L interprétation d énoncés modaux de type assertif (... savoir que...) chez l enfant de 6 à 11 ans - article ; n°1 ; vol.83, pg 53-73
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L'interprétation d'énoncés modaux de type assertif (... savoir que...) chez l'enfant de 6 à 11 ans - article ; n°1 ; vol.83, pg 53-73

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Description

L'année psychologique - Année 1983 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 53-73
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

D. Bassano
C. Champaud
L'interprétation d'énoncés modaux de type assertif (... savoir
que...) chez l'enfant de 6 à 11 ans
In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°1. pp. 53-73.
Citer ce document / Cite this document :
Bassano D., Champaud C. L'interprétation d'énoncés modaux de type assertif (.. savoir que..) chez l'enfant de 6 à 11 ans. In:
L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°1. pp. 53-73.
doi : 10.3406/psy.1983.28451
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1983_num_83_1_28451L'Année Psychologique, 1983, S3, 53-73
Centre d'Etude des processus cognitifs
et du langage, CNRS, EHESS1
L'INTERPRÉTATION D'ÉNONCÉS MODAUX
DE TYPE ASSERTIF (... SAVOIR QUE...)
CHEZ L'ENFANT DE 6 A 11 ANS
par Dominique Bassano et Christian Ghampaud2
SUMM AR Y : The interpretation of modal statements of the assertive type.
We study the processing of statements such as « x know that P », in
which the subordinate clause remains unvariant whereas the subject pronoun
(I lone) and the form (affirmative /negative) vary. The experimental tech
nique uses tests of statement interpretation in a situation of enunciation :
subjects are asked to associate sentences with possible speakers, represented
by dolls in different situations of knowledge. Results show that the assertive
modalisation is understood before six in its canonical form « to know that P ».
But in a negative context, its mastery requires more complex operations :
a phenomenon of negation shifting which perturbs the understanding up
to eight appears in the interpretation of « / know that not-P » ; the contra
diction of « / do not know that P » equated by subjects with « / do not know
if P » is hardly decoded at ten.
Key-words : developmental psycholinguistics, know, modalisation,
assertion.
INTRODUCTION
Cette étude porte sur la compréhension et l'interprétation
du verbe modal « savoir », employé dans différentes structures,
chez des enfants d'âge scolaire.
1. 54, boulevard Raspail, 75270 Paris Cedex 06.
2. Les auteurs tiennent à remercier Pierre Greco pour son aide lors de
l'élaboration de ce texte. 54 D. Bassano et Ch. Champaud
Ce verbe est traditionnellement considéré, dans les études
linguistiques ou psycholinguistiques qui s'y réfèrent, comme
l'un des verbes d'opinion fondamentaux, ou plus généralement
comme un verbe à contenu psychologique. Il s'agit des verbes
tels que « penser », « croire », « se souvenir », « s'imaginer », etc.,
qui expriment une attitude mentale et se construisent avec un
complément phrastique. Leur usage suppose la mise en relation
d'un ensemble d'implications sémantiques, qui ne sont pas toutes
définies strictement et univoquement par les analyses linguis
tiques. On admet cependant généralement (cf. Oléron et Legros,
1977 ; Johnson et Wellman, 1980) qu'ils mettent en jeu deux
types principaux de composants sémantiques :
— un ensemble d'informations relatives à l'attitude psycho
logique ou épistémique de la personne représentant le
sujet du verbe ; on notera que cette attitude est elle-même
généralement distincte de celle de l'observateur, qui peut
avoir de l'événement des moyens de connaissance et une
interprétation différente ;
— une information relative à l'événement décrit dans la subor
donnée, et qui est évidemment liée à la perception de l'obser
vateur.
Ce second aspect de la signification est habituellement décrit
en termes de présupposition. Concernant les verbes à complé
ments phrastiques, on distingue en effet depuis l'étude de P.
et C. Kiparsky (1970) deux paradigmes sémantiques : les verbes
factifs dont l'emploi présuppose la vérité du complément (type
