L Or et la mauvaise femme - article ; n°113 ; vol.30, pg 13-42
32 pages
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Description

L'Homme - Année 1990 - Volume 30 - Numéro 113 - Pages 13-42
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Sergent
L'Or et la mauvaise femme
In: L'Homme, 1990, tome 30 n°113. pp. 13-42.
Citer ce document / Cite this document :
Sergent Bernard. L'Or et la mauvaise femme. In: L'Homme, 1990, tome 30 n°113. pp. 13-42.
doi : 10.3406/hom.1990.369202
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1990_num_30_113_369202Abstract
Gold and the Evil Wife. — The comparison, which Georges Dumézil ini-tially made and studied for a
long time, between the myth of Rome's first war and the Scan-dinavian myth of the gods' first war can
be taken farther by observing that many of their différences (which cannot be reduced by a classical
philological approach) are governed by a rigorous and regular System of inversions. Examining these
inversions brings to light not only the divergence between the ancient Scandinavian and Roman ways of
thinking but also the interplay of mythical images as a function of various « codes » in the Levi-
Straussian sense of the word : the code of metallic functions (in particular, the ambiguity of gold), the
code of marriage alliances, and the problematic relations between mankind and the gods.
Résumé
La comparaison faite en premier et longuement étudiée par Georges Dumézil entre le mythe de la
première guerre de Rome et celui, Scandinave, de la première guerre des Dieux, est susceptible
d'approfondissement, si l'on remarque que plusieurs des différences qui existent entre eux, irréductibles
dans une démarche philologique classique, obéissent en fait à un système rigoureux et régulier
d'inversions. L'examen de ces inversions met en lumière à la fois l'orientation divergente des modes de
pensée à Rome et en Scandinavie ancienne, et le jeu des images mythiques en fonction de divers «
codes » (au sens lévi-straussien du terme : code des fonctions métalliques, avec en particulier
l'ambiguïté de l'or, code de l'alliance, et problématique des rapports entre hommes et dieux).
Zusammenfassung
Das Gold und die schlechte Frau. — Der erste und lange von G. Dumézil untersuchte Vergleich
zwischen dem Mythus des ersten Krieges von Rom und dem skandi-navischen Mythus des ersten
Krieges der Götter soll vertieft werden, denn zahlreiche Unter-schiede sind auf einen klassischen
philologischen Aufbau nicht reduzierbar und folgen im Grunde genommen einen strengen und
regelmàssigen Inversionssystem. Die Untersuchung dieser Inversionen weist zugleich auf die
auseinanderlaufende Orientierung der romischen und altskandinavischen Denkweisen und auf das
Spiel der mythischen Bilder, die ver-schiedenen « Coden » entsprechen (nach Lévi-Strauss : Code der
Metallfunktionen, mit insbesondere der mehrdeutigkeit des Goldes, Code der Allianz und Problematik
der Beziehungen zwischen Menschen und Götter).
Resumen
El Oro y la mala mujer. — La comparación hecha por primera vez y ampliamente estudiada por G.
Dumézil entre el mito de la primera guerra de Roma y el escandinavo, de la primera guerra de los
dioses, es suceptible de profundizar si tenemos en cuenta que varias de las diferencias que existen
entre ellos, irréductibles en una iniciativa filológica clásica, en realidad obedecen a un sistema riguroso
y regular de inversiones. El examen de estas inversiones clarifica a la vez la orientation divergente de
las formas de pensamiento en Roma y en la Escandinavia antigua, y el juego de las imágenes miticas
en función de diverses « códigos » (en el sentido que Lévi-Strauss da al termine : código de funciones
metálicas, en particular con la ambiguedad del oro, código de la alianza y problemática de las
relaciones entre hombres y dioses).Bernard Sergent
L'Or et la mauvaise femme
Bernard Rome de eux, du système d'approfondissement, la et fois le longuement l'alliance, terme jeu irréductibles l'orientation et rigoureux des Sergent, : code celui, images et étudiée problématique des Scandinave, dans et L'Or divergente mythiques fonctions régulier si par une l'on et Georges la démarche d'inversions. remarque des métalliques, mauvaise en de modes fonction rapports la Dumézil première philologique que femme. de L'examen avec de entre pensée plusieurs divers en — hommes guerre particulier à le La Rome de classique, « des mythe codes ces comparaison différences des et inversions dieux). de » en l'ambiguïté Dieux, obéissent (au la Scandinavie première sens qui met faite est lévi-straussien existent de en en susceptible l'or, guerre fait ancienne, lumière premier entre à code un de à
L'une des plus célèbres et des premières conséquences de la découverte par
Georges Dumézil, en 1938, de la « tripartition fonctionnelle » indo-européenne
est le rapprochement opéré par ce même auteur, dès 1940, entre deux grands
mythes, l'un latin, concernant la formation de la société romaine primitive,
l'autre Scandinave, celle de la société divine1.
