L insécurité, une commune et l État - article ; n°1 ; vol.4, pg 141-154
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L'insécurité, une commune et l'État - article ; n°1 ; vol.4, pg 141-154

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Sociétés contemporaines - Année 1990 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 141-154
Résumé : La violence des banlieues, en 1981, fut l' expression brutale et médiatique des limites des formes consacrées de régulation et de contrôle social. Les institutions qui avaient en charge aussi bien la scolarité, l'emploi, la formation professionnelle, les loisirs, le logement des individus, la sécurité des biens et des personnes ... apparaissaient impuissantes, leur légitimité était remise en cause. Se trouvait posée, une nouvelle fois, la question de la gestion du social et de ses débordements. A l' approche technico-administrative centralisée qui avait prévalu jusqu'alors, les multiples commissions qui furent mises en place, à partir de 1982, pour répondre à ces débordements préférèrent une approche plus politique, davantage en prise avec la réalité locale. Le maire fut ainsi placé au centre des nouveaux dispositifs de lutte contre l' insécurité. Cette période marque une rupture dans le traitement de l'insécurité à partir de laquelle с'est à ces deux niveaux, celui de l'Etat et celui de la commune, que l'examen de la gestion de l' insécurité doit se faire.
FRANCIS В AILLE AU AND GEORGES GARIOUD The troubles which burst out the suburbs during the summer of 1981, expressed in a violent and visible way , the limits of social control. The services in charge of education , professional training, jobs, security, housing, spare-time activities ... were powerless, their legitimation was questioned. Now again, social issue is a problem. The different committees in charge of these problems since 1982, chose to encourage a political approach on a local level, in contradiction with the old approach which was a technical way dealing at a central state level. The Mayor was like this the principal actor of the new security schemes. So, actually, the investigation on the security process needs a double approach : on a central and on a local level.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francis Bailleau
Georges Garioud
L'insécurité, une commune et l'État
In: Sociétés contemporaines N°4, Décembre 1990. pp. 141-154.
Résumé : La violence des banlieues, en 1981, fut l' expression brutale et médiatique des limites des formes consacrées de
régulation et de contrôle social. Les institutions qui avaient en charge aussi bien la scolarité, l'emploi, la formation
professionnelle, les loisirs, le logement des individus, la sécurité des biens et des personnes ... apparaissaient impuissantes, leur
légitimité était remise en cause. Se trouvait posée, une nouvelle fois, la question de la gestion du social et de ses débordements.
A l' approche technico-administrative centralisée qui avait prévalu jusqu'alors, les multiples commissions qui furent mises en
place, à partir de 1982, pour répondre à ces débordements préférèrent une approche plus politique, davantage en prise avec la
réalité locale. Le maire fut ainsi placé au centre des nouveaux dispositifs de lutte contre l' insécurité. Cette période marque une
rupture dans le traitement de l'insécurité à partir de laquelle с'est à ces deux niveaux, celui de l'Etat et celui de la commune, que
l'examen de la gestion de l' insécurité doit se faire.
Abstract
FRANCIS В AILLE AU AND GEORGES GARIOUD The troubles which burst out the suburbs during the summer of 1981,
expressed in a violent and visible way , the limits of social control. The services in charge of education , professional training,
jobs, security, housing, spare-time activities ... were powerless, their legitimation was questioned. Now again, social issue is a
problem. The different committees in charge of these problems since 1982, chose to encourage a political approach on a local
level, in contradiction with the old approach which was a technical way dealing at a central state level. The Mayor was like this
the principal actor of the new security schemes. So, actually, the investigation on the security process needs a double approach :
on a central and on a local level.
Citer ce document / Cite this document :
Bailleau Francis, Garioud Georges. L'insécurité, une commune et l'État. In: Sociétés contemporaines N°4, Décembre 1990. pp.
141-154.
doi : 10.3406/socco.1990.980
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1990_num_4_1_980♦ ♦♦♦♦♦♦ FRANCIS В A I L L E A U ♦ ♦♦♦♦♦♦
GEORGES GARIOU D
L'INSÉCURITÉ, UNE COMMUNE ET L'ETAT
jusqu'alors, des doit ces locale. RÉSUMÉ à aussi Cette de individus, était formes deux ses se remise débordements période bien faire. Le débordements. niveaux, : la maire consacrées La en les sécurité marque scolarité, violence cause. multiples fut celui préférèrent ainsi des Se une de A des trouvait l'emploi, commissions biens Г régulation placé rupture Г Etat banlieues, approche et une au posée, celui des dans la centre approche et personnes formation en qui de technico-administrative le une 1981, la contrôle furent des traitement commune, nouvelle plus nouveaux fut mises ... professionnelle, Г social. politique, apparaissaient expression fois, de en que l'insécurité dispositifs place, Les la Г examen question davantage institutions brutale à centralisée partir les impuissantes, de à partir de loisirs, et lutte la de en médiatique gestion la qui 1982, prise contre qui de avaient le laquelle pour avec de leur avait logement l' du des insécurité. en insécurité légitimité répondre la social prévalu charge limites réalité с est des et à
Eté 198 1 : des incendies éclatent dans les banlieues qui, autant que ceux qui ravagent
traditionnellement, à cette époque de l'année, les forêts du Sud de la France, occupent
la "une" de l'actualité. Et ce sont les voitures brûlées du quartier des Minguettes, dans
la périphérie de Lyon, qui seront à l'origine de l'appellation "été chaud".
