L inflation comme régulation - article ; n°4 ; vol.13, pg 521-547
28 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'inflation comme régulation - article ; n°4 ; vol.13, pg 521-547

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
28 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 521-547
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur André Nicolaï
L'inflation comme régulation
In: Revue économique. Volume 13, n°4, 1962. pp. 521-547.
Citer ce document / Cite this document :
Nicolaï André. L'inflation comme régulation. In: Revue économique. Volume 13, n°4, 1962. pp. 521-547.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_4_407518L'INFLATION COMME REGULATION
L'inflation s'explique par l'action alternative, convergente ou cumulée
de quarante-deux causes. L'hypothèse d'une inflation régulatrice s'inscrit
dans ce nombre.
La différence pourtant entre celle-ci et celles-là réside en ceci : les
autres explications font appel à des causes efficientes; elle, à une cause
finale. Entendons par là non qu'elle est la dernière, mais qu'elle spécifie
l'inflation par sa finalité.
A la question : Qu'est-ce qui provoque l'inflation ? elle substitue cette
autre : A quoi sert l'inflation ?
Selon elle, l'inflation a sa justification proprement économique : elle
sert à faire fonctionner le système. Elle permet la croissance conjointe
des profits et des salaires, de la consommation et de l'investissement, des
prix et des quantités. L'inflation est une fuite vers le haut.
Cette eurythmie ascendante peut s'interpréter comme la réponse du capi
talisme organisé au défi lancé par les économies planifiées. Elle autorise
la simultanéité du plein-emploi et du développement, d'un plein-emploi
qui est parfois un sur-emploi, d'un développement qui dépasse les réali
sations du capitalisme spontané.
On comprend mal alors que ce phénomène d'expansion ascensionn
elle soit encore perçu comme un pathologique (C. Gini,
V. Röpke) (1). Si pathologie il y a, ce ne peut être que dans ces hyper-
* On doit à P. Biacabe grands remerciements et obligeance pour la
communication de sa thèse (à paraître) très informée, intitulée : Essai sur
les analyses contemporaines de l'inflation. Elle nous a permis de compléter
une documentation personnelle réunie, depuis quelques temps déjà, en vue
d'une recherche sur le thème de l'intlation-régulation, dont le présent article
présente l'hypothèse de départ. Pour éviter l'accumulation des références,
nous nous bornerons à indiquer celles qui ne figurent pas dans la bibli
ographie utilisée par P. Biacabe, nous permettant de renvoyer le lecteur à
celle-ci pour les autres.
1. V. IIÖPKE, Au delà de l'offre et de la- demande, Paris, Payot.
Revue Economique — N° 4, 1962 34 522 REVUE ÉCONOMIQUE
inflations d'entre les deux guerres ou du lendemain de la deuxième der
nière : essais maladroits. Depuis, l'inflation rampante (S. H. Slichter) nous
a appris en ce domaine aussi « jusqu'où l'on pouvait aller trop loin ».
En trois phases : l'inflation est la sanction d'un désajustement entre
quantités qui doivent évoluer selon certaines règles de proportionnalité,
mais elle est aussi un moyen de les faire respecter. Plus précisément, elle
permet la réalisation du taux de profit requis pour faire face à un inves
tissement que nécessite la croissance du niveau d'aspiration des participants
à l'activité économique. Plus précisément encore, elle maintient la crois
sance du revenu et de la consommation des salariés, des entrepreneurs et
de l'Etat dans les limites requises pour faire face à l'accroissement ultérieur
praticable de ces revenus et de ces consommations.
Cette hypothèse de travail s'inscrit dans une ligne de pensée. Celle
qui étudie la relation prix-profits-investissements-croissance au cours de la
Révolution industrielle (E.J. Hamilton) (2), au XIXe siècle (J. Marc-
zewski) (3), dans les pays sous-développés actuels (G. Leduc, E. Berns
tein) (4), enfin dans les pays capitalistes contemporains (M. Bronfen-
brenner, P. Dieterlen, N. Kaldor) (5). Dans sa forme extrême, la thèse
fait de l'inflation « une exploitation déguisée de la force de travail »
(P. Dieterlen) et dans la plus extrême une « arme de classe » (J. Duret,
J. Bénard, H. Denis, A. Evreiskov) (6) .
De la position extrême et même plus-extrême, on retiendra l'idée qu'en
régime capitaliste, même « néo », même « populaire », même d'Etat, les
entrepreneurs sont en mesure de distraire du produit global réel une part
conséquente de profits.