La structure mise en relief en 1938 s'appuyait en effet sur du matériel essen
tiellement romain et indien, conforté par des données concourantes scythiques,
ossètes, irlandaises, ombriennes2, et fut aussitôt vérifiée par les données Scandi
naves3. Or, si deux grands textes islandais — VYnglingasaga, de Snorri Stur-
lusson, au xme siècle, et la Voliispâ, anonyme, et de trois siècles pour le moins
antérieure — exposent comment le panthéon Scandinave fut constitué par
l'arrivée de dieux caractéristiques de la « troisième fonction » (les dieux
Vanes : Njördhr, Freyr, Freyja) chez les dieux appelés Ases, lesquels comprenn
ent les représentants des première et seconde fonctions (Odhinn et Thôrr), les
récits romains des origines racontent de même l'arrivée dans la toute première
Rome, celle de Romulus, fondée par des Latins issus d'Albe-la-Longue, de
Sabins, ceux-ci apportant avec eux leurs divinités, les « dieux de Titus Tatius »,
typiques de la troisième fonction, tandis que Romulus et les siens disposaient
du soutien et du patronage de Jupiter et de Mars, dieux respectivement de la
première et de la seconde fonction.
L'Homme 113, janvier-mars 1990, XXX (1), pp. 13-42. 14 BERNARD SERGENT
Qui plus est, ces synthèses mythiques sont dans l'un et l'autre cas le résultat
d'une guerre qui a vu s'affronter, dans un camp, les représentants de la tro
isième fonction, dans l'autre, ceux des deux premières, et les récits présentent,
comme on le rappellera, les mêmes rythmes, les mêmes séquences.
Dumézil est revenu à plusieurs reprises sur ce rapprochement qui justifie
qu'il ait pu parler d'une même structure, soit pour le préciser ou répondre à des
objections philologiques, soit pour le développer, en amont ou en aval, soit
enfin pour en tirer les conséquences dans l'interprétation aussi bien de la théo
logie germanique que de l'historiographie romaine4. Dans ces analyses, cepen
dant, une fois les ressemblances structurales mises en évidence, les différences,
qui sont importantes, entre le mythe Scandinave et le mythe latin, apparaissent
comme irréductibles, et Dumézil s'est parfois interrogé sur la nature du paral
lèle ainsi établi5.
Le présent article entend reprendre le rapprochement là où le grand savant
l'avait laissé, et montrer combien il avait raison puisque les fameuses diffé
rences vont se révéler, dans une autre lecture, réductibles.
C'est ici une lecture structuraliste, au sens lévi-straussien du terme, qui per
mettra une avancée. Les différences entre les deux versions, incompatibles tant
qu'on se tient au plan philologique, qui était celui de Dumézil, reçoivent un
à1 inversions et éclairage décisif d'une interprétation en termes d'oppositions,
de traitement différent du même matériel dans des cultures distinctes. Ainsi que
je l'ai déjà écrit ici même6, c'est à mon sens une grave cécité que de ne pas voir
la fertilité de la méthode lévi-straussienne.
Reprenons d'abord les deux récits. Pour le latin, je cite Tite-Live, dont
l'exposé est le plus complet, quitte à utiliser occasionnellement dans la suite de
l'article tel ou tel des nombreux auteurs anciens qui ont fait allusion au mythe.
Pour le Scandinave, je cite le résumé, synthèse de Snorri et de la Voliispâ,
fourni par Dumézil dans Du Mythe au roman :
A) La guerre proprement dite est formée en diptyque de deux épisodes dont
chacun met en valeur l'atout majeur d'un des deux partis : la corruption par l'or du
côté des riches Vanes, la grande magie du c&

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