Phénomène relativement circonscrit, parce qu'urbain et touchant essentiellement
les jeunes, ces manifestations de violence n'en auront pas moins une portée qui
dépassera, de loin, le seul intérêt médiatique - disproportionné peut-être - qu'elles
suscitèrent alors. Les Minguettes deviendront le symbole de ce mal des banlieues, de
ce mal de la jeunesse - dont le sentiment d'insécurité était la traduction la plus partagée
- sur lesquels se penchèrent, de nouveau, nombre de praticiens. Leurs interrogations,
leurs diagnostics, leurs remèdes ne s'arrêtèrent pas aux seuls faits de l'été 1981. En
effet, il apparut très vite qu'à travers ce désordre social qui, pour être spectaculaire -
les rodéos de voitures, leur incendie - n'en était pas moins, d'une certaine manière,
conventionnel, à travers la réponse policière - traditionnelle, elle aussi - qui lui avait
été apportée, se trouvait posée, une nouvelle fois, la question de la gestion du social et
de ses débordements 2.
1 . Cetarticleestleproduitd'unerecherchemenéepourlePlanConstruclion(Ministcrederéquipement) :
"L'insécurité partagée. Pratiques individuelles, collectives des insécurités".
2. Robert Castel, La gestion des risques. Paris, Editions de Minuit, 198)
141
Sociétés Contemporaines (1990) n° 4 F. BAILLEAU, G. GARIOUD ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
Qu'elle le fût avec une telle acuité mérite analyse. Car aux Minguettes comme dans
les quartiers Nord de Marseille ou encore dans la banlieue parisienne - la ville d'Orly
est retenue comme exemple dans cet article - les formes consacrées de régulation et de
contrôle social, les modes d'expression, quels qu'ils soient, des insatisfactions, la
réponse à ces attentes ou la répression de leur extériorisation violente avaient montré
leurs limites.
Les institutions qui avaient en charge aussi bien la scolarité, l'emploi, la formation
professionnelle, les loisirs, le logement des individus, la sécurité des personnes et des
biens ... apparaissaient impuissantes, leur légitimité était remise en cause. Ainsi
s'explique, en partie, la multiplication des commissions - le plus souvent
interministérielles - qui furent mises en place, dès 1982. Qu'elles aient eu, explicitement
ou non, pour préoccupation la sécurité des biens et des personnes, toutes la replaçaient
dans un objectif plus large, plus fondamental peut-être - même si plus lointain et plus
"flou" - la recherche de nouvelles solidarités, d'un mythique "lien social" 3. Et à une
gestion technico-administrative centralisée qui avait prévalu jusqu'alors et qui ne
laissait entrevoir aucune issue à l'insécurité, elles préférèrent une approche plus
politique, davantage en prise avec la réalité locale.
Le maire fut ainsi placé au centre des nouveaux dispositifs de lutte contre
l'insécurité, principalement le Conseil National de Prévention de la Délinquance et la
Commission Nationale pour le Développement Social des Quartiers. Certes le premier
magistrat municipal n'avait jamais été réellement absent de ce champ, pas plus que
l'Etat n'en disparaîtra à partir de 1982 mais cette date marque une rupture dans le
traitement de l'insécurité à partir de laquelle c'est à ces deux niveaux, celui de l'Etat -
qui pour être décentralisateur n'en est pas moins resté tutélaire - et celui de la commune
- dont l'autonomie reste techniquement et financièrement relative - que l'examen de la
gestion de l'insécurité doit se faire.
La première partie de cet article sera-t-elle consacrée à une analyse du contexte
historique, politique et institutionnel dans lequel se sont inscrits ces nouveaux
dispositifs publics de prévention de la délinquance et de l'insécurité ainsi que des
principes qui ont prévalu chez leurs principaux initiateurs.
Il sera, ensuite, proposé une monographie de la ville d'Orly.
Au même titre que nombre de communes de la banlieue, Orly a dû faire face à de
graves problèmes d'insécurité. Contrairement à certaines villes, celle-ci disposait de
ressources propres relativement importantes et a, dès l'origine, appréhendé le
phénomène de la délinquance, de sa prévention et de son traitement en l'incluant dans
une approche socio-économique globale, en cherchant à construire ou à reconstituer le
tissu urbain et social qui soit n'existait pas, soit s'était lentement

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