2. E..T. Hamilton, ^ Profit inflation and the Industrial Revolution 1751-
1800 », Quart. J. of Eco., 1942, pp. 256-273 ; reproduit in : Enterprise and
secular change, pp. 322-336. La thèse de Hamilton est contestée par D. Feux.
s< Profit inflation and industrial growth », Qvart. J. of Eco., 1956, pp. 441-463.
3. J. Marczewski : travaux en cours de publication dont on trouvera
une bibliographie clans la contribution de J. Mabczewski au Cahier de
ri.S.E.A., Série AF. n° 1, 1961.
4. G. Leduc, Economie d'Outre-Mer et du développement, Paris. Cours
de Droit; E.M. Bernstein and I.G. Patel, Inflation in relation to économie
dr-volopmcnt. I.M.F. Staff Papers, 1962, pp. 363-398.
5. N. Kalpor, «. L'évolution capitaliste à la lumière de l'économie <keynô-
sienne -», Eco. Ap., 1957, pp. 261-275, et « Economie growth and the problem
of inflation», Eoonomica. 1959. pp. 212-226 et 287-298.
Ô. J. Dubet, « L'inflation, arme de classe ». Call. Intern.. 1957. n» 89,
pp. 39-52; J. Bénabd, «Les conditions historiques et structurelles de l'infl
ation», Ca.li. Intern., 1952: H. Denis, ^Inflation par les coûts et structures
économiques ». Iicv. Eco., 1962, pp. 1-21 ; A. Evreiskov, « L'inflation », Eco.
et Pol., 1959, n° 62. pp. 34-46. ^INFLATION COMME RÉGULATION 523
On rappellera pourtant que cette exploitation n'a point seulement pour
but de satisfaire les vils appétits et la consommation ostentatoire d'un
groupe parasite. Le profit a aussi une fonction, celle de permettre l'inves
tissement et par là même la création des « forces productives plus nomb
reuses et plus colossales que l'avaient fait toutes les générations passées
prises ensemble » (K. Marx) .
Autrement dit, la maintenance du profit est, dans ce régime-là, le
moyen de perpétuer un rôle, celui d'investisseur. L'inflation est la régula
tion qui permet cette maintenance.
Voilà l'hypothèse. Si elle n'est pas neuve, elle appelle pourtant quelque
démonstration. Auparavant, il paraît nécessaire de dire c« qu'elle doit à
quelques-unes des quarante et une autres explications de l'inflation.
I. BREVE GENEALOGIE DE L'INFLATION -REGULATION
Les multiples explications de l'inflation s'ordonnent en six grands
groupes : la théorie quantitative, celle du déséquilibre wicksellien, celle
du gap devenue l'excess-demand, celle des coûts, celle du combat de
groupes, enfin celle dite structurelle.
On se bornera ici à signaler leur apport à l'hypothèse de l'inflation
régulatrice.
1. La théorie quantitative s'énonce initialement; la hausse des prix
est proportionnelle à l'accroissement de la quantité de monnaie ou au
produit de l'accroissement de la quantité de monnaie par l'accroissement
de sa vitesse de circulation.
Mais comme depuis on a introduit les chaînons intermédiaires des
encaisses (Walras) ou des revenus (Af talion), des encaisses et des revenus
(Don Patinkin), elle devient : tout accroissement de la quantité de monn
aie détermine une hausse proportionnelle des revenus, donc des encaisses,
donc des demandes, donc des prix.
Sans la rappeler, on ajoutera à la critique traditionnelle ceci : si la
hausse affecte, selon une stricte proportionnalité, le prix de tous les biens,
le revenu de tous les facteurs, le volume de toutes les encaisses, il y a bien
hausse des prix mais pas inflation. 524 REVUE ÉCONOMIQUE
Argument a contrario : le passage des anciens francs aux nouveaux
francs a été opéré par division par 100 de tous les prix, revenus et
encaisses; personne n'a confondu cette opération arithmétique avec une
déflation.
On retiendra donc deux idées. La première est a contrario : toute
inflation détermine une hausse, mais différentielle des prix des biens et
(ou) des facteurs telle qu'il en résulte un changement dans les rapports
relatifs des revenus et des encaisses. La deuxième est directe : il

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents