L origine des sciences et la religion - article ; n°1 ; vol.7, pg 187-197
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1906 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 187-197
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 5
Langue Français

Extrait

Charles Lejeune
L'origine des sciences et la religion
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 7, 1906. pp. 187-197.
Citer ce document / Cite this document :
Lejeune Charles. L'origine des sciences et la religion. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série,
tome 7, 1906. pp. 187-197.
doi : 10.3406/bmsap.1906.8153
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1906_num_7_1_8153LEJEUNE. — L'ORIGINE DES SCIENCES ET LA RELIGION 187 CH.
Discussion.
MM. HuGUfc/r et Hamy font quelques remarques sur les observations de
M. Macquart.
L'ORIGINE DES SCIENCES ET LA RELIGION
Par M. Charles Lejeune.
Dans le dernier numéro de l'année 1905 de L'Anthropologie, M. Salomon
Reinach s'est proposé de démontrer que la religion a été la nourrice et
V éducation de l'humanité.
M. S. Reinach a sur toutes choses des vues toujours originales et
attrayantes, s'appuyant sur la plus vaste érudition et il les exprime dans
un style littéraire qui ajoute au charme de la pensée. C'est presque à
regret que Ton est amené à discuter ses opinions, mais nous pensons que
c'est rendre hommage à un auteur que de présenter avec sincérité les
objections qui nous viennent à l'esprit en lisant ses ouvrages.
M. S. Reinach affirme que le blé n'est pas, comme on l'a dit, d'origine .
babylonienne, car la plante d'où est sorti le blé parait avoir existé en
Europe dès le quaternaire et les survivances de son culte sont telles en qu'il ne peut s'agir, pas plus que pour le chêne, d'une plante
importée. 11 n'y a pas en Europe de culte du maïs et de la pomme de
terre, mais nous avons encore pour le blé et le pain un respect supersti
tieux. Les textes nous montrent non seulement le culte, mais l'adoration
et l'exaltation de l'épi de blé.
Je ne veux pas entrer dans la discussion de- l'origine du blé que M. G.
de Mortillet fait apparaître en Arménie etM. Zaborowski en Mésopotamie,
car il y a pour le blé comme pour les hommes une question de polygé-
nisme et de monogénisme. Tous les blés ne sont pas nécessairement
sortis d'une seule graminée, nous en avons encore plusieurs sortes et il
est plus probable qu'il y a eu, comme pour les hommes, différents centres
d'apparition et de culture mais on comprend qu'il lui ait été rendu par
tout des honneurs en rapport avec son utilité. Les mystères d'Eleusis ont
emprunté aux institutions et aux dogmes de l'Egypte. M. Lenormant dit
que la symbolique éleusienne s'éclaire par le rituel funéraire égyptien.
L'Egypte elle-même a été en relation presque constante avec la Chaldée,
on discute encore sur le point de savoir quelle est la plus ancienne de ces
deux grandes civilisations et nous voici reportés à une origine chaldéenne
possible du culte du blé.
En somme il est naturel que l'homme ait vénéré partout la plante qui
le nourrissait, comme il a honoré partout le feu qui lui rendait la vie
meilleure. Après avoir célébré le grain qui nourrit le corps, les idées 5 avril 1906 188
s'élevant, on a pu le considérer comme le symbole de la science qui nourr
it l'esprit et, le renouvellement de la nature étant infini, comme la pro
messe d'une résurrection après la mort. L'esprit humain s'étant développé
sous toutes les latitudes d'une façon analogue, ce qui explique l'évolution
parallèle des institutions sociales et des religions chez les différents
peuples, les cultes de la nourriture comme ceux du feu se sont si bien
pénétrés au contact les uns des autres, que César identifiait les dieux de
la Gaule avec ceux de Rome, que les Espagnols reconnaissaient le culte
catholique dans celui des Mexicains et que M. S. Reinach a raison de voir
dans le rite chrétien de la communion un emprunt fait aux mystères dont
certains comportaient l'exaltation d'une substance divine par le prèlre et
