L influence de la signification du  matériel sur l illusion de Poggendorff - article ; n°2 ; vol.57, pg 339-357
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L'influence de la signification du matériel sur l'illusion de Poggendorff - article ; n°2 ; vol.57, pg 339-357

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Description

L'année psychologique - Année 1957 - Volume 57 - Numéro 2 - Pages 339-357
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eliane Vurpillot
L'influence de la signification du matériel sur l'illusion de
Poggendorff
In: L'année psychologique. 1957 vol. 57, n°2. pp. 339-357.
Citer ce document / Cite this document :
Vurpillot Eliane. L'influence de la signification du matériel sur l'illusion de Poggendorff. In: L'année psychologique. 1957 vol. 57,
n°2. pp. 339-357.
doi : 10.3406/psy.1957.26611
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1957_num_57_2_26611Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée
de la Sorbonne
(École pratique des Hautes Études)
L'INFLUENCE DE LA SIGNIFICATION DU MATÉRIEL
SUR L'ILLUSION DE POGGENDORFF
par Éliane Vurpillot
Lorsqu'on s'intéresse aux multiples illusions optico-géomé-
triques connues, on est frappé de voir à quel point elles sont peu
sensibles à l'expérience. Qu'il s'agisse de l'expérience acquise
antérieurement par le sujet dans sa vie de tous les jours, ou,
dans le cadre du laboratoire, par les évaluations répétées d'un
même type d'illusion, la correction apportée est faible et passagère.
Ceci pourrait s'expliquer par le fait que l'expérience est une
forme d'adaptation à la réalité, tandis que les illusions sont
des curiosités, des jeux, et que les déformations perceptives
auxquelles elles donnent lieu n'ayant aucun retentissement sur
notre comportement, ne subissent, par suite, pas de correction.
Ces déformations se produisent lorsque les éléments constitutifs
d'une figure géométrique ont entre eux des relations spatiales
déterminées. Mais on peut envisager d'établir ces mêmes rela
tions entre des objets concrets et connus ; et ceci de telle sorte
que l'ensemble constitue une situation significative, comme la
vie réelle peut nous en présenter. La déformation persistera-t-elle
dans ce cas ?
Cette question fut posée par H. Piéron (7), lors du Congrès
de l'Association de Psychologie scientifique de Langue française
à Louvain, en 1954, à propos d'un exemple précis, celui de
l'illusion de Poggendorfï. Selon lui, si l'on remplaçait les deux
parallèles par une colonne, les obliques par une corde, et que
cette corde soit tirée par un homme afin de sortir un seau d'un
puits, l'illusion disparaîtrait.
Une hypothèse à peu près semblable avait déjà été formulée
en 1898 par Filhene (1), qui prend pour exemple un dessin !\ 0 H ]'; M 0 1 U K S 0 K I ( ; 1 N A. I! X fl
représentant une colonne tronquée derrière laquelle une corde
est tirée par deux diables, l'un à terre, l'autre au sommet d'un
mur. Filhene affirme que l'illusion disparaît totalement. Schu
mann (8), reprenant le même dessin quelques années plus tard,
est moins catégorique : les résultats diffèrent selon les sujets,
et pour certains l'illusion demeure. Langfeld (6), en 1927, util
isant deux figures, l'une composée de lignes et l'autre très voisine
de celle de Filhene, trouve que l'illusion décroît de 26 % en
moyenne quand la figure représente une corde tirée par deux
hommes.
A la suggestion de J. Piaget (et encouragée par H. Piéron),
nous avons pensé qu'il serait intéressant de reprendre ces recher
ches en utilisant des objets concrets, afin de nous rapprocher un
peu plus de la réalité et en prenant comme sujets, non plus seul
ement des adultes, mais aussi des enfants de différents âges. Si
l'adaptation à la réalité est à l'origine d'une diminution d'illusion
dans une situation significative, on peut s'attendre à voir cette
diminution de plus en plus marquée à mesure que l'âge des
enfants augmente.
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
II s'agit d'une maquette en bois, construite un peu comme
une scène de théâtre (fig. 1). Sur un sol recouvert de feutrine qui
est censée représenter du gazon, se dressent trois colonnes cylin
driques de carton blanc. A quelques centimètres derrière elles, le
fond de la scène est peint en ocre rosé, comme une muraille, très
uni, de façon à ne pas procurer de points de repère. Les côtés sont,
l'un ocre comme la muraille du fond, l'autre bleu comme un ciel.
Les autres parties visibles de la maquette sont peintes d'un gris
neutre.
Le fond se compose de trois parties : deux fixes, solidaires
de l'ensemble du bâti, et une mobile. Cette dernière, comprise
entre les deux colonnes de gauche, peut se mouvoir de haut en
bas dans glissières, celles-ci étant parfaitement cachées au
sujet par les colonnes. Ce panneau est mû par l'intermédiaire
d'un levier L, que tient le sujet; le point d'appui est sur le socle
de la maquette, l'autre extrémité du levier passe par un trou
percé au bas du panneau.
L'éclairage est fourni par trois lampes électriques dissimulées
derrière les colonnes, il supprime les ombres portées par le
dispositif variable. Celui-ci peut être soit significatif, soit non
significatif. VURPILLOT. — INFLUENCE DE LA SIGNIFICATION DU MATÉRIEL 341 É.
La situation significative se présente de la façon suivante.
Un personnage en fil de fer, habillé comme un ouvrier, semble
tirer sur une corde afin de faire monter (ou descendre) un sac
de sable, par l'intermédiaire d'une poulie (en réalité la corde
passe simplement sur un piton). Cette corde est attachée au
piton 1 qui est caché par le personnage (voir fig. 2). Elle coulisse
fi
Fig. 1 — L'appareil vu de face, avec le dispositif significatif
dans trois autres pitons, le 2 étant sur la partie fixe du bâti,
le 3 et le 4 sur la partie mobile ; 2 et 3 sont cachés au sujet par
la colonne médiane.
Lorsque le sujet fait monter ou descendre le panneau
mobile, la corde coulisse dans les pitons 2, 3 et 4, son segment B
se décale en hauteur par rapport au segment A, mais il lui reste
toujours parallèle. Les segments A et B ont chacun 15 cm de
longueur et font avec la colonne un angle constant de 45°.
Les colonnes ont un diamètre de 6,5 cm. La colonne médiane
et les deux segments A et B réalisent le schéma de l'illusion
de Poggendorff.
Dans l'autre situation, non significative, les seules différences
sont que corde, sac et personnage sont enlevés et remplacés par
deux tiges de fer peintes en noir, qui passent dans les mêmes 342 MEMOIRES ORIGINAUX
pitons que la corde et apparaissent au sujet comme deux segments
de même longueur et même épaisseur que A et B.
Le sujet, assis sur une chaise, se trouve à environ 1 mètre
de la scène. La pièce d'expérience est maintenue dans une
obscurité plus ou moins totale. Étant donné que nous avons dû
expérimenter dans différents locaux, nous n'avons pu réaliser
'< 1