know/« savoir »), et les verbes non factifs qui ne comportent pas
cette présupposition et laissent indéterminée la vérité ou la
fausseté du complément (type Ihinkj« croire »). Ces distinctions
au niveau du fonctionnement des présupposés ont par la suite
été affinées et complétées (cf. Karttunen, 1971 et 1973 ; Mordrup,
1975, pour la langue française). Nous pouvons cependant pour
notre usage nous en tenir à la description de « savoir » comme
verbe f actif : un énoncé de forme « x sait que P » indique que « P »
est effectivement vrai.
Si le composant présuppositionnel des verbes d'opinion est
décrit avec un assez grand accord conceptuel, les informations
concernant l'attitude du locuteur sont en revanche beaucoup
plus hétéroclites, relatives à chacun des verbes et de ce fait ne se
prêtant guère à la systématisation. L'étude de Ducrot (1980), L l nier pi élalion d'énoncés chez V enfant 5.r>
qui caractérise le « je pense que » en le comparant à d'autres
expressions de l'opinion, montre bien la pluralité des facteurs
à prendre en compte, même sur le plan strictement linguistique,
si l'on veut définir les conditions communes et spécifiques dans
l'emploi des différents termes. Cependant les propriétés du verbe
« savoir » sont parmi les plus simples à codifier : on peut retenir
qu'il indique essentiellement l'existence d'une certitude dans le
mode de connaissance du locuteur.
Le maniement de ces verbes retient depuis quelques années
l'attention des recherches d'ordre psycholinguistique (Mac
Namara, Baker et Oison, 1976 ; Oléron et Legros, 1977 ; Jouen,
1977 ; Johnson et Maratsos, 1977 ; Miscione, Marvin, O'Brien
et Greenberg, 1978 ; Wellman et Johnson, 1979 ; Johnson et
Wellman, 1980). On pouvait en effet penser, étant donné leur
complexité et leur rôle dans les transformations du système
langagier, qu'il serait intéressant de déterminer les capacités
cognitives ou linguistiques requises par leur utilisation et d'en
définir l'évolution.
Or on s'aperçoit que, si les verbes d'opinion apparaissent
pour certains d'entre eux, assez tôt dans le langage spontané
de l'enfant, la reconnaissance véritable de leurs diverses impli
cations sémantiques soulève d'assez grandes difficultés. Lorsque
Mac Namara et al. ont étudié en 1976 la compréhension de
pretend, forget et know, ils ont estimé que certains enfants de
4 ans étaient capables de comprendre les présuppositions et impli
cations implicites liées à l'usage de ces verbes. Cependant leurs
conclusions restent prudentes : environ la moitié seulement des
sujets effectuent correctement toutes les inferences pour pretend
et forget, et 10 % à peine pour know. Par ailleurs l'étude de
Jouen (1977) suggère que des problèmes persistent même pour
des sujets d'âge avancé : en présentant à des adolescents une
série de phrases de type « x opinion que P », il estime qu'à 12 ans
la distinction entre posé et présupposé n'est pas toujours effective.
La localisation et surtout l'explication de ces difficultés
restent délicates. Miscione et al., ayant constaté que les enfants
de 4 ans ne différenciaient pas correctement, dans une tâche
de localisation d'objet, les attitudes exprimées par les verbes
know et guess, interprètent ces difficultés comme le résultat
d'une confusion propre aux jeunes enfants entre état mental et
état perçu. D'autres études n'accréditent cependant pas cette
interprétation. Ainsi Johnson et Wellman (1980) estiment que 56 D. Bassano el Ch. Champaud
les incompréhensions concernant remember, know et guess ne
peuvent pas reposer uniquement sur un traitement de ces verbes
effectué à partir du seul état perçu. Il existe bien à leurs yeux
des confusions entre les verbes eux-mêmes, dont les propriétés
spécifiques (certitude du locuteur impliquée par know, absence
d'une telle certitude impliquée par guess par exemple) ne sont
pas reconnues et différenciées.
Nous nous proposons d'examiner l'interprétation et le trait
ement d'une série d'énoncés de structure « x savoir que P », où
la subordonnée P reste invariante et où varient d'une part le
pronom sujet, et d'autre part la forme, affirmative ou négative,
de l'énoncé.
Les phrases expérimentales sont les suivantes :

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