son absorption par les fidèles. On a prêté partout aux Molochs, aux Teu-
tatès, aux Mexitlis les goûts sanguinaires des primitifs qui les avaient
imaginés; un peu plus tard les victimes gorgées de nourriture et rassasiées
déplaisirs sensuels ont été traitées comme des dieux avant d'être mangées
selon les rites et c'est plus tard encore que la victime humaine fut rem
placée par un bœuf ou un agneau et que celui-ci fît enfin place à" un
gâteau passé au rang de dieu.
On peut contester que la religion soit à l'origine de la culture des cé
réales et de l'élevage car l'expérience seule a pu enseigner aux hommes
à bêcher et à labourer la terre pour en accroître la fécondité. Il a suffi
de remarquer qu'une graine tombée dans un terrain remué levait plus
vite et que sa proximité de matières en décomposition favorisait sa crois
sance, pour le faire- volontairement sur une plus grande échelle. Des
chasseurs ont dû ramener près de leur hutte et enclore déjeunes animaux
vivants pour s'en nourrir le jour où la chasse n'aurait rien produit. Il n'en
a pas fallu davantage pour faire naître la culture et l'élevage. On ne peat
refuser aux hommes ces facultés d'observation et. d'application quand
nous voyons des fourmis, à qui nous n'attribuons pas de religion, semer
et récolter et élever des pucerons qui sont pour elles de véritables an
imaux domestiques.
Au commencement de l'humanité, comme aujourd'hui, les grandes
découvertes sont dues surtout à l'observation et à l'expérimentation et les
primitifs, comme les enfants, sont de bons observateurs. Nous ne pou
vons savoir si ces observations ont été faites avant qu'il y eût des sorciers,
mais ceux-ci plus intelligents peut-être, ne sont pas d'essence particulière
et il me parait plus probable que les humbles débuts de ces sciences, dont
le développement devait être si important pour l'humanité, doivent
remonter à une époque assez lointaine pour que l'on n'eût pas encore
pensé à constituer une religion organisée.
La greffe qui est très ancienne et se produit naturellement dans les
forêts par le contact des branches, est-elle à l'origine, un rite religieux,
une sorte de mariage sacré? Je ne le pense pas, parce que pendant de
longs siècles l'union entre les hommes ne méritait pas le nom de mariage,
parce que pendant bien longtemps on ne se demanda pas comment
l'enfant naissait de la femme et que lorsqu'on se le demanda, on crût et
L GH. LEJEUNE. — l'oRIGINE DES SCIENCES ET LA RELIGION 189
l'on croit encore à des esprits fécondant les vierges. Ce fût probablement
lorsqu'on voulut faire de l'élevage que l'on commença à se rendre compte
de la nécessité du mâle pour féconder la femelle et c'est à cette époque
que doit remonter le culte du phallus qui célèbre l'importante découverte
de son rôle dans la génération. Il était plus facile d'observer la greffe
naturelle et de la reproduire.
C'est encore pour, les mêmes raisons qu'il ne me parait pas possible
d'affirmer que les premiers hommes qui ont recueilli et entretenu le feu
étaient des magiciens. On ne s'explique pas un culte pour un objet qu'on
n'eût pas crû utile et l'utilité se démontre par l'expérience. Les Australiens
ne sont déjà plus les primitifs des premiers âges et cependant ils ne
peuvent être considérés comme adorant le feu. Ils le conservent cependant
avec grand soin pour s'éviter lapine de le rallumer parce qu'ils en con
naissent l'utilité et ils chargent la femme d'entretenir le tison qu'elle
transporte, avec le reste du mobilier, dans tous les déplacements de la
tribu. Je veux bien que ce soit là le germe d'où sont sortis le culte du
foyer et l'institution des Vestales, mais je n'y vois pas le magicien.
Il est bien certain que l'humanité primitive n'arriva pas du premier
coup à l'utilisation industrielle des métaux, car elle est restée de si longs
siècles h. l'âge de pierre qu'elle n'a su d'abord qu'imiter en cuivre ses
armes de silex. Tous les progrès ne se font qu'avec une extrême lenteur
et s'il est très probable que l'on a d'abord recueilli le m

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