulation. Il n'y a peut-être pas
dans l'histoire d'exemple d'une sympathie aussi intense et aussi
universelle Personne, parmi les gens âgés de moins de trente-
(1) Je signale en passant un phénomène anormal qui est, je crois, tout
aussi fréquent que les précédents : c'est le verlif/e de direction. J'en ai
publié quelques exemples. Ce pourrait être l'objet d'une
intéressante monographie.
(2) II s'agit de Charlotte d'Angleterre, princesse de Galles, et héritière
de la couronne, morte en couches en 1817. 730 ANALYSES
cinq ou quarante ans, ne peut se faire idée de l'universel paroxysme
de chagrin qui annula alors tout autre sentiment.
« J'avais obtenu la permission d'assister aux funérailles comme
étant de la suite de Lord Chamberlain. Les jours qui avaient précédé
la cérémonie, j'avais passé plusieurs nuits troublées, et, pendant la
dernière nuit, je ne m'étais pour ainsi dire pas reposé du tout, ce
qui avait mis mon esprit dans un état d'extrême irritabilité nerveuse
{hysterical irritability) encore augmentée par l'affliction, et par
l'épuisement provenant du manque de nourriture (car depuis le
déjeuner, jusqu'à minuit, heure de l'enterrement, il régna dans la
ville de Windsor une confusion telle qu'à aucun prix on ne pouvait
trouver à se restaurer].
« J'étais resté debout pendant quatre heures, et lorsque je pris
ma place à côté du cercueil, dans la chapelle Saint-George, ce fut
uniquement l'intérêt du spectacle qui empêcha que je ne m'éva
nouisse... Soudain, le pathétique « Miserere » de Mozart cessa, et un
silence absolu régna. Le cercueil, qui était placé sur une sorte
d'autel recouvert d'un drap noir (réuni à celui qui couvrait le sol)
s'enfonçait à travers le plancher, si doucement qu'on ne pouvait
s'apercevoir du mouvement qu'en prenant comme point de repère
quelque objet brillant du voisinage.
« J'étais tombé dans une sorte de rêverie torpide, lorsque je fus
rappelé à la conscience par un paroxysme de violent chagrin qu'ex
prima le mari au moment où il s'aperçut que le cercueil s'enfonçait
dans la tombe A cet instant, j'eus, non pas seulement Y impres
sion, mais la conviction que j'avais déjà assisté à toute cette scène
dans quelque occasion antérieure, même que j'avais entendu exact
ement les paroles que m'adressa Sir George Naylor. »
Observation dé Sander, sur P... N... H. âgé, de vingt-cinq ans.
Epileptique depuis l'âge de treize ans.
Ce malade décrivit un jour spontanément à Sander l'état extraor
dinaire dans lequel il s'était trouvé quelque temps auparavant,
état qui s'était déjà dissipé quand il fit son récit. Voici ses propres
paroles :
« Lorsque je causais avec quelqu'un, ou que je voyais quelque
« chose, il me semblait que je l'avais vu déjà une fois : Tu as déjà
« (se disait-il à lui-même) vu, ou entendu, ou plus souvent encore
« fait cela. Cela me rendait anxieux au point que je n'osais plus
« parler, car je croyais que tout cela était déjà arrivé une fois. Mais
« maintenant, je me suis convaincu que cela ne peut pas être, de
« sorte que j'ai recommencé à parler comme il convient.
« Par exemple, causant avec quelqu'un d'une chose que j'ai lue
dans le journal, relativement à la guerre, ou à l'invasion, j'ai l'i
mpression d'avoir déjà lu la même chose une fois dans le même jour
nal, les circonstances me semblent les mêmes, j'ai déjà vécu tout cela RÊVES ET CAS PATHOLOGIQUES 731 SOMMEIL,
une fois. » II cite encore l'exemple suivant : « J'étais couché, lor
squ'on vint me dire : « K., Müller est mort ». « Müller est mort!
Seigneur Jésus! Mais il ne peut pas être mort une seconde fois! »
11 lui semblait en effet qu'il avait déjà vécu la même situation ; que
la même personne lui avait annoncé la même nouvelle dans les
mêmes circonstances.
Observation de Pick sur E. S... (H), né en 1845. — Dès le deuxième
jour de son internement, il croit s'être trouvé déjà une fois dans le
même asile (se croit emprisonné parses ennemis). A la première
visite de Pick, il se figure avoir été déjà soigné par lui. Dans une
sorte de journal relatif à ce qu'il appelle sa « vie double » ; il écrit ce
qui suit :.« Déjà pendant ma jeunesse, j'avais souvent l'impression
d'avoir déjà vécu une fois les faits qui se passaient; ensuite, en
réfléchissant bien, je voyais que je m'étais trompé. Mais le même phé
nomène s'étant répété plus tard et d'une façon plus précise, je fus
amené à y réfléchir plus sérieusement. Ces réflexions me conduis
irent à cette conclusion que je devais avoir une existence double,
de telle façon que ma vie se partageait en périodes récurrentes fo
rmées d'événements semblables. »
Le malade était naturellement forcé d'admettre en même temps
le renouvellement des événements extérieurs, etc., mais seulement
des faits qui avaient quelque rapport avec sa vie à lui. Car il consi
dère son cas comme unique, quelque répugnance que son esprit
eût d'abord à accepter une pareille hypothèse dont il n'avait,
comme il le dit, jamais entendu parler, et qu'il n'avait trouvé ment
ionnée dans aucun livre. « Mais, dit-il, je me croyais justifié par le
souvenir clair de presque chaque fait que f ai vécu... »
« Ce fut, dit-il, en automne 1868, à Saint-Pétersbourg, que j'eus
pour la première fois la connaissance claire de ma double existence.
Mais cela n'arrivait que par occasion, par exemple, lorsque je visi
tais des lieux de plaisir, ou de grandes fêtes, ou lorsque je me ren
contrais avec plusieurs personnes, les circonstances environnantes
me paraissaient tellement connues, que je croyais fermement m'être
trouvé déjà au même endroit et y avoir rencontré les mêmes per
sonnes exactement dans les mêmes circonstances, à la même
époque de l'année, par le même temps, les gens se trouvant aux
mêmes places exactement de la même manière. C'était tout à fait la
même conversation q

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