Fig. 2. — Schéma de la paroi postérieure de la maquelle
La partie centrale est constituée par le panneau mobile coulissant de haut
en bas entre les deux parties fixes du bâti. A sa base, le trou par lequel passe
le levier. En 1, 2, 3 et 4, les pitons dans lesquels coulisse la corde. A et B sont
les deux segments de la corde sur lesquels porte l'observation du sujet. En
pointillé, les côtés de la colonne.
des conditions absolument identiques d'éclairage ambiant. Cepen
dant, chaque sujet ayant passé les deux parties de l'expérience
dans les mêmes conditions d'éclairage, et le but de notre recherche
étant l'étude d'une différence de comportement dans ces deux
parties, ce défaut ne nous a pas paru diminuer la validité de
nos résultats.
Les consignes données aux sujets étaient les suivantes :
A) Situation significative : corde
« Vous voyez (l'E. désigne du doigt), cet homme tire une
corde à laquelle est pendu un sac. C'est un bonhomme en fil de fer,
mais je vous demanderai de faire un petit effort d'imagination et
de penser que c'est un vrai ouvrier, tirant une vraie corde. Cette
corde est en partie cachée derrière cette colonne ; regardez-la
bien. Vous semble-t-elle faire une ligne droite, ou paraît-elle VURPILLOT. INFLUENCE DE LA SIGNIFICATION DU MATÉRIEL 343" É.
tordue derrière la colonne1 ?... Elle n'est pas droite, ... c'est vrai.
Eh bien, je vais vous demander de faire quelque chose de facile.
Prenez ce levier dans votre main droite ; si vous le manœuvrez,
vous pouvez faire monter ou descendre